« ...c'est la douleur du passé, et la douleur du passé, cher ami, ne nous pardonne rien, elle nous oblige à la dignité avec son fouet venu de si loin dans le temps. »
Carlos Castan
Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous. |
Mercy, petite ville des Etats-Unis, presque 4000 habitants, et une de moins ce jour de printemps : le cadavre de la jeune Leo est retrouvé au milieu des iris sauvages de la petite rivière qui traverse Mercy. La petite ville tranquille n’a jamais connu ça, ni Lauren Hobler la shérif (et son adjoint atypique), une femme shérif qui vit avec une autre femme, donc nécessairement illégitime pour certains. Leo vivait seule avec son père depuis le départ de sa mère d’origine italienne. Le récit s’étend sur quatre saisons proposant quatre témoignages qui s’entremêlent, se répondent, s’opposent parfois. Chacun a sa propre vision, ses problèmes et questionnements intimes. Chaque témoignage revient sur le passé de Leo et des autres et éclaire le présent : Lauren Hobler la shérif, Benjamin un professeur sorti de nulle part et au passé sulfureux donc coupable idéal, Emmy la meilleure amie de Leo (« Nous n’étions pas sœur et pourtant nous étions si proches que personne ne pouvait se glisser entre nous. »), Seth le père de Leo totalement désespéré. A travers leurs témoignages, la vie, les secrets et non-dits, les amitiés, les amours, les haines, jalousies et autres rancœurs sont décrits presque discrètement. Cette enquête haletante et tendue fera tomber progressivement les masques pour mettre à jour un coupable inattendu et surtout dévoiler les secrets et tourments de chacun. Une construction et une narration totalement maîtrisées et singulières qui surprennent le lecteur jusqu’à la dernière page, du grand art !
« C’est à ça qu’on prépare les filles. À avoir honte de tout, honte de son sexe, honte d’avoir été si idiote, honte d’être si peu armée pour la vie. »
« Donnez-leur une étincelle de pouvoir et ils en feront un brasier. »
« ... je riais partout, en toutes circonstances, c’est l’apanage de l’homme désespéré et que c’est tout ce qui me reste. »
« Voilà ce que les adultes responsables sont censés faire : doucher les espoirs adolescents les plus fous parce qu’il faut les habituer aux duretés de la vie. »
« Vous savez ce qu’on dit des Italiens ? Ce sont des Français qui sourient. »
Fiche #3238
Thème(s) : Littérature française
Lassitude de sa vie, de son quotidien de ses renoncements, une vie bien loin de ses rêves, « Fuir un monde qui ne pouvait pas changer. ». Alors Florence prend la route, s’échappe, et atterrit par hasard dans un chenil où œuvre Daguet. Il s’occupe avec passion de ses chiens, sa tribu, et les prépare pour sa première saison de chasse, il sera à la tête de cent chiens prêts pour la chasse à courre. Il veut réussir devant ces notables même s’il sait ne pas appartenir au même monde. Ces deux solitaires, ces deux sauvages apprennent à se connaître et partagent dans cet environnement particulier leur respect de la nature et du monde animal. Il veut réussir, elle cherche sa place. La trouvera-t-elle ? Seule ? Dans un collectif ? Avec quelqu’un ? Ou continuera-t-elle de fuir ? Une belle rencontre au cœur de la forêt de deux personnages différents, attachants et émouvants que l’on aimerait réunir dans une existence apaisée, un récit intense, tendre, précis et passionnant.
Ecouter la lecture de la première page de "Au point du jour"Fiche #3190
Thème(s) : Littérature française
Le père de Paul Sorensen vient de mourir au Canada. Paul rapatrie le corps et à son arrivée, son premier acte est inattendu : il tue à nouveau son père déjà mort de deux balles ! Jugement et obligation de soin. Un an chez un psy, Frédéric Guzman. Un an pour confier ses histoires au milieu de l’eau : ses larmes, les larmes du psy atteint d’un épiphora, les larmes de la Garonne qui en 2031 n’arrive plus à évacuer les pluies (les larmes de Gaïa ?) incessantes. Le destin de Paul est initié par sa naissance : sa mère et son jumeau n’y survivront pas : « L’origine des larmes se trouve là, au fond du ventre de ma mère. ». Il se retrouvera alors seul avec son père, Lanski, manipulateur, pervers, violent. La haine pour Lanski ne le quittera plus et éclaire sa vie, son destin. Avec son humour noir et ses digressions habituels (et un zeste d'érudition supplémentaire), Jean-Paul Dubois, sa tondeuse, son chien et son Paul dressent un portrait qui trouvera son paroxysme dans une vengeance explosive et inattendue.
Ecouter la lecture de la première page de "L'origine des larmes"Fiche #3167
Thème(s) : Littérature française
L’assassinat date de 1985. Une femme est morte, assassinée par Big Joe, son ex-mari, ancien du Vietnam. Plus de trente ans après, sa fille, Natasha Trethewey peut enfin mettre des mots sur la disparition de sa mère, cette mort prévue, annoncée. Sa mère s’était remariée avec Joel, un second mariage (comme le premier) encore interdit entre une femme noire et un blanc dans le Mississipi. Sa mère, Gwendolyn, a toujours espéré entrevoir une certaine liberté, mais s’est constamment heurtée à une violence entravant son émancipation. Natasha, petite fille, l’avait déjà ressenti : ressenti la violence, ressenti le danger, ressenti la solitude et l’impuissance face à ce danger, ressenti la fin tragique inéluctable. Alors dès qu’elle le put, elle partit et évidemment, en 1985, la culpabilité l’étouffa. Plus de trente ans pour peut-être enfin espérer en sortir, revenir sur les signes annonciateurs du drame qui auraient dû permettre de l’éviter, détailler cette tragédie sur fond de racisme et de violence masculine et l’impossibilité pour Gwendolyn d’accéder à une vie libre et choisie.
Fiche #2753
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Céline Leroy
Nous avons développé une belle capacité à l’oubli, alors l’écrit parfois nous sauve, sauve de l’oubli une vie, des vies, des petits gestes, des émotions, des rencontres, des instants graves ou légers, fugaces ou permanents. Et la narratrice a décidé de sauver une famille, la mère, le père et leur trois filles. Connivence évidente entre le père et ses filles notamment grâce à la musique, la mère restant légèrement sur le côté. La famille se suffit à elle-même et vit presque en vase clos : « Nous étions le monde et mon regard demeurait myope au reste de l’univers. ». Une déclaration d’amour ratée (« On se méprend quand on juge mineures les passions de jeunesse, ces incendies précoces. ») et le temps qui passe comme fils conducteurs, et Agnès Desarthe nous entraîne avec son humour et sa capacité à trouver le mot juste dans cette symphonie de la vie, sur les traces d'une famille à ne pas oublier !
Ecouter la lecture de la première page de "L'éternel fiancé"Fiche #2747
Thème(s) : Littérature française
Anna est une petite fille qui touchée par une forte fièvre mystérieuse deviendra une autre, ou plutôt deux autres. Dans deux mondes différents. Elle entend ce que les autres n’entendent pas, elle voit ce que les autres ne voient pas, les miroirs lui parlent... Pour aller mieux, un mystérieux Georg lui prescrit deux médicaments, à prendre chaque jour, un bleu, un blanc. Alors la peur l’accompagne : peur de ce qu’elle vit, de son attirance pour le sang, de la menace qui rode, mais aussi peur de ce qu’elle est, de ce qu’elle serait sans les médicaments, de ce qu’elle va devenir, de ce qu’elle serait capable de faire, du moment où la bête va se révéler... Un court roman qui se lit d’une traite et qui aimante et attire le lecteur dans le monde et le tourbillon de l’étrange.
Ecouter la lecture de la première page de "Une bête aux aguets"Fiche #2567
Thème(s) : Littérature française
Le héros de Nul si découvert n’est pas un homme comme les autres, ce roman non plus. Il est seul, sa mère est morte, alors il cherche la compagnie. Il passe ses journées à admirer les aliments, les produits et autres objets des grandes surfaces commerciales. Dès son arrivée, il adore se faire palper par les vigiles puis il salive, sue, laisse tomber quelques gouttes de plaisir et d’émotion. Il admire aussi ses congénères qui errent, très à l’aise, dans ces antres de la consommation et ne manquerait pour rien au monde une animation ou une loterie. Accompagné de son démon, il doit le nourrir et dévore tout ce qui est possible. On le regarde bizarrement, on l’ignore et parfois on se moque, on le pousse voire on le frappe, il subit la violence de quelques-uns sans jamais ne réagir : il préfère garder son sourire habituel et cacher ses émotions. Puis, c’est La Rencontre avec la sublime Leslie à la piscine, il l’aime immédiatement, elle le regarde, elle lui parle, tout devient possible mais son démon acceptera-t-il de le partager ? Nul si découvert décrit la descente aux enfers d’un être hypersensible à la recherche de l’Autre (« J’ai eu des envies de traverser l’époque avec le cœur et les choses pour respirer partout comment c’est la vie ») dans une société consumériste qui n’a guère de considérations pour ses sentiments. Un texte sans ponctuation qui contraint le lecteur à adapter son rythme, ses pas, à ceux du héros pour l’accompagner dans sa descente vertigineuse dans un monde hostile où il ne pourra trouver sa place.
Premier roman
Fiche #2455
Thème(s) : Littérature française
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon
L'Olivier
44 | 250 pages | 25-08-2019 | 19€
Paul Hansen et Patrick Horton (Hells Angel tatoué et violent) se partagent depuis quelques années un espace restreint, une cellule de prison canadienne ! Les deux hommes sont différents, abordent l’emprisonnement et la promiscuité avec des sentiments parfois opposés mais une confiance et un respect se sont installés au fil du temps. Dans cet univers clos, propice à la réflexion, chacun pense à ce qu’il a été, au chemin suivi pour arriver dans cette cellule et principalement Paul, cet exilé franco-danois toulousain fils de pasteur. Ses rêves invitent son passé et ses proches à ses côtés derrière les barreaux infranchissables. Il était superintendant à l’Excelsior, une résidence pour riches, où il était devenu homme à tout faire et savait aider les résidents et répondre à toutes leurs demandes. Entre deux services, il parcourait le ciel avec sa compagne indienne qui pilotait un avion. Jusqu’à l’arrivée d’un nouveau gérant. Nouveau management, nouvelles relations, nouvelle hiérarchie, les conflits jaillissent et Paul et son chien ne sont pas prêts à tout accepter. On continue de retrouver avec bonheur les Paul et leur chien de Jean-Paul Dubois, un nouveau portrait attachant débordant d’humanité, de sensibilité et tendresse qui nous parle aussi de notre société capable de faire dérailler certains face aux humiliations répétées et à l’injustice. Mais Jean-Paul Dubois conserve son humour et tout en étant réaliste, et une forme d'optimisme, puisqu’il continue de situer ses héros et les autres dans un même monde.
« Les inégalités de la vie sont généralement reconduites et confirmées par voie de justice jusque dans notre mort. »
« La vie c’est comme les canassons, fils : si elle t’éjecte, tu fermes ta gueule et tu lui remontes dessus tout de suite. »
Fiche #2397
Thème(s) : Littérature française
Emmanuelle Pireyre se met en scène (et quelle scène !) dans Chimère en acceptant d'écrire une tribune sur plusieurs pages pour Libération à propos des OGM. Elle prend très au sérieux la rédaction de son article, se documente et part rencontrer en Angleterre une biologiste qui travaille depuis de longues années sur les manipulations génétiques et espère donner naissance à une chimère, mi-homme mi-animal dont la science pourrait tirer profit. En poursuivant sa documentation elle se retrouve témoin d’un appel européen aux citoyens, un thème par pays, un panel de citoyens tirés au sort, de la réflexion, de la mise en pratique et une grande messe pour écouter les conclusions et peut-être en tirer profit. Elle s’immerge à la fois dans le panel français qui a pour thème comme par hasard « Le temps libre » et dans cette extraordinaire chimère engendrée par l’homme qu'est l’Europe. Emmanuelle Pireyre réussit parfaitement son coup au point que le lecteur balance entre récit et roman, avec un rythme endiablé, elle aborde une série de thèmes cruciaux de notre société d’aujourd’hui et de demain et le plus fort avec un humour dévastateur ! Alistair, la chimère mi-épagneul breton- mi-homme et son joli peignoir brillant vous accompagnera longtemps !
Ecouter la lecture de la première page de "Chimère"Fiche #2394
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur a choisi ou subi l’exil. Il est installé aux Etats-Unis avec sa famille, Arabe israélien, il a quitté Israël avec sa femme et ses trois enfants. Ecrivain, il a publié une nouvelle, seule fiction de son catalogue, qui fit scandale en Israël et orienta définitivement son existence. Depuis, il est nègre et après des interviews enregistrées sur cassette, il retranscrit, modifie, reformule des identités, des biographies au cœur desquelles il arrive à parler aussi de lui. Il mêle ainsi fiction et réalité sans pouvoir toujours exprimer la totalité de ses sentiments. Son père hospitalisé après un infarctus, il revient en Israël, retrouve les odeurs, les peurs et inquiétudes du pays, les relations entre Israéliens et Arabes mais aussi entre Arabes mais sa place n’est toujours pas là à l’évidence. Où est sa place ? En existe-t-il une ? La réalité de son exil semble indiquer que non. Entre fiction et réalité, un émouvant portrait d’un homme seul, rejeté et à l’identité floue.
Ecouter la lecture de la première page de "Les modifications"Fiche #2365
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Luc Allouche
Elle est jeune, venue à Paris pour suivre des études littéraires, écrit déjà mais enchaîne les refus et les petits boulots ingrats pour payer ses études. Elle voudrait trouver un travail intéressant et valorisant et trouver sa place grâce à ses capacités. Car sa place en effet ne l’attend pas, toute prête, bien au chaud dans la lignée familiale, ni dans la société ni en amour. Alors ou ils l’ignorent ou ils la regardent, le sourire aux lèvres, le mépris au coin de l’œil, pesant, insistant. Jusqu’à ce que la honte la submerge, la honte de ne pas être à sa place, de ne pas maîtriser les codes, les références, le langage (« Je n’avais pas les armes, je n’avais pas les mots. »), la honte d’être pauvre. Mais elle refuse d’être paralysée et enfermée par cette honte, envie de crier, la colère gronde, s’installe, une colère qui se mue souvent en haine. Et puis, elle publie, passe de l’autre côté (« Je suis passée du bon côté de la vitre teintée. »), profite enfin d’une certaine liberté, mais en réalité, rien ne change (« …que fréquenter toutes ces personnes d’un certain milieu ne change rien, ne permet jamais d’en être, qu’on en est jamais sauf à y être né, et quand bien même vous en êtes, qu’est-ce que tout ça peut bien changer ? Cela vous aide-t-il à trouver ne serait-ce que le très petit début d’un sens ou d’une raison de continuer à jouer ? »), elle n’oublie pas (« J’ai été à leur service avant de les fréquenter. Je n’oublie rien. »), elle continue d’observer de ressentir cette condescendance, cette arrogance et ce mépris, de ceux qui sont persuadés de savoir, ont le pouvoir : « Ces gens qui ne se sont jamais sali les mains à la boue de la moindre nécessite subie. ». Ils s’octroient le droit de la juger vulgaire. Alors la colère croît, et la haine avant la révolte surgit, « J’avais la rage. », processus d’une radicalisation que la société et sa classe dirigeante engendrent. Le roman, au plus près des émotions, un cri, un coup de poing, décrit le chemin chaotique et dangereux emprunté par une jeune femme pour trouver sa place. Un souffle violent le parcourt de la première à la dernière ligne et en effet l’écriture et le rythme y sont pour beaucoup et traduisent parfaitement les sentiments, les impressions, les ressentiments, de sa désintégration naîtra une énergie d’écriture hors norme. La claque de la rentrée !
Ecouter la lecture de la première page de "Désintégration"Fiche #2222
Thème(s) : Littérature française
Hector, Sylvie et Lester forment une famille heureuse (« Nous avons été heureux, se dit Sylvie. Nous le serons encore. »), avec ses règles, ses habitudes, ses rites, le couple est légèrement déséquilibré mais Sylvie, « légèrement opaque et parfaitement immobile », s’en accommode. Hector est professeur, philosophe alors qu’elle tente de se convaincre qu’elle n’est rien : « Elle conservait l’impression de ne pas le connaître. De ne pas se connaître elle-même. Elle enviait les personnes qui avaient l’air finies, terminées, déterminées. Elles savent ce qu’elles aiment, ce qui est bon pour elles. Pas Sylvie... Elle mourrait sans se connaître elle-même. » Ils s’envolent vers les Etats-Unis, « prélevés hors de notre vie », suite à une nomination d’Hector dans une université de Caroline du nord. Changement radical d’environnement, beaucoup est à refaire, à reconstruire. Hector, le frenchy, devient le héros de l’université et de ses femmes, comme Lester qui mène un groupe d’enfants vers une autre vie, une autre espérance. Pour Sylvie, c’est un peu plus compliqué, « C’est comme si, par la magie du déplacement, elle se retrouvait non plus face au futur, mais braquée vers l’enfance, sa jeunesse qu’elle n’avait jamais pris le temps de ressasser. » Elle est assaillie par nombre de souvenirs et d’interrogations, elle doit retrouver sa place et part s’occuper dans un atelier de poterie, faute de mieux. Ici, ils restent les français, représentants d’un mode de vie et de pensée et les évènements tels le Bataclan continuent de les atteindre au plus profond d’eux-mêmes voire de remettre en cause certaines de leurs convictions et croyances. L’Amérique, elle, s’apprête à élire un nouveau président, très « atypique » et inattendu. Agnès Desarthe est un auteur très dangereux ! Trois personnages, trois pensées, et comme pour chacun de ses romans, elle installe immédiatement une proximité avec le lecteur happé par leurs destins, qui observe leurs sentiments intimes, suit leur introspection et questionnement sur le sens de la vie. « La chance de leur vie » est également un texte sur le temps qui passe, le couple et l’amour à l’épreuve du temps. Du grand art, et l’écriture y est naturellement pour beaucoup.
« Commencer par penser que l’on n’est pas capable, c’est le préalable à tout ce qui suit. »
« Du matin au soir, presque tous les jours, des catastrophes, des crimes. Ca me donne l’impression d’être criblée, en morceaux. On écope, on écope. Mais la plupart du temps, on reste assis à côté de la radio, devant l’ordinateur, complètement cons. »
« C’est la génération des initiés, se dit-elle, sans réfléchir. Ils ont tout vu, tout appris, ils savent avant d’avoir vécu, ont voyagé avant d’être partis. Pas d’ailleurs pour eux, pas de plus tard. Ils sont nés avec une boule de cristal entre les mains. Ils ne rêvent pas de l’Amérique, ils la reçoivent sur leurs écrans. Ils ne rêvent pas de sexe, il est partout proposé. Ils ne rêvent pas de liberté, ils la possèdent. Qu’espèrent-ils alors ? Où iront-ils ? Que réclameront-ils ? »
« La revanche en amour n’existe pas. »
.
