« Nous mourons si nous n’écoutons pas ce qu’enseigne l’expérience, mais nous moisissons si nous y prêtons trop d’attention. »
Jon Kalman Stefansson
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L’uchronie originale proposée par Sylvain Pattieu dans Une vie se cabre plonge ses racines dans une loi largement oubliée (est-ce un hasard ?), la loi Lamine Guèye (votée le 25 avril 1946), député socialiste de Dakar, qui devait accorder la citoyenneté française et les mêmes droits à tous les ressortissants de l’Empire, métropole et colonies. Sylvain Pattieu imagine que la France hexagonale, la petite France , laisse donc le pouvoir ; Aimé Césaire préside en effet, rapidement remplacé après son assassinat par sa femme Suzanne. Quels impact sur la vie de chacun ? sur le collectif ? Les conséquences du colonialisme en auraient-elles été modifiées ? Le récit accompagne le destin de Marie-des-Neiges, une jeune femme qui quitte Dakar, sa professeur Maryse Condé, ses parents pour Aix-en-Provence et la liberté. Liberté d’apprendre et de faire apprendre en devenant institutrice. Au milieu d’un groupe d’amis unis et bigarrés, les idées se confrontent, se frottent, relations intimes et politiques se déploient. Entre Aix et Marseille, la destinée de Marie-des-Neiges nous offre moult rencontres, des anonymes ou non (Léopold Senghor, Aimé Césaire, Suzanne Roussi-Césaire, Maryse Condé, Gerty Archimède, Jenny Alpha, Fabienne Ega, Claude McKay…) et nous rappelle les douloureux soubresauts de l’histoire des années 60. Une humanité commune pouvait-elle encore naître malgré l’histoire, malgré les évènements, les affronts et les déchirements ? Sylvain Pattieu, optimiste, cible brillamment et avec érudition ce moment particulier de la loi Guèye comme un instant possible de bifurcation, espérons qu’il y en aura d’autres…
Ecouter la lecture de la première page de "Une vie qui se cabre"Fiche #3151
Thème(s) : Littérature française
Jean et Melvin naissent en 1946 et 1948 aux Etats-Unis. Leur généalogie est à l’image du pays, sangs mêlés, des ancêtres amérindiens, écossais… et pourtant ils sont noirs à une époque où « manquer de respect à des Blancs, c’est une question de vie ou de mort. » Le racisme, le mépris, les violences et les morts sont le quotidien habituel dans une indifférence quasi-généralisée. Alors certains se regroupent, agissent, et tentent d’interpeler, de sensibiliser, de faire réagir et fin des années soixante, les détournements d’avion se multiplient. Jean, Melvin et la petite communauté qu’ils ont formée, passent à l’acte en 1972. Cinq adultes et trois enfants détournent le vol 841, Détroit-Miami, pour l’Algérie. Le déroulement de l’opération ne suivra pas le plan prévu. Mais c’est l’époque d’une France très engagée, évitant le pragmatisme et les compromis, et la France les fait sortir de l’Algérie et les accueille, ils devront réapprendre à vivre ensemble, trouveront leurs places dans le monde social, éducatif ou sportif. Un récit émouvant et instructif qui place l’engagement au cœur de la vie des Hommes et ici de ce couple qui restera fidèle jusqu’au bout aux siens, rappelle ses conséquences, montre que le pouvoir et l’Histoire n’oublient jamais ces actes et ne pardonnent jamais même si l’horizon souhaité était celui d’un monde meilleur.
Ecouter la lecture de la première page de "Nous avons arpenté un chemin caillouteux"Fiche #1957
Thème(s) : Littérature française
Et que celui qui a soif, vienne - un roman de pirates
Le Rouergue
3 | 480 pages | 08-02-2016 | 21.8€
Depuis quand n’avez-vous pas lu un romain d’aventures maritimes et de pirates ? Pour beaucoup, ce type de lecture reste un lointain souvenir et Sylvain Pattieu choisit étonnamment de nous rafraîchir la mémoire. Il nous fait monter à bord de trois bateaux, un négrier, un vaisseau pirate et un navire marchand, qui voguent sur les mers et leurs équipages seront certainement amenés à se croiser... A l’époque, le commerce ne peut se passer de la mer et des bateaux, il se développe déjà vertigineusement et des grandes sociétés ou organisations trustent l’activité et tirent profit de cette première mondialisation. Certains refusant cette vision du monde et de l’homme choisissent une autre utopie et hissent le drapeau noir. Sylvain Pattieu, avec une vision toute romantique de ces hommes bigarrés d’origines et de caractères divers, nous relatent leur quotidien, leurs trajectoire et destin, tout y est : des combats et des morts, du vent et des embruns, des femmes et des hommes, des abordages et de l’aventure, de l’amitié et de l’amour, de la fidélité et de la trahison, de l’oppression et de la liberté, des thèmes toujours d’actualité ! En outre, si le lecteur vient à somnoler lorsque le vent se fera calme et la voile loin d’être bordée, Sylvain Pattieu a trouvé une méthode originale plus efficace qu’un coup de sabre pour le réveiller. Revigorant !
Ecouter la lecture de la première page de "Et que celui qui a soif, vienne - un roman de pirates"Fiche #1753
Thème(s) : Littérature française
Les employées d’un salon parisien n’ont pas été payées, le patron a oublié… Par contre, il n’a pas oublié la caisse lorsqu’il a pris la poudre d’escampette. Les Ivoiriennes qui s’occupaient des cheveux et les Chinoises des ongles se retrouvent sans rien, sans boulot, sans argent, sans papiers évidemment. L’une d’entre elles, Lei Mei, les emmène sur le chemin du refus, de l’action. Elles se doivent de réagir, d’obtenir ces papiers qui leur permettront de vivre en oubliant la peur mais aussi de repartir au pays et de revenir sans crainte en France : « Ici aussi, en 2014, il est question de dignité. Ne pas se laisser piquer son salaire. Ne pas rester clandestines et cachées. Relever la tête, on le disait, encore et toujours. » Car c’est ici qu’elles ont choisi de vivre malgré leur colère. Sylvain Pattieu nous raconte la vie de ces employées dans ce salon, sans sécurité, sans papiers ce qui arrange bien les patrons, et où le droit du travail est une expression inconnue ! Il décrit l’occupation des locaux où ces femmes qui finalement ne se connaissent pas vont s’apprivoiser, la difficulté de la langue, l’opposition des patrons et de l’administration, les sentiments multiples qui les animent, l’angoisse, la peur, l’amitié, la joie… De superbes et émouvants portraits de femmes qui sont venus espérant trouver le bonheur et une vie paisible et qui vont lutter pour que leur rêve devienne réalité : « Beauté parade. Elles ne se sont pas laissé faire. Alors ce jour-là, on peut le dire, oui, la beauté est dans la rue. »
Ecouter la lecture de la première page de "Beauté parade"Fiche #1572
Thème(s) : Littérature française
« Les impatientes » dépeint le parcours scolaire puis professionnel de deux lycéennes d’un établissement de banlieue dite difficile. Elles partagent une envie de vivre débordante, une impatience extrême et une énergie exceptionnelle malgré leur profondes différences. L’une est réservée, disciplinée, bonne élève, promise à un bel avenir et espère intégrer Sciences Po. L’autre est violente, agressive, exubérante, plus assidue aux soirées dans les boîtes de nuit qu’au lycée. Alima-Nadine Sissoko et Bintou Masinka voient brutalement leurs destins basculer lors d’un « incident » aussi violent que subit auquel elles participent. Elles intègrent alors de concert le monde professionnel des sans-grade dans un grand magasin. Pourtant leur force combative et leur haine de l’injustice ne les abandonnent pas alors qu’elles tentent de se frayer un chemin commun dans le monde adulte.
Premier roman
« …Des fois je me dis que j’aurais voulu vivre en Amérique eux ils ont Martin Luther King ils ont Obama et nous on a qui en France ? »
Fiche #1153
Thème(s) : Littérature française