« Oui je suis heureuse, car on a besoin de moi. Peut-être chaque être humain n'a-t-il besoin pour être heureux que d'une seule personne qui ait besoin de lui. »
Dorothea Razumovsky

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Tiffany McDaniel

Tiffany MCDANIEL

L'été où tout a fondu
Gallmeister

2 | 475 pages | 18-09-2022 | 25.6€

Autopsy Bliss est un juge consciencieux et dévoué à Breathed dans l’Ohio. Evidemment, nous sommes en Amérique alors la Bible n’est jamais loin. Autopsy est donc régulièrement face aux dérives, à l’horreur, au mal et il décide de se confronter au mal absolu, à son éminent représentant, le diable ! Il le convoque, il l’invite. Et un jour d’un été torride, il est là : un enfant noir se présente à Breathed et dit être le diable et fait part de sa joie d’avoir été demandé, désiré et espéré « Et n’y-a-t-il pas là quelque chose de particulièrement tragique ? Qu’un garçon doive être le diable pour prendre de l’importance ? ». Evidemment, toutes les réactions possibles vont prendre corps face à cet inattendu et le pire est aussi humain ! Si dans le même temps une série d’évènements étranges ou violents se produit… Pour certains un nègre usurpateur, pour certains le diable maléfique, pour d’autres un enfant perdu, pour d’autres finalement une esquisse proche de Dieu… Le Mal, le Bien… Les camps se toiseront avant de s’affronter. Où est le Bien ? le Mal ? Où est la frontière ? Existe-t-elle ? Tiffany McDaniel avec ce deuxième roman incarné affronte avec maîtrise les démons de la société américaine.

« Quand vous n’avez personne de qui vous soucier, ni personne qui se soucie de vous, essayer d’améliorer vos conditions de vie est une perte de temps. »

« Tout amour conduit au cannibalisme… Tôt ou tard, notre cœur finit, sinon par dévorer l’objet de notre affection, tout au moins par nous dévorer nous-mêmes. »

« Y aura jamais un homme assez grand pour prendre le ciel de haut. Le ciel force tout le monde à lever les yeux, et en cela il met tout le monde sur un plan d’égalité… »

« Qu’est-ce que Sal avait dit, déjà, à propos de l’espoir ? Ce n’est rien d’autre qu’un bel exemple dans ce mythe de la deuxième chance. Oui, un mythe, voilà ce que c’est. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'été où tout a fondu"

Fiche #2916
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Happe


Tiffany MCDANIEL

Betty
Gallmeister

1 | 718 pages | 11-08-2020 | 26.4€

Landon Carpenter est née en 1909, il descendait des Cherokees et les blancs aimaient tant à le lui rappeler. Malgré les épreuves, il gardera toujours la sagesse de son peuple, sa connaissance immense de la nature, son respect absolu de cette nature et de la vie mais aussi sa capacité à raconter les contes et légendes de son enfance voire à en créer quand la vie l'exigera. La première femme, Alka Lark, qui s’adressera à lui avec respect, sans a priori, lui le nègre, il l’épousera. Landon est un homme différent, modeste, effacé « Je me suis toujours entendu que j’étais insignifiant... Tu t’entends dire ça suffisamment et tu te mets à le croire. » et chez les Cherokees, les femmes ont une place à part, la place d'Alka sera respectée. Après une première naissance rapide d’un garçon, Leland, la famille sillonne l’Amérique au gré des naissances, des rencontres plus ou moins heureuses et des petits boulots souvent éprouvants du père puis revient en 1961 à son point de départ : Breathed dans l’Ohio, une maison maudite, avec huit membres de la même famille disparus avec des impacts de balle dans la maison, non loin de collines, en pleine nature. Trois garçons, Leland déjà engagé dans l’armée, Lint un gamin différent très demandeur des histoires (« ... non seulement Papa avait besoin que l’on croie à ses histoires, mais nous avions autant besoin d’y croire. ») et du pouvoir quasi-magique de son père, Trustin qui passe son temps à peindre et dessiner. Trois filles, trois sœurs complices, Fraya parfois anormalement en retrait, Flossie qui rêve de paillettes et d’Hollywood et Betty qui aime mettre avec poésie sur le papier ses sentiments, ses rêves et ce qu’elle vit. Betty, la narratrice, ressemble à son père, la même peau foncée, le même grand écart entre le monde cherokee et la vie américaine, et donc les mêmes jugements immédiats et péremptoires, la petite indienne est différente, et on le lui rappellera sans cesse, parfois violemment. Néanmoins Betty épaulée par son père, ses croyances, ses connaissances, son histoire, sa bienveillance et son amour, saura résister à l’adversité, protéger sa famille, se construire épreuve après épreuve, et une fois tous les secrets familiaux dévoilés (« Je me suis rendu compte que les secrets que l’on enterre sont des graines qui ne produisent que du mal supplémentaire. ») pouvoir devenir femme et in fine prendre son envol vers le Bout du monde sans jamais oublier son père et sa famille, et la puissance de la nature, c’est une certitude. Un portrait inoubliable, envoûtant et bouleversant d’une famille dans l’épreuve avec un père tendre, aimant, dévoué, d’une sagesse exceptionnelle et toujours aussi prompt à partager ses légendes indiennes et attentif à Terre-Mère, une leçon de vie.

« Il y a des hommes qui connaissent le montant exact de leur compte en banque, a poursuivi Maman. Il y a ceux qui savent combien de kilomètres indique le compteur de leur voiture et combien elle pourra encore parcourir. D’autres connaissent le score à la batte de leur joueur de base-ball préféré et ils sont plus nombreux encore à savoir la somme exacte que l’Oncle Sam leur a soutirée. Ton père, lui, ne connaît rien de tout ça. Les seuls nombres que Landon Carpenter a en tête, c’est le nombre d’étoiles qu’il y avait dans le ciel la nuit où ses enfants sont nés. »

« Devenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. »

« Un arbre prêche mieux que n’importe quel homme. »

« Maintenant, mêmes ses rides ont des rides. »

« La pensée m’est alors venue qu’être enfant, c’est savoir que le balancement du berceau nous rapproche et en même temps nous éloigne de nos parents. C’est le flux et le reflux de la vie qui, tour à tour, nous pousse vers les autres, puis nous en écarte, peut-être dans le but de nous permettre d’acquérir la force nécessaire pour affront l’instant où ce mouvement de balancier nous aura tellement éloigné de la personne que nous aimons le plus qu’elle ne sera plus là quand nous reviendrons vers elle. »

« Tu sais quelle est la chose la plus lourde au monde, Betty ? C’est un homme qui est sur toi alors que tu ne veux pas qu’il y soit. »

« Les gens croient que c’est quand ils vous supplient de rester, mais en fait, c’est quand ils vous laissent partir que vous savez qu’ils vous aiment pour de bon. »

Ecouter la lecture de la première page de "Betty"

Fiche #2573
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Happe