« Celui qui passe trop de temps dans la solitude perd sa faculté d’étonnement. Celui qui ne sait plus s’étonner se change en eau croupie et pauvre en oxygène. »
Jon Kalman Stefansson

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Marie Sizun - Jeux croisés

Marie SIZUN

Jeux croisés
Arléa

249 pages | 06-07-2008 | 18.5€

en stock

Marthe et Alice sont deux femmes différentes à tout point de vue. La première, prof de maths, est mariée, d'âge mûr, sans enfant (« Marthe n’aime pas les enfants. Les enfants heureux. Les enfants repus. Les enfants gâtés. Mais elle a toujours été émue par les autres : les mal-aimés, les enfants tristes, les enfants en larmes, les enfants enragés de chagrin. Oui, elle est touchée par ces désespoirs excessifs des petits, qui les défigurent, les rendent apoplectiques, si laids, morve et larmes, qu’ils en exaspèrent leurs parents. »), et son mari s'apprête à la quitter. La seconde a tout juste dix-huit ans, travaille dans un pressing et élève seule son enfant, le petit Ludo. « Jeux croisés » entremêle ces deux destins. Deux instants d’hésitation, de folie, de doute guidés par le présent et le passé de ces femmes les font basculer dans une aventure singulière et haletante. Elles se croisent dans un supermarché, et la première enlève le bébé de la seconde qui réagit avec retard à cette disparition. Le bébé présent pour l'une ou absent pour l'autre devient alors l’épicentre du quotidien de ces deux femmes qui ne maîtrisent plus réellement leur destin. En un instant, leurs vies sont bousculées, broyées. Les évènements s’enchaînent, sans contrôle et chacune devra puiser dans son passé pour tenter de s'accepter et éventuellement de se reconstruire (« Marthe ne pense pas à ce qui peut arriver ; à ce qui va arriver ; à ce qui doit arriver. Elle est en dehors de cette réalité là, comme elle a toujours été, en fait, un peu en dehors de celle que rapportent les journaux, celle des faits divers, des enlèvements d’enfants, des crimes ; celle d’une société policée qui décide du licite et de l’illicite, du bien et du mal. »). La trame, le style et l’écriture de ce superbe roman incitent irrémédiablement le lecteur à s’attacher aux trois personnages (les deux femmes et le bébé), Marie Sizun élimine avec brio tout manichéisme qu’une telle situation engendre habituellement et place le lecteur au centre de ce trio attachant. Un incontournable pour cette rentrée littéraire 2008. Cette collection « 1er/mille » d’Arléa recèle vraiment de petits bijoux.

« Ce qui étonne Marthe, la fait sourire, c’est la naïveté des gens, leur incompréhension, la dureté de leurs jugements. Cette façon simpliste de croire qu’on est une bonne fois ceci ou cela, tel être et pas un autre ; de refuser d’admettre que ce qui lui est arrivé à elle peut leur arriver ; de vouloir ignorer qu’il y a en nous, profondément enfouie, cette part d’ombre, opaque, silencieuse, ce mystère, qu’il suffit d’un hasard pour éveiller, et qui, dès lors, prend le pouvoir. »

Fiche #411
Thème(s) : Littérature française


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