« Pour moi, l'anarchisme c'est une certaine fraternité (encore que le mot soit assez grand !), c'est une certaine, je ne sais plus qui disait cela, volonté de noblesse. »
Georges Brassens

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Jean-Philippe Blondel

Jean-Philippe BLONDEL

Traversée du feu
L'Iconoclaste

13 | 205 pages | 29-01-2024 | 20.9€

Les fidèles de Jean-Philippe connaissent à travers ses romans les premiers drames qu’il a vécus autour de la vingtaine : deux accidents qui le laissent seul, dans le premier disparaissent sa mère et son frère et quelques années plus tard son père meurt dans un second accident. Cercles de feu qu’il a su surmonter : une vie d’écrivain, une vie de prof d’anglais, une vie familiale. Au début du Covid, il a 55 ans et apprend qu’il est atteint d’un cancer, le feu est de retour et lui rappelle les premiers. Il pourrait sombrer, abandonner, mais la petite flamme de la vie subsiste et l’appelle : « Le cancer, ce n’est pas la mort. Mets-toi ça dans le crâne. Secoue-toi. ». Jean-Philippe Blondel partage cette période avec sincérité, sa lutte, sa rencontre avec le monde médical, ce qu’il subit, ses réactions, son envie furieuse de vivre, celles et ceux qui l’entourent, ses proches, ceux qui reviennent, ses collègues. Son attachement à la transmission et sa passion pour son métier pour une part entretiennent furieusement cette flamme pour la vie. Une leçon d’humanité réconfortante, un combat de vie (« … cette montée de sève ahurissante. Ce que certains appellent l’envie de vivre. A tout prix. »), un combat pour la joie, le rire, le partage.

« Je sais depuis longtemps que le vrai pouvoir réside dans l’écoute et non dans la prise de parole. »

Ecouter la lecture de la première page de "Traversée du feu"

Fiche #3137
Thème(s) : Littérature française


Jean-Philippe BLONDEL

Passager de l'été
Actes sud

12 | 175 pages | 24-09-2023 | 15.6€

en stock

Samuel finit son année scolaire, l’année du bac. Il l’a passée au plus près de son ami, Adrien, dans son ombre, dans ses pas. Ils envisagent un voyage, à l’aventure, la découverte de l’Europe. Puis Adrien dans un SMS laconique lui dit changer de projet, ils ne passeront pas ensemble l’été, dans les trains, gares et villes européennes. La déception passée (mais est-elle vraiment passée ?), après un mois de juillet occupé par un petit boulot pour gagner de quoi financer son projet (Adrien n’a pas ce genre de préoccupation), Samuel décide de partir seul en mentant à ses parents. Sans itinéraire prédéfini, il part vers le nord de l’Europe. Trois semaines qui vont le changer, trois semaines pour grandir, trois semaines de rencontres, trois semaines pour oser et vaincre sa timidité, trois semaines pour découvrir, filmer, écrire sur la jeunesse européenne, parfois insouciante, parfois totalement percutée par les bouleversements de notre monde. Un voyage initiatique pour que Samuel se découvre et plonge dans le monde adulte. Du pur Blondel, proche des adolescents d’aujourd’hui, réaliste, émouvant et humain.

« Je ne sais plus exactement qui sont mes amis. Mais, au fond, ça n’a aucune importance. Resteront dans ma vie ceux qui en ont vraiment envie, en sortiront ceux qui ne sont pas réellement attachés. C’est beaucoup plus simple qu’on ne croit. »

Fiche #3094
Thème(s) : Jeunesse


Jean-Philippe BLONDEL

Il est encore temps !
Actes Sud

11 | 143 pages | 01-06-2020 | 15€

en stock

Lou est une lycéenne assez désespérée. Eloignée des réseaux sociaux, elle se pense transparente, sans attrait, sans intérêt. Donc sans vraies amies, sans vrais amis. Alors elle le regarde le monde de loin mais avec acuité, le bilan est anxiogène et le désespoir croît : objectivement, notre monde est en train s’éteindre et notre et son espérance de vie se comptent en décennies. Alors pour une adolescente comme elle, pourquoi continuer la comédie ? le lycée, apprendre, pourquoi ? Et puis, un jour, presque par hasard, elle visionnera une vidéo de Greta Thunberg, et sa vie (notre vie ?) s’en trouvera bouleversée ! Ne pas attendre l’apocalypse en déprimant, impuissante, mais agir, agir et encore agir, à son échelle, puis interpeller, bousculer, faire réfléchir... Lou à son grand étonnement devient une meneuse hors pair, prend la parole, affronte mais aussi s’aperçoit qu’elle n’est pas seule, et à plusieurs, tout devient possible ! Comme à son habitude, Jean-Philippe trouve le ton juste, l’équilibre entre l’intime et le collectif, pour entraîner le lecteur ado ou adulte dans ses thématiques et son univers. « Tout ne fait que commencer. »

« C’est lorsque personne ne hurle plus à propos de rien que la partie est perdue. »

« L’écologie va remplacer la politique. Les plus hostiles vont brandir la bannière de la liberté… Mais nous tiendrons bon. Ce sont par les femmes que les choses changeront, de toute façon. Les hommes au pouvoir depuis des milliers d’années, on voit où ça nous a menés. »

« Est-ce qu’il ne faut pas obligatoirement briser des illusions et cesser des rêves pour changer de système ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Il est encore temps !"

Fiche #2548
Thème(s) : Jeunesse


Jean-Philippe BLONDEL

La grande escapade
Buchet-Chastel

10 | 268 pages | 16-09-2019 | 18€

« La grande escapade » est un roman emblématique de la France des années 70 et des mutations de l'époque. Il dissèque la vie des enfants, des parents, des instituteurs d’une petite ville non loin de Paris. Tout a changé depuis : les enfants ne sont plus les mêmes, les relations familiales, les relations prof-elève, l’école, les méthodes pédagogiques, tout a évolué drastiquement et ce roman nous le démontre habilement en exposant notamment les peurs de ceux qui s’apprêtent à les vivre. Les gens vivaient alors encore ensemble, évidemment de belles choses en découlaient mais aussi d’autres moins lumineuses, toute communauté a ses travers. On suit l’évolution de ce monde autour de Philippe Goubert, 10 ans (en 1975), un enfant sage, attentif, un peu maladroit et d’une palette de personnages, enfants et adultes. On va partager avec lui ses aventures, le début de la mixité, l’évolution même ténue du statut de la femme, les évolutions pédagogiques de certains instituteurs qui pointent, les convictions des adultes qu’ils ont un rôle prépondérant auprès de leurs enfants. Ce petit monde bouillonne et il faudra attendre « la grande escapade », un voyage où quelques-uns de ces acteurs laisseront libre court à leurs sentiments et envies pour qu'ils acceptent ces changements dans leur vie intime. Entre rire et gravité et toujours avec nuances, Philippe Blondel aime ses personnages et nous les fait aimer avec toujours autant de bonheur et de charme.

« Parfois les adultes ignorent le poids qu’ils peuvent avoir sur la destinée des enfants qui ne sont pas les leurs. »

« Ce qu’on souhaite avant tout, c’est que rien ne change radicalement et que chacun puisse vivre son existence comme il l’entend, tout en ayant bonne conscience parce que quelqu’un d’autre s’occupe des milieux défavorisés. Bref, on est de gauche, quoi. D’une gauche de la couleur du rosbif qu’on sert régulièrement lors de ces repas. Pas saignant. Ni bien cuit. Juste à point.

Ecouter la lecture de la première page de "La grande escapade"

Fiche #2421
Thème(s) : Littérature française


Jean-Philippe BLONDEL

Dancers
Actes Sud

9 | 165 pages | 08-10-2018 | 13.9€

en stock

Jean-Philippe Blondel nous propose cette fois la rencontre d’un trio amoureux adolescent : Anaïs, Adrien et Sanjeewa. La danse est au cœur de leur vie, une passion absolue partagée : « Moi, les seules choses qui me font vibrer, ce sont les mots et la danse. » Les garçons sont naturellement différents mais partagent en plus de la danse une certaine différence : l’un a des parents sourds et muets, l’autre a subi l’exil et le déracinement. Ils vivront les affres et les rivalités classiques d’un trio mais sauront se réunir et s’entraider lorsque Anaïs aura besoin d’eux pour surpasser son éloignement de la danse. Jean-Philippe Blondel offre un superbe et émouvant portrait (ça devient une habitude !) d’un trio d’adolescents mus par une passion qui réussit même à rythmer l’écriture de l’auteur !

