« La patrie, c’est comme une arme qu’on se braque sur le front nuit et jour sans jamais presser la gâchette. »
Heinrich Steinfest

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Année 2023-2024



Erri DE LUCA

Les règles du Mikado
Gallimard

142 | 155 pages | 11-05-2024 | 18€

en stock

Un vieil horloger italien vit isolé dans la montagne, il campe seul au cœur de la nature, retiré du monde mais pas exclu de ce monde non loin de la frontière slovène. Une nuit, une jeune tsigane rentre dans sa tente et lui demande de l’héberger dans son exil. Elle fuit en effet sa famille et un mariage forcé. S’en suit un dialogue entre ces deux là avec leur différence et ce qui les unit, leur appréhension du monde, de la vie, de la nature, du temps. Elle est jeune, il est vieux. Il lit des livres, elle lit dans les lignes de la main. Il admire la beauté de la nature, elle sait dresser les ours. Mots, paroles, ils se confient leurs peurs. Elle se sent parfaitement ancrée dans le monde, lui se voit comme un élément qui peut réagir, agir, mais comme dans le Mikado, patience est nécessaire et un geste peut impacter les autres, modestement ou violemment et lui restera toujours dans la retenue, dans l’attention aux autres : « Certains voient la vie comme un fleuve, d’autres comme un désert, d’autres comme une partie d’échecs avec la mort. Moi, je la vois sous la forme d’un jeu de Mikado en solitaire. ». Erri de Luca dans cette rencontre singulière revient avec philosophie, délicatesse et sensibilité sur certains de ses thèmes de prédilection, le temps, la vieillesse, le sens de la vie, la nature, la solitude choisie, l’attention aux autres, nos choix de vie, notre capacité d’action... et toujours avec son style aussi dépouillé que précis.

« Justement parce que nous n’appartenons pas aux peuples et aux lieux, nous sommes attachés à nos usages, aux affaires d’honneur. »

« Je veux finir à l’air libre. »

« Aucune expérience de vieillesse précédente ne peut servir d’exemple. »

« Et puis être vieux c’est comme bivouaquer tout en haut du bois, là où les arbres sont moins denses et où il y a plus de lumière. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les règles du Mikado"

Fiche #3178
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Danièle Valin

Les titres de Erri De Luca lus par Vaux Livres


Ava WEISSMANN

La fiancée de personne
Le Tripode

141 | 230 pages | 10-05-2024 | 19€

en stock

C’est l’histoire d’une femme presque ordinaire : proche des métiers à paillette, avide de sexe, d’hommes et de femmes, obsédée par le rangement et le classement de ses vêtements. A chaque rencontre masculine, un regard, deux mots et l’homme est classé sur son échelle de connards. Et malheur aux élus, ras-le-bol de cette oppression permanente, de ces gestes déplacés, de cette suffisance. Ils finiront baignant dans leur sang avec le bout de leur verge dans la bouche. Cette femme développe alors une autre addiction : elle prend en effet goût au doux mélange de sang et de sperme. La psychopathe passe sous les radars de la police surtout que l’enquête est confiée à Pipo et Bimbo, deux flics totalement farfelus qui à part la surnommer la bitovore restent totalement inefficaces. Heureusement ou malheureusement, ils sont épisodiquement épaulés par Mat, un flic au cœur fragile en attente de greffe, que les femmes trouvent irrésistible, toujours accompagné de son chien Johnny amoureux de sa baballe. Un premier roman trash et chaud comme la braise.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La fiancée de personne"

Fiche #3176
Thème(s) : Littérature française


Antonin VARENNE

La piste du vieil homme
Gallimard

140 | 235 pages | 10-05-2024 | 18€

en stock

Simon a quitté de longue date la France et rompu les ponts avec sa fille et son fils. Il vit simplement mais correctement avec sa petite retraite à Madagascar. Il gère avec un ami fidèle une petite affaire de tourisme. Quand il reçoit une lettre de sa fille, la surprise passée, il découvre que son fils, Guillaume, est aussi à Madagascar depuis quelques temps et ne donnent plus de nouvelles à sa soeur. Simon n’hésite pas, il sait que Guillaume est spécialiste des engagements douteux, et part à sa recherche. Une véritable épopée au cœur de Madagascar, propice à moult rencontres, souvent amicales, parfois dangereuses mais aussi un retour sur soi, sur son rôle de père, de mari, ses liens et sa rupture avec ses enfants. Il est prêt à tout pour retrouver et sauver Guillaume et espère enfin renouer avec lui, s’expliquer, l’écouter, réparer s’il est encore temps et l'entendre dire papa. Une superbe palette de personnages et un passionnant et haletant récit d’aventure, de paternité, dans les profondeurs de Madagascar.

« Laisser sortir des trucs enfouis et sensibles, c’est comme une fuite d’huile moteur, un signe de casse ; ça nous affaiblit. »

« Et puis vous savez, en France, personne ne chante aux enterrements, c’est déprimant. »

« On comprend facilement... pourquoi l’éducation n’est jamais une priorité des pays contrôlés par des élites corrompues : quand quelqu’un a appris à s’exprimer, les stratégies desdites élites sont vite énoncées... éduquer, dans un endroit où il n’y a aucune éducation, c’est tout changer. »

« On ne pèse pas sur le passé, c’est lui qui vous pèse dessus et il vous rattrape immanquablement... »

« ... on refout toujours les pieds dans la merde qu’on a laissée derrière soi. »

« Le passé, cette saloperie, a même le pouvoir de nuire à l’avenir. »

« Maintenant que je suis vieux, je sais pourquoi l’avenir m’inquiète de moins en moins : parce qu’il y en a de moins en moins. »

« ... l’incohérence est la véritable condition humaine. »

« Toutes ces églises pour combler le vide entre les deux extrémités des sociétés humaines, la pauvreté et le pouvoir. »

Ecouter la lecture de la première page de "La piste du vieil homme"

Fiche #3177
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Antonin Varenne lus par Vaux Livres


Lize SPIT

L'honorable collectionneur
Actes Sud

139 | 135 pages | 06-05-2024 | 16€

en stock

Dans un petit village de la Belgique flamande, Jimmy, onze ans, vit seul avec sa mère, son père ayant quitté précipitamment la maison familiale et le village sans laisser d’agréables souvenirs et on le rappelle souvent à Jimmy... Seul moment de bonheur : la gestion de sa collection de flippos, des vignettes qu’il trouve dans des paquets de chips, une passion pour tromper sa solitude. Et puis Tristan et sa famille posent leurs valises près de chez lui. Cette famille (nombreuse) kosovare a fui la guerre et après un voyage long, dangereux et éprouvant périple trouvé refuge en Belgique. Les enfants restent marqués par leur passé et les terribles épreuves déjà vécues. Jimmy est chargé à l’école d’aider Tristan et ce nouvel ami prend une place importante dans son existence, Jimmy découvre littéralement ainsi une nouvelle vie. La famille et les enfants commencent de s’intégrer lorsqu’ils reçoivent un avis d’expulsion. Catastrophe. Tristant et sa sœur imaginent un plan pour obtenir le droit d’asile et invitent Jimmy à y tenir un rôle crucial. Jimmy apeuré ne peut les abandonner et les suivra... Un récit à hauteur d’enfants qui aborde avec leur regard les séquelles de la guerre, l’amitié, la solitude et l’exil et dont l’intensité croit à chaque page, l’auteur nous fait redouter le pire et le pire arrivera... Percutant et bouleversant.

Ecouter la lecture de la première page de "L'honorable collectionneur"

Fiche #3174
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Emmanuelle Tardif


Kenan GÖRGÜN

Oublie que je t'ai tuée
L'Atalante

138 | 280 pages | 06-05-2024 | 19.9€

en stock

Susannah et Stan vivent à New-York. Stan est « ... l’écrivain qui n’écrit pas. » et Susannah une brillante architecte. Le couple s’étiole : « Il y a un toit au-dessus de nos têtes ; pourtant même à l’intérieur, il pleut sur nos vie. ». Stan prend enfin une grande décision, il n’en peut plus de ce rôle de raté, de ce couple qui n’en est plus un, pour la Saint-Valentin, après une soirée mémorable, il tuera Susannah. Il a tout prévu. Enfin presque, puisque Susannah va survivre et se retrouver dans le coma à l’hôpital... Tout se complique pour Stan ! Le portrait noir, parfois drôle, d’un homme qui jusqu’à la prison ne trouvera jamais sa place, ni dans la société ni auprès des femmes.

« Ici, la folie n’est qu’un déguisement de la nostalgie. »

Ecouter la lecture de la première page de "Oublie que je t'ai tuée"

Fiche #3175
Thème(s) : Littérature française


Sabina HAHN

Je suis un dragon !
Ecole des Loisirs

137 | 01-05-2024 | 14€

en stock

Les grenouilles accueillent un nouveau venu dans leur mare. Il est vert, vit dans l'eau et sur terre, bienvenue à cette nouvelle grenouille, elles sont heureuses d'avoir une nouvelle amie. Mais le petit nouveau s'insurge ! Il n'est pas une grenouille, c'est un dragon, un vrai, qui crache du feu. Pourtant les grenouilles s'entêtent, c'est bien une grenouille... Comment va-t-il pouvoir les convaincre ?

Fiche #3171
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Rosalind Elland-Goldsmith


Gaétan NOCQ

Octopolis
Daniel Maghen

136 | 280 pages | 01-05-2024 | 30€

en stock

Suite à un message alarmant, Mona retrouve l’appartement de son père vide et la confirmation, alors qu’elle ne le voyait plus depuis de longues années, de sa disparition. Inquiète, elle se lance à sa recherche, dans une enquête qui va la mener sur ses traces mais aussi sur celles d’Octopolis une cité des profondeurs de l’océan pacifique. On retrouve le bleu si particulier de Gaétan Nocq particulièrement adapté à ce récit qui oscille entre quête personnelle, informations scientifiques et réflexions sur l’état de notre monde. Superbe.

Fiche #3172
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Eva MUSZYNSKI

Mais où est la souris ?
Minedition

135 | 01-05-2024 | 10€

en stock

Georges, un éléphanteau, attend son amie, Louise la souris. Il interroge tous ses amis, personne ne sait où elle est bien être passée. C'est un mystère. Heureusement, Georges se lèvera et le mystère sera vite résolu...

Fiche #3173
Thème(s) : Jeunesse


Franck BONNET

Ann Bonny, La louve des Caraïbes Tome 1
Glénat

134 | 72 pages | 29-04-2024 | 17€

en stock

Récit (diptyque) épique et superbe portrait d'une jeune femme atypique, irlandaise, au caractère bien trempé, prête à tout pour acquérir et conserver sa liberté. Refus de toute autorité, un père, l'église, un mari, alors quoi de mieux que la piraterie ! Une immersion et une aventure passionnantes dans le monde des pirates et de la mer du XIII ème.

Fiche #3170
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Olivier BOURDEAUT

Développement personnel
Finitude

133 | 168 pages | 28-04-2024 | 18€

Après trois romans, c’est la panne, panne d’inspiration, imagination et inspiration taries ! Alors Olivier Bourdeaut trouve son personnage, un personnage qu’il continue d’estimer « grotesque », ce sera lui, il se raconte, revient à la source, à son enfance. Histoire d’un mauvais élève qui voulait écrire, histoire d’un antihéros (« Je suis gaucher, dyslexique et légèrement sourd. ») qui pense avoir épousé l’échec et qui a gardé beaucoup de son enfance. Impossible de trouver sa place : « … chacune de mes expériences professionnelles fut un calvaire pour mes employeurs et pour moi. ». Cela déborde de tendresse, d’autodérision, de franchise, d’humour. Aucune complaisance pour cet autoportrait attachant et drôle qui, espérons-le, sera le préquel du quatrième roman d’Olivier Bourdeaut !

Fiche #3168
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Bourdeaut lus par Vaux Livres


Martin DUMONT

Tempo
Les Avrils

132 | 215 pages | 28-04-2024 | 20€

en stock

Félix, la trentaine, vit à Belleville dans un petit appartement avec Anna sa femme et leur bébé. Félix est musicien. La passion reste entière, les rêves aussi. Plus jeune, il a déjà connu un début de succès, de reconnaissance, les tournées, les enregistrements. Mais les accidents de la vie ont mis fin dramatiquement à cette expérience. Pourtant Félix est peut-être arrivé à un instant charnière, au moment du choix, du choix de vie, de l’abandon ou non des rêves de jeunesse, de la survie de sa passion. Prolonger le passé ou tourner la page. Père, musicien, Félix peine à réunir les deux même si la musique reste pour lui un partage, mais partager la musique avec son bébé reste compliqué. Avec sensibilité et douceur, Marin Dumont nous fait ressentir les tiraillements (et la nostalgie) d’un homme animé par une passion en train de tenter de décider de son futur et de ceux qui vont l’y accompagner.

« La vie, sans les moments difficiles, ça n’existe pas, hein ? Je veux dire, ce sont eux qui donnent du sens à tout. Qui nous inspirent, qui mettent en valeur le reste. Le plaisir, les frissons, le bonheur. Tout ce que l’on poursuit sans cesse. »

Ecouter la lecture de la première page de "Tempo"

