« Une maman c’est bien suffisant, quelquefois même c’est trop. »
William Saroyan

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Laurent Sagalovitsch

Laurent SAGALOVITSCH

Vera Kaplan
Buchet-Chastel

1 | 142 pages | 03-08-2016 | 13€

Le narrateur qui vit maintenant à Montréal a vingt ans d’écart avec sa mère qui s’est installée à Tel Aviv. A 50 ans, elle meurt d’un cancer et peu avant, il l’avait encore interrogée sur ses origines, son père, ses grands-parents, sans succès. Il se heurtait à un mur grimaçant, « des phrases cinglantes qu’elle me lançait au visage d’un ton saccadé, heurté, éruptif, comme si les mots lui brûlaient la langue... », une mère à part, détachée de tout et de tous. Des années plus tard, il revient à Tel Aviv dans l’appartement de sa mère, sur les traces de son fantôme. C’est ici qu’il reçoit une lettre d’un notaire de Wiesbaden qui lui annonce le suicide de sa grand-mère Vera Schwartz ou Vera Kaplan de son vrai nom le 2 mai 1998 et lui précise qu’il a été difficile de le retrouver. Et l’histoire de ses origines est la source de ces difficultés, le carnet de Vera Kaplan lui fournit en effet la trajectoire précise de sa mère et de sa grand-mère, de son enfance à la décision ultime de son suicide. L’histoire de cette femme nous plonge dans l’Allemagne de la seconde guerre et décrit la situation des juifs allemands. Vera choisira la vie, définitivement et exclusivement la vie, « sa destinée était de vivre. De vivre à tout prix. ». En aucun cas, elle n’accepte pas la mort (« Que jamais je n’accepterais de mourir parce que mon seul tort, mon unique faute, était d’être née juive. »), choisit le combat, prête à tout pour ne pas devenir « complice de l’extermination de mon propre peuple en acceptant sans broncher leurs commandements de monter dans des wagons m’emmenant vers une mort certaine », ne jamais renoncer, sans limite, en toute conscience, en assumant jusqu'au bout ses actes. Mais qui pourrait assurer dans sa situation choisir froidement la mort ? Un court roman qui nous interroge sans jamais juger à partir du « destin extraordinaire » et entravé d’une femme juive née à Berlin en 1921.

« On ne peut divorcer de son peuple, Joseph. Il finit toujours par vous rattraper. »

Ecouter la lecture de la première page de "Vera Kaplan"

Fiche #1818
Thème(s) : Littérature française