« Tu as voulu te fabriquer une liberté, Stellina. N’oublie pas qu’il n’y a pas de liberté sans blessure. »
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Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Daniel Mason

Daniel MASON

Seule restait la forêt
Buchet-Chastel

1 | 500 pages | 28-08-2024 | 25€

Longtemps après avoir refermé le livre, on se souvient des êtres qui occupent ou hantent ce lieu. Car c’est surtout l’histoire d’un lieu - une forêt, un verger - que Daniel Mason nous raconte avec une tendresse non dénuée d’humour. Qu’on soit ami de la nature et de la forêt, pomiculteur ou écrivain, lecteur ou ornithologue, peintre, poète ou botaniste professionnel ou amateur, on vagabonde avec plaisir dans ce livre attachant et multiple. Car les douze chapitres ne sont pas seuls à nous « raconter » cette belle fable d’histoire naturelle. On trouve aussi, dans le désordre notamment : partition, poème, relevé topographique, empreinte, chant, ballade, gravure, planche de botanique, photo, dessin, pages d’almanach et même extrait de dossier médical et annonce immobilière ! On passe du récit à l’échange épistolaire quand on n’est pas plongé dans une enquête criminelle, d’un dicton à une note historique sans jamais perdre le fil. Car « seule reste la forêt ». Une forêt aux couleurs et odeurs très présentes, un coin de nature, quelque part dans le Massachusetts, où passent et trépassent des êtres sensibles, étonnants, souvent aimants et bienveillants, parfois cruels ou farfelus. Il y a là aussi une maison, personnage à part entière qui évoluera avec le temps car l’histoire des bois du nord se déroule sur quatre siècles (« Là, des hommes et des femmes pocumtuc avaient cultivé des champs le long du lit majeur de la rivière. Là, les hêtres et les chênes avaient poussé lentement à l’ombre d’arbres protecteurs. Là, les bouleaux avaient surgi après que les hommes du roi avaient coupé les pins pour servir de mâts à leur navire … On aurait dit que le passé se lisait partout dans le paysage. ») ! Arbres, plantes, oiseaux, animaux (parfois sauvages), insectes et même (et surtout) grains, pépins et champignons vivent là, aux côtés de femmes et d’hommes de tous âges et conditions, qu’ils cultivent la terre, les mots ou les arts. Chacun laissera sa trace. Une magnifique façon de parler d’un monde naturel qui disparaît. A moins que tout ne recommence.
Christine J.

« La première pomme. (…) J’ai failli pleurer, en pensant que j’avais gâché la moitié de ma vie avant de déguster ce fruit. Déchirons nos almanachs, datons cette existence d’avant et d’après cet instant. »

Ecouter la lecture de la première page de "Seule restait la forêt"

Fiche #3242
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Claire-Marie Clévy