Fiche #2200
Thème(s) : Littérature française
Neuf femmes, neuf portraits très différents, tous les âges, tous les milieux sociaux, tous les statuts, mère, fille, grand-mère, toutes les orientations sexuelles… Ce pourrait être un recueil de nouvelles mais le lecteur attentif distinguera néanmoins le fil ténu qui les relient. Leurs vies sont encadrées par la société et sa vision normative toujours aussi caricaturale de la femme. Elles se débattent toutes dans un quotidien morne, étouffées par un carcan aussi puissant qu’invisible. Mais il n’y pas d’âge pour se lever, trouver le chemin et sa place. Un livre pour espérer briser les murs des conventions, décider et acquérir une liberté de vie si naturelle.
« Malgré le mépris que lui inspire la norme autoproclamée, Diane ne peut échapper aux regards que font peser sur elle une religion dont le poison gangrène l’inconscient collectif ainsi que la société laïque avec ses images de réussite et son effroyable conformisme. Le regard des autres lui répète : Si tu n’es pas mère, Tu n’es pas une vraie femme. Ce à quoi Diane répond avec une arrogance provocatrice qu’elle ne voit pas ce qu’il y a de si remarquable à faire des enfants… tout le monde se reproduit, c’est la chose la plus facile au monde, les rats le font très bien, les cochons, les éléphants et les girafes. Les cafards. »
« Ce qui m’intéresse, ce n’est pas ce que je raconte mais la façon dont je le raconte. »
Fiche #2163
Thème(s) : Littérature française
Paul, étudiant en architecture, passe ses nuits dans un hôtel. Il observe. Il est gardien de nuit, et scrute dans ses caméras les clients qui traversent l’image. Jusqu’à sa rencontre avec Amélia qui vit dans cet hôtel. Elle n’est pas comme les autres, un halo de mystère l’enveloppe et il perdurera tout au long de leur rencontre, de leur amour : il est intrigué, elle l’attire et le fascine. De milieux bien éloignés, ils vont en effet nouer une relation au cœur de la nuit et de la ville, avec leurs ombres et leurs peurs. Elle a 18 ans quand il la rencontre, d’un milieu aisé, sa mère poétesse qui a disparu. Ils se retrouvent dans le cours d’Anton Albers, elle leur parle de la nuit, de la ville (« La ville de demain, disait Albers, est une ville fantôme. ») et surtout de la peur, la peur qui accompagne cet espace jusqu’à en devenir son poumon malade. Comment vivre ? Comment y vivre ? Faut-il s’aimer ? Faut-il s’y installer ? Lutter ? Amélia préfère disparaître et part à la recherche de sa mère à Sarajevo, ville détruite par la guerre et la peur. Faut-il reconstruire ? Gommer les traces de ces horreurs, est-ce vital ou obscène ? La peur peut-elle disparaître et la guerre s’achever ? Jakuta Alikavazovic et son écriture précise et travaillée nous content une histoire d’amour prisonnière d’un monde où la lumière semble s’éclipser et de deux êtres qui tentent de croire un bref instant que vivre leur passion reste envisageable. Un livre dense, qui remue le lecteur, suscite son interrogation permanente.
« Il y a mille façons de détruire une ville, mille façons de faire la guerre, elles évoluent. Elles progressent, elles aussi ; d’aucuns disent même qu’elles sont la science. Son expression la plus directe. Tandis que les façons de résister, c’est-à-dire de vivre, de vivre dans une ville assiégée, sont toujours les mêmes. En se cachant. En priant. En condamnant les fenêtres. »
« Nous vivons dans un monde qui a entièrement cédé à la brutalité et à l’injustice. Chacun pour soi. Chacun pour soi et ses propres enfants. Son propre petit matériel génétique. Et pendant ce temps, le principe directeur du monde est devenu l’expulsion. »
Fiche #2021
Thème(s) : Littérature française
Deux frères, Félix et Noël, évacués avec d’autres, se retrouvent dans un camp au cœur d’une forêt. Leur monde continue en effet de s’écrouler : l’entreprise où travaillait leur père a fermé ses portes et condamné la région, leurs parents se sont séparés… La centrale de Fesselheim a rencontré un nouveau problème, et dans l’opacité habituelle, les causes et les conséquences restent assez flous même si les habitants s’y attendaient et vivaient avec la menace depuis longtemps. En tous cas, l’apocalypse est là et il va falloir partir, prendre la route, pour trouver une nouvelle place, un nouveau monde, « Ce lieu où attendre, Félix le sait depuis le début, on ne le construira pas pour nous, on ne nous y conduira pas. Il faut le trouver, ou l’inventer. » Un premier roman guère optimiste tant sur le passé, le présent que l’avenir !
Premier roman
Fiche #2012
Thème(s) : Littérature française
Hannah est une ancienne militante d’extrême gauche des années 70, mais le temps a passé, les engagements et convictions s’étiolent, elle a changé un peu, son mari beaucoup, « … Félix a tout abandonné de sa jeunesse révolutionnaire à part la conviction de détenir la vérité et de devoir en faire bénéficier les autres. ». Pourtant, durant l’été 2015, le lycée Jean-Quarré, au nord de Paris, est occupé par des centaines de réfugiés et Hannah décide de s’impliquer, d’apporter son aide, peut-être pour se convaincre qu’elle reste fidèle à ses convictions, elle retrouvera d’ailleurs sur place quelques vieux camarades. Mais surtout, elle va se retrouver face aux migrants et aux aidants et le panel humain est large et représentatif : des gens sympathiques ou non, des gens désintéressés ou non, des gens prêts à écouter l’autre ou non… Le récit non dénué d'humour décrit avec humanité ce microcosme sans épargner personne, et dépeint aussi la violence qui s’installe progressivement entre les hommes qui ont rapidement recréé leur communauté dans cet espace. Un roman authentique au cœur de l’actualité.
Ecouter la lecture de la première page de "Jours d'exil"Fiche #1968
Thème(s) : Littérature française
Jean, acteur sexagénaire habitué aux troisièmes rôles de séries, meurt d’envie de partir, de changer de vie. Alors quand il oublie une casserole sur le feu qui finalement embrase sa maison, Jean, pour une fois, ne gâche pas l’opportunité, il laisse le feu prendre, fait sa valise et s’éloigne discrètement sans se retourner. Il ne lui reste plus qu’à se laisser aller, disparaître, enfin presque… puisque sur le chemin, il fera néanmoins quelques rencontres, les hasards de la vie, une actrice et son fils adulte qui sort d’un hôpital psychiatrique. Il ne vit pas plus sa vie, c’est elle qui dirige, tranquillement, sa sortie du monde. Lui, l’acteur, se réfugie dans la fiction, mais sa vie ne serait-elle pas aussi une fiction ? On retrouve la petite musique qui accompagne chaque texte de Christian Oster, lancinante, entre humour et désenchantement, douceur et noirceur et qui nous entraîne en rythme sur les pas de cette dérive.
"... je ne craignais pas grand-chose de grand monde, en vérité, mon pire ennemi c'était plutôt moi et, pour ce qui était de m'affronter, je connaissais mes failles et j'avais l'avantage."
Fiche #1901
Thème(s) : Littérature française
Paul Katrakilis a fait des études de médecine, comme son père, mais n’a jamais exercé (« J’avais passé mon enfance à travailler, étudier, apprendre les choses inutiles et insensées sous le regard étrange d’une famille restreinte de quatre personnes totalement déroutantes, déboussolées et parfois même terrifiantes. »). Il a préféré s’éloigner, mettre de la distance entre lui et sa famille, « … loin de ceux qui m’avaient mis au monde par des voies naturelles, m’avaient élevé, éduqué, détraqué et sans aucun doute transmis le pire de leurs gènes, la lie de leurs chromosomes » et partir à Miami, où il assouvit sa passion, le sport et la cesta punta. Mais la famille rattrape souvent les brebis égarées… Il apprend par le consulat la mort de son père. Comme sa mère, comme son oncle, il a choisi de se suicider « sans un mot pour son enfant », malédiction familiale ou maladie héréditaire ? Paul reviendra en France et deviendra enfin médecin. Il découvrira son père mais aussi ses pratiques et la place que le médecin peut prendre lors de la fin de vie de ses patients (« Personne ne nous avait appris à éteindre des vies, à voir quelqu’un s’en aller sur notre injonction. »). Son nouveau métier l’isole, l’épuise, le plonge dans une solitude pesante, « Peut-être mon père était-il lui aussi reclus dans une forme de solitude, enfermé dans une prison familiale avec des détenus dont il ne parlait pas la langue. », Paul échappera-t-il au destin familial et saura-t-il trouver sa place ? Jean-Paul Dubois propose un questionnement déchirant et émouvant sur la famille et la mort donc sur la vie avec son ton habituel entre gravité et ironie, sérieux et légèreté mais toujours avec grande humanité.
Ecouter la lecture de la première page de "La succession"Fiche #1841
Thème(s) : Littérature française
Un lac, une maison mystérieuse et isolée, une famille. Une famille nombreuse et pourtant quelle solitude ! Suzanne et Thomas, les deux enfants complices, vont grandir marqués par le lieu et cette éducation catholique où les sentiments sont tus ou absents. Aucune douceur, aucune protection, des regards froids, « la vérité de son visage, c’est la dureté. », de la peur, « la gifle est dans le ton glacial ». C’est un constat dur, franc, direct, où chacun grandit dans sa solitude et le silence, en refusant « d’appeler au secours », le passage à l’âge adulte sera douloureux.
Ecouter la lecture de la première page de "La sainte famille"Fiche #1838
Thème(s) : Littérature française
Olia rencontra par hasard Bourmistrov, homme inquiétant et intriguant. Lorsqu’il lui proposa un marché étrange mais rémunérateur, il souhaitait uniquement la regarder manger, chaque lundi, dans un appartement, elle accepta néanmoins sans savoir qu’elle rentrait dans un jeu macabre, cruel, pervers dont elle ignorait les règles, et dont elle n’avait appréhendé la portée (et la symbolique) et que peu d’idées de l’issue. Petit bijou obsédant de manipulation et totalement atypique.
Ecouter la lecture de la première page de "Soupe de Cheval"Fiche #1716
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Kreise
Claire Castillon enchaîne les portraits de trois femmes d’aujourd’hui, deux amoureuses sous le regard d'Esther qui peinent à trouver leur place au sein de leur couple alors que les amours se font et se défont. A la manière d’un Lelouche, Claire Castillon décrit le quotidien d’un microcosme bien occupé par ses petits soucis amoureux et psychologiques.
Ecouter la lecture de la première page de "Les pêchers"Fiche #1686
Thème(s) : Littérature française
Richard Ford et son personnage décalé Frank Bascombe dresse un portrait brut de l’Amérique d’Obama (et souvent de l’Amérique anti Obama) après le passage de l’ouragan Sandy dans le New Jersey qui accentue évidemment les failles déjà bien ouvertes de la société américaine.
Fiche #1677
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Josée Kamoun
« Ce cœur changeant » traverse l'histoire de l'Europe de 1889 à 1931 à travers l'intimité de Rose, fille d'un couple atypique, René officier français et Kristina une Danoise exubérante, d'une beauté étonnante et d'une liberté totale. Rose grandit sans l'attention de ses parents, seule sa nounou, choisie par sa mère, s'en occupa. La solitude accompagna finalement Rose tout au long de son existence. Vers 17 ans, elle arrive à Paris et les rencontres se multiplieront, une vie souvent proche des bas-fonds et éprouvante et oscillant entre les extrêmes, paillette et déchéance. Mais elle continue, toujours, s'accroche, toujours, force de vie stupéfiante, malgré le passé et l'avenir (« C'est ainsi qu'elle avait toujours voyagé, songeait-elle, sans regarder vers l'avenir que se précipitait vers vous comme une bête sauvage, mais plutôt tournée calmement vers le passé dont on parvenait à retenir certaines bribes tandis qu'il défilait à l'envers, jusqu'au néant. »), autant dans sa vie personnelle et intime que face aux graves événements de l'époque. Évidemment le destin de cette femme singulière et son caractère sont attirants et intéressants par eux-mêmes mais ils doivent aussi beaucoup à l'écriture et au style foisonnant, chaud et précis d'Agnès Desarthe.
Ecouter la lecture de la première page de "Ce coeur changeant"Fiche #1671
Thème(s) : Littérature française
Jacob Melki est un enfant de Constantine, d'une famille juive de l’Algérie des années 40. Enfant brillant, il fut pourtant contraint de quitter l’école par les lois anti juives et Valérie Zenatti nous fait partager avec émotion, sans faux semblants, le quotidien de la famille, les rapports tendus entre les femmes, les filles et les hommes. A côté de ces existences souvent violentes, Jacob est lumineux, arrive à s’abstraire de cette réalité aidé par une petite voix et ses « mots de silence ». Mais depuis quelques années, la guerre gronde sur le continent et Jacob est appelé pour défendre la patrie : débarquement en Provence puis progression jusque dans les Vosges. Sa mère suit les évènements et son parcours et attend le retour du héros, sans néanmoins ressentir l’horreur de la guerre, la violence qui pousse à tuer, tuer encore, tuer pour ne pas mourir, la violence d’assister impuissant à la disparition un à un de ses compagnons, et les quelques rencontres et lueurs qui permettent de tenir jusqu’à la balle victorieuse et l’ultime instant. Une dizaine d’années plus tard, Gabriel, le neveu de Jacob, profondément ébranlé par la violence de ses proches, devra aussi tuer et s’engagera pour la France dans la guerre d’Algérie. Des vies invisibles, brèves et brisées que Valérie Zenatti et son écriture délicate et sensible permettent de ne pas oublier.
Ecouter la lecture de la première page de "Jacob, Jacob"Fiche #1564
Thème(s) : Littérature française
Anna est écrivain. Elle a rencontré le succès avec un livre, A bas la mort et des années plus tard, alors que le temps a passé, elle reprend ses trois carnets et nous fait partager sa vie et son engagement. Dès l’âge de 15 ans, elle s’engage et milite aux côtés de sa sœur Molly, deux sœurs unies notamment dans leur lutte pour la Révolution mais différentes. Elles sont résolues et convaincues qu’elles vont participer au changement radical du monde, l’utopie n’est pas encore un gros mot dans les années 70 ! Elles resteront ensemble très longtemps jusqu’à ce qu’Anna écrive ce roman qui exposera avec un œil perçant et mordant la réalité qu’elles ont vécue, impardonnable pour ses compagnons, l’écriture est aussi dangereuse... Les deux sœurs avaient rejoint un collectif et notamment Marek et Boris. C’est alors que le 11 septembre 73 et le coup d’état du général Pinochet marquèrent une rupture, une cassure et ils décidèrent de partir au Mexique pour aider les Chiliens persécutés. Leur mère, Mélini, si extravagante et excentrique, parfois cannibale, les accompagna. La lutte armée prend forme, Marek périra en prison. Au retour, Anna continuera à manier les mots et Molly à affronter la misère du monde en tant que médecin. Roman attachant avec une écriture qui se calque aux caractères, aux états d’âme des personnages et un ton parfois caustique et souvent mélancolique, un roman qui offre une vision féminine de l’engagement et enfin un roman qui parle du temps qui passe, de l’utopie, des désillusions, de la fidélité à ses idéaux, des relations entre deux sœurs mais aussi de l’écriture et du pouvoir des mots.
« L’écrivain est un espion tapi au milieu des siens. Il trahit, c’est son caractère. »
« Marcher au milieu de la rue, au milieu du boulevard, en se tenant crochetés par les coudes, bras dessus bras dessous, et en chaîne sauve de tout vertige. Nous sommes ensemble. Dans la rue ensemble. Et c’est comme un appel à la liberté. »
« Mais la vie ordinaire les rattrapera, la vie ordinaire, avec les rivalités, les échecs, les illusions, la jalousie et le temps qui file. L’amour et la révolution, l’échec de l’amour, les pièges de l’amour, les illusions de la révolution, les borborygmes de l’histoire les sépareront malgré elles. »
Fiche #1509
Thème(s) : Littérature française
Ruth a 75 ans et vit seul sur la côte australienne. Harry, son mari, est mort et se deux fils vivent bien loin d’elle, et à part quelques coups de téléphones réguliers, ils ne se voient guère. Sa santé décline, parfois déboussolée, quelques absences, quelques rêves, quelques souvenirs des îles Fidji où elle a passé son enfance et rencontré son premier amour, Richard, un jeune médecin venu aidé son père. Seuls vrais compagnons ses deux chats, les baleines au large et un tigre sauvage qui passe la voir, discrètement, le soir ou la nuit et laisse derrière lui son odeur puissante. Puis un jour, Frida pousse la porte, son frère, chauffeur de taxi, l’a déposée. Elle dit être envoyée par le gouvernement pour s’occuper d’elle et s’installe. Elle prend soin de Ruth si vulnérable mais pourtant la tension monte. Les femmes se jaugent, s’épient, mais aussi semblent s’apprécier parfois, s’agressent puis se consolent, pleurent puis rient. Frida prend sa place et devient vite indispensable même si Ruth tient à son indépendance et se rebelle. Faut-il avoir peur ? Qui doit avoir peur ? Le fil se tend progressivement jusqu’à la dernière page et la rupture finale nécessairement violente.
Premier roman
"Etre heureux, c'est un choix."
"Les enfants étaient éphémères."
Fiche #1466
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Corinne Chichereau
En Argentine, un héros sans nom souhaite devenir invisible, un autre, pour mieux observer la vie présente et les fantômes du passé. Aussi, il quitte ses proches pour une station balnéaire isolée, s’éloigne et accepte la solitude, le prix à payer, pour endosser une nouvelle identité dans ce pays où de nombreux étrangers sont venus chercher une nouvelle vie, une nouvelle identité loin de leur passé ignoble. Un homme sans passé ni avenir dont seule la mémoire subsiste. Les chapitres alternent entre présent et souvenirs d’enfance et questionnent sur notre (ou nos) identité(s), ce que l’on devient, sur notre violence et ce qui peut nous faire basculer. Un surprenant roman sur le sens de la vie et l’identité mais aussi sur l’histoire mouvementée de l’Argentine évidemment liée à la notre.
Ecouter la lecture de la première page de "Banzaï"Fiche #1456
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Delphine Valentin
Taguchi Hiro et Ohara Tetsu se rencontrèrent par hasard sur un banc, dans un parc. Taguchi, le plus jeune, sortait de la chambre où il était resté cloîtré deux ans. Ohara venait d’être licencié, il n’osait l’avouer à sa femme et venait manger la gamelle qu’elle lui préparait. Leurs solitudes se font face. Ils s’observent, puis se parlent, se confient. Chacun se raconte avec franchise, sans faux semblant ni retenue. Ils avancent tous les deux, ensemble, à un rythme contenu presque main dans la main. Aucun des deux ne s’épargne et ils vont apprendre à se connaître. Au coeur de chaque confession, au milieu d’une histoire simple, une violence sourde apparaît subrepticement. Le temps et la parole les libèrent, ils s'aident ainsi mutuellement pour enfin s’accepter. Un roman singulier et attachant, un écrivain autrichien à l’écriture japonisante qui, par petites touches et avec délicatesse et subtilité, susurre un hymne à la vie réconfortant.
Premier roman
« Rencontrer quelqu’un, c’est s’impliquer. »
« Plus jamais, je me l'étais juré, je ne voulais avoir part à la souffrance d'un autre. Il devrait le savoir. Que pleurer et agoniser sont des affaires privées.
Fiche #1415
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Olivier Mannoni
Dell Parsons a 15 ans lorsque sa vie bascule. Il vit aux Etats-Unis, au beau milieu de nulle part, rêve d’échecs et d’abeilles, un enfant « normal ». Sa sœur jumelle voudrait quitter ses parents, couple étrange et bancal, un père pilote de bombardier « faisait pleuvoir la destruction sur terre » et une mère institutrice. Ils commettent un hold-up (digne des pieds-nickelés) pour rembourser leurs dettes et sont arrêtés immédiatement. Sa mère les confie à son amie Mildred pour éviter l’orphelinat. Alors que sa sœur préfère la fuite, lui, docile, suit Mildred qui l’emmène au Canada, loin de l’Amérique qui a vu ses rêves se perdre. Elle y retrouve son frère, individu aux pratiques douteuses et au passé trouble. Au milieu de cette nature sauvage, Dell continue d’apprendre et de grandir, d’observer les adultes tout en quittant l’adolescence. Bien longtemps plus tard, devenu professeur, il retrouve sa sœur et autour du carnet de notes écrites en prison par leur mère, ils reviennent sur leur existence, leurs choix, leur envol brisé par leurs parents. Richard Ford dissèque avec brio la vie et les sentiments de Dell, le basculement de son existence, son désir de normalité, son passage à l’âge adulte et son appréhension pleine de sagesse de la vie. Roman poignant d’apprentissage (aussi vaste que le Canada) qui aimante le lecteur dès la première phrase !
« Dans ce monde, il y a deux sortes de gens, a dit Mildred. Oui, enfin, il y en a de toutes sortes. Mais au moins deux : ceux qui comprennent qu’on ne sait jamais ; et puis ceux qui pensent qu’on sait toujours. »
« Tu as tout fait, elle a dit. Nous essayons tous. Tu essaies. J’essaie. On essaie tous. Que faire d’autre ? »
Fiche #1369
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Josée Kamoun
Maria Cristina Väätonen quitte Lapérouse et sa famille à seize ans au début des années 70. Ville obscure et brumeuse, sans véritable vie, entourée de marais, une mère malade, religieuse, protectrice, une sœur jalouse et diminuée, un père effacé mais qui acceptera son départ pour Santa Monica. Elle arrive avec ses rêves (« Maria Cristina Väätonen aurait probablement aimé être une femme scandaleuse. »), rencontre Joanne une jeune femme un peu perdue qui pourtant saura la protéger et l’aider à trouver sa voie. Maria Cristina devient par hasard la secrétaire d’un grand écrivain qu’elle admire, devient son amante et lui confie son roman autobiographique où elle règle quelques comptes avec sa jeunesse. Il semble vouloir la guider, l’épauler dans la vie et dans le monde de l’édition mais pygmalion ou brigand, Maria Cristina saura lever le voile sur cet homme mégalo et égocentrique tout en acquérant définitivement sa liberté. Maria Cristina vient étoffer la palette déjà riche de portraits féminins de Véronique Ovaldé, des femmes volontaires, indépendantes, fières et de caractère, qui sauront conquérir leur espace de liberté.
« Les drames ne surviennent pas dans le hasard et le chaos des choses. Les erreurs de jugement participent d’une grande organisation souterraine qui se répand en racines et radicelles vivaces sous vos pieds, lesquelles attendent leur heure, patiemment, muettement, creusant leurs chemins multiples et fertiles, endurantes pourritures, jusqu’au moment où elles sortent de terre, explosent au grand jour et vous enserrent les chevilles pour vous soustraire à la lumière et vous emporter dans leur obscurité. »
« La beauté est une injustice et un hasard. »
« Il lui répète que le succès d’un livre est de toute façon un malentendu. »
« Qu’y a-t-il de plus agaçant que les gens qui vous offrent des choses inacceptables, pense Maria Cristina, et qui portent chacun de vos refus systématiquement à votre passif, ces gens qui comptent sur votre politesse ou votre docilité pour vous faire accepter ce que vous n’avez jamais réclamé. Et accepter fera de vous leur obligé. »
Fiche #1335
Thème(s) : Littérature française
Une discrète et attentionnée narratrice s’attache à dresser le portrait de deux êtres qui s’opposent autant qu’ils s’assemblent. Alternativement, l’un vole, l’autre trébuche, l’un court, l’autre attend, tous les deux ont un corps brisé, tous les deux attirent l’attention, sont observés de tous et pourtant vivent une solitude certaine. Le premier est son demi-frère, Henri, prognathe au développement mental interrompu, le corps étiré, malaxé, violenté par son père pourtant si aimant, il tombe mais se relève, incassable, toujours, et continue d’avancer, malgré la douleur et la différence. Le second est Buster Keaton, star déchue du cinéma, sa carrière est lancée par ses chutes dès l’enfance, de plus en plus violentes, sans limite, incassable, il imagine ensuite toujours plus haut, plus fort, pantin désarticulé, rien ne l’arrête. Portraits miroirs, qui n'en font qu'un, émouvants et inclassables de deux êtres aussi fragiles qu’invulnérables, deux résistants, à part, qui ne trouveront pas leurs places dans la société.
Ecouter la lecture de la première page de "Le garçon incassable"Fiche #1293
Thème(s) : Littérature française
Tristan est jeune, le plus jeune des quatre chasseurs qui avancent avec fusils et chiens dans l’aube vaporeuse. Tristan est différent de ces hommes, il conserve caché dans sa gibecière un lapin qu’il n’a pu tuer (« S’il survivait, tout ce qui avait été raté serait sauvé. »). Les trois autres forment un bloc, un groupe primaire, aux réactions basiques et lourdes, « rires pluriels et gras ». Un accident les surprend et bouscule la hiérarchie, l’organisation, le chasseur change de statut. Tristan se retrouve seul avec l’un d’eux alors que les deux autres partent rechercher de l’aide. L’atmosphère devient lourde quand la nature s’en mêle, une tempête les surprend et le déluge entreprend un nettoyage complet. L’écriture est aussi soignée et précise que les rapports humains sont violents, une fureur habite les personnages et accompagne sous l’œil éclairé du lapin philosophe le passage à l’âge adulte de Tristan.
Ecouter la lecture de la première page de "Une partie de chasse"Fiche #1216
Thème(s) : Littérature française
Lorsque Paul Sneidjer sort du coma, il apprend qu’il est le seul survivant après un accident d’ascenseur, accident inédit dans une tour de Montréal qui l’incite à se questionner : les raisons de cette chute d’ascenseur, du décès de sa fille. Un monde s'écroule, un second s'ouvre, différent, deux mondes face à face qui ne se comprennent pas. Approcher la mort bouleverse sa vision de la vie, de sa vie. Il repart avec indifférence vers une nouvelle vie, un nouveau métier avec toujours au centre de ses préoccupations ces monstres technologiques que sont ces ascenseurs que nous croyons maîtriser comme notre vie. Paul devrait être mort et sa mémoire lui rappelle tous les évènements de son existence mais cette mémoire n’est-elle pas plus mortifère qu’un ascenseur ? Jean-Paul Dubois nous offre à nouveau une nouvelle comédie grinçante à l’humour noir dévastateur.
« Mais quelle que soit l’ampleur de nos coupes, année après année, telle un lierre têtu et dévorant, lentement, notre mémoire nous tue. »
Fiche #1033
Thème(s) : Littérature française
Vida Izzara a été arrachée de sa région natale par Gustavo qui demeure l’homme de sa vie, abandon de ses origines mais aussi bouleversement social. Elle ne travaille pas et demeure dans sa somptueuse villa dans les beaux quartiers. Seule ombre au tableau : sa fille Paloma a quitté ce monde idyllique, fuite de ce monde, fuite du père distant, froid, peu préoccupé par les envies de sa fille mais aussi fuite de Vida avec qui les relations deviennent orageuses. Dans le quartier, un couple de jeunes gens s’installent clandestinement dans les villas inoccupées et le lieutenant Taïbo chargé de l’enquête rencontre Vida. Vida est immédiatement troublée par cet homme calme, patient, attentif qui dégage une sérénité à toute épreuve, réaliste et rêveur, présent et absent, mystérieux... Ils partent à la recherche de Paloma mais aussi vers le chemin retrouvé de la liberté. Véronique Ovaldé confirme encore son art pour nous faire partager l'amour qu'elle ressent pour ses personnages et pour les rendre attachants et intéressants.
