« Ce n’est pas vrai que ce qui compte, c’est où on arrive. Ce qui compte, c’est d’où on vient. »
Silvia Avallone

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Frédéric Paulin

Frédéric PAULIN

Nul ennemi comme frère
Agullo

1 | 457 pages | 21-08-2024 | 23.5€

en stock

De Beyrouth à Paris en passant par Nice, Frédéric Paulin, historien autant qu’écrivain, nous entraîne dans un conflit qui prend des allures de guerre mafieuse, sans qu’on puisse reprendre notre souffle. Nous sommes au Liban, terre d’accueil cosmopolite, pays de cocagne, béni par des Dieux divers jusqu’à ce que … On referme ce premier tome d’une trilogie attendue un peu sonné, avec dans les narines comme une odeur de poudre et de poussière mêlée à celle des Cedars que fument certains héros. Au pays du cèdre, il faut souvent alcool, drogue ou benzodiazépine pour tenir. Les parcours de femmes et d’hommes réels et fictifs s’entremêlent, s’entrechoquent. On pénètre l’intimité des séduisantes, puissantes et troubles Sandra et Zia. On se tourmente avec le diplomate Kellermann. On s’attache peut-être aux Nada père et fils, et même aux flics du SDECE ou des RG Caillaux et Dixneuf. Ils croisent les politiques français et libanais de l’époque. Pour ceux d’entre nous qui l’ont vécu, on entre avec un certain plaisir dans les secrets ( ?) de l’ascension de nos gouvernants, dans les combines de barbouzes ou autres agents, et aussi dans l’opposition UDR-RPR-PS des années Giscard-Chirac-Mitterrand. Dans ce Liban complexe, l’auteur nous mène dans les arcanes d’un système confessionnel et politique qui confine au gangstérisme. « Ad augusta per angusta » comme on disait au SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage)… Mais l’horreur des événements, bien réels, d’attentats en représailles, d’explosions en viols et en massacres, nous plonge aussi dans une noirceur plus douloureuse, qui fait écho à l’actualité du Moyen-Orient d’aujourd’hui. Ce tableau des années 1975-1983 est un texte sombre et brillant, passionnant, exigeant, édifiant et qui croira qu’il ne s’agit là que d’un roman noir et qu’il ne parle que du Liban ?
Christine J.

« Ce qu’il voit de son pays de cœur le dévaste. Il ne parvient pas à croire que les Libanais en soient arrivés là : que les pires atrocités en cachent de nouvelles, pires encore. Que des enlèvements succèdent à des exécutions, des massacres à des attentats, que la mort succède à la mort sans que cela émeuve une communauté internationale atone. Cela pourrait être une exacte définition de l’enfer. Car ce qu’il voit du Liban est une chute dans l’horreur. »

« Oui, peut-être que pour les pays étrangers le Liban n’est qu’un moyen de renforcer leur puissance régionale. Peut-être que le Liban n’a pas d’autre intérêt pour ses puissants voisins que d’être un champ de bataille où régler leurs comptes. »

« Le vieil homme pense. A moi tout seul, comme d’autres dans cette ville dévastée, dans ce pays meurtri, je suis le Liban. Je suis le Liban qui vieillit, qui ne peut plus lutter contre le chaos et la destruction, la passion des hommes, leur folie, leur soif de vengeance. »

« Il aimerait croire qu’il appuie sur la détente et fait sauter la tête de la jeune fille parce qu’il n’est pas une bête féroce, seulement parce qu’il veut lui éviter de vivre après avoir vécu l’horreur.Mais il n’en est pas certain. »

Fiche #3240
Thème(s) : Littérature française