« La deuxième fois que j’ai vu un mort, il respirait encore. »
Charlotte Bourlard

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Marie Le Gall - La peine du menuisier

Marie LE GALL

La peine du menuisier
Phébus

283 pages | 24-08-2009 | 20€

C’est une histoire de famille, de relation filiale qui n’aboutira pas, de secrets et de silences. L’atmosphère est pesante et Marie-Yvonne, la narratrice, « petite fossoyeuse amoureuse des cimetières », y est sensible dès son plus jeune âge, les ancêtres, invisibles, rodent alors que les morts et la mort unifient la famille dans ces maisons imprégnées du passé et dans les cimetières (« On respecte les morts. Ils existent. On les aime jusqu’au bout et surtout au-delà. »). Initialement et pour très longtemps, la cause lui en demeure inconnue. Elle vole au détour d’une conversation un mot, une phrase, une question qui éveillent sa curiosité. Mais ce sont surtout "les encadrés" de la maison qui pèsent par leurs regards fixes, froids et définitifs sur la famille qui se tait et s’efface devant ses morts. La mort est omniprésente : « C’est l’histoire d’un homme, cinquième d’une famille de dix enfants, fils d’agriculteurs du Porzay, Finistère sud, ouvrier de l’arsenal de Brest, marquis de la p’tite gamelle, un homme assis chaque soir à table en face de ma mère. ». La narratrice est la fille de cet homme bien que, jamais de son vivant, elle ne pourra l’appeler papa ou mon père, il restera le Menuisier, cet homme taciturne. Ils se regardent de biais, s’épient, s’aiment mais jamais n’ébaucheront ne serait-ce que le début d’un dialogue. Leur symbiose totale les empêche finalement de se connaître, de se rencontrer. Ce n’est après qu’une longue enquête qu’elle découvrira le lourd passé dont elle a hérité, qu’elle a toujours ressenti et qui demeure inscrit en elle. Une belle écriture au service d’une quête lente et obstinée d’un secret familial entêtant dans la Bretagne des années 50.

Premier roman

« Je savais que la mort pouvait entrer sans prévenir comme une voleuse, que, sans la voir, on pouvait sentir sa présence toute-puissante et paralysante. Mais ça se passait chez les autres, ou avant ma vie. A la maison, elle était seulement sur les murs, c’était sa place, immuable. Nous étions les gardiens de nos morts. »

« Nous ne sommes pas seulement héritier d’un patrimoine génétique, mais d’un nombre infini d’émotions transmises à notre insu dans une absence de mots, et plus fortes que les mots. »

Fiche #621
Thème(s) : Littérature française


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