Fiche #1013
Thème(s) : Littérature française
Au milieu d'une journée d'été, Jean prend sa voiture, s’assoit au volant, quitte Paris et décide de rouler, seul au volant, face à sa solitude, à sa vie. Pas d’itinéraire précis, destination prévue Marseille. Le hasard, laisser filer sa vie au gré du bitume, des rencontres. Combattre l’indifférence ou s’en accommoder ? Prendre le temps, combattre le temps, gagner du temps ? Pour qui, pourquoi ? Christian Oster nous offre ce road novel aussi mouvementé que contemplatif et ce héros atypiques où il démontre une fois encore tout son art de la description, jusqu’à l’extrême.
Sélection Prix Page des Libraires 2011
« … j’ai pensé que les gens étaient tourmentés dans l’ensemble et j’aurais bien voulu que ça m’aide, mais ça ne m’a pas aidé. »
« … je testais ma capacité de résistance aux autres, à leur façon d’être là. »
Fiche #993
Thème(s) : Littérature française
Elle est étrangère. Interprète auprès des demandeurs d’asile. Chaque jour, elle en rencontre de nouveaux. Ils confessent leurs histoires, leurs vies, leurs passés réels ou inventés. Mais elle est passée de l’autre côté, elle n'arrive pas à ressentir de la compassion. Elle apprécierait de travailler dans la sérénité alors que ces hommes l’en empêchent. La violence de la société a fait son oeuvre... Un soir, dans le métro, elle fracasse avec fureur sur la tête d’un immigré une bouteille de vin. Une nuit au commissariat pour s’expliquer. Tenter de suivre son cheminement. Avec précision, elle montrera comment elle en est arrivée à ce stade, à cette colère. Elle ne supporte plus d’être contrainte de voir ces pauvres, leurs récits cruels, leurs violences, monologues répétitifs et déprimants. Jour après jour, elle s’en éloigne et pourtant, chaque matin, elle replonge dans leur monde, esclaves modernes, avec scepticisme et rancoeur. Cette nuit lui permet également de revenir sur sa trajectoire, son chemin vers la liberté dont l’issue lui fera oublier son propre cheminement.
ps : "Assommons les pauvres" est également le titre d'un texte de Baudelaire issu des "Petits poèmes en prose" qui illustre parfaitement ce récit.
« Connaître l’autre serait aussi périlleux que de traverser les frontières, les mers et les océans. Chacun est un monde en soi. Chacun porte en soi un monde entier, un monde en désordre. Sous l’apparence de traits communs, les citoyens du village mondial, tous ensemble et en même temps si seuls, se dispersent à l’infini. Parfois nous nous croisons. »
« Depuis longtemps je n’étais pas allée aussi loin au fond de moi, près de mes sous-sols, près de mes racines. Au fond de nous, il y a des puits noirs, des oubliettes, des impasses. Au fond de nous, il y a une maison hantée, un pays déserté, une terre entre les langues de la baie. »
Fiche #986
Thème(s) : Littérature étrangère
Sarah, la narratrice, part au Japon après le décès de son frère Nathan. Enfants, ils étaient très liés, il était son double, unis face à leurs parents, toujours à la recherche de leur liberté. Mais seul Nathan persévèrera dans cette voie, Sarah adoptant une vie plus conventionnelle, bien rangée. La mort de son frère trouble cet ordre bien établi et l’incite à partir sur ses traces afin d’expliquer cette disparition et savoir si son frère s’est suicidé comme il l’a déjà tenté dans la passé. Elle se retrouve dans un modeste village japonais, au pied des falaises, où moult désespérés viennent mettre fin à leur vie. Elle le cherche, elle le sent, le suit mais il s'échappe toujours et encore. Nathan prétendait avoir retrouver la paix et la sagesse dans ce pays atypique et auprès d’un certain Natsume. Cet homme se dévoue totalement à ces désespérés et tente de les sauver puis de les remettre patiemment dans le chemin de la vie.
« Vu de loin on ne voit rien » disait Nathan mais « vu de près » non plus selon Sarah ! En effet, ce voyage en l’éloignant de son foyer, en la confrontant à l'ambiance et la culture japonaises et en la rapprochant de son frère l’éclairera dangereusement ("Je m'étais tellement trompée") sur sa vie, son mal être, ses proches, ses attentes mais aussi sur Nathan ce frère assoiffé d'amour qu’elle croyait connaître. Nathan avait trouvé en Natsume sa béquille alors que Sarah, qui s’occuperait d’elle ? Olivier Adam continue de creuser son sillon et d’explorer pour notre plus grand plaisir ses thèmes favoris (la fraternité, la difficulté à connaître ses proches, la vie de gens simples, la mort, la mer…) en sachant toujours se renouveler.
« On a toujours le choix, m’avait-il répondu un jour, les dents serrées, les yeux tremblant de colère. Quand on a fait des études, on a toujours le choix. Entre la main gauche et la main droite. Entre ce qui blesse et ce qui soigne, entre ce qui aggrave et ce qui répare. On a toujours le choix. Tu pourrais très bien bosser dans le social, enseigner, entrer dans un service public, mettre ton intelligence et ta force de travail au service des gens, de la culture, de l’éducation. Tu pourrais très bien choisir de bien moins gagner ta vie et d’ouvrir les yeux sur ce que tu vas faire. Tu pourrais très bien t’abstenir d’apporter ton eau au grand moulin du libéralisme, de la religion du profit et de la rentabilité, des délocalisations, de la production à bas coûts en Inde ou au Bengladesh. Tu pourrais. »
Fiche #817
Thème(s) : Littérature française
Adam subit sa vie : il est seul, vient de perdre son emploi, un frère qui n’hésite pas à le juger… Il quitte Johannesburg pour se retirer dans une maison abandonnée de longue date dans une petite ville du bush sud-africain. Il semble décider à renouer avec sa passion passée, la poésie. Pourtant, peu de temps après son arrivée, un homme vient bousculer son quotidien. Alors que la solitude lui pèse et que l’écriture peine, un certain Canning se présente comme un ancien camarade de classe dont Adam n'en a aucun souvenir, il se laisse pourtant entraîner par cet homme, nouveau riche de l’Afrique du Sud, homme d’affaires sans scrupule et cynique : une maison luxueuse, des projets immobiliers et une superbe femme noire séduisante mais distante. Intrigué par cet homme et ce couple de la nouvelle Afrique du Sud, Adam se plonge dans un tourbillon sans fin, entre attirance et répulsion. En mélant le destin d’un homme et de son pays, l’Afrique du Sud de l’après apartheid, Damon Calgut nous offre un texte oppressant non dénué d’étrangeté et de mystères qui imperceptiblement dresse aussi un portrait de l’Afrique du Sud actuelle.
Fiche #774
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Hélène Papot
Trois femmes d’une même lignée en Amérique du Sud. Rose, Violette et Vera Candida Bustamente, grand-mère, mère et petite-fille. Trois femmes, trois pères absents. Trois femmes debout, combattantes sur cette île de Vatapuana, trois femmes qui ont enfanté dans le silence, le nom du père restant tu à chaque naissance. Et puis, Vera Candida tente de rompre avec le destin et déjà enceinte, elle quitte sa grand-mère et Vatapuana pour la grande ville Lahomeria. Elle arrive seule dans la grande ville mais le combat continue, de tous les instants : se loger, travailler, aimer, donner naissance à sa petite fille, vivre mais Vera Candida toujours combative, jamais désespérée, est bien décidée à rester libre et maîtresse de son destin, jusqu’à son dernier souffle ! Un superbe portrait d’une femme de caractère et éprise de liberté qui ensorcellera le lecteur page après page.
Fiche #625
Thème(s) : Littérature française
L’Arabe s’installe un jour dans un village du sud, sans prévenir, les yeux baissés. Le jour, il travaille sur un chantier de terrassement, la nuit, il occupe une cave prêtée par un villageois. Que vient-il faire ici ? Se cache-t-il ? Et dans ce cas, quelles en sont les raisons ? Personne ne sait, tout le monde suppute. Les regards sont de biais, horrifiés, apeurés, énervés (« Juste ne croyait qu’aux hommes dont on a connu le père, et de préférence le grand-père »), non seulement il est étranger mais pire que tout, il est Arabe ! Et puis un meurtre est commis dans une famille où chaque membre est plus tragique que l’autre. L’Arabe y est forcément pour quelque chose… Même s’il trouve du réconfort auprès d’une femme en marge qui travaille sur le même chantier et même si le commandant de gendarmerie évite un lynchage annoncé, la machine infernale alimentée par la bêtise ambiante est lancée et qui pourra la stopper ? Un roman qui pourrait être le compte-rendu d’un fait divers tragique à la une du vingt heures, un soir parmi les autres, vite regardé, vite oublié… un roman aux personnages particulièrement réussis où aucune des facettes de notre humanité, de la plus sombre à la plus lumineuse, n’est oubliée.