« On n’appartient pas à un pays. On appartient aux gens que l’on rencontre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Dancers"

Fiche #2223
Thème(s) : Jeunesse


Jean-Philippe BLONDEL

La mise à nu
Buchet-Chastel

8 | 252 pages | 28-01-2018 | 15€

Louis Claret est un professeur de province en fin de carrière. Séparé sans heurts de sa femme, il vit seul, et croise ses filles épisodiquement. L’heure du bilan approche et c’est la rencontre avec un ancien élève qui va le provoquer. Il est peintre et célèbre et Louis se rend à sa soirée de vernissage, en traînant les pieds, sans aucune motivation, simplement peut-être pour occuper cette soirée qui risquait d'être comme les autres. Il ne se souvient guère d’Alexandre Laudin, élève effacé à l’époque mais Alexandre fait le premier pas, l’un pratique les mots, l’autre la peinture. Louis va s’interroger sur sa vie, vie que l’on regarde souvent en spectateur, sur le temps qui passe, sa relation aux autres, sa femme, ses filles, son métier et ses élèves, ses projets, ses lectures. Alexandre provoquera une mise à nu partagée dans tous les sens du terme, un bilan particulièrement lucide et franc devant ce regard observateur et compréhensif. Les deux se confieront, s’écouteront, découvriront l’intimité de l’autre, ses failles, ses troubles avec délicatesse et bienveillance. Jean-Philippe Blondel a toujours le mot juste pour accompagner l’intime et les sentiments de personnages attachants et pour donner corps à ses personnages qui nous accompagnent délicieusement de roman en roman.

« On connaît si peu ses propres enfants, au fond. On connaît si peu les autres, en général. On ne fait que projeter sur eux les fantasmes qu’ils nous inspirent. »

« Parfois, je me prends à rêver que le progrès s’enraye et nous rejette sur un rivage vierge, ahuris et désoeuvrés. »

« Mais la vraie question, tu sais, Louis, la vraie question, c’est : Quand est-ce qu’on s’arrête, qu’on s’assied un peu pour souffler et réfléchir à qui on est vraiment et à ce qu’on souhaite, au fond ? »

Ecouter la lecture de la première page de "La mise à nu"

Fiche #2078
Thème(s) : Littérature française


Jean-Philippe BLONDEL

Un endroit pour vivre
Actes Sud

7 | 66 pages | 26-07-2015 | 9€

en stock

Le nouveau directeur du lycée a décidé de reprendre les choses en main ! Il assène ses vérités et ses interdictions à qui mieux mieux. Tout devient interdit, seul le travail demeure autorisé ! Et les élèves acceptent, sans mots dire. A la grande surprise du délégué adjoint de première qui vient d'arriver dans l'établissement. Il est discret, un peu retrait, aime observer, souvent de loin mais là, il faut agir et se mouiller. Il décide de venir avec sa caméra et de filmer la vie au lycée, l'amour au lycée et montrer que le lycée est un lieu d'apprentissage mais également un apprentissage à la vie où chacun initie son chemin et cette expérience lui permettra aussi de faire ses premiers pas d'homme libre. Comme toujours, un excellent Blondel pour les ados !

Ecouter la lecture de la première page de "Un endroit pour vivre"

Fiche #1666
Thème(s) : Jeunesse


Jean-Philippe BLONDEL

Un hiver à Paris
Buchet-Chastel

6 | 270 pages | 28-01-2015 | 15€

Victor est prof d’anglais depuis plus de vingt ans et écrivain. Son neuvième roman est sorti lorsqu’il reçoit une lettre d’un lecteur pas comme les autres, quelqu’un qu’il a rencontré il y a bien des années, une lettre qui provoquera un retour sur le passé, à la période de ses dix-neuf ans. Lui, le petit provincial, avait alors quitté sa famille pour le milieu étudiant parisien. Grand lycée, l’élite, classes préparatoires, un petit monde fermé, sûr de lui et assez méprisant. Victor est à part, n’a pas leurs certitudes ni leur assurance, seul lien social, une amitié naissante avec Mathieu, le fils de l'auteur de la lettre. Leur amitié n’aura pourtant pas le temps de s’épanouir puisque Mathieu, après une humiliation de trop, dans un cri que personne n'oubliera, enjambe une balustrade et se suicide au sein même du lycée. Victor devient alors l’ami du suicidé, pour les étudiants, pour les parents de Mathieu, pour tous. Un nouveau statut qui lui ouvre des portes, suscite des rencontres, comme un triste malentendu. Des évènements cruels, de l’émotion, de l’intime, des relations humaines complexes, J-P. Blondel excelle pour nous faire partager et appréhender les sentiments de ses personnages. Il sait nous toucher, nous éprouver mais aussi démontrer que supporter puis supplanter une épreuve ne pourra se réaliser qu’à plusieurs, par une solidarité, une entraide et une amitié salvatrices.

« C'est le propre du roman d'amener le lecteur à renoncer au sommeil. A se relever, sans faire de bruit, pour ne pas troubler celui ou celle qui dort à ses côtés. A descendre dans le salon, allumer les lumières et s'affaler dans le canapé, vaincu. La prose a gagné le combat. On ne peut plus lui résister. »

« Vomir la jeunesse pour son inculture n’est qu’une ultime preuve de la détestation de soi. »

« Nous sommes beaucoup plus résistants que nous ne le croyons. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un hiver à Paris"

Fiche #1579
Thème(s) : Littérature française


Jean-Philippe BLONDEL

Double jeu
Actes Sud

5 | 140 pages | 11-08-2013 | 13€

en stock

Quentin a passé une année catastrophique dans son ancien établissement. Seule issue, quitter Saint Ex et ses copains, changer de lycée et se retrouver au lycée Clémenceau. L’accueil est glacial, il n’appartient pas au même quartier, au même monde et chacun garde ses distances. Les profs, les élèves. Néanmoins, une prof, La Fernandez est différente. Elle sait écouter et « sent » sa classe. Il la provoque. Elle résiste. Elle le provoque. Il résiste. Passionnée de théâtre, elle monte cette année une pièce de Tennessee Williams, le personnage principal dégage de nombreux points communs avec Quentin. Elle le voit bien dans ce rôle, mais il doute et hésite : « Je sentis que ma vie prenait un tournant – j’avais peur de ce que j’allais perdre et, encore plus, de ce que j’allais gagner. ». Elle saura faire sauter les verrous, « Me donner des conseils, me houspiller, m’appeler Silber, me casser, faire naître en moi de la fierté. » et ouvrir les portes d’une nouvelle existence à Quentin. Un face-à-face émouvant et avec toujours autant d’humanité et de compréhension du monde des ados, ce nouveau roman de J-P Blondel se dévore !

« C’est comme ça, par ici. On se débrouille. On fait vivre une économie parallèle puisque l’économie principale nous laisse sur le bas-côté. »

Ecouter la lecture de la première page de "Double jeu"

Fiche #1339
Thème(s) : Jeunesse Littérature française


Jean-Philippe BLONDEL

06h41
Buchet-Chastel

4 | 235 pages | 01-03-2013 | 15€

6h41, hasard de la vie, ils prennent le même train, le 6h41, un lundi matin, départ Troyes, arrivée Paris. Cécile vient de rendre visite à ses parents et part rejoindre sa fille et son mari. Philippe divorcé s’installe dans le même compartiment. Un regard, chacun reconnaît l’autre, tout en pensant que l’autre ne l’a pas reconnu. Presque trente ans qu’ils ne se sont pas vus. Jeunes, ils ont été ensemble quelque temps, il était charmeur, elle effacée. Partis à Londres en amoureux, leur retour fut solitaire et aussi brutale que leur rupture fût définitive et violente. Depuis ils ont vieilli, mutation physique et psychique. Que sont-ils devenus ? Cette expérience commune a-t-elle influé leur existence future ? Comment ont-ils évolué ? Ont-ils oublié ou le passé se conjugue-t-il encore au présent ? Le pardon est-il possible ? Les chapitres donnent la parole alternativement à l’une et à l’autre et nous font partager leurs souvenirs, réflexions et interrogations. Une heure trente de voyage et le rythme du récit est aussi rapide. Un joli texte de J-P Blondel, toujours aussi sensible et lucide, artiste de la description, introspections et bilan qui nous interrogent sur ce que nous sommes devenus, ce que la vie et les évènements ont fait de nous, sur l’idée que nous nous faisons de nous et des autres, un miroir parfois amer et toujours sans complaisance.

Ecouter la lecture de la première page de "06h41"

Fiche #1253
Thème(s) : Littérature française


Jean-Philippe BLONDEL

Brise glace
Actes Sud

3 | 110 pages | 19-09-2011 | 14.5€

en stock

Depuis qu'Aurélien est arrivé dans son nouveau lycée, il demeure isolé. Ni railleries, ni méchancetés, simplement il est à l’écart. Il évite le contact, le dialogue, réagit quand on l’interpelle, très souvent à propos, mais rien de plus. Le lecteur ressent immédiatement une fêlure, une faille, un malaise : « Après tout, je peux bien faire une entorse à mon anormalité ». Aurélien préfère passer inaperçu, « Je n’avais qu’un but dans la vie : ressemble au papier neutre d’une pièce anonyme… » mais peut-être : « On ne peut pas passer sa vie à se fondre ». Quel(s) évènement(s), quelle(s) rencontre(s) pourront lui permettre de revenir à une vie plus souriante, plus entourée ? Qui le sortira de son hibernation ? Qui brisera la glace ? Un ami ? Les mots ? Jean-Philippe Blondel offre un nouveau texte débordant d’émotions sur la vie, la mort, l’amitié, les mots et la poésie, l’attention à l’autre, l’adolescence.

Fiche #1029
Thème(s) : Jeunesse Littérature française


Jean-Philippe BLONDEL

Et rester vivant
Buchet-Chastel

2 | 248 pages | 17-08-2011 | 16€

en stock

Jean-Philippe subit la compassion de tous à chaque rencontre, chacun connait son drame. Un accident de la route, son père macho fou au volant, son frère et sa mère succombent subitement. Quatre ans après, son père suit le même chemin. Que faire à vingt-deux ans quand il n’est plus possible de se rassurer en disant : « On a toute la vie devant nous » et qu’aucun projet laissé en suspens ne pourra être réalisé, et de n'être « plus soumis aux regards de ceux qui m’ont vu grandir ». Il hérite et préfère tout vendre pour tout dilapider, se relever, renaître. Laure et Samuel, les deux fidèles qui ne posent pas de question, l'accompagnent aux Etats-Unis en direction de Morro Bay en hommage à une chanson de Lloyd Cole. Longue mue douloureuse vers une autre vie, vers la lumière au gré des rencontres. Sorte de road-movie, pause en mouvement avant de repartir, pour lever la brume, bancal, écorché pour tenter de reconstruire une vie. Il vit ce voyage tout en étant absent, détaché. En équilibre au dessus du vide. Evidemment l’appel du gouffre sera puissant, mais il saura résister, stopper le plongeon, détourner la tête, l’esprit car heureusement, « Putain, comme j’ai voulu vivre. ». Un texte émouvant, mélancolique, rythmé par un humour désespéré qui dépeint avec justesse et franchise le retour à la vie, vers une sérénité salvatrice. Un vibrant hommage, le dernier l'espère l’auteur.

« Nous sommes tous perdus. Mais nous nous retrouvons de temps en temps. »

« Avoir vingt-deux ans, c’est une malédiction temporaire. »

« J’ai vingt-deux ans et je suis le dépositaire de leurs histoires inachevées. J’ai vingt-deux ans et je suis un reliquat de récit. Une survivance. »

Fiche #1011
Thème(s) : Littérature française


Jean-Philippe BLONDEL

This is not a love song
Robert Laffont

1 | 212 pages | 24-09-2007 | 18.5€

Jeune, Vincent a une vie hors norme partagée avec son ami et colocataire Etienne jusqu’au jour où il rencontre Susan (« Il m’a fallu Susan pour m’arracher à Etienne et à la lose »). Il la suit en Angleterre, se marie avec cette fille de la bourgeoisie britannique, fonde une famille et réussira professionnellement. Egoïsme, arrogance, désir de réussite occupent son existence. Il oublie son passé, le rejette et l’exècre. Le mépris pour sa famille, ses parents, son frère, la France perle à chaque phrase. Mais sa femme décide de partir avec leurs enfants une semaine chez ses parents et lui propose de retourner en France revoir les siens. Vincent qui souhaitait oublier son passé et sa jeunesse se retrouve confronté à tous ses démons. Il renoue avec « …des parents transparents, une belle-sœur hostile, un frère saint, cocu et stérile… » qui vont pourtant réussir en sept jours à faire vaciller ses certitudes même si les familles préfèrent souvent le silence et occultent les conflits qui couvent. Il apprend par sa belle-sœur que son ancien ami Etienne devenu SDF est mort seul le long d’une voie de chemin de fer. Après le départ de Vincent, son frère et sa belle-sœur l’ont hébergé et se sentent encore responsables et coupables de cette disparition. Sa belle-sœur lui assènera la réalité sans fioriture et dans leurs rencontres, chacun cherchera un moyen de survie face à cette responsabilité. Une écriture directe, ciselée et rythmée, un ton amer et dur. Un livre parfois dérangeant et âpre sur notre passé et nos origines, nos espoirs, notre famille, nos responsabilités et culpabilités.

« Est-ce qu’on reste responsable des gens avec lesquels on a vécu, une fois que notre histoire commune s’est terminée ? Est-ce qu’on se doit d’accompagner ceux qui nous ont accompagnés, doucement, jusqu’à la porte de sortie de notre existence pour que leurs fantômes ne viennent plus jamais s’interposer ? »

Fiche #307
Thème(s) : Littérature française