« Partir, c'était moins douleureux qu'être parti. »
Clara Dupont-Monod

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Maren Sell

Frédéric PAGÈS

Du pur amour et du saut à l'élastique
Maren Sell

4 | 206 pages | 28-02-2011 | 17.25€

Max de Kool l’amoureux de Kant (comme Jean-Baptiste Botul, n’est-ce pas M. BHL ?) et du sublime est de retour pour notre plus grand bonheur (mais qu’est-ce que le bonheur ?). Amoureux de Kant certes, mais également amoureux des longues et merveilleuses jambes fines et surtout celles de Blandina Blandinova (mais qu’est-ce que le beau ?) ! Max se laisse quelque peu entretenir et porter par cette rencontre et cette belle histoire d’amour aurait pu durer sans son aversion extrême de Julio Iglesias qui l’entraîne dans des colères et violences ultimes (mais d’où vient la colère ?). La belle Blandina en fera les frais un jour d’écoute de la voix mielleuse du chanteur andalou. Notre éternel futur agrégé de philosophie (cinq tentatives) se retrouve alors à la rue et part faire un bilan nietzchéen dans un hôtel perdu des Alpes. Suffisamment reculé pour accueillir également un groupe d’étudiants venus partager un week-end d’intégration particulièrement festif et « la vie est un télésiège qui ramène les mêmes problèmes »... Tout est sujet à philosophie, toujours avec humour. Le lecteur complice ressent le bonheur et le plaisir que doit éprouver Frédéric Pagès à l’écriture de ses romans, le plaisir est partagé et l'on a l’impression de se retrouver à le regarder par-dessus son épaule noircir les pages et rire de concert avec lui. Un sérieux et sublime (sublime ou beau ?) moment de détente, enrichissant et jubilatoire, et c’est assez rare pour ne pas le manquer !

"Le jour est beau mais la nuit est sublime"

"Il faudrait qu’il y ait des urgences philosophiques comme il y a des urgences psychiatriques."

Fiche #906
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Frédéric Pagès lus par Vaux Livres


Pascal MERCIER

Léa
Maren Sell

3 | 243 pages | 24-07-2010 | 19.25€

Adrian Herzog et Martijn Van Vliet font connaissance par hasard à la terrasse d’un café provençal. Originaires de Bern, ils décident de faire le chemin du retour ensemble. Instantanément complices, Adrian découvre l’histoire de Léa et de son père, il devient le confident, le regard extérieur à cette tragédie. Après la mort de sa mère, Léa s’isole jour après jour alors que Martijn l’observe sans savoir comment la soutenir. Jusqu’au jour où, revenant de l’école, elle tombe en admiration devant une violoniste. Coup de foudre, elle veut, elle doit apprendre le violon. Martijn voit enfin Léa montrer du désir, se sent utile et soutient aveuglément sa nouvelle passion. Léa se donne corps et âme à son nouveau compagnon, talent et travail la mènent au devant de la scène alors que cette monomanie précipite son père dans une solitude désespérée et impuissante sans empêcher la folie de l’asphyxier. Il sent cette passion étouffer sa fille, mais incapable de communiquer, il ne sait comment réagir et quand il agit, avec émotion et attention, il ne fait qu’accroître la catastrophe… jusqu’à l’issue fatale. Léa et son père ont pris place sur deux toboggans qui s’éloignent progressivement l’un de l’autre et descendant de plus en plus vite vers l’enfer. Tel un violon qui pleure, ce drame inexorable et incontrôlable vous envoûtera irrésistiblement.

« La confiance en soi : pourquoi est-elle si capricieuse ? Pourquoi reste-t-elle aveugle en face des faits ? Une vie entière, nous nous sommes efforcés de la construire, de la protéger, de la consolider, sachant que c’est le plus précieux des biens, indispensable au bonheur. Ensuite, brusquement et dans un silence sournois, une trappe s’ouvre et nous tombons dans un abîme sans fond : tout ce qui était n’est plus qu’un mirage. »

« Qu’avait-il mal fait ? Que devait-il se reprocher ? D’avoir mal agi ? D’avoir mal senti ? Pouvait-on même sentir bien ou mal ? Les sentiments – n’étaient-ils pas tout simplement qu’il’étaient – un point c’est tout ? »

Article paru dans la revue "Page des Libraires"

