« ... quand toutes les lumières s’éteindront pour de bon, c’est là qu’on verra le pire des gens. »
Peter Farris
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Alba est une linguiste spécialisée dans les langues minoritaires, donc en voie d’extinction. S’interroger, analyser les mots, c’est son métier, mais n’est-ce pas aussi s’interroger sur l’homme ? Elle voyage beaucoup et prend l’avion régulièrement, son empreinte carbone prend ainsi part à une autre extinction annoncée… Elle est aussi relectrice-correctrice et travaille actuellement sur les textes d’un poète avec qui elle a eu une aventure alors qu’il était étudiant et elle le vit mal. Alors sur un coup de tête et deux fautes d’orthographe, elle quitte tout, pour rejoindre un coin perdu de l’Islande (« Le seul bruit que tu entendras, c’est le hurlement du vent. ») et décide de planter moult arbres (« … il faut planter trois cent cinquante arbres pour compenser chaque vol par-dessus l’océan. ») pour tenter de compenser, d’entretenir la vie, de combattre… Elle rencontre les villageois (et découvre leur amour pour leur langue) mais aussi les réfugiés qui s’échouent en Islande (« il n’y a pas que des cétacés qui s’échouent sur les côtes de ton pays…) et notamment le jeune Danyel. Les mots, la grammaire, les arbres, la nature, Alba les aime, les respecte, les palpe, les observe, les décortique avec attention et tendresse et dans sa retraite ou son retrait, elle perpétuera cette passion et son combat : planter les arbres, mettre les mots islandais à disposition des migrants. Toujours un bonheur de retrouver la sensibilité d’Audur Ava Olafsdottir qui excelle pour laisser tranquillement le lecteur rentrer dans l’intimité d’Alba page après page, mot après mot (et ils sont pesés), proposer sans rien imposer et malgré un état des lieux objectif et noir, la conclusion reste optimiste.
Ecouter la lecture de la première page de "Eden"Fiche #3107
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Découvrir un nouveau roman d’Audur Ava Olafsdottir procure toujours un grand bonheur, notamment pour ses personnages, leurs failles et leur humanité. Pourtant dans « Miss Islande », peut-être de manière plus prégnante que dans ses précédents romans, l’Islande n'est pas loin d'être le personnage principal, ce pays attaché à ou amoureux de ses volcans, de la mer, de son climat, de ses couleurs souvent sombres, « spectacle aussi grandiose que terrifiant ». Mais l’Islande, est aussi le pays des mots où « il est un mot pour chaque pensée qui vient au monde ». Les trois autres personnages baignent dans cet espace, la jeune Hekla (nom d’un volcan) persuadée de son destin d’écrivaine quittera rapidement son père pour Reykjavik et occupera des petits boulots en attendant. Elle y retrouvera son ami Jon John, homosexuel, et son amie d’enfance Isey qui deviendra très (trop ?) rapidement maman de deux enfants et figera ainsi si vite son avenir. Hekla passe autant de temps avec sa machine à écrire (même dans le monde de l'écriture, être femme peut être un handicap) que Jon avec sa machine à coudre, il est en effet styliste. Ces deux là dénotent, ne rentrent pas dans les cases habituelles. Et en 1963, leurs différences sont vécues par certains comme des agressions et ils peuvent parfois leur faire savoir avec violence. Mais Hekla et Jon resteront unis pour faire face. Encore donc de beaux portraits lumineux et attachants, deux poètes combattants pour leur différence et leur liberté face aux vieux conservatismes.
« Nous sommes tous pareils, des baleines déboussolées et mortellement blessées. »
Fiche #2411
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Il y a toujours dans les personnages de Audur Ava Olfasdottir une part qui touchera chaque lecteur. Ils sont touchants, profonds, parfois drôles, et toujours humains. Elle excelle à leur donner corps et à les inviter réellement dans l’espace de chacun de nous. Jonas Ebeneser n’échappe pas à la règle ! Il a sept cicatrices et tente de les « réparer » comme il restaure et retape avec passion les objets endommagés ou hors d’usage. Lassé par son existence, avec le fusil de son voisin (pour en finir ou pour se défendre ?) et sa boîte à outils, il décide de quitter les trois femmes qui se sont éloignées de lui (son ex, sa fille et sa mère) pour aller dans un pays dévasté par la guerre où réparer n’est pas un vain mot. Mais réparer les autres et soi-même dans un pays éprouvé par la guerre peut aussi inciter à dresser un bilan objectif de sa vie et Jonas reste un modeste même s’il fait maintenant partie de ceux qui savaient et qui ont agi quoiqu’il en pense. Reconstruire, agir, se reconstruire et vivre. Délicat, sensible, lumineux et émouvant !