Fiche #636
Thème(s) : Littérature française
Dans les années 50 à San Francisco, Pearlie Cook et Holland Cook forment un couple paisible. Ils se sont connus très jeunes, la guerre de Corée les a éloignés l’un de l’autre puis le mariage a scellé ce coup de foudre de jeunesse. Sonny, leur fils, atteint de poliomyélite cadre avec l’environnement paisible de leur vie. Pourtant, l’arrivée de Charles Drummer qui a connu intimement Holland lors de la guerre dérèglera inexorablement la belle machine. Pearlie toute dévouée à son mari découvrira un pan caché et inimaginable de son histoire (« Nous croyons connaître ceux que nous aimons. Nous croyons les aimer. »). Charles Drummer propose un marché inédit à Holland au prix d’un bouleversement complet de son quotidien. L’intrigue déjà passionnante est renforcée par le cadre, l’époque, la période de l’histoire : en plein maccarthysme, au moment de l’affaire Rosenberg, époque où le patriotisme règne alors que les problèmes raciaux, les peurs sont prégnants au sein d’une Amérique encre et toujours puritaine.
« Au long de toutes ces années où je manifestais de l’inquiétude pour ton cœur, devinas-tu le mensonge inoffensif que je m’étais inventé ? Ou te résignais-tu simplement à une bizarrerie de ma part ? Aussi déconcerté par mes mystères que je l’étais par les tiens, aussi disposé à me les pardonner : deux personnes voilées se guidant l’une l’autre, main dans la main. C’est peut-être cela un mariage »
Fiche #588
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Johannes Honigmann
Agnès Desarthe à travers l’histoire de B.B.B. trouvera aussi son identité alors que B.B.B. n’est pas son grand-père mais l’homme qui a vécu à côté de sa grand-mère : « Peut-être ferais-je mieux de commencer par expliquer que mon grand-père n’est pas mon grand-père. Bouz, Boris, Baruch n’est pas le père de ma mère. Le père de ma mère a été tué à Auschwitz en 1942. B.B.B. –appelons-le ainsi, pour le faire court _ est l’homme avec qui ma grand-mère, la vraie, a refait sa vie… si l’on peut dire ». En racontant ce grand-père, Agnès Desarthe parle d’elle-même mais aussi de son enfance, de son adolescence, de son éveil à la vie, de son imaginaire, de sa relation à la littérature, de ses angoisses...
Fiche #553
Thème(s) : Littérature française
Paul Anderen porte à bout de bras ses deux jeunes enfants depuis que sa femme Sarah a disparu. Chaque nouvelle journée est un combat, et Paul s’épuise. Pour survivre, il quitte sa maison pour retourner sur les lieux de son enfance à Saint-Malo auprès de son frère et de sa belle-sœur. Le père et ses enfants demeurent déboussolés, anéantis, chacun à sa manière. Le père est dévasté mais ses sentiments pour ses enfants, son rôle de père insuffle une dernière "brise" de vie. La petite appelle sa mère désespérément, le petit se replie sur lui-même et Paul pourtant au fond du gouffre tente de les protéger tout en espérant les ramener vers la vie. Mort ou disparition, le doute est pesant. Le trio se soude malgré les questions incessantes et émouvantes des petits : « Tu crois qu’elle est morte, maman ? », « Si elle est morte on a qu’à mourir tous les trois comme ça on sera avec elle ». L’absence de Sarah reste une obsession qui les rapproche pour tenter de se reconstruire quelle que soit l’issue de cette disparition : « Nous allons passer à une autre étape : tenter d’avancer avec au flanc cette plaie béante, faire notre vie avec ça, aussi inconcevable que ce soit ». Ce retour est également émaillé par de multiples rencontres de personnages tous plus ou moins brisés par la vie et malgré l’épreuve terrible que subit Paul et son désespoir, il n’a rien oublié de son humanité et de sa fraternité et il saura leur venir en aide quand cela s’avèrera nécessaire. Mais ce retour sur les lieux de son enfance est aussi prétexte à se remémorer son passé et son sentiment d’inutilité et d’infériorité. Encore un émouvant roman d’Olivier Adam d’une grande humanité où nous retrouvons quelques-uns de ses thèmes favoris : la fraternité, l’enfance, l'absence, la disparition et la mort, les terribles conséquences sociales de notre société qui brise efficacement les vies des simples gens sans oublier cette ambiance maritime toujours aussi mélancolique.
Fiche #494
Thème(s) : Littérature française
Agu, fils d’un instituteur, a une vie paisible illuminée par l’amour de ses parents et ses rêves, rêves d’avenir brillant. Pourtant la guerre arrive brutalement dans son village et réduit à néant sa vie en un instant. Son récit est celui d’un enfant-soldat africain tel que l’on nous les décrit habituellement, mais la vision est ici celle de l’intérieur, sans filtre, brute, terrifiante. Agu a choisi la parole comme thérapie et nous expose son terrible parcours car il préfère ce cheminement à la mort : « … en même temps j’a commencé à avoir peur à cause que la seule façon de ne plus jamais combattre c’est finalement mourir. Or moi je ne veux pas mourir. ». Du premier jour où le commandant l’enrôle et lui apprend à tuer jusqu’au dernier jour de cette mortuaire épopée. Tuer, toujours et encore. Brûler, détruire sans poser de question. Obéir. Lever le camps, tuer, lever le camps. Et pourtant, dans cette barbarie, tenter de conserver quelques rêves enfantins et ne pas oublier son enfance. Se taire, tout supporter. S’épauler et se protéger avec son ami Strika qui ne parle plus depuis l’assassinat de ses parents. Le commandant a tous les droits sur ces (ou ses ?) enfants, droit de mort, droit de vie, droit de cuissage… Les petits soldats restent amorphes devant ce misérable kapo et lui obéissent aveuglement jusqu’à l’épuisement, la mort. Une plongée en enfer, un roman terrible sur la folie extrême des hommes et les conséquences indélébiles de ces guerres insensées. A noter l’impressionnant travail de traduction d’Alain Mabanckou qui réussit à traduire parfaitement dans le vocabulaire, la forme des mots et le ton, la tragédie de la situation et le désespoir assourdissant d’Agu.
« J’ouvre les yeux, on est toujours dans la guerre, et je pense dans moi-même que si la guerre est là elle n’avait pas foiré ce pays, eh bien j’aurais déjà été un homme en vrai moi aussi maintenant. »
« Je suis un peu content au moment quand il me donne des faveurs car je sais aussi que s’il veut il peut faire n’importe quoi avec moi sans rien me donner à la fin. »
« Et là je regarde alors le Commandant, je regarde alors Strika, je me dis dans moi-même que ces deux-là ils sont si tranquilles si beaux on dirait avant la guerre, on dirait aussi après la guerre, mais pas vraiment on dirait maintenant. Maintenant on ressemble tous aux animaux. »
Premier roman
Fiche #441
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alain Mabanckou
Le roman est le récit d’un an de la vie du narrateur Paul Stern. Il s’ouvre avec l’enterrement de Charles Stern, son oncle, mort subitement et de manière inédite... Son père, Alexandre, 78 ans, et son oncle ne vivaient « que dans l’exécration et le conflit ». Alexandre hérite pourtant de la fortune de son frère. Paul voit alors son père changer et abandonner ses convictions, son mode de vie, il s’aperçoit que celui-ci n’est pas l’homme qu’il croyait et qu’il a toujours simulé... On croit connaître ses proches, mais les simulations et autres petits accommodements biaisent bien souvent nos relations. Dans le même temps, sa femme Anna est en pleine dépression et lui qui revoit des scenarii (il est script-doctor) est impuissant devant cet état. Il saute donc sur une proposition qui lui est faite : partir à Hollywood travailler pour les studios de la Paramount et nous présente son arrivée dans cet univers entièrement factice. L’organisation folle de ce monde de stars et d’anonymes est décryptée par Paul. Ses journées (ou plutôt ses nuits) sont entrecoupées par les appels de son père qui lui parle principalement de l’actualité politique française (élections 2007). Un jour, il rencontre sur son lieu de travail Selma une jeune femme sosie parfait d’Anna mais à 30 ans et « baiser son double, ce n’est pas tromper sa femme » ! Arrivera ce qui devait arriver. Cependant Selma a une vie éprouvante pour son entourage… Après une overdose, il l’aide à se soigner et la quitte alors qu’elle débute sa cure de désintoxication. Son travail terminé, il décide de repartir à Toulouse où sa femme a achevé sa cure et l’attend à l’aéroport. Après cette année de bouleversements, « les accommodements raisonnables tacitement conclus nous mettaient pour un temps à l’abri d’un nouveau séisme, mais le mal était toujours là, tapi en chacun de nous, derrière chaque porte, prêt à resurgir ». Jean-Paul Dubois excelle pour présenter avec humour et réalisme nos doutes, les remous de l’existence humaine sans oublier les réalités sociales de notre monde.
Fiche #447
Thème(s) : Littérature française
Quelques années plus tôt, l'apocalypse a réduit à néant l'humanité. Survivants, un père (malade) et son fils suivent la route du sud. Une route grise, infinie, encombrée de ruines, de cendres et de cadavres. Un chaos terrible dont on ignore les raisons, McCarthy n’explique pas, il décrit. Végétaux et animaux ont disparu. Quelques survivants, apeurés ou agressifs, effrayés ou violents, affamés ou cannibales... Ecoute et attention permanentes, instincts de survie… Peur constante, peur de la mort, peur de l’autre… Des fantômes se méfiant de tout et de chacun. La recherche de la nourriture, d’un abri sont des épreuves quotidiennes, éprouvantes et dramatiques. Pourtant, le père influe à son fils la force de se lever chaque matin et de repartir. Ils progressent vers le sud appuyés sur leur caddie contenant toute leur richesse, vers la mer mais avec quel espoir, quel but ? Le père (l’Homme) le sait-il seulement ? Destinée humaine… Dans ce monde hostile et barbare, ils tentent de conserver leur humanité au cours de cette épopée quasi-biblique, chacun restant attentif à ce que l'autre ne tombe pas dans la barbarie. La fin de l’humanité n’est cependant pas définitive et un léger espoir filtre encore… La narration oscille entre récits, descriptions et dialogues épurés, réduits au strict minimum, le rythme du livre s’adapte parfaitement au rythme de progression des deux survivants auxquels le lecteur s’attache irrémédiablement. Le lien et la relation (la fusion) entre son père et son fils, sans mots inutiles, sont particulièrement réussis.
