« Ce qu'on appelle "mourir" c'est achever de naître et ce qu'on appelle "naître" c'est commencer à mourir. "Vivre" c'est mourir en vivant. Nous n'attendons pas la mort : nous vivons perpétuellement avec. »
Jean Baudrillard
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Simon a quitté de longue date la France et rompu les ponts avec sa fille et son fils. Il vit simplement mais correctement avec sa petite retraite à Madagascar. Il gère avec un ami fidèle une petite affaire de tourisme. Quand il reçoit une lettre de sa fille, la surprise passée, il découvre que son fils, Guillaume, est aussi à Madagascar depuis quelques temps et ne donne plus de nouvelles à sa soeur. Simon n’hésite pas, il sait que Guillaume est spécialiste des engagements douteux, et part à sa recherche. Une véritable épopée au cœur de Madagascar, propice à moult rencontres, souvent amicales, parfois dangereuses mais aussi un retour sur soi, sur son rôle de père, de mari, ses liens et sa rupture avec ses enfants. Il est prêt à tout pour retrouver et sauver Guillaume et espère enfin renouer avec lui, s’expliquer, l’écouter, réparer s’il est encore temps et l'entendre dire papa. Une superbe palette de personnages et un passionnant et haletant récit d’aventure, de paternité, dans les profondeurs de Madagascar.
« Laisser sortir des trucs enfouis et sensibles, c’est comme une fuite d’huile moteur, un signe de casse ; ça nous affaiblit. »
« Et puis vous savez, en France, personne ne chante aux enterrements, c’est déprimant. »
« On comprend facilement... pourquoi l’éducation n’est jamais une priorité des pays contrôlés par des élites corrompues : quand quelqu’un a appris à s’exprimer, les stratégies desdites élites sont vite énoncées... éduquer, dans un endroit où il n’y a aucune éducation, c’est tout changer. »
« On ne pèse pas sur le passé, c’est lui qui vous pèse dessus et il vous rattrape immanquablement... »
« ... on refout toujours les pieds dans la merde qu’on a laissée derrière soi. »
« Le passé, cette saloperie, a même le pouvoir de nuire à l’avenir. »
« Maintenant que je suis vieux, je sais pourquoi l’avenir m’inquiète de moins en moins : parce qu’il y en a de moins en moins. »
« ... l’incohérence est la véritable condition humaine. »
« Toutes ces églises pour combler le vide entre les deux extrémités des sociétés humaines, la pauvreté et le pouvoir. »
Fiche #3177
Thème(s) : Littérature française
Publier un roman sur fond de guerre d’Algérie s’avère encore un dangereux exercice d’équilibriste. Le bien, le mal, la guerre et ses horreurs, la torture, roman historique, roman à thèse, récit de guerre, où placer les limites, sans parler des dernières polémiques entre historiens et romanciers et fiction et histoire. La nouvelle génération d’écrivains franchit le pas avec brio : sur cette période, Antonin Varenne rejoint notamment Laurent Mauvignier, Jérôme Ferrari mais dans un autre style, notamment en adaptant et détournant habilement les règles du polar. Il s’est imbibé des confessions ultimes de son père pour décliner une intrigue riche et complexe qui oscille chapitre après chapitre entre les années 50-60 et les années 2000. L’ouverture du livre donne le ton, le lecteur est littéralement placé au beau milieu d’un ring où s’affrontent un flic, la quarantaine tassée, surnommé Le Mur et un gamin de vingt ans. Le Mur sort une nouvelle fois vainqueur mais le prix à payer s’accroît à chaque combat. Dans le vestiaire, le Pakistanais lui propose une combine louche, corriger quelques amants… pas de risque et de la monnaie pour pouvoir rejoindre Mireille, professionnelle de l’amour. Le flic, pas très fier, après réflexion accepte mais ne sait pas où ses poings le mèneront. En effet, après deux contrats réalisés sans obstacle ni scrupule, il doit tabasser un vieil et fragile Algérien et le Mur fascille et ne peut s’y résoudre. Lorsque le Kabyle l’éclaire sur les identités des deux hommes qu’il a corrigés, le Mur, humilié, ne comprend pas précisément l’origine de la manipulation. Le Kabyle l’entraîne une plongée dans l’Histoire et dans son histoire lors d’un dernier voyage vers Marseille à la rencontre de son passé auquel appartient aussi le Marin, dernier membre du trio. Le Marin et le Kabyle retrouveront leur passé commun et douloureux. Antonin Varenne tient une nouvelle fois en haleine son lecteur avec un rythme soutenu adopté également par de beaux personnages animés de sentiments forts et contrastés, et par un va-et-vient réussi entre passé et présent et violence et fragilité.
« La guerre ne forme pas la jeunesse, elle la viole. »
« Quand j’ai eu mon premier petit-fils, j’ai senti que tout pouvait, je sais pas, être lavé. Que ce môme, même si on lui racontait que son grand-père avait fait la guerre d’Algérie, ça lui collerait pas à la peau. »
Fiche #903
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Le lieutenant Guérin officie dans une voie de garage : il a été affecté au services des suicidés. Il n’en semble pas trop affecté, et au contraire, entretient sa mission en suspectant quelques personnages de forcer la main avec psychologie aux suicidés. Epaulé par son fidèle second Lambert, il n’en reste pas moins la bête noire de ses collègues parisiens. Dans le même temps, au centre de la France, loin de la vie citadine, vit John Nichols, un franco-américain entre ermite et indien. Pourtant la gendarmerie le convoque pour lui apprendre qu’il doit se rendre à Paris pour reconnaître le corps d’Alan Mustgrave. Ami fidèle rencontré des années plus tôt aux Etats-Unis, Alan était passé le voir quelques temps auparavant. Fakir des temps modernes, Alan est mort semble-t-il par accident sur une scène du Paris underground. Ce voyage vers la capitale sonne la fin de la tranquillité de John Nichols qui croisera le chemin de l’intègre lieutenant Guérin et d’un ancien taulard Bunker hélas clairvoyant : « peut-être que t’as des bonnes raisons, mais tu fous la merde dans la vie des gens ». Un excellent polar noir avec une vraie ambiance aux personnages atypiques et attachants dans un monde très actuel et à la couleur de la couverture... En espérant que ce soit le début de nos rencontres avec cet inspecteur !
Fiche #566
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Polar qui se déroule en France après le 11 septembre. L'inspecteur atypique Heckmann n'est guère apprécié par ses collègues et sa hiérarchie. On lui laisse pourtant déméler les fils d'une enquête portant sur une série de meurtres dont l'horreur va s'accroissant au fil des pages. Le meurtrier est un artiste et la mise en scène son dada ! Heckmann rencontre pendant son enquête deux personnages qui l'accompagneront et éclaireront ce livre : un vieil original, sorte de sage aux conseils précieux et Max qui aime bien se méler de ce qui ne le regarde pas. Roman ancré dans notre quotidien non dénué d'humour et d'ironie. En prime, un CD de quatre titres du groupe W5 dont Heckmann est fan !
Fiche #169
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir