« Si quelqu’un me traite de nègre, la première fois, c’est sa faute. S’il a l’occasion de le refaire, c’est la mienne. »
Nelly Larsen
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Clemens est un jeune de la bourgeoisie allemande d’avant guerre. Ballotté d’institut en foyer, Clemens est une sorte d’elfe, d’une beauté remarquable, image de l’aryen parfait, mais gracile et d’une grande douceur et délicatesse. Il est musicien et un violon l’accompagne sans relâche : « Ce violon sanglé à l’enfant, c’était bien l’âme du grand-père virtuose. ». Virtuose lui aussi, il joue, rejoue sans cesse, ne quitte jamais son violon, un couple qui s’autoprotège : « Il doit le sauver du chaos ! » En effet, le chaos menace le monde, il verra disparaître son entourage un à un. Il freinera l’échéance mais la violence le rattrapera et l’enrôlera aussi. Le jeune garçon fermera les yeux en découvrant la beauté de l’océan et sa violence recherchant la musique la plus idoine pour représenter ce sublime tableau ambivalent. Violence et beauté, culture, musique, art et barbarie, côte à côte, voisines, se côtoient, s’affrontent à chaque guerre qui recommence et sur ce champ de bataille, des anonymes, des innocents. Littéraire, poétique, dense et profond, de superbes descriptions et une réflexion essentielle face au fracas du monde, hier comme aujourd’hui.
« On perd son temps dans la vie, mais un soir à sept heures dix-sept, ou un matin, on s’éveille tout à coup au milieu des grands arbres. Quelque chose se met à exister soudain… »
« La musique habite un monde inaccessible, elle est comme l’âme des absents. »
Fiche #3252
Thème(s) : Littérature française
Damya aurait pu continuer de danser. Un soir de novembre de 2015 l’en a empêché. Damya aurait pu retrouver ce rendez-vous manqué avec un homme. Un soir de novembre de 2015 l’en a empêché. Mais Paris continue de vivre, avec ces blessés, sur le retour, lentement. Et Damya va arpenter ses rues. Elle est en effet chargée par l’une ses amies de repérer des figurants pour La Douleur qui représenteront les déportés qui rentrent, un casting géant, « La rue pullule d’étoiles anonymes », sous forme de traversée de Paris pour dénicher des visages éprouvés, des corps tordus. Elle doit rechercher la douleur et observera des hommes et des femmes dans leur vie quotidienne au coeur de la capitale, car ces potentiels figurants ont un passé et un présent bien réels qu’ils supportent et vivent souvent tragiquement bien loin des palaces parisiens. Hubert Haddad décrit avec poésie cette errance, ce voyage éprouvant avec une grande douceur, comme une danse lente, précise, aérienne et esthétique.
« Certains rêves ne durent qu’un éclair et contiennent en eux toute la mémoire. »
Fiche #2108
Thème(s) : Littérature française
La science avance, avance, et rien ne peut l'arrêter. Le possible s'étend expérience après expérience. Hubert Haddad envisage dans « Corps désirable » une nouvelle étape, la transplantation d'une tête humaine sur le corps d'un autre homme. On y viendra, sans aucun doute. Cédric après un accident devient le cobaye idéal. L'opération est une réussite, l'aspect purement médical est résolu, le corps et les organes sont réunis, vivent, la vie triomphe et la médecine aussi. Mais qu'en est-il de la pensée, de la psychologie ? Cédric pourra-t-il accepter ce corps sans questionnement ? D'où vient-il ? Quel est son vécu ? Quelle est son influence ? Pourra-t-il encore aimer et être aimé ? Hubert Haddad dans un roman troublant à suspens aborde une longue série de questions essentielles, le progrès, la science, la médecine, l'identité, l'amour, la vie, la mort.
« Un être humain qui veut se perfectionner doit toujours rester lucide et serein, sans donner l'occasion à une passion ou à un désir momentané de troubler sa quiétude et je ne pense pas que la poursuite du savoir constitue une exception à cette règle. »
Fiche #1648
Thème(s) : Littérature française
Opium Poppy, ou la tragédie de la guerre des hommes face aux mondes des enfants, suit les traces d’un petit paysan afghan dans un pays écrasé par la guerre et le trafic d’opium. Même l’exil ne suffira pas à le sauver. La guerre et ses protagonistes vident les têtes, lavent les cerveaux, et poussent au départ, à la fuite, engendrent de profondes mutations dans le psychisme de chacun. La survie est une lutte permanente, incite à de lourds compromis, vous bouscule, vous transforme et inhibe toute réflexion. Chacun devient un rouage d’une machine puissante que personne ne maîtrise. L’enfance n’existe plus, et pire, l’avenir est définitivement et irrémédiablement marqué, obstrué (« Le passé n’est jamais si simple »), les vies futures sont réglées, inexorablement. Un roman bouleversant, noir, d’une grande simplicité comme un miroir réaliste et sans révolte de la guerre et de notre propre monde. Vous n'oublierez pas le petit Alam, je vous l'assure !
Fiche #955
Thème(s) : Littérature française
Géométrie d’un rêve est le journal d’un romancier qui a été fou d’amour de Fedora, une soprano lyrique. Il croit fuir sa mémoire et son passé en s’installant sur les côtes du Finistère dans un vieux manoir. Mais l’ambiance des lieux le ramène inexorablement vers son histoire et il entreprend donc un journal. Son enfance, ses rencontres, Fedora, Amalya étudiante connue à Kyoto se mêlent aux nombreux personnages de fiction compagnons du romancier. Les personnages déteignent les uns sur les autres, la réalité étouffe la fiction et vice-versa. La frontière devient floue et peu à peu, si le lecteur franchit le pas, se laisse bousculer, il est happé dans le tourbillon et s’imprègne des nombreuses références qui enrichissent le texte. Un roman exigeant et ambitieux.
Fiche #647
Thème(s) : Littérature française