« Je suis comme l’aquarelle qui s’efface à l’eau. »
« Peu d’hommes tuent. La plupart se contentent de mourir. »
« Le silence sauvera le monde. »
Fiche #2047
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson
Zulma publie enfin le premier roman d’Audur Ava Olafsdottir (après les trois suivants !). On retrouve déjà la poésie et la tendresse présentes dans les trois ouvrages suivants. Des personnages (ordinaires) et un pays (contrasté) rudes, mais éclairés par des moments lumineux ouvrant à une certaine sérénité. Agustina est une gamine handicapée peinant à se déplacer. Sa mère est partie sur les traces d’oiseaux migrateurs et son père n’a fait que passer, « Elle a été drôlement courte, l’union de tes parents, dit Nina. Quatre ou cinq jours tout au plus. Et il a plu tout le temps. ». Elle aurait été conçu dans un champ de rhubarbes sauvages où elle aime maintenant à s’allonger. Nina une femme d’une soixantaine d’années, qu'on aimerait rencontrer, prend soin d’elle avec tendresse, humour et simplicité. Agustina a du caractère et, encouragée par Nina, se lance un défi, gravir le sommet voisin (844 m)… Audur Ava Olafsdottir nous enchante une nouvelle fois avec ses personnages attachants et son amour de la vie.
Premier roman
Fiche #1815
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson
Lors d’un réveillon bruyant à Reykjavik, Maria n’entend pas vraiment ce que lui annonce son mari Floki. Après onze années de mariage, il la quitte en lui assurant néanmoins qu’elle sera toujours la femme de sa vie. Une évidence ! Il part partager l’existence de l’un de ses collègues homme, spécialiste comme lui, de la théorie de chaos, deux experts du domaine en effet, et Maria peut en juger d’elle-même ! Choc, déflagration, Flora se remémore leur vie commune, l’arrivée des jumeaux, leur démarche d’adoption qu’elle continuera seule, recherche des indices, des mensonges... Elle est épaulée par sa voisine, Perla, une naine experte conjugale et écrivain. Ce petit lutin, qui écrit un roman au thème pas très éloigné de l’expérience de Maria (fiction et réalité progresseront de conserve), deviendra vite indispensable et lui sera d’un grand secours pour affronter le passé, le présent et son futur après ce bouleversement. Comme à son habitude, Audur Ava Olafsdottir sait parler avec douceur de la vie et de ses bouleversements quotidiens, de la famille, des relations humaines, le ton est vif, drôle, ironique, tendre et la lecture particulièrement agréable et plaisante.
« L’ennui, poursuit-elle, c’est que les gens pensent que l’amour va tout sauver. Les plus emmerdants exigent que l’amour les sauve d’eux-mêmes. »
« L’expérience m’a appris que la conduite humaine est aléatoire, capricieuse et imprévisible. »
Fiche #1452
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson
La narratrice a trente trois ans, son mari la quitte, et sa meilleure amie Audur est enceinte de jumeaux. Hospitalisée, Audur lui confie son enfant, un jeune garçon différent, prothèses auditives, grosses lunettes déformantes. Quelque peu désemparée, elle n’a pas élevé d’enfants et les a peu fréquentés, elle hésite à l’accueillir. Venant de gagner à la loterie, cette femme libre décide de partir avec sa vieille voiture, de l’emmener visiter son île, un voyage pour se découvrir, s’apprivoiser. L’attachement ne fera que croître au fil des kilomètres, l’enfant saura lui faire ressentir la place qu’elle a prise à ses côtés (« Je t’avais dit qu’il te changerait »). Ses souvenirs, ses rêves et ce tour de l’île apaiseront peut-être son passé et lui ouvriront un nouvel horizon. Le voyage est joyeux, rythmé. Les péripéties attendrissantes de ce couple dans cette île singulière, poétique et pluvieuse, la liberté et le détachement de cette femme suscitent une complicité réelle avec le lecteur qui retrouve avec joie toute l’humanité et l’amour de la vie déjà instillés dans « Rosa Candida » avec un zeste de cocasserie en sus.
Ecouter la lecture de la première page de "L'embellie"Fiche #1165
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson
A 22 ans, le jeune Islandais Arnljotur se décide à quitter sa famille après le drame qui l’a frappée. Sa mère est décédée lors d’un accident de voiture et le laisse avec son père bientôt octogénaire et son frère qui reste anormalement silencieux. Arnljotur, petit rouquin, était très proche de sa mère qui trouva la force, quelques instants avant de mourir, de l’appeler, de le rassurer, de le conseiller et de lui offrir une dernière preuve d’amour. Elle lui avait fait partager sa passion pour les roses dans la serre et le jardin où elle cultivait une variété exceptionnelle sans épines et à huit pétales, la Rosa Candida. Avant de partir, Arnljotur raconte son enfance, ses liens familiaux forts encore resserrés à la mort de sa mère, mais aussi la naissance de sa fille née un jour particulier, après une rencontre rapide, sans avenir. Lorsque Arnljotur part restaurer une roseraie d’un monastère du continent, il emporte évidemment quelques boutures de la Rosa Candida qui perpétueront la mémoire de sa mère. Ce premier roman traduit en France d’Audur Ava Olafsdottir est une vraie réussite, un livre véritablement apaisant qui dégage une atmosphère remplie de tendresse et délicate. Ce « garçon des roses » charme par sa naïveté et sa candeur, sa tendresse dans sa relation à l’autre et avec sa fille, dans ses sentiments et ses préoccupations. Un charme aux accents féminins indéniables dans ce portrait tendre d’un homme solitaire attentif aux autres auquel il ne manque que l’odeur de la Rosa Candida mais avec un peu d'imagination, vous la devinerez au fil des pages…
« Le problème, c’est bien entendu que le travail au jardin se fait dans la solitude et le silence et que je n’ai donc pas l’occasion de m’exercer à parler »
Fiche #777
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson