« La mort demeure pour le vivant la plus banale des occurrences, la seule qui soit inévitable. La mort ne nous appartient pas, puisqu’elle nous précède. Mais la vie… »
Lyonel Trouillot
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Romain PUÉRTOLAS
L'extraordinaire voyage du fakir qui était coincé dans une armoire Ikea
Le Dilettante
24 | 253 pages | 29-09-2013 | 19€
Qui aurait imaginé suivre avec tant de plaisir les pérégrinations folles et tragi-comiques à travers l’Europe d’un fakir indien à la recherche d’un matelas à clous ? Ajatashatru Lavash Patel débarque en effet à l’Aéroport Charles de Gaulle avec cette mission incongrue, acquérir le dernier modèle de matelas à clous d’Ikea. L’homme est rapidement intrigué par les Européens mais filou, ne s’en laisse pas compter, le premier à s’en apercevoir sera le chauffeur de taxi gitan qui le prendra en charge à son arrivée… Une fois sur place, stupéfait par la quantité d’articles proposés, le matelas tant recherché est évidemment en rupture, Ajatashatru se retrouve enfermé dans une armoire Ikea en partance pour l’Angleterre. Il va faire le tour de l’Europe avec un œil affûté qui sait repérer nos invraisemblances, nos contradictions. Il rencontrera les sans-papiers, « les vrais aventuriers du XXI ème siècle », la star Sophie Morceaux, des Soudanais catapultés d’un pays à un autre, ira jusqu’en Libye et sera de retour en France pour un évènement heureux… Une expérience loufoque, singulière, joyeuse, délirante, oscillant entre réalisme et surréalisme, pétillante, parfois philosophique et toujours hilarante ! En espérant que ce roman au vocabulaire imagé connaisse le même succès que le catalogue Ikea !
Premier roman
Fiche #1364
Thème(s) : Littérature française
Alors que le problème de la prostitution semble ces derniers mois au centre des préoccupations de nos chers politiques, le petit pamphlet érudit et percutant d’Alain Paucard est le bienvenu, l’auteur abat les hypocrisies habituelles, le politiquement correct, avec vivacité et humour : "C'est au nom des Droits de l'Homme et de la Femme que la Marchandise veut interdire la prostitution et punir le client. Le but de la manoeuvre est tout simplement de vendre autrement, mais dans un monde sans pêché". Il revient sur l’histoire du plus vieux métier (pas selon Alain Paucard !) étayée par moult références littéraires, il interpelle avec tact le personnel politique, et construit pas(se) après pas(se) sa proposition flirtant parfois avec la misogynie pour mieux protéger ces femmes dont l’existence et le quotidien ne laissent jamais insensibles.
"Tant que, pour une raison ou une autre, il existera des putains, ce que nous pouvons faire de mieux pou elles est de les traiter gentiment, humainement, sans mépris... et d'être généreux avec elles."
Fiche #1203
Thème(s) : Littérature française
Comment une famille de quatre personnes du Nord de la France a-t-elle pu se suicider de concert, un soir presque comme un autre ? C’est le fils de la famille, « A défaut d’être distingué, je sortais de l’ordinaire », qui d’outre-tombe revient sur l’histoire de ce suicide collectif ainsi que sur l’enquête policière qui n’éclaircira pas cette affaire. Avec un ton décalé, un humour noir voire désespéré, il décrit avec froideur la lente et tragique dérive de cette famille ordinaire, portrait représentatif d’une France délaissée : une mère au foyer, un père qui sent la préretraite approcher, une sœur employée dans une auto-école en perte de vitesse… Quant à lui, le narrateur travaille dans un hypermarché, à la réception des marchandises et c’est là qu’il rencontre la belle et lumineuse Caroline, responsable de la Banque Alimentaire en qui il place quelques espérances… Jour après jour, irrémédiablement, la famille avance à pas tranquilles vers cette soirée, naturellement, et les préparatifs minutieux s’effectuent presque dans la bonne humeur même si « Se pendre, c’est un vrai casse-tête ». Dans cette chronique sociale, Philippe Cohen-Grillet a choisi l’humour noir et la banalité pour rendre compte de ce fait divers comme on l’a certainement honteusement alors qualifié, ce qui ne l’empêche de fissurer le mur de nos certitudes si elles perduraient…
Premier roman
« Si on a quelque chose à dire, on le doit de son vivant ! Après, c’est trop tard et on ferme sa gueule. »
Fiche #1176
Thème(s) : Littérature française
Qui a dit que la philosophie était réservée aux boudoirs ? Lazare Vilain prouve le contraire en acceptant d’aller enseigner la philosophie dans les prisons et d’y animer des ateliers. Exposer, inculquer, se confronter, converser, les murs des prisons n’empêchent pas les plus grands concepts de prendre leurs envols et Lazare déploie tout son art pour initier les prisonniers volontaires. Mais ces hommes l’intriguent, l’attirent, attraction du danger, frissons, liaisons dangereuses, image du voyou fort, puissant et sympathique. Lazare Vilain franchit le pas au côté de la belle et attirante Leïla, tout est en place pour que le roman vire au polar philosophique avec une gouaille plaisante et quelques réparties d’anthologie. La philosophie ne se laissera pas écraser par la prison mais le philosophe ?