Fiche #3169
Thème(s) : Littérature française


Arnaud FRIEDMANN

L'invention d'un père
La Manufacture de Livres

131 | 225 pages | 21-04-2024 | 17.9€

en stock

Une rencontre fortuite, et une vie de couple qui s’ouvre. C’était une évidence, il se confia immédiatement à Nathalie, elle sut tout de lui, « Je ne lui ai rien dissimulé de mon peu de capacité à vivre une vie d’adulte. J’ai pensé qu’elle me sauverait. ». Alors le jour où elle lui annonce qu’elle est enceinte, il feint de se préparer à être père. Mais incapable d’accueillir son enfant, une peur incontrôlable, quelques jours avant l’accouchement, quelques jours avant noël, il s’éloigne d’abord pour quelques heures, puis finalement fuit définitivement. Un texto lui annoncera la naissance de sa fille, Béatrice. Quelques semaines de vagabondage, une grosse fatigue, une consultation et le couperet médical tombe : maladie fulgurante, il ne lui reste que quelques mois à vivre. Cette fois, le pas est franchi : ce sera quelques mois pour être père et il ne mourra pas à l’hôpital, même aux côtés d’Angélique une infirmière attentionnée. Impossible de réintégrer l’appartement familial, de partager ses derniers moments avec Nathalie, alors il enlève Béatrice et part retrouver la cabane de son enfance où il s’était promis de revenir, une cabane sale, bringuebalante, isolée au cœur de la nature. Il se cache, se découvre père en observant Béatrice, ses sourires, son rire, son regard, ses gestes, en touchant, en caressant sa peau… Béatrice semble aussi le découvrir. Ils s’apprivoisent. Vivre le maintenant avec sa fille, « sauver quelques moments avant de disparaître ». Tant que c’est encore possible. Le mal et la fatigue en effet s’accroissent, les hallucinations apparaissent mais « S’il n’était pas en train de crever, une liberté absolue. » et il doit tenir, pour faire durer ce moment, pour Béatrice, pour lui qui choisit de lui écrire une lettre, confidences, retour sur le passé, pour qu’elle connaisse ce père qui lui a tourné le dos et a peut-être commis le pire. Elle la (re)lira avec nous à trente-trois ans. Un roman noir et tendre, souvent bouleversant, le portrait d’un homme perdu, prisonnier de sa sensibilité et de son passé, rarement à sa place et Arnaud Friedman nous le dévoile avec talent et presque discrètement, en tous cas très progressivement et sans jugement. Arnaud Friedman excelle pour troubler voire inquiéter le lecteur.

Ecouter la lecture de la première page de "L'invention d'un père"

Fiche #3164
Thème(s) : Littérature française


Luc-Michel FOUASSIER

Cumulonimbus
Julliard

130 | 175 pages | 21-04-2024 | 18€

Fabienne poursuit un double projet (lequel a suscité l’autre ?) : écrire un livre sur les paréidolies, ces figures ou formes que l’on peut deviner dans les nuages immobiles ou en mouvement et retrouver sa fille Calypso qui a brusquement disparu en claquant la porte. Elle prend la route, direction l’Auvergne, Allanche et notamment un lieudit Feydit où l’un des derniers petits copains de Calypso réside. Les nuages lui font autant oublier cette disparition qu’ils ne la lui rappellent. Instants fugaces d’évasion, presque de sensualité, bonheur éphémère pour une pause dans son enquête, dans ses tourments et son désarroi. Elle retrouve Romain et son père Flavio apaisant, attentif et attentionné. Pourra-t-elle trouver les traces de Calypso, la retrouver, renouer les liens et reconstruire une relation mère-fille apaisée et aimante où chacune d’elles trouvera sa place ? Un portrait tendre et sensible d’une mère désemparée en reconstruction.

Ecouter la lecture de la première page de "Cumulonimbus"

Fiche #3165
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Luc-Michel Fouassier lus par Vaux Livres


Horvat Cec ZELJKA

Scènes villageoises sans cochon
La Peuplade

129 | 195 pages | 21-04-2024 | 20€

en stock

« Scènes villageoises sans cochon » est un récit de guerre à hauteur d’enfant. Zeljka est une petite fille qui habite au nord de la Croatie en guerre, en 1991. Par de courts billets ce qui permet de passer rapidement d’une situation, d’une scène de vie ou d’une ambiance à une autre, avec toute sa naïveté et sa franchise, elle nous fait partager sa guerre. Jouer, vivre, rire malgré la guerre, malgré la peur, et malgré la maladie. Elle partage ses sentiments, ses convictions, ses envies : jouer au foot, se faire baptiser sans conviction pour être comme les autres, prendre sa part à la guerre contre les Serbes… Elle nous parle d’elle, de sa famille, de ses amis et donc de la Croatie et de son histoire, le ton est juste et souvent drôle malgré le tragique en arrière plan.

Ecouter la lecture de la première page de "Scènes villageoises sans cochon"

Fiche #3166
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Chloé Billon


Jean-Paul DUBOIS

L'origine des larmes
L'Olivier

128 | 247 pages | 21-04-2024 | 21€

en stock

Le père de Paul Sorensen vient de mourir au Canada. Paul rapatrie le corps et à son arrivée, son premier acte est inattendu : il tue à nouveau son père déjà mort de deux balles ! Jugement et obligation de soin. Un an chez un psy, Frédéric Guzman. Un an pour confier ses histoires au milieu de l’eau : ses larmes, les larmes du psy atteint d’un épiphora, les larmes de la Garonne qui en 2031 n’arrive plus à évacuer les pluies (les larmes de Gaïa ?) incessantes. Le destin de Paul est initié par sa naissance : sa mère et son jumeau n’y survivront pas : « L’origine des larmes se trouve là, au fond du ventre de ma mère. ». Il se retrouvera alors seul avec son père, Lanski, manipulateur, pervers, violent. La haine pour Lanski ne le quittera plus et éclaire sa vie, son destin. Avec son humour noir et ses digressions habituels (et un zeste d'érudition supplémentaire), Jean-Paul Dubois, sa tondeuse, son chien et son Paul dressent un portrait qui trouvera son paroxysme dans une vengeance explosive et inattendue.

Ecouter la lecture de la première page de "L'origine des larmes"

Fiche #3167
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Paul Dubois lus par Vaux Livres


Fabienne SERBAH LE JEANNIC

Instants fragiles
Diabase

127 | 155 pages | 14-04-2024 | 18€

en stock

Sylvie après une perte d’emploi a retrouvé un poste de caissière dans un supermarché. Moment particulier après également une rupture avec un homme plus jeune et d’une classe sociale différente, moment pour scruter sa jeunesse et son quotidien. Fille d’un tourneur fraiseur, elle a grandi dans le goût de l’attention et du respect de l’autre, de la solidarité, de la lutte, sans jamais être convaincue d’être à sa place, de l’avoir trouvée. Consciente de l’impact du capitalisme sur l’existence de certain(e)s, elle sera toujours prête à tendre la main, à aider, à soutenir quelles que soient les conséquences sur sa propre existence et sa condition. S’engager pour un monde meilleur lui semble naturel. Elle brise sa solitude dans les livres et la musique (« Sylvie en avait souvent tiré une force, une conscience que la vie était ailleurs, et pas dans ces endroits où la nécessité de la gagner l’avait assignée. Mais ces parenthèses rêveuses ne duraient pas. ») et s’est forgée une culture qu’elle sait défendre et promouvoir et qui l’accompagne dans sa vie au jour le jour. Et puis, parfois une rencontre, des rencontres, et la vie s’éclaire. Un émouvant portrait d’une femme intègre, attentionnée, humaine, engagée qui jamais n’abdiquera face aux diktats de la société capitaliste.

« Mais le diable a-t-il vraiment besoin d’un avocat ? Il se débrouille très bien tout seul, vous ne trouvez pas ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Instants fragiles"

Fiche #3162
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabienne Serbah Le Jeannic lus par Vaux Livres


Sandrine BOURGUIGNON

Et d'une vie tout animale
Cambourakis

126 | 206 pages | 14-04-2024 | 18€

en stock

Laure a rejoint les Causses et elle y recueille les confidences de personnes en fin de vie qui ont décidé de laisser une trace à un proche. Laure a rejoint « Un pays pour seules les bêtes. » et cela lui convient. Une immersion dans la nature et une relation particulière avec la faune et la flore sauvages. Isolée, solitaire, elle s’installe temporairement dans un atelier d’artisan au milieu de nulle part, sans confort, à côté du monde. Elle y découvre un chien en très mauvaise santé, « Un chien qui aurait choisi de vivre entre la vie et la mort. », un chien qui lui rappelle celui qui était à ses côtés lors de l’accident qui a coûté la vie à ses parents. Avant de retrouver son ou ses maîtres, elle va le soigner et l’accompagner. Le chien lui ouvre en effet des chemins, des portes. Face à la nature, il est son guide, son compagnon. Elle l’observe l’appréhender, jouer avec, la craindre, la découvrir. Attentive aux hommes, attentive au chien, attentive à la nature. Elle le soigne, elle veille sur le causse et elle se soigne et la nature est au cœur de ces guérisons. Un roman puissant, d’une grande finesse, rythmé par une langue précise et raffinée et par de courts paragraphes entrecoupés de pauses pour le portrait d’une femme libre terriblement humaine et attachante que l’on suit dans cette étape de reconstruction sur son chemin de vie.

« Un immense respect pour les batailles que l’on mène et qui sont perdues d’avance. »

« ... la vie est un évènement qui arrive simplement à ceux qui veulent l’accueillir. »

« Elles ont lu et aimé les mêmes livres et c’est un lien plus fort que celui du sang. »

Ecouter la lecture de la première page de "Et d'une vie tout animale"

Fiche #3163
Thème(s) : Littérature française


Lydie SALVAYRE

Depuis toujours nous aimons les dimanches
Le Seuil

125 | 135 pages | 13-04-2024 | 16.5€

en stock

« Depuis toujours nous aimons les dimanches » complète avec érudition et colère le diptyque joyeux, humain, utopiste et incontournable d’Hadrien Klent. Lydie Salvayre a décidé de régler les comptes de ces apologistes-du-travail-des-autres, c’est direct, sans artifice. Le discours est étayé de moult références littéraires, philosophiques, sociales et politiques, une série d’uppercuts sur fond d’ironie. La valeur travail et ses adeptes dont beaucoup appartiennent aux apologistes-du-travail-des-autres n’ont qu’à bien se tenir !

« ... la paresse est politique. »

« La paresse est ni plus ni moins qu’une philosophie. »

« La paresse est l’autre nom de la sagesse. »

Ecouter la lecture de la première page de "Depuis toujours nous aimons les dimanches"

Fiche #3161
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Lydie Salvayre lus par Vaux Livres


Manu LARCENET

La route
Dargaud

124 | 155 pages | 01-04-2024 | 28.5€

en stock

Un bijou d'adaptation du roman de Cormac McCarthy, tout est fidèle, l'ambiance, la relation père-fils sur fond d'apocalypse, le style McCarthy et des niveaux de gris qui tempèrent, accentuent, mettent en évidence quand il le faut. Exceptionnel, un incontournable !

Fiche #3158
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Manu Larcenet lus par Vaux Livres


Cécile REYBOZ

Face à la pente
Denoël

123 | 238 pages | 01-04-2024 | 18€

en stock

Léonore, 58 ans, célibataire, une (grande) fille, est poussée sur le côté : préretraite, elle va bénéficier d’une préretraite, basculer dans une autre vie. Comment l’accepter ? Comment la préparer ? Comment s’occuper ? Le hasard la met sur le chemin d’un DJ qui lui parle d’un coin retiré des Alpes où il possède une maison. Coup de tête, c’est décidé, Léonore prend le chemin de ce petit village isérois au cœur d’une nature sublime. Dans un premier temps, la pure citadine qui ignore tout de la nature et de la ruralité, prend ses marques, (ré)apprend à « penser à voir ce qu’il y a à voir » et commence d’accepter sa nouvelle vie : « Manger, marcher, dormir… Admettre qu’au cours d’une existence, chacun passe deux années à se laver et à se brosser les dents, quatre à se nourrir, vingt-six à dormir. Qu’après ça, il reste peu de temps pour de glorieux combats. L’admettre et ne pas s’affoler, enchaîner les gestes, bien mâcher. ». Puis, elle se décide à acheter le terrain du DJ pour s’installer et le préserver, une superbe maison en train de disparaître, une cabane et au bout du terrain, « Rien », le gouffre, le vide. Elle choisira le côté de la vie, trouvera même quelqu’un pour « poursuivre ». Un roman sensible pour une quête, un sens à la vie, une place à trouver, revenir à l’essentiel pour une deuxième partie de vie douce, paisible et heureuse.

« Peut-on apprendre par cœur un paysage ? »

« Ce qui compte, c’est de continuer d’appartenir au groupe ; c’est dire si nous sommes des animaux adaptables. »

« La liberté, le moindre gain de liberté a souvent les abords angoissants d’une crête abrupte sur laquelle il faut se tenir un moment, fouettée par un vent glacial. Une fois passé la crête, ça s’arrange. »

« … les ânes sont des mages rassurants. »

« Dis-moi, se contenter de marcher en respirant à fond, c’est toujours légal ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Face à la pente"

Fiche #3159
Thème(s) : Littérature française


Anthony MARTINEZ

Les lurons de la forêt
Kaléidoscope

122 | 01-04-2024 | 14.5€

en stock

Cinq actes dans la forêt, pour sourire, pour rire et pour hurler de rire ! Les personnages sont tous drôles et attachants, les situations décalées, l'humour varié et dévastateur.

Fiche #3160
Thème(s) : Jeunesse


Hélène GESTERN

Cézembre
Grasset

121 | 555 pages | 31-03-2024 | 24€

en stock

Son divorce et la mort de son père décident Yann de Kérambrun, historien, à partir et rejoindre la maison familiale. Quitter Paris, quitter son métier. Retour à Saint-Malo face à l’île de Cézembre. Contempler la mer, le sable, le ciel… Toujours présents, toujours différents. Un lieu qui attire, hypnotise, apaise ou bouscule. Un lieu qui lui rappelle sa propre enfance notamment ses vacances avec sa grand-mère Léone mais bientôt bien au-delà. Les archives familiales et des rencontres le mènent en effet sur les traces de son arrière-grand-père, Octave, fondateur d’une compagnie maritime. Un capitaine d’industrie, brillant, qui fréquentera la haute société, mais un homme qui cachera toujours ses souffrances, ses failles, ses inquiétudes. Yan les découvre et s’y reconnaît. La légende familiale prend corps, le rôle de la mer s’éclaire, l’impact de l’histoire apparaît (conséquence de la seconde guerre, Cézembre restera interdite au public jusqu’en 2019), le silence familial se lézarde. Comprendre ces silences et ces aïeux, mettre à jour les secrets, un chemin vers une vie apaisée, peut-être à l’écart mais avec Rebecca… « Je songeais aux noms qui peuplaient les cahiers d’Octave, silhouettes incertaines qui, à chaque pièce exhumée, s’incarnaient davantage. A mon envie d’interroger leur destinée, après des décennies d’indifférence. », tout est dit : un document, une photo, une partition, et Hélène Gestern se lance brillamment sur les traces du passé, des silences, tissent des fils entre hier et aujourd’hui, nous envoûte pour mieux appréhender l’Histoire et ses conséquences, et comprendre l’héritage d’une généalogie et ses transmissions.

« Depuis le ciel, Cézembre paraît minuscule et quiète. On se demande comment un si petit promontoire a pu héberger tant de douleur et de fureur. »

« Voulu croire qu’on domestiquait ses démons comme on attache des chiens, que la force de l’esprit est assez puissante pour reconfigurer le cours des événements. Quelle illusion. »

« … le souci des vivants a plus de prix que les égarements des morts. »

Ecouter la lecture de la première page de "Cézembre"

Fiche #3157
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hélène Gestern lus par Vaux Livres


Elodie FIABANE

Dans la ville
Flammarion

120 | 175 pages | 25-03-2024 | 18€

La narratrice a deux vies, et le lecteur la suit dans l’une d’elles, dans ses maraudes avec l’uniforme de l’Institution : de nuit, avec quelques autres, elle parcourt la ville, les rues (« La rue a sa propre force agissante sur les humains... »), au contact des sans abris. Au cœur d'une grande ville, certains passent sans les voir, les ignorent et franchissent la porte du grand restaurant réputé sans un regard, d’autres en effet s’arrêtent. Deux mondes se font face, coexistent avec une frontière infranchissable. Les bénévoles réguliers connaissent ceux qui sont là de longue date, connaissent leur adresse (« … les sans-domicile-fixe qu’on rencontre ont tous une adresse précise… Les sans-domicile-fixe sont fixes. »), découvrent ceux qui viennent d’arriver et vont rester, croisent ceux qui ne font que passer. Principalement des hommes, mais aussi quelques femmes. La plume d’Elodie Fiabane est précise, descriptions de la fragilité, des corps, des blessures, des odeurs, des regards, des souffrances… Face à cette douleur, une troupe, un groupe de bénévoles, souvent jeunes. Ils ne font qu’un, apprennent à parler, apprennent les mots adéquats, apprennent à questionner, à écouter, à donner. A l’issue de chaque nuit, ils se quittent et savent qu’il faudra recommencer. Un combat vain ? Le doute voire le découragement peuvent de temps à autre les torturer. Ils partagent parfois le sentiment de honte avec les SDF qu’ils aident, honte d’être à la rue, honte d’être aidé, honte de posséder, honte de ses envies de posséder : « Nous ne pouvons pas nous considérer comme responsables de ce qui nous arrive, nous subissons notre position sociale. Il n’y a ni honte ni fierté à avoir. ». Et puis, parfois, la joie, la satisfaction d’en sauver un, de « le mettre à l’intérieur de la ville, avec nous, de notre côté. » Un premier roman digne de Terres Humaines, eux, nous, elle, dans la ville pour in fine des vies guère satisfaisantes, chacun faisant l’autruche. Jusqu’à quand ?

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Dans la ville"

Fiche #3156
Thème(s) : Littérature française


Stéphane CARLIER

La vie n'est pas un roman de Susan Cooper
Le Cherche Midi

119 | 296 pages | 24-03-2024 | 20€

en stock

Nora Melki avait trouvé le prince charmant au moins pour cette soirée inoubliable… et elle le sera ! Après un passage dans une boîte parisienne réputée des beaux quartiers, elle découvre sa très belle voiture, sa très belle propriété, mais l’homme devient violent et elle le tue d’un coup d'escarpin rageur. Désespérée, désemparée, elle a la lumineuse idée d’appeler Susan Cooper, une auteure britannique de polars installée en France et le dernier polar qu’elle a lu la convainc que Susan Cooper saura la protéger des enquêteurs, trouver la solution et la sortir de ce bourbier. Elle lui envoie un message et Susan Cooper, intriguée et curieuse, y répondra puis se laissera aller à quelques conseils… Un duo étonnant vient de naître… Un faux polar habilement construit et mené, drôle, réjouissant et haletant, avec de nombreux conseils aux écrivains en herbe, « Il n’y a pas d’humour anglais. Les Anglais ont de l’humour, c’est tout. », il ne vous reste plus qu'à découvrir celui toujours très efficace et très fin de Stéphane Carlier : troisième roman lu par Vaux Livres, troisième coup de coeur !

« L’amitié, dans ses sommets, surpasse largement l’amour. »

Ecouter la lecture de la première page de "La vie n'est pas un roman de Susan Cooper"

Fiche #3155
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Stéphane Carlier lus par Vaux Livres


Sandrine LAMOUR

Marianne BARCILON

Prout ! Prout !
Lito

118 | 23-03-2024 | 13.9€

en stock

Autruche se dépêche, ça presse ! Elle fait l'autruche, tête dans le sable, et tente de prévenir ses amis. Arriveront-ils à la comprendre ? Il vaudrait mieux pour les nez sensibles...

Fiche #3153
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Marianne Barcilon lus par Vaux Livres


Kerstin SCHOENE

Un tas d'amis
Minedition

117 | 23-03-2024 | 15€

en stock

Tout est possible quand on se découvre ds amis, même toucher les étoiles ou plutôt les nuages !

Fiche #3154
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Julie Duteil


Claire DEYA

Un monde à refaire
L'Observatoire

116 | 410 pages | 18-03-2024 | 22€

en stock

Printemps 1945, côtes varoises, la guerre se termine, la vie pointe son nez, mais les Allemands, sur le départ, ont laissé des millions de mines, obstacles à une nouvelle existence apaisée. Alors il va falloir déminer, des hommes avec leurs vécus de guerre s’y collent la peur au ventre, Français et Allemands, toujours jeunes. Certains ont résisté, d'autres non, ont été prisonniers, d’autres ont combattu, d'autres non, beaucoup ont perdu des proches. Tous aspirent à retrouver une certaine normalité, à trouver leur place dans un nouveau monde. Peu à peu, dans la peur, la tension, dans le travail, certains vont se rapprocher : « Cette guerre avait été une transgression totale et barbare, et, pourtant, s’esquissait déjà, au sein même de ces groupes de déminage, l’idée d’un avenir commun aux pays d’Europe. » Parmi eux, Vincent, médecin, recherche Ariane, son amour disparu en 1944. D’autres guettent l’instant propice pour s’échapper. Tous ont croisé la mort, et parfois peinent à comprendre pourquoi, eux, sont restés vivants : « Maintenant, on est tous pareils, pour l’essentiel. On a nos morts, on aimerait revenir au monde d’avant. Et on doit apprendre à vivre maintenant… ». Un premier roman époustouflant qui, avec une superbe palette de personnages, dans les derniers sursauts de la guerre décrit une romance émouvante et bouleversée par le conflit, le début de l’abandon de la haine et les prémices d’un rapprochement entre des camps qui se sont affrontés au-delà de l'imaginable. Reconstruire pour vivre, ensemble.