Fiche #803
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carole Nasser

Les titres de Pascal Mercier lus par Vaux Livres


Pascal MERCIER

L'accordeur de pianos
Maren Sell

2 | 507 pages | 07-09-2008 | 23.35€

Lors d’une représentation de Tosca de Puccini à la Scala de Milan, le célèbre ténor Antonio di Malfitano s’écroule. Il vient d’être abattu d’un coup de pistolet par l’un des spectateurs. L’assassin, accordeur de pianos exceptionnel mais compositeur raté, est dans la salle. Sa femme très malade l’accompagne. Le roman est double et débute après la mort de ces deux personnages : enquête autour de ce meurtre et quête des jumeaux de l’assassin présumé pour comprendre leur famille marquée par la musique, mais aussi pour se découvrir. Anéantis par la vie, par leur proximité, les jumeaux ne se voyaient plus et cet évènement les rapproche un instant. Ils décident d’écrire leur histoire et d’échanger leurs cahiers (7 cahiers rouges, 7 cahiers bleus) lorsqu’elle sera achevée. Le roman est constitué par la succession des cahiers, alternativement du frère et de la sœur. Progressivement, le lecteur les découvre comme eux-mêmes découvrent leurs parents. Les relations de chaque couple (fils-mère, fille-père, père-mère, frère-sœur) sont décortiquées, explorées et les ambigüités, failles, faiblesses sortent du non-dit et les mots, la langue permettront peut-être aux jumeaux d’accepter leur histoire, leur passé (« L’exploration du passé a-t-elle tant de pouvoir sur le présent ? »). Quant à l’enquête concernant les motivations ayant provoqué ce geste fatal, elle ne restera pas sans surprise ! Les jumeaux en apprendront beaucoup plus que ce à quoi ils s’attendaient… Pascal Mercier entretient ce double suspense avec une grande maitrise. Un livre dense, souvent noir, aux thèmes multiples (famille, rapports humains, amour, intimité, silence, langage, art, musique, création, ambition…), éclairé par une écriture précise à la langue riche et délicate à la fois.

Fiche #458
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Pascal Mercier lus par Vaux Livres


Frédéric PAGÈS

L'idiot de la Sorbonne
Maren Sell

1 | 230 pages | 21-08-2007 | 18.25€

Au volant de sa DS, beauté éternelle, Max de Kool est chauffeur de taxi. Etudiant brillant, il fut reçu à l’écrit de l’agrégation de philosophie mais échoua à l’oral, impossible d’exprimer le moindre mot sur le sujet « Sens et enjeux du silence » ! Un jour, la portière de sa DS s’ouvre et il reconnaît immédiatement la voix : son Maître, professeur brillant et adulé, Oscar von Balthazar, capable d’improviser sur les sujets les plus ardus devant un amphi médusé. Pourtant, il abandonna un jour ses étudiants avant de leur révéler la définition du Sublime. Mais le voici de retour :« Je vais prendre la Sorbonne sans violence, mais sans pitié. Redditions sans conditions ! Que tout soit bien clair, je joue mon va-tout, je n’ai rien à perdre, aucune position, aucun poste, je vais prononcer un discours événement, la fac va changer de base, le monde ne sera plus le même. ». Ils partent alors sur les routes d’Europe pour le voyage vers la reconquête ce qui donnera lieu à une joute oratoire particulièrement jubilatoire entre les deux personnages. Max n’acceptant aucune compromission, Oscar se refusant à toute illusion, les discussions et confrontations seront constantes, et très rythmées, rythme renforcé par le mouvement induit par le road-movie qu’ils ont engagé. Les sujets abordés seront extrêmement variés mais toujours avec références à une approche philosophique (« La philosophie, c’est comme le piano pour un professionnel : il faut en faire tous les jours sans prendre de vacances sinon les doigts de la cervelle s’engourdissent » : ils réussiront même à définir le concept exhaustif du « con » ! Un discours oscillant constamment entre réflexion et blague, analyse et ironie, culture et dérision, du bonheur ! Au fait, Oscar et Max, quelle est la définition du bonheur ?

« Les gens ne croient plus au marxisme mais vénèrent l’astrologie. Créons l’astromarxisme et réconcilions les intellectuels et le peuple. »

« Méfiez-vous des femmes et des tondeuses à gazon »

« Vous avez tort. Il faut savoir être un peu idiot pour vivre en société, plaida Oscar »

Fiche #284
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Frédéric Pagès lus par Vaux Livres





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