Fiche #1034
Thème(s) : Littérature française
"Une fée sans baguette n'est plus une fée mais ce n'est plus une femme comme les autres" : un soir, la fée Benninkova est désemparée car elle a égaré sa baguette magique et est poursuivie par les grands lutins noirs, tueurs de bonnes fées ! Réfugiée dans un immeuble, elle trouve accueil chez Clinty Dabot polyhandicapé afin de satisfaire une envie pressante. Clinty lui offre l'hospitalité en attendant la réception de sa nouvelle baguette magique. Les liens se tissent et Clinty se laisse aller à des confidences de plus en plus intime, viscissitudes de ses humeurs, de ses pulsions et même de ses rêves : une vie hantée par la solitude et par les exigences et l'anatomie d'une certaine Marylène, hôtesse de caisse au supermarché voisin. Confidence après confidence, la fée Benninkova sent la colère montée et attend avec impatience l'arrivée de sa nouvelle baguette pour régler quelques comptes... Franz Bartelt nous offre cette fois un "anticonte", noir et sordide, émouvant jusqu'à l'écoeurement...
Fiche #904
Thème(s) : Littérature française
Sept chômeurs sont convoqués pour un stage ‘‘Activation-Motivation’’, atelier animé par la coach Carole au sein de l’exceptionnel Pôle-Emploi. Ces sept personnes différentes aux parcours souvent éloignés viennent faire le deuil de leurs licenciements et Carole est aussi là pour les y aider. Le match s’ouvre et presque tous les coups sont permis ! Le groupe se cherche, se trouve, se soude pour in fine chercher un avenir collectif. Après analyse de la situation de la société et de ses attentes, ils fondent LGDE (« La Gueule De l’Emploi »), « Faire croire ce qu’on n’est pas » : « Voilà, tout ça se résumait à l’idée d’embobiner son monde, mais enfin il n’y avait pas mort d’homme, en embobinant le monde on l’aidait juste à tourner rond , puisque c’était bien là le problème, il ne tournait plus terrible, le monde… ». Le ton est vif, humoristique, acerbe, joyeux, cynique, aussi cruel et délirant que le monde dans lequel se débattent les héros si contemporains et crédibles !
« Vous imaginez un chasseur de têtes, il en a six millions dans le viseur. Alors laissez-moi vous dire que si vous n’affichez pas en clair la tête de ce que vous êtes, vous n’avez pas la moindre chance de terminer dans sa gibecière »
Fiche #896
Thème(s) : Littérature française
Originaire d'Annecy, Marion, la trentaine, réalise son rêve : ouvrir une librairie à Chamonix. A 35 ans, Pierre, "ce grand corps de guide qui respire la puissance et en même temps la timidité maladroite", fut d'abord un de ses premiers clients puis bientôt un des plus fidèles (et pour cause !) : "il a fini par connaître les rayons par coeur". Bien que sous le charme, Marion était "tout aussi empêtrée que Pierre". Il en a fallu des courses où "le guide en bouquins" suivait "le guide en montagne", il en a fallu des nuits platoniques en refuge pour qu'ils finissent par se tutoyer et qu'ils s'avouent enfin leur amour. Après les présentations aux familles (la montagne a pris le père de Pierre, le mariage marque une première étape dans leur voie. Le bonheur et l'amour s'installent. Mais peu à peu, un manque se fait sentir, l'enfant reste absent et le bonheur ultime ne peut être atteint, le sommet demeure hors de portée... par quelle voie Marion y parviendra-t-elle...
