« Voilà pourquoi nous sommes si dépendants de la dame au pelvis. Un poulain marche dès la naissance, un babouin sait s’arrimer au dos de sa génitrice : très vite les bêtes oublient leurs mères. Il n’y a que nous qui nous y accrochons tels des vampires. Les bébés sont des monstres prématurés dans lesquels rien ne fonctionne, des ni-faits-ni-à-faire, dont la totale absence de défense vis-à-vis de l’extérieur est effrayante. Un bébé n’a rien d’admirable, un bébé est une erreur que l’on veut bien corriger. »
François Beaune
Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous. |
Très loin de l’autofiction et du témoignage, Anne Serre s’empare d’un thème devenu tabou dans la littérature et construit un conte dérangeant, absolument pas graveleux seulement Écrit : la candeur et la douceur de cette écriture, les humeurs décrites contrastent avec les situations partagées par les jeunes filles. Le sexe, tous les plaisirs et jeux sexuels sont au cœur d’une famille, mère, père, enfants, amis… Ils ne font qu’un, un corps en constante évolution et qui n’en finit pas de se révéler, toute le monde participe à la découverte et au plaisir de l’autre, notamment autour de « la table au disque luisant » où tout semble si naturel : « Notre maison était évidemment pareille à un corps, pareille à une âme, avec ici ses désordres, là ses lacs de calme, ici encore sa froideur, et là, sa profondeur veloutée ». Les sentiments sont absents, la place étant occupée par le plaisir omniprésent et goûté par tous. Mais tous les contes ont une fin et les filles quitteront la famille chacune à leur manière. La narratrice, une des trois fillettes devenue adulte, s’extraira de ce huis clos familial par « la rampe » de l’écriture et continuera le jeu par l’écriture en espérant voir les émotions la rattrapent un jour, peut-être. L’écriture n’a pas d’interdits, Anne Serre le prouve encore !
« Longtemps, j'ai été privée de sentiments. Maintenant que j'approche de la quarantaine et qu'il m'est arrivé, grâce à Dieu, d'éprouver ici ou là de la tendresse, de l'affection, je considère cet âge où je ne sentais rien sinon ma force, avec curiosité. »
Fiche #1256
Thème(s) : Littérature française
Anna vit avec Guillaume depuis vingt ans. Deux disputes anodines en vingt ans. Ils ne font qu’un. Ils s’aiment comme au premier jour. Pourtant au détour d’une rue de Sorge, un coup de foudre terrasse Anna. Thomas Lenz ne quittera plus son esprit, une nouvelle passion qui débute. Histoire universelle que de « … tomber amoureux de quelqu’un alors que l’on est heureux avec quelqu’un d’autre… » mais Les débutants concerne essentiellement le passage du gué, du pont d’une passion à l’autre, les atermoiements, hésitations, doutes et indécisions qui minent Anna pendant que les débutants tentent de se découvrir, de s’apprivoiser, le moment où les souvenirs, les images de la première passion s’éloignent, volontairement ou involontairement. Elle ne sait identifier les raisons, le pourquoi de ce coup de foudre. Une fêlure ? Mystère de la passion, l'impression de se connaître depuis toujours... Danse envoûtante à trois puis danse exclusive à deux : "Que c’est étrange de quitter quelqu’un que l’on aime pour quelqu’un que l’on aime."
Sélection Prix Page des Libraires 2011
« On n’aime peut-être jamais que par erreur. »
Fiche #1006
Thème(s) : Littérature française