« A vingt ans, Bonaria avait assez vécu pour savoir que le mot ``héros’’ constitue le masculin singulier du mot ``veuves’’...
»
Michela Murgia
Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous. |
La Cité et la Ville-Centre se font face. Deux mondes quasi-hermétiques. Tout départ de la Cité vers la Ville-Centre est sans retour. Et les Mères de la Cité sont exténuées de voir partir ou mourir leurs enfants. Elles sortent de leurs tours, créent et rejoignent la Cause, s’installent dans un Bunker puis créent une armée d’enfants pour encadrer et protéger les morts et les vivants. La terreur s’installe, nouveau Far West avec ses propres règles. Dans cet environnement hostile, Tâarouck s’occupe de son petit frère, qui s'emploie en permanence à faire gonfler ses muscles à coup de pompes et de pilules dangereuses. Ils sont seuls, leur mère est morte, et le père est reparti au bled. Tâarouck n’a rien oublié des relations violentes entre son père et sa mère ni le geste ultime de sa mère. En outre, il se sait découvert par la Cause, ses guetteurs l’ont vu passer de l’autre côté, pour tenter de vivre, d’apprivoiser, d’accepter son homosexualité et la Cause ne peut accepter... Zone cinglée où il n’est pas bon de rêver : « Pour eux, j’ai peur. Je sais pas, ils rêvent, tu comprends c’que je veux dire ? Ça pardonne pas ! Un jour ou l’autre, tu payes tous les trucs que t’as volés en les imaginant… ». Le rêve est pour les autres, Tâarouck rêve peu, mais il agit et prend en main son destin avec courage et volonté, un superbe et douloureux portrait.
Ecouter la lecture de la première page de "Zone cinglée"Fiche #1607
Thème(s) : Jeunesse Littérature française
Arezki est bien seul dans sa tour. Il a été élevé par un chauffeur routier Si Larbi et ne sait que peu de choses sur son passé et ses origines, Si Larbi conservant le silence. Dans la solitude, il regarde de loin les femmes et elles continuent d’habiter ses rêves. Jusqu’au jour où, au détour d’une ruelle, il commet l’irréparable. Il ne fuit pas, se laisse prendre, avoue et se retrouve au fond d’une cellule de prison. Quelques années, plus tard, le directeur de la prison lui-même l’aide à s’évader et il se retrouve aux côtés d’un des matons pour un retour en Algérie sur les traces de son passé. Mais les trois autres personnages sont aussi du voyage, voyage vers leur enfance, vers une rédemption impossible mais aussi vers un passé terrifiant où ils ont pris part au drame originel, impardonnable. Kaoutar Harchi, sans jugement péremptoire, nous parle sans détour et avec puissance de solitude, de famille, d’inceste, d’oppression sexuelle et de frustrations, de violence et d’amour, de l’Algérie et de l’exil, dans une tragédie aussi antique que contemporaine. Noir, âpre et puissant.
"Car les gens ne croient plus en la vérité, mais seulement en la fiction, en l’invention d’un malheur qu’ils disent exagéré, faux, alors qu’il est le leur, le nôtre."
Fiche #1600
Thème(s) : Littérature française
La Mère et sa petite ont rejoint la maison des femmes. Cette maison fermée accueille les femmes que les hommes (maris, frères et pères) bannissent et contraignent à l’isolement. Une maison de femmes rejetées où règnent malgré le désespoir commun jalousie, hypocrisie, rumeurs et rivalités… La petite se retrouve au milieu de cette communauté de souffrance vivant encore dans l’ombre du mari, du frère, du beau-frère… continuant d’espérer en leur venue une libération prochaine. Elle devient le témoin de la passivité de ce groupe, elle observe les corps, son corps, les âmes et courageuse, elle se révolte parfois sans comprendre la « forme de complaisance à être enfermée, à être punie sans réelle raison, dans leur chair, dans leur âme, à être humiliée de la sorte… » Pourtant elle prend un soin extrême de la Mère. Un jour, l’une est la Mère, le lendemain c’est l’autre. Parfois elles ne sont qu’une, parfois elles se repoussent et s’éloignent l'une de l'autre. La petite lui voue un amour sans faille mais lucide. D’une volonté inouïe et courageuse, elle saura forcer les portes de la maison et affronter frontalement les traditions, le groupe, la famille, le passé pour entrevoir les lumières de la vie et de la liberté mais en sera évidemment profondément et définitivement marquée. Un texte prenant et bouleversant qui traite avec justesse du poids des traditions, du passé et de la famille comme des dérives des sociétés patriarcales auxquelles participent aussi nombre de femmes. Une écriture dépouillée et travaillée au service d’un récit tendu, intense, oppressant, tragique, et surtout questionnant.
« Celles qui, vous savez, maintiennent vivante la tradition avec un tel engagement, une telle fougue, qu’on les croirait être des hommes. »
Fiche #1491
Thème(s) : Littérature française