Prix Pulitzer 2007
Fiche #351
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Hirsch
Après le léger mais excellent « Vous plaisantez Monsieur Tanner », Jean-Paul Dubois revient avec une tragédie digne des tragédies antiques, duel épique entre deux hommes qui n’auraient jamais dû se rencontrer tellement leurs différences sont flagrantes et leurs lieux de résidence éloignés. Paul Hasselbank, toulousain, atteint d'une maladie incurable, n'attend plus rien de la vie et survit comme il le peut. Pourtant il espère en une ultime rencontre avec Anna, la femme qui l'a quitté. Une carte postée depuis le grand nord canadien, l’amène à entreprendre un long périple vers une petite bourgade de l'Ontario. Dès son arrivée, Hasselbank va être confronté à la violence, la brutalité voire l’animalité : il assiste avec Edouard Thyssen le premier homme ayant accueilli Anna à un combat d’Ultimate Fighting qui le révulse. Cette rencontre le mène ensuite chez Floyd Paterson, célibataire greffé du coeur, qui a également partagé la vie d’Anna. Floyd Paterson chasseur aguerri, bestial, colosse croquant la vie à pleines dents vit en osmose avec la nature. Une tempête de neige va piéger les deux hommes qui devront cohabiter dans un chalet isolé. Un face-à-face tendu et dramatique avec un final troublant qui vous remuera. Récit brutal sur l’homme ou du moins une part essentiel de l’homme, récit quelque peu désespéré ou désabusé sur la nature humaine (Anna écrivait dans sa carte « Pourquoi n’avons-nous jamais su nous comporter comme des êtres humains ? »).
« Je crois qu’il ne faut jamais regarder trop longtemps en soi. C’est là que se trouve notre pire visage, celui que nous essayons de dissimuler pendant tout une vie. »
« Mon père m’a toujours dit qu’il rêvait de devenir un animal sauvage »
« On ne connaît jamais la personne avec laquelle on vit »
« Les Indiens disent que la seule chose que l’on ait à craindre pendant le blizzard, c’est que le vent soulève la mauvaise part que chacun porte en soi et que, lorsque tout s’apaise, apparaisse à la lumière ce que l’on a parfois essayé d’enfouir tout au long d’un vie »
Fiche #230
Thème(s) : Littérature française
Roman proche du conte celtique voire fantastique en Irlande vers 1950, Nina meurt assassinée par George. Elle évoque alors son enfance et son amitié pour Janie et George, gamins de paysans mais aussi avec son double, son ombre, qu’elle seule voit, qu’elle accompagne et avec qui elle dialogue. L'arrivée de Gregory, son demi-frère ignoré, change son univers comme la Première Guerre mondiale déclarée un peu plus tard. A 50 ans, Nina retourne sur ses terres d'enfance et dans la maison où elle a grandi pour découvrir George en proie à la folie. Un roman étrange.
"Au cours de la troisième année du siècle nouveau, la mère de Nina finit par accepter l'univers imaginaire de sa fille pour ce qu'il était : l'expression de la solitude."
"Mais la maison ne sait pas qu'elle est maudite, hantée, ni même qu'elle n'a jamais eu de chance. La maison ne sait rien. Elle est là, simplement...".
Fiche #173
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Michèle Albaret-Maatsch
Jonathan Safran FOER
Extrêmement fort et incroyablement près
L'Olivier
3 | 425 pages | 23-08-2006 | 22.3€
Oskar Schell, garçon de neuf ans vient de perdre son père dans les attentats du 11 septembre. Il s'intéresse à tout et sa carte de visite présente ses multiples passions : il est inventeur, entomologiste amateur, épistolier, francophile, pacifiste, consultant en informatique, végétalien, origamiste, percussionniste, astronome amateur, collectionneur de pierres semi-précieuses, de papillons morts de mort naturelle, de cactées miniatures et de souvenirs des Beatles. Il ne s'explique pas la disparition de son père qui remet toutes ses certitudes en cause. Lorsqu'il découvre une clé dans les affaires paternelles, Oskar se lance dans New York pour une enquête double : familiale avec l'aide de sa grand-mère notamment et new-yorkaise. Il est en effet persuadé que cette clé résoudra le mystère de son père. Oskar se révèle aussi inventif que Jonathan Safran Foer. Le livre est touffu, dense, foisonne d'idées. Sur chaque page, une idée, une image originales. Seuls quelques procédés stylistiques ou typographiques sont peut-être quelques fois de trop.
Fiche #131
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Pierre Carasso, Jacqueline Huet
Myriam décide d'ouvrir un restaurant "Chez Moi" pour donner de l'amour mais se heurte rapidement à moult difficultés : le restaurant est très petit et sera aussi son logement, problèmes d'argent et de banquier... Il faut pourtant tout endurer : les courses, la cuisine, les clients rares au début, les factures, les formalités administratives et surtout peut-être le passé qui la hante et l'avenir qu'elle redoute. On apprend progressivement qu'elle a été bannie par sa famille suite à une faute puis qu'elle fut cuisinière pour un cirque dont les membres sont aussi rejetés par la société et qui devront reprendre la route sans pouvoir l'emmener. Elle rencontre pendant ce séjour Ali un fermier atypique respectueux des plantes et des animaux avec "quelque chose de solitaire dans son regard, une flamme ancienne, ternie par l'expression, ou plutôt l'absence d'expression du reste de son visage". Le restaurant se remplit petit à petit de clients qui pour la plupart l'aideront : un fleuriste amoureux, des lycéennes apprenties philosophes, des enfants du quartier et notamment Ben qui prendra une grande part dans la mise en valeur du restaurant et dans la reconstruction de Myriam. La cuisine est prétexte à des descriptions de mets, d'idées de cuisine originales, d'alliances culinaires inattendues. Tout au long du livre, parallèlement à sa nouvelle vie, le passé de Myriam nous est dévoilé : la naissance de son fils, son mari Rainer puis la première rupture avec sa sensation de la perte définitive d'amour pour son fils. Ce manque d'amour maternel la pousuivra jusqu'à en devenir une obsession. Sensation de culpabilité encore accrue après sa faute qu'elle ne comprend même plus. Peut-elle encore espérer le retour des disparus, parents, frère et surtout fils ?
Beau texte enlevé entre rêve et réalité, entre passé et avenir, sur la recherche d'amour, la difficulté d'être, la culpabilité et le besoin d'être aimé.
"A quel genre de fil me suis-je retenue ? On croit toujours qu'il y a un fil, jusqu'au jour où l'on rencontre le vrai bon magicien, le vrai bon acrobate. Parfois, il n'y a pas de truc, parfois, c'est seulement une question d'entraînement. Il faut croire que j'avais un bon entraînement à survivre.".
"Comme se fait-il que l'on a plusieurs vies ? Peut-être ai-je tendance à généraliser... Je ne mourrai qu'une fois et pourtant, au cours du temps qui m'aura été imparti, j'aurai vécu une série d'existences contingües et distinctes". "Mon frère est un voilier, moi, je suis un paquebot, mais dont la quille est trop courte et le gouvernail trop long. Le moindre mouvement de barre m'entraîne à des milliers de milles de la destination prévue. J'ai l'inertie d'un grand navire... Mon existence, bien que lente et peu spectaculaire, a causé d'énormes dégâts. J'ai pourtant aperçu, au loin, le signal angoissé du phare. J'ai reçu son message d'avertissement et je disais, oui, oui, je sais, je vais tout casser ; mais il était trop tard"
Fiche #128
Thème(s) : Littérature française
Comment peut-on vivre ou mal vivre après le suicide d’une mère malade ? Rapide, dur, enlevé qui montre la survie de deux frères (8 et 13 ans) auprès d’un père violent. Les frères suivront des voies différentes. Pour le narrateur, l’aide de sa femme Claire et de Chloé sa petite fille permettront d’espérer une reconstruction « rester en vie a longtemps été pour moi une activité à plein temps ». Nombreux thèmes abordés : vie et mort, amour, amitié, enfance, vieillesse, folie, angoisse, contemplation avec en toile de fond les apparitions de la disparue. Triste et beau à la fois.
Fiche #26
Thème(s) : Littérature française
- Vingtras - Jeannin - Dubois - Trethewey - Desarthe - Seyvos - Guillaume - Dubois - Pireyre - Kashua - Richard - Desarthe - Chiarello - Alikavazovic - Flahaut - Juliette - Oster - Dubois - Seyvos - Sorokine - Castillon - Ford - Desarthe - Zenatti - Brisac - McFarlane - Bernatek - Michiko Flasar - Ford - Ovaldé - Seyvos - Desarthe - Dubois - Ovaldé - Oster - Sinha - Adam - Galgut - Ovaldé - Audouard - Greer - Desarthe - Adam - Iweala - Dubois - McCarthy - Dubois - Jordan - Foer - Desarthe - Adam