« Je pense que ce pays a commencé à partir en brioche le jour où on a décidé qu’on préférait la sûreté à la liberté. »
Pete Hautman
Santa Clara est une petite ville isolée. Tellement isolée qu’elle ignore que depuis vingt ans, la Révolution salvatrice a eu lieu : le tyrannique Général Burgos a été remplacé par le
Général Alvaro Benitez dont l’unique obsession est évidemment le bonheur du peuple ! Tout a évolué dans le pays : l'hymne a changé, le drapeau, les portraits affichés dans les bâtiments
administratifs, le nom des rues... Sauf à Santa Clara qui continue de vivre sereinement au rythme de la production de son rhum et des sérénades d’Ibrahim Santos qui sait prévoir la météo.
Pourtant, un jour, le Général goûte ce rhum, impressionné, il envoie tout d’abord un jeune ingénieur agronome en éclaireur, bientôt rejoint par les troupes or « il n’est jamais bon, à
Santa Clara comme ailleurs, de voir débarquer des militaires de bon matin. ». La Révolution saura-t-elle exploiter à grande échelle ce rhum si extraordinaire ou le rhum aura-t-il raison
d’elle ? Yamen Manai nous propose une fable juste, ironique, critique et non dénuée d’humour des pouvoirs dictatoriaux mais aussi de notre croyance aveugle et parfois forcenée en la
science face aux connaissances séculaires de nos anciens.
« Tout au long de sa vie, l’homme troque tout pour le souvenir. Il troque sa jeunesse pour des souvenirs de jeunesse… Au bout du compte, il ne gagne de la vie que les souvenirs,
c’est là son seul trésor. »
« A vrai dire remplacer des militaires par des militaires ne s’appelle pas une Révolution, senõr Uribe, mais un putsch. »