Premier roman
Fiche #820
Thème(s) : Littérature française
Bordelais, fils unique de parents parvenus, bourrés de principes aussi conventionnels que vieillots, J-C Lalumière a subi une éducation rigide et triste annihilant tout rêve, espoir ou fantaisie. Maladroit et solitaire, ses seules escapades s'accomplissent dans la lecture de Géo. Après des études littéraires, il réussit le concours d'attaché d'administration du Ministère des Affaires Etrangères. JC Lalumière prend donc le train pour Paris armé d'un superbe attaché case offert par sa chère maman. Le jour de son intégration, son Directeur se retrouve à l'hôpital après avoir malencontreusement heurté l'attaché case de Jean-Claude ! Il ne l'aura pas volé, direction "le front russe", service voué au pays en voie de création, section Europe de l'Est et Sibérie. Ce service est dirigé par un préretraité aussi incompétent que farfelu et Jean-Claude gaffeur impénitent, roi de la catastrophe, saura trouver avec résignation sa place (notamment aux côtés d'Aline la plus jeune des secrétaires) dans ce royaume impitoyable qu'est l'administration. L'auteur réussit avec brio à opposer le sérieux de sa prose aux situations burlesques et aux gaffes du héros tout en décrivant une bonne tranche de vie mais "l'histoire d'une vie, c'est toujours l'histoire d'un échec"...
Premier roman
Fiche #821
Thème(s) : Littérature française
Eugène Galton, journaliste hypochondriaque, est miné : la peur de la maladie et la peur de mourir l’obsèdent et il n’existe qu’un seul moyen d’y échapper définitivement : le clonage. Son obsession est tel qu’il décide d’aller jusqu’au bout de son rêve. Par la même occasion, il intègre le service médical de son journal et la génétique devient sa marotte exclusive. Sa folie commence cependant de produire quelques dégâts sur son entourage qui voie d’un œil inquiet et dubitatif son dernier projet. Autre effet secondaire, sa vie amoureuse est atteinte et devient chaotique. Lorsqu’il a enfin trouvé un obscur laboratoire implanté dans les Balkans prêt à réaliser (dans la discrétion) le clonage humain, Eugène est certain qu’il va enfanter, seul, et de lui-même ! Pourtant Eugène ne mesure peut-être pas totalement l’ampleur de l’expérience… Jacques Girardon s’en est donné à cœur joie dans ce premier roman où les passages où l’humour transparait supplantent ceux où les explications scientifiques sont parfois un peu longues.
Premier roman
Fiche #730
Thème(s) : Littérature française
Notre monde va mal, les experts se succèdent pour tenter de trouver les explications, les causes et autres pseudo remèdes. Ne cherchez pas plus loin, Vincent Wackenheim a trouvé l’explication suite à une question anodine (mais n’est-ce pas toujours le cas pour les grandes découvertes) de sa fille qui s’inquiétait de savoir si les dinosaures se trouvaient sur l’Arche de Noé… Il n’en fallait pas plus pour libérer l’imagination de Vincent Wackenheim, une imagination pleine d’humour, d’ironie et basée sur une connaissance objective et réaliste de l’Homme… Vous embarquerez donc à bord de l’Arche avec Noé et l’ensemble de la création animale mais par couple évidemment. Noé tente d’imposer des règles de savoir-vivre et de régir le quotidien de ce zoo fou. Mais il se sent vite déborder alors que Mme Noé intrigue dans l’arrière soute… Rien n’empêchera pourtant le naufrage de l’Arche, restera alors Dieu et le Diable… Jubilatoire et instructif !
