« … faire son deuil, que c’est une expression pour les magazines, on continue à marcher avec nos morts sur les épaules, avec nos ombres, et rien d’autre. »
Gaëlle Josse
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Johanna, la narratrice, a fait le choix de partir jeune, s’éloigner de sa famille, de ses parents, de sa sœur, ne pas suivre le chemin qu’ils attendaient, qu'ils traçaient. Elle est partie avec Mark et son art, ses dessins. Une rupture, une première petite mort. Trente ans plus tard, Mark est mort, son fils vit à Copenhague et elle revient. Elle revient vers son enfance alors que son père est déjà mort sans la revoir et « je ne suis pas venue à l’enterrement de père » : sa mère l’avait mal vécu, « d’une certaine façon, je l’avais tuée symboliquement ». Elle sait que ni sa sœur ni sa mère ne souhaitent la revoir, elle appellera, sa mère ne décrochera pas. « Parce que je suis moi-même sur le point d’entrer dans l’âge de l’introspection, parce que je ne regarde plus uniquement vers l’avant mais aussi en arrière » le passé remonte et elle va questionner, disséquer les relations intrafamiliales, la relation avec sa mère, « Peut-être que mère, dès l’instant où je suis née a eu le désir de ne pas être ma mère. » Ses souvenirs correspondent-ils à la réalité ? Qu’a-t-elle oublié ? Pourquoi ? Pourra-t-elle rencontrer sa mère ? Pourra-t-elle se libérer de ses souvenirs (« … ils s’imaginent pouvoir laisser le passé derrière eux, mais ça ne marche pas ! ») ? Sa mère l’a-t-elle définitivement oubliée (« J’étais morte en elle. ») ? Un roman dense et poignant sur la douleur d’une femme qui n’a jamais vraiment été fille, douleur que seule l’art pourra édulcorée.
« Si on savait, si on comprenait étant jeune à quel point l’enfance est déterminante, personne n’oserait avoir des enfants. »
Fiche #3284
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Hélène Hervieu