Premier roman

« … il n’y a que pendant la guerre qu’on voit, de manière aussi crue, le pire de l’être humain. Mais c’est aussi pendant la guerre et seulement là, que certains atteignent le sublime. »

« … on ne connaît la valeur d’un être humain qu’au travers des épreuves. »

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Fiche #3152
Thème(s) : Littérature française


Anne PERCIN

Les loups de Babylone
La Manufacture de Livres

115 | 332 pages | 17-03-2024 | 20.9€

en stock

Sophie Cauchy pose ses valises à Millau loin de la banlieue parisienne : elle la quitte mais c’est surtout David, son mari, dont elle s’éloigne. Relation toxique, emprise, isolement, l’homme devenait dangereux. Elle doit tout reconstruire, se reconstruire dans cette petite brigade. Elle est rapidement mise à l’épreuve quand elle accueille les parents d’une jeune fille de 22 ans venant signaler la disparition inquiétante de leur fille. Oui, elle vivait à la marge, oui, c’était une zadiste, mais jamais elle n’a coupé le contact et c’est donc en effet un silence alarmant. Elle était venue sur les Causses rejoindre une communauté vivant à l’écart, cultivant, élevant, travaillant, avec ses règles, ses envies, ses convictions. Des gens différents donc inquiétants et bouc émissaire parfait… Les enfants fréquentent les établissements scolaires, et parmi eux, Estéban, souffre douleur du collège, a comme seule amie, Cassandra, une jeune placée dans une famille d’accueil. Sophie Cauchy, tout en découvrant cette belle région parfois sauvage et ses habitants, va devoir faire preuve de diplomatie et de psychologie pour à la fois trouver sa place dans son nouvel environnement, franchir les portes de cette communauté et démasquer les loups toujours à l’affût. Une belle palette de personnages, les conséquences d’une relation toxique, le danger et le mal inquiétants qui rôdent, une région superbe, les ingrédients parfaits pour un roman qu’on ne lâche pas.

« Il est étonnant de voir à quel point on bâtit soi-même les murs qui nous enferment. »

« Maintenant, j’ai l’impression qu’on leur donne tout, aux gosses, mais pas l’essentiel : on ne leur donne pas de futur. »

« Une fois que les loups s’approchent du troupeau, il faut être prêt à perdre une bête, perdre ses nuits de sommeil… sacrifier quelque chose. Ca s’appelle faire la part du loup. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les loups de Babylone"

Fiche #3150
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne Percin lus par Vaux Livres


Sylvain PATTIEU

Une vie qui se cabre
Flammarion

114 | 345 pages | 17-03-2024 | 21.5€

en stock

L’uchronie originale proposée par Sylvain Pattieu dans Une vie se cabre plonge ses racines dans une loi largement oubliée (est-ce un hasard ?), la loi Lamine Guèye (votée le 25 avril 1946), député socialiste de Dakar, qui devait accorder la citoyenneté française et les mêmes droits à tous les ressortissants de l’Empire, métropole et colonies. Sylvain Pattieu imagine que la France hexagonale, la petite France , laisse donc le pouvoir ; Aimé Césaire préside en effet, rapidement remplacé après son assassinat par sa femme Suzanne. Quels impact sur la vie de chacun ? sur le collectif ? Les conséquences du colonialisme en auraient-elles été modifiées ? Le récit accompagne le destin de Marie-des-Neiges, une jeune femme qui quitte Dakar, sa professeur Maryse Condé, ses parents pour Aix-en-Provence et la liberté. Liberté d’apprendre et de faire apprendre en devenant institutrice. Au milieu d’un groupe d’amis unis et bigarrés, les idées se confrontent, se frottent, relations intimes et politiques se déploient. Entre Aix et Marseille, la destinée de Marie-des-Neiges nous offre moult rencontres, des anonymes ou non (Léopold Senghor, Aimé Césaire, Suzanne Roussi-Césaire, Maryse Condé, Gerty Archimède, Jenny Alpha, Fabienne Ega, Claude McKay…) et nous rappelle les douloureux soubresauts de l’histoire des années 60. Une humanité commune pouvait-elle encore naître malgré l’histoire, malgré les évènements, les affronts et les déchirements ? Sylvain Pattieu, optimiste, cible brillamment et avec érudition ce moment particulier de la loi Guèye comme un instant possible de bifurcation, espérons qu’il y en aura d’autres…

Ecouter la lecture de la première page de "Une vie qui se cabre"

Fiche #3151
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sylvain Pattieu lus par Vaux Livres


Marion BRUNET

Nos armes
Albin Michel

113 | 375 pages | 10-03-2024 | 20.9€

1997, « Ils sont en lutte, enfants en colère de cette fin de siècle, ils relèvent chaque injustice avec la rage des condamnés. ». Cette jeunesse engagée relève aussi que rien ne change. Colère et rage les animent, l’envie d’en découdre, l’envie de changement, d’une société juste et solidaire où la confiance règne. La violence, ils la subissent quotidiennement (« La violence, c’est bien plus qu’un fusil. »), alors ils vont répondre. Violemment. Définitivement. Et ça leur coûtera cher. Mano, Axelle, Charly, Jicé, Paola, Nacer partagent un squat, toujours prêts à en découdre avec l’extrême droite, tractent, manifestent, prêts à la violence et à payer pour leurs actes et ils vont payer. Désarmés, ils vont prendre les armes : un casse qui tourne mal, l’un d’eux et un flic restent à terre, Axelle est arrêtée, Mano réussit à s’échapper. Ces deux jeunes femmes s’aimaient et vont nous faire partager (à la troisième personne pour Mano, à la première pour Axelle) leurs vies séparées, dans l’attente, dans l’espoir de retrouvailles. Axelle, terroriste pour les uns ou délinquante pour les autres, est condamnée à 25 ans et décrit l’univers carcéral, l’avilissement, l’anéantissement, les violences physiques et psychiques… Mano est dans l’attente et la culpabilité, en souffrance permanente, des tentatives pour retrouver un quotidien normalisé mais sa vie est brisée. Deux jeunes femmes en colère animées d’idéaux, d’envie d’amour, d’une société apaisée, où chacun pourrait trouver sa place mais deux vies brisées, et aucun changement à l’horizon, la destruction en marche pourra-t-elle être évitée ?

« J’emmerde le plus grand nombre, si le plus grand nombre pense de la merde. »

« Mais aux yeux du public, l’émeute semble dénuée de sens politique, alors même qu’elle suspend soudain l’ordre social, ils le savent. C’est là qu’elle prend son sens, et si elle est sans drapeau, elle est indéniablement politique. »

Ecouter la lecture de la première page de "Nos armes"

Fiche #3148
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marion Brunet lus par Vaux Livres


Fabien TRUONG

Routines
Rivages

112 | 208 pages | 10-03-2024 | 19€

en stock

Cléricourt est une petite ville paisible jusqu’à l’apparition sur les réseaux de messages signés par le serviteur. Alors que trois jeunes filles viennent de disparaître, il s’accuse et revendique jour après jour meurtres et décapitations. Aucun corps n’est pourtant retrouvé mais l’inquiétude croît, les rumeurs courent, la peur s’installe, les réseaux s’enflamment. Qui est ce serviteur ? quel est ce fou ? ce terroriste ? Où sont les morts et qui sont-ils ? Les politiques, la police, les journalistes, la population sont sur le qui-vive, le quotidien en est naturellement bouleversé mais la vie continue néanmoins impactée par ces messages, certains liens s'estompent, d'autres se créent ou se renforçent. Et pourtant Tibor est sous leurs yeux, ils le connaissent tous. Après ses meurtres, il fréquente la médiathèque (et la bibliothécaire) pour envoyer ces messages, mettre des mots sur ses actes et les partager avec tous, avec nous et peut-être avec les responsables de sa folie meurtrière ? L’enquête le mettra-t-il à jour ? Quelles sont ses motivations ? Suspense digne d’un excellent polar, Fabien Truong pour son premier roman propose un texte parfaitement construit et maîtrisé, surprenant (le résumer sans révéler le moindre indice est un tour de force !), inquiétant, questionnant, et abordant des problématiques très contemporaines touchant chacun de nous.

Premier roman

Fiche #3149
Thème(s) : Littérature française


NATYOT

Le bercail
La Contre Allée

111 | 135 pages | 04-03-2024 | 18€

en stock

Retour au Bercail : la fille après dix ans est de retour à Bourg-en-Bresse, dans la maison de son enfance. Elle rentre, elle retrouve ses parents, père, mère, pèremère, Vincentpère, Caromère, Vincent et Caroline. Les trois ressentent une peur impalpable. Pourquoi ce retour ? Le sait-elle ? Le sauront-ils ? Pourtant rien n’a changé, le couple, la maison, l’emprise du père sur la mère, la pelouse parfaite… Ils l’accueillent avec étonnement, presque avec crainte. Ils la savent différente, décalée : « … Depuis toujours elle l’était. De cette différence imperceptible dans la vie courante. Et, à cause de cette différence, qui n’était ni plus ni moins qu’une différence d’appréhension du monde, la fille leur en avait fait baver. ». Chacun tente de reprendre ses marques. Difficilement. « La comédie humaine. Est-ce bien nécessaire ? ». Sa présence n’était ni attendue ni préparée. Le couple est perturbé. Chacun observe, interprète, réfléchit avec son mode de pensée propre. Ils l’observent, se retrouvent face à elle, ils se souviennent qu’« Elle manque de discernement mais pas de vivacité. Il faudra maîtriser son énergie. Parfois elle ne saura pas qu’elle va trop loin. Restez attentifs. Pèremère étaient prévenus. ». Elle retrouve le lieu de son enfance, face à eux, au milieu d'eux. Parviendront-ils à parler, d’aujourd’hui, d’hier, de demain ? Un huis clos familial sous l’ombre de la folie en miroir avec une écriture directe, scandée, lumineuse.

« Il poste la vidéo. Puis il attend qu’on l’aime. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le bercail"

Fiche #3147
Thème(s) : Littérature française


Hadrien BELS

Tibi la Blanche
L'Iconoclaste

110 | 250 pages | 25-02-2024 | 20€

en stock

L’année est essentielle pour Tibilé, Rigobert dit Neurone et Issa : c’est en effet l’année du bac, ils sont dans la dernière ligne droite, à quelques jours de l’échéance : l’année où les projets se réalisent ou s’éteignent, l’année où certains prennent le chemin de la liberté et d’autres restent enfermés dans leur quotidien. Et donc certainement aussi l’année de leur séparation. Ces trois personnages principaux issus de trois ethnies sont complétés par un quatrième aussi essentiel : Dakar. La ville du thiep, la ville des odeurs, la ville du mbalax, des marabouts, des croyances... Ces trois là ne font qu’un. Tibilé brillante à l’école rêve de partir en France pour notamment gagner un peu de solitude et beaucoup d’indépendance. Neurone excellent sur les bancs de l’école ne doute pas de son intégration dans les plus grandes écoles françaises mais reste plus préoccupé par son amour non déclaré à Tbili. Issa doit beaucoup à ses amis pour ses résultats scolaires et rêve de défilés de mode, de style, de wax : son désir est en effet de devenir styliste à Dakar. A travers le parcours de ce trio adolescent débordant de vie et d’espoirs, Hadrien Bels décrit avec humour et par petites touches subtiles la société sénégalaise de Dakar dans toute sa splendeur. En abordant tous les pans de la société sur un rythme endiablé, sans ignorer les restes du colonialisme, les effets du néocolonialisme, la corruption, les contradictions et dérives, le griot marseillais dresse les portraits débordant d’amour et d’empathie et très imagés de Dakar et de ses trois ados emblématiques du nouveau Sénégal.

« Et pour un Sénégalais, la France, c'est la femme auprès de laquelle tu vas te plaindre de tes maux de dos, alors que tu réserves tes prouesses de lit à ta maîtresse. »

« Les femmes te poussent à sortir de l'enfance. »

« Les yeux, c’est le seul endroit où l’on peut voir à l’intérieur des gens. »

Ecouter la lecture de la première page de "Tibi la Blanche"

Fiche #3146
Thème(s) : Littérature française


Séverine VINCENT

Mémé folle
Deville

109 | 210 pages | 19-02-2024 | 20€

en stock

Le portrait de Marguerite est dressé par son arrière petite fille qui a hérité d’un meuble et derrière chaque nervure, chaque sculpture, dans les tiroirs se cache la vie tumultueuse de Mémé folle. Une fugue amoureuse à 83 ans depuis un EPHAD donne un indice fort du caractère de la (grande) dame ! Et Marguerite n’en est pas à son coup d’essai. En effet mineur, elle a déjà fugué quittant sa famille de la vieille bourgeoisie française du Nord, guindée et sévère, pour un potentiel amoureux à Paris. Liberté, passion, sincérité et spontanéité guideront son chemin de vie à travers le XX ème siècle pour s’achever avec le grand amour à plus de 80 ans ! Mais Claude, l’adjudant-chef de la gendarmerie, maire de Wy-dit-Joli-Village, habitant comme Marguerite du hameau Enfer, est sur ses traces, une traque qui le bouleversera lui aussi, personne ne peut rester insensible à Marguerite, à sa fougue et à ses choix ! Des répliques qui font mouche, trois mouvements vifs, rythmés, pour le portait enflammé et attachant de Mémé folle, une vie en mouvement, ardente et bouillonnante sortie d’Enfer !

Premier roman

« Même la vie peut se perdre quand il s’agit de gagner sa liberté… »

Ecouter la lecture de la première page de "Mémé folle"

Fiche #3144
Thème(s) : Littérature française


Colombe BONCENNE

De mes nouvelles
Zoe

108 | 125 pages | 19-02-2024 | 16€

en stock

Une écrivaine, la quarantaine, partage ses réflexions intimes, son quotidien entre son compagnon et ses analyses passées ou en cours, ses doutes, sa relation au réel et à l’imaginaire, son appréhension du réel en tant que femme et en tant qu’écrivaine, son envie et parfois sa difficulté d’écrire. Elle montre comment les faits du réel du plus anodin ou plus présent peuvent susciter quelques lignes, une nouvelle ou un roman et de même, constate étonnamment, qu'un fait né de son imaginaire au coeur d'une nouvelle peut se concrétiser en un fait réel, comme un présage mystérieux et inattendu : imbrication de la fiction de la réalité. Les nouvelles s’enchaînent ou s’enchâssent pour mieux dévoiler une écrivaine qui laisse tomber le masque avec retenue et modestie.

