« Peut-être que, la vie, ce n'est rien d'autre que ça, écumer le monde en tout sens en cherchant désespérément le panneau qui vous indique la route pour chez soi. »
Geneviève Damas
La femme des sables
Un instituteur passionné par d'insectes et collectionneur part à la recherche d'une nouvelle espèce dans une région sablonneuse du Japon. Le sable y est omniprésent, même les maisons sont au fond d'un trou entourées de sable. Ce trou se remplit inexorablement de sable, la menace d'engloutissement est permanente et chacun lutte continuellement contre le sable qui s'immisce partout, toujours en mouvement, progressant constamment sans aucune barrière véritablement efficace. Après une première journée de recherches infructueuses et une tempête, l'hospitalité lui est accordée et il descend par une échelle de corde dans sa nouvelle demeure où réside une femme. Le lendemain, l'échelle a disparu. Il est prisonnier. De qui ? De la femme ? Du village ? Du sable ? De la vie ? Il passe par tous les sentiments devant cet emprisonnement. Pourra-t-il s'enfuir ? La femme quant à elle remplit des sacs de sable la nuit pour les extraire vers le haut de la falaise et dort la journée. L'enlisement est repoussé temporairement comme une illusion. L'angoisse l'envahit et atteint aussi le lecteur. Arrivera-t-il à s'extraire de ce cauchemar où il est privé de toute liberté ? De l'espoir de s'échapper ou du sable, lequel des deux est le plus obsédant ? Et puis, peu à peu, il devient partie intégrante du lieu et tient son rôle malgré lui dans cette lutte incessante contre le sable déclaré vainqueur d'avance. Esclave de tous les instants, alors qu'il a l'occasion inattendue et exceptionnelle de s'échapper, il restera : J'ai le temps, tout le temps...
Un roman angoissant et oppressant qui fait presque poindre le goût de sable dans la bouche du lecteur. En outre, ce roman d'une richesse exceptionnelle recèle de nombreuses interprétations possibles que chacun adoptera ou non au gré de sa lecture : métaphore de la condition humaine, de la société et de ses fondements, le sens à la vie et le mythe de Sisyphe, la liberté, le temps, la mort que l'on tente de repousser...
Abé Kôbô
Abé Kôbô né au Japon (1924-1993) étudie d'abord la médecine comme son père. Mais dès son diplôme obtenu, il se consacre à l'écriture sans abandonner ses deux passions que l'on retrouvera dans ses récits : la médecine et les insectes.
Bibliographie
Les murs (1951) : Six récits qui nous entraînent dans le labyrinthe de l'identité aux frontières du réel et du rêve (Prix Akutagawa , 1951)
La mort anonyme (1949) : A travers des personnages d'une certaine banalité, mais en proie à un léger dérèglement, Abé Kôbô aborde l'angoisse de l'homme moderne face à un monde, la condition humaine et ses illusions.
Les amis (1967) : Un homme se retrouve otage dans son propre appartement d'une famille au complet qu'il ne connaît pas.
Soldat d'un rêve (1957)
La face d'un autre (1964)
Le plan déchiqueté (1967)
L'homme boîte (1973)
Rendez-vous secret (1977)
L'arche en toc (1985)
Cahier Kangourou (1991)