Fiche #620
Thème(s) : Littérature française
Pour son premier roman, Julien Almendros s’attaque à un sujet devenu commun, la mère et ses relations avec son (ses) fils. La première phrase augure du ton du livre : « Je suis né le cordon ombilical autour du cou, un premier bijou qui, déjà, avait l’avantage de n’être pas très onéreux ». Autrement dit, le lecteur ne fera pas de grandes découvertes sur la psychologie de la mère et de ses enfants mais le ton du livre, le rythme, la forme suscitent une lecture rapide et agréable. Humour et ironie passent la mère au peigne fin, aucun trait de caractères ne lui est épargné, elle qui étouffe la famille complète, du chien au mari en passant par les fils et leurs compagnes naturellement. Pourtant, mais peut-être est-ce parce que l’on sent que Julien a réussi à se débarrasser de son premier bijou si lourd à porter, elle reste parfois attachante et on ne peut la rejeter totalement. On attend la seconde « vue » pour vérifier que la page est définitivement tournée !
Premier roman
Fiche #427
Thème(s) : Littérature française
Charles Balanda, 47 ans, est architecte, homme moderne, hyper pressé, vie professionnelle étouffante mais qui semble le satisfaire. Il partage sa vie avec Laurence et sa belle-fille Mathilde. Sa relation avec Mathilde éclaire son couple triste et en dérive. Alors qu’il rend visite à ses parents, une lettre de son ami d’enfance, Alexis, lui annonce la mort de sa mère, Anouk. La nouvelle le bouleverse et marque un tournant définitif dans sa vie. Anouk représente son enfance, point de référence joyeux pour les deux amis pourtant si différents, elle leur a appris la vie (sous toutes ses facettes) épaulée parfois par le fameux Nounou, vieux travesti baby-sitter à ses heures perdues. Pour se retrouver, retrouver son passé et sa vie, il part à la recherche d’Anouk et d’Alexis. Un long voyage dans le passé, pas toujours gai, jamais désespéré, qui permettra à Charles de se réconcilier avec lui-même. Il rencontrera Kate, réincarnation ou héritière d’Anouk, et les cinq enfants qui l’accompagnent. En leur compagnie (que serait Anna Gavalda sans les enfants ?), il retrouvera la vie simple et sans artifice à laquelle Anouk les avait initiés. Anna Gavalda excelle pour nous transporter dans cette nouvelle histoire si humaine et si contemporaine, un bel hymne à la vie, « la vie. Ce privilège. ».
« Il y a la première manche, la deuxième, la belle, la revanche et la consolante. C’est une partie pour rien… Sans enjeu, sans compétition, sans perdants… Pour le plaisir, quoi… »
« Mais tout est histoires, Charles… Absolument tout, et pour tout le monde… Seulement, on ne trouve jamais personne pour les écouter… »
Fiche #377
Thème(s) : Littérature française
Mortimer et Constance Boulu dits les Capouilles habitent en marge de Cons sur Lombe dans une maison en ruine. Personne ne sait exactement d'où ils viennent, ni qui ils sont. Pauvres, ils vivent modestement au jour le jour et sont appréciés des Consiens. Jusqu'au jour où le Maire décide de leur faire cadeau d'une belle maison au centre du village et de leur assurer gite et couvert. Une cérémonie "grandiose" est préparée dans le plus grand secret pour la remise des clés. Tous se félicitent de cette générosité qui pourtant ne sera pas aussi bien reçue par les Capouilles... Cette chronique agréable, pleine d'humour et de tendresse, nous mène à la rencontre d'un petit village et de ses habitants les plus attachants et originaux. Comme quoi les meilleures intentions du monde peuvent provoquer les conséquences les plus tragiques ("Ce n’est pas parce qu’on n’a rien qu’on n’a rien à cacher").
Fiche #339
Thème(s) : Littérature française
Jean-Victor Assalti est diplômé de l’Ecole, pépinière de gagnants. Ces jeunes diplômés sont persuadés de leur supériorité et de leur réussite future, ils sont les Dominants. Pendant un an, Jean-Victor travaille chez Eurocom et est promis à un bel avenir. C’est sans compter avec les effets collatéraux du 11 septembre : Eurocom a quelques difficultés et il est licencié. Catastrophe pour un Dominant surtout que les offres d’emploi ne se bousculent pas. Il devient le canard boiteux du clan des Dominants et s’enfonce dans son désespoir. Suite à une plaisanterie d’un membre du clan, il s’inscrit à un casting pour un nouveau jeu télé. Après sa qualification, il rejoint le camp des Dominés et sa participation devient sa préoccupation principale. Même ses amis dominants l’épaulent et s’intéressent à son aventure. Il se promet de gagner et de marquer l’histoire du jeu grâce à une chute pleine de panache ! Les accros des jeux TV vont se régaler !
Premier roman
Fiche #273
Thème(s) : Littérature française
Il ne vous reste plus qu'une photo à prendre
Le Dilettante
10 | 155 pages | 17-07-2007 | 15€
A l’heure du numérique, où chacun multiplie les clichés, sans limite, sans réflexion, sans but, sans analyse, sans retenue, les cinq personnages du dernier livre de l'imprévisible Laurent Graf participent à une espèce de safari ou de rallye photographique où ils devront prendre ce qui sera leur dernière photo.
Alain Neigel personnage principal a cessé de prendre des photos, a eu une vie bien remplie et accomplie. Il semble apaisé mais pourtant… « Oui j’ai bien vécu. Je pourrais en terminer là, mourir demain, je n’aurais rien à redire. Mon amour de la vie a depuis longtemps intégré la mort. Il y a une chose qui me ferait plaisir : j’aimerais être surpris ». Lors d’un voyage à Rome, un homme le prend en photo avec sa nouvelle maîtresse, et lui dit en rendant l’appareil « il ne vous reste plus qu’une photo à prendre ». Il prend l’affirmation au sérieux comme un avertissement, recherche et retrouve l’homme qui lui propose ce rallye où les participants réaliseront leur dernière photo. Cinq personnes prendront place dans un minibus et comme une dernière chance, participeront au jeu. Leurs caractères se révèleront dans cette épreuve qui finalement exposera la manière qu’ils ont d’aborder la vie, leur vie et le but qu’ils lui accordent.
Posez cette question à vos proches et observez leurs réactions. Elle engendre principalement sérieux et réflexion, l’ultimatum est lancé, comme si elle révélait notre vie, son but, sa petitesse ou sa grandeur ou sa issue fatale : « Derrière chaque photo, par-delà le plaisir et la joie, il y a la peur, peur du temps qui passe, de sa fugacité, peur de voir puis ne plus voir, vivre puis ne plus vivre, avoir vécu et n'en avoir nulle trace démonstrative, nul souvenir tangible ; derrière chaque photo, il y la peur de mourir, et la preuve de notre mort ».
« Nous vivons une époque païenne d’insouciance et de jouissance ; l’homme se croit sur terre immortel et éternel, comme immunisé, protégé par son statut suprême de créature intelligente ; la mort surprend et révolte. De même, on ne tolère pas de manquer, d’être empêché, de subir des restrictions, c’est le règne de l’illimité et du libre accès. Il ne vous reste plus qu’une photo à prendre… ».
Fiche #259
Thème(s) : Littérature française
Quatorze contes urbains qui racontent un quartier de Paris autour d’un cinéma qui résistent, résistent... Histoires parsemées d’humour, fantastiques ou cocasses, de gens simples yiddish attachés à leur quartier : un homme refuse de fréquenter un autre cinéma que celui du quartier, une dispute conjugale est réglée par le héros du film qui s’immisce dans la dispute, un docteur en cours de divorce unit son ex et sa future à la grande surprise de son entourage, Balzac débarque et conseille un propriétaire en difficultés avec ses locataires, le propriétaire d’un salon de coiffure s’apprête à vendre son bail, Georges Gershwin déjà mort revient pour assister à un concert lors d’une vente de charité où un musicien tente de jouer ses oeuvres, un écrivain auteur d’un unique livre en vente assiste au changement de vitrine de la seule librairie vendant son livre...
« La réussite de toute oeuvre humaine, déclara-t-il, n’est que l’aboutissement du destin d’êtres qui, eux, ignoraient pourquoi ils étaient sur terre. Aussi bizarre que cela puisse paraître, sachez-le bien ! Même si... conclut-il maintenant avec un sourire, même si le fait de le savoir ne sert strictement à rien. »
« Pour tout le monde, ça commence quand on est né et ça continue après ! Est-ce qu’il y a là de quoi faire un livre ? »
« Par exemple, je suis toujours content de voir comment Henri Bergson – si vous connaissez – , quelqu’un qui est mort maintenant mais qui avait sûrement de quoi vivre, je suis toujours content de voir que des gens comme ça ont pris du temps à écrire pour tout le monde ce qu’ils avaient trouvé tout seuls ! ... Personne les obligeait à perdre du temps à raconter leurs idées pour des livres que tout le monde peut trouver aujourd’hui à la bibliothèque, non ? C’est formidable de leur part, non ? »
« Quand il apprenait qu’un personnage connu était mort subitement, il se demandait combien de rendez-vous pour le jour d’après l’enterrement, le type en question avait inscrits sur son agenda. C’était comme cela seulement – seulement comme cela !–, en lisant le journal, que Simon Austatnik se posait la question de la condition humaine. »
Fiche #232
Thème(s) : Littérature française
Flavien est écrivain ou du moins, tente de l'être. La difficulté d'écrire est permanente et ni l'alcool ni la drogue et la débauche ne l'aident. Tout commence mal et la première page de ce roman le révèle :"Le père était penché sur le berceau. L'enfant, les yeux mi-clos, le regardait. Ne t'inquiète pas, murmurait le père, nous nous occupons de tout, nous ferons tout notre possible, ta maman et moi, pour que tu ne manques jamais de rien et que ta vie soit plus facile que la nôtre... L'enfant hoqueta bruyamment et ouvrit grand les yeux. Grand les yeux d'une terreur que le père prit pour de l'émerveillement". Difficile ensuite d'être écrivain, de risquer l'échec ou de déplaire surtout lorsque l'on choisit l'auto-fiction. Inexorablement, une double vie s'installe devant la peur de décevoir cet amour filial absolu. Celle de l'écrivain parisien de toutes les fêtes et de tous les excès frôlant la mort et celle de conseiller à l'Assemblée nationale que ses parents admire et vénère. Evidemment la cohabitation de ces deux masques se révèlent impossible et seul le drame pourra déméler les fils de cette double-vie...
Fiche #181
Thème(s) : Littérature française
Histoire d'hommes, de marins, de mer, d'aventuriers, d'embruns, d'amitié et d'amours. Mais également d'écrivains voyageurs puisque A. Rimbaud et J. Conrad habitent ce récit dans lequel nous suivons Victor Combault surnommé "Le Dragon" à sa naissance par son père. Le Dragon épouse la mer puis une femme bigote qu'il abandonne rapidement pour le large la laissant enceinte à quai. Les aventures commencent et se termineront après sa deuxième mort quelques années plus tard vers Java. Il bourlinguera sur les mers du globe, rencontrera vents et marées, tempêtes, aventuriers et écrivains... et se posera vers Java aux côtés d'une belle orchidée qui lui donnera une fille. Son premier fils, Rodolphe dit "Le Lézard" partira sur ses traces bien plus tard. Rafraichissant !
Fiche #163
Thème(s) : Littérature française
Le héros tient une station de péage et voit défiler avec monotonie les automobilistes qui se font de plus en plus rares. Son travail ennuyeux est particulièrement propice à la rêverie. Quelques épisodes arrivent cependant à rompre cette monotonie. Calo son seul ami collectionne les panneaux signalitiques. Joras l'automobiliste sans le sou qu'il accepte de faire passer gratuitement et qui lui confie son drame : son mari et son amant sont dans le coma après l'accident de la route qui les a opposés et liés irrémédiablement. Ses repas du midi partagés avec Daniel, dandy gendarme se prenant pour une pop star qui abandonne progressivement son radar. La découverte par hasard du tableau de Munch, le cri, sur un parking de l'autoroute : cette scène l'obsèdera et le conduira à abandonner son poste alors que le bruit terrasse qui l'entend. La mort rode entre ce bruit et ce cri et le péagiste sera hélas aussi contraint de le pousser... Langueur, mélancolie, désenchantement et tristesse...
Fiche #108
Thème(s) : Littérature française
Recueil de douze nouvelles pour aller à la rencontre de vies ordinaires toutes plus ou moins bancales. Voici les sujets de quelques-unes des nouvelles les plus réussies : Clémence sujette à toutes les allergies et autres maladies boutonneuses est émerveillée par un Dracunculus medinensis. Bastien, les vagues et la mouette s'affrontent. Marc archéologue reconverti découvre l'Atlantide dans son bain. Comment supporter un arrêt thérapeutique ? Peut-on rester sans réaction quand on sait que le soleil va bientôt s'éteindre dans quatre milliards et demi d'années ? Comment un saucisson desséché cause la perte d'un couple ? Malraux est-il aphrodisiaque ?
Fiche #116
Thème(s) : Littérature française
Huit nouvelles d'un humour très british et légèrement grinçant, juste ce qu'il faut, les situations et leurs descriptions toutes plus loufoques les unes que les autres se succédant. Un maître de l'humour anglais.
La quatrième couverture cite Groucho Marx : "Stephen Leacock est un des types les plus drôles que je connaisse... Une fois qu'on a commencé à le lire, on peut plus s'arrêter".
Ne citons qu'une nouvelle pour vous appâter : "Un détective aux abois" est la première nouvelle et nous conte l'aventure d'un grand détective à la recherche d'un prince qui a été enlevé, le Prince de Wurttemberg. Sa perspicacité lui fera découvrir qu'il s'agit en réalité d'un chien, il terminera déguiser en chien pour le remplacer dans un concours canin et finira mal par oubli de paiement de la taxe sur chien. Le titre de la nouvelle annonce la couleur ! Une lecture agréable pour se détendre.
Fiche #39
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Thierry Beauchamp
Deux journalistes "OS de l'information" et spécialistes de la sordide rubrique "Faits divers" se rendent à Arras pour compléter leur tableau de chasse. Dans une petite commune avoisinante, un gérant de magasin affame les SDF en cadenassant les poubelles... Le plus jeune journaliste attiré par une jeune femme du village imagine une suite et la complète avec l'intervention de chiens en la rendant encore plus horrible. tout s'emballe et l'histoire finit mal. Le narrateur est contraint à abandonner son métier qu'il abordait avec cynisme, malhonnêteté et désinvolture. Des réflexions intéressantes sur le journalisme et la presse mais aussi de l'humour et des situations amusantes.
"Aujourd'hui la presse est devenue une activité comme les autres et l'information une marchandise. Nous, on fait tourner la machine mais on ne nous demande plus la vérité... on doit seulement rapporter une vérité ! Celle qui fera vendre. Celle qui plaira aux lecteurs ! Est-ce que c'est triste ? Je ne sais pas. De toute façon je suis trop vieux pour me poser cette question. Autrefois un reportage pouvait durer pusieurs semaines. Aujourd'hui nous devons le boucler en deux jours...".
Fiche #60
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Gideon DEFOE
Les pirates ! dans une aventure avec les savants
Le Dilettante
2 | 156 pages | 30-12-2005 | 16€
La piraterie est en train de disparaitre et les pirates s'ennuient. Ils rencontrent Charles Darwin à bord du Beagle. Les pirates vont l'aider à se rendre à Londres pour libérer son frère. En effet, l'archevêque de Londres a enlevé son frère pour tenter de faire rentrer à Londres Darwin. L'archevêque ne supporte pas que Darwin ait réussi à montrer qu'un singe, Mister Bobo, correctement entrainé, bien habillé, avec un régime adéquat ne se différencie plus d'un humain : ce serait un chimphumain ! L'archevêque, plus important actionnaire du cirque P.T. Barnum qui présente une galerie de monstres humains, a peur d'être ruiné par ce concurrent ! S'en suit les aventures extravagantes de ces pirates et de Darwin jusqu'à la libération du frère et le retour sur les mers.
Fiche #75
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Thierry Beauchamp
Cahin-Caha nous fait suivre avec sensibilité et réalisme "les pas" d'un jeune adolescent atteint d'une maladie génétique handicapante. Il nous fait partager tout d'abord sa vie à l'école, ses camarades n'étant pas tous très tendres. Le refus de ce handicap et la jalousie envers son environnement le hante. Il faudra un voyage scolaire en compagnie de trois autres handicapés pour qu'il s'accepte et accepte le regard des autres et les comprenne (sa soeur notamment). Même si l'épilogue du roman n'est pas gai, il laisse un sentiment d'espoir pour une vie acceptée et vécue avec son handicap.
Fiche #58
Thème(s) : Littérature française
- Puértolas - Paucard - Cohen-Grillet - Guyard - Bartelt - Wackenheim - Mégnin - Lalumière - Girardon - Wackenheim - Almendros - Gavalda - Bartelt - Guillot - Graff - Fleischman - Vilrouge - Maréchaux - Graff - Avel - Leacock - Roubaudi - Defoe - Lenner