Fiche #3145
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Colombe Boncenne lus par Vaux Livres


Claire GRIMOND

VERRIER LÉO

Le navire écarlate
Jungle

107 | 110 pages | 14-02-2024 | 17.95€

en stock

Malo est un artiste en herbe. Il adore dessiner, peindre et il a un modèle, sa grand-mère Zita, une artiste reconnue. Elle l’encourage, le pousse, l’incite à oser car Malo doute de son talent. Ils rencontrent des pirates artistes qui logent dans un magnifique et étonnant bateau volant et c’est le début de rencontres et d’une aventure périlleuse au cœur de la création artistique et des couleurs qui permettra à Malo à s'affirmer.

Fiche #3141
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


Sylvain RUNBERG

Jean-Charles POUPARD

Les griffes du Gévaudan
Glénat

106 | 60 pages | 14-02-2024 | 15.5€

en stock

« Les griffes du Gévaudan » reviennent sur l’affaire de la bête du Gévaudan en 1765. « Une malbête », un animal mystérieux, monstrueux, dangereux hante le Gévaudan, tous affirment que ce n’est pas un loup. Il ne craint pas les humains, il tue, tue sauvagement, démembre... La peur s’installe, la tension monte. Le Roi missionne un chasseur reconnu et son fils pour éliminer la bête. Les tensions politiques complètent la terreur de la population. Après quelques semaines de traque infructueuse, le père et le fils divergent sur l’origine du mal et la marche à suivre... Superbe diptyque, on attend le dernier tome avec impatience.

Fiche #3142
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Sylvain Runberg lus par Vaux Livres

Les titres de Jean-Charles Poupard lus par Vaux Livres


Alexandre LACROIX

Jérémy PAILLER

Le Brutalone
Kaléidoscope

105 | 14-02-2024 | 14.5€

en stock

Un joli conte pour parler avec tendresse (et sans mièvrerie) de force, de délicatesse et d'amitié. Superbe album tant pour le texte que pour les illustrations.

Fiche #3143
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jérémy Pailler lus par Vaux Livres


Sigrídur Hagalín BJÖRNSDÓTTIR

Eruptions, Amours et autres cataclysmes
Gaïa

104 | 328 pages | 13-02-2024 | 23€

en stock

Anna Arnardóttir, prof de volcanologie, directrice de l’Institut des Sciences de la Terre est une éminente scientifique : connaissance parfaite de son domaine, sûre d’elle ( « Simpliste, idiote et ignorante des forces auxquelles je me frotte, comme une gamine qui s’amuse avec une arme de destruction massive. »). Elle a suivi ce parcours soutenue par son père alors que les liens avec sa mère furent plus distants. Entre attirance et peur, fascination et crainte, beauté et violence, les volcans font partie de la vie, de l’ADN des Islandais. L’Islande leur doit tout, sa naissance mais peut-être aussi sa disparition (« En résumé, l’Islande n’est pas une véritable terre, mais un malentendu géologique, elle a été créée par hasard et continue de l’être... »). Cet attrait est donc pour Anna autant intime que professionnel. Anna mène une vie sereine, tranquille avec son mari très aimant et deux enfants. Mais le feu couve sans qu’elle le sache, le maîtrise... Un départ pour un travail sur le terrain, une rencontre fortuite avec un photographe, Tomas Adler et c’est l’éruption inattendue, elle qui pense tout maîtriser tombe follement amoureuse et ce volcan d’amour met en péril sa vie familiale, bouleversement intime, attirance, crainte de l’avenir... Le récit établit alors un parallèle (parallèle entre nos sentiments, nos attentes, secousses d’un volcan, secousses d’une vie, naissance d’un enfant et croûte terrestre qui se déchire...) bienvenu tant le vocabulaire de ces deux domaines est partagé et commun. Et à plus de quarante ans, un amour puissant peut être aussi dévastateur et violent qu’une lave que rien n’arrête... Superbe et dense roman, réflexions sur la science et l’histoire islandaise, plongée dans le quotidien islandais et dans l’âme humaine avec un parallèle judicieux.

« Quelle poésie serait capable de rendre compte du moment où le magma se fraye un chemin dans les entrailles de la terre jusqu’à sa surface ? Regarde ces vapeurs, leur couleur, leur luminosité, sens le sol qui tremble sous tes pieds, quel poème pourrait exprimer tout ça ? »

« ... l’amour est la chose la plus grandiose et la plus terrible qui puisse nous arriver, il met le monde sens dessus dessous, il nous prive de notre assurance et de notre intrépidité, c’est une faille qui s’ouvre sous nos pieds, un gouffre sans fond où n’existe que la terreur de perdre celui que nous aimons.... Aimer signifie vivre dans une peur permanente. »

« ... il arrive que l’intelligence fasse preuve de stupidité et d’arrogance. Elle nous donne parfois une assurance illusoire. Elle conduit parfois les gens à penser qu’ils contrôlent des choses qu’il est impossible à contrôler. Parfois, la raison n’est qu’une illusion... »

Ecouter la lecture de la première page de "Eruptions, Amours et autres cataclysmes"

Fiche #3139
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Eric Boury


Gaëlle JOSSE

A quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?
Noir sur Blanc

103 | 220 pages | 13-02-2024 | 17€

en stock

Gaëlle Josse propose trente trois microfictions avec comme point commun la nuit, la nuit de chacun : « Ce sont les heures où le cœur tremble, où les corps se souviennent, peau à peau avec la nuit. On ne triche plus. Ce sont les heures sentinelles de nos histoires, de nos petites victoires, de nos défaites. ». Des nuits d’attente, des nuits d’interrogation, des nuits de décision, des nuits d’écoute, des nuits d’espérance, des nuits de remise en question, des nuits de solitude, des nuits de souvenirs, des nuits accompagnées de fantômes, des nuits de rêves, des nuits de peur, des nuits obscures, des nuits de désirs, des nuits d’écriture, des nuits pour rien... Avec sa précision, sa délicatesse et sa sensibilité habituelles, Gaëlle Josse nous dresse les portraits courts, précis et réalistes de femmes, d’hommes, d’enfants, de nous et des autres, dans un instant particulier où chacun est vulnérable et vrai.

Ecouter la lecture de la première page de "A quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?"

Fiche #3140
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Gaëlle Josse lus par Vaux Livres


Gilles VINCENT

Amadeus
Au Diable Vauvert

102 | 330 pages | 04-02-2024 | 20€

en stock

Stéphane Brindille est interné dans un service de psychiabatrie depuis quelques années. Il ne le sait pas encore, mais Damien Faust, psychopathe démoniaque, