« Le jour est beau mais la nuit est sublime. »
Frédéric Pagès
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Lorsque David propose à Emile rencontré par hasard sur un banc parisien de profiter de la vue exceptionnelle de son appartement sur Paris et sur la Seine, il ne sait pas que sa vie vient à nouveau de basculer en instant. Il sort d’une rupture à Londres avec une femme dont il allait reconnaître Simon son fils. Or avec Emile, il va vivre son homosexualité, et vingt-cinq ans plus tard ils partagent toujours cette vue exceptionnelle et leurs vertiges mutuels. Ils vivent paisiblement leur vie de couple malgré leurs différences, Emile neurochirurgien dans la maîtrise, David mélomane auteur de biographies de musiciens dans l’émotion. Emile sachant que David reste nostalgique voire obsédé de l’instant où il allait devenir père vacille le jour où il voit Simon franchir le seuil de son cabinet. Jean Mattern avec une immense retenue et maîtrise nous parle de ces instants non maîtrisés où en une fraction de seconde nos vies basculent (« Est-ce ainsi, en quelques minutes, que nos vies changent à jamais ? »), des coïncidences étranges qui peuvent les (ré)orienter, d’amour et de paternité, des vertiges de la vie et surtout de belles émotions.
« Rien n’est jamais plus près de nous que nos rêves avortés. »
« Mais certains souvenirs sont tapis dans notre conscience comme ces cancers qui dorment dans nos cellules, avant de se réveiller. »
Fiche #2381
Thème(s) : Littérature française
Gabriel, le narrateur, a passé son enfance près de Bar-sur-Aube. Il est d’origine hongroise, mais que sait-il de ses origines, de son histoire ? Rien, pratiquement rien. Ses parents ont toujours choisi le mutisme et refusé de lui en parler ("C’est du passé tout ça"). Puis, un jour, peut-être irrémédiablement, la question devient plus pressante et l’arbre veut connaître ses racines. Pourquoi ses parents ont-ils gommé cette histoire familiale d’Europe centrale ? Quelle était la confession religieuse de la famille alors qu’on lui a interdit de suivre ses camarades au catéchisme ? Est-ce lié à la mort accidentelle et soudaine de sa sœur qui a plongé ses parents dans le silence ? Comme un défi et pour se sauver, Gabriel, lui qui ne saura jamais être « celui qui reste », choisit a contrario les mots et les langues. Pour brouiller les pistes de ses origines, pour adopter une identité inconnue ou des identités, il choisit de passer d’une langue à l’autre, de nier toute langue maternelle, il sera traducteur. Ces mots qu’il ne peut prononcer à propos de la disparition de sa sœur : quand le traducteur recherche constamment Le mot idoine, peut-il trouver celui qui qualifiera cette disparition si injuste ? Comment verbaliser l’impossible, l’inqualifiable ? Ses parents choisissent la fatalité, l’impuissance « Dieu a donné, Dieu a repris », six mots irrémédiablement associés à l’histoire de Gabriel et de sa famille. Il croit un moment avoir trouvé la solution dans le rire de Laura. Mais le jour où elle lui annonce qu’elle est enceinte, la question des origines rejaillit subitement et lourdement. Il prend la fuite pour se comprendre, se trouver, dans le présent et dans le passé. Ce récit constitue le questionnement émouvant de cet homme fragile en quête d’origine et d’identité et qui devra peut-être uniquement se résoudre à « réécrire une histoire dont toute ma famille avait voulu me priver »
Premier roman
Fiche #445
Thème(s) : Littérature française