« Il n’y a pas de chagrin, mais une histoire. Serait-ce cela, le secret de la vie ?
»
Marie Sizun
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"L’heure du roi" de Boris Khazanov est un court roman, compact et particulièrement fort et efficace, longtemps interdit en URSS, remarquable par le contraste évident entre la prose douce et apaisée et le propos si cruellement humain. Un roi et sa femme règnent sur un tout petit pays qui semble vivre en dehors du temps. Lorsque les nazis l’envahissent, la vie continue, simplement, sans bouleversement. L’étoile jaune prend place jour après jour, presque naturellement. Un rêve réveillera le roi qui changera le court des choses, par un acte simple et gratuit, « absurde, insolent » tel un « Don Quichotte moderne » sans réflexion, sans considération sur son impact. La morale de ce petit texte est parfaitement exprimée par Elena Balzamo, la traductrice, dans sa postface : « Se sentir libre ne suffit pas, il faut agir en homme libre ».
Fiche #890
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Elena Balzamo
Knud né en 1960 d’un père danois et d’une mère allemande nous raconte l’histoire de sa famille, une famille pour laquelle l’héritage de la seconde guerre mondiale sera très lourd. Sa mère a une vie heureuse à Berlin où elle suit ses études lorsque la montée du nazisme la pousse à un exil forcé au Danemark (« …avant que les nazis ne mettent fin à sa vie. ») et dès lors, la mort ne la quittera plus. Knud montre le mépris, la haine et les humiliations que les Danois font subir à ce couple mixte (allemande-danois). Unis par leur amour face à l'extérieur et replier sur eux-mêmes, Knud sera aussi mis à l’écart du couple malgré les sévices qu’il subit également à l’école notamment. Ses parents ne l’aideront pas à s’intégrer. Il ne pourra se protéger seul et restera le petit « boche », souffre-douleur des autres enfants. Les parents s’accommodent de la situation, même si on a l’impression qu’ils vivent à côté d’eux-mêmes, comme des zombies. Quant au petit, il vit dans la peur et l’horreur et restera marqué à jamais par ce quotidien. Devant cette haine constante, il croira même (à tort) que sa mère fut nazie. La seule personne dont il se sent proche est son oncle Helmut lui aussi marqué par la guerre puisque parti à 17 ans sur le front russe (« A l’âge de dix-sept ans, il avait été envoyé sur le front de l’est : il devait marcher sur Stalingrad ; deux millions de morts plus tard, après avoir retraversé en sens inverse l’hiver russe, il revint, trois orteils et l’entendement en moins… et même s’il réussit à revenir vivant au pays, il ne réussit jamais à revenir à lui-même. »). La vie de cette famille montre comment la guerre multiplie les victimes co-latérales comme on dit maintenant : sans l’avoir vécue, Knud en est aussi victime à travers la vie de ses grands-parents et de ses parents qui ne sont jamais réellement revenus de cette guerre. Réquisitoire contre la guerre, ce texte en démontre aussi sa puissance et on a même parfois l’impression que comme une bête blessée, elle est encore là, à l’affût, jamais achevée et toujours prête à se déclencher.
Fiche #258
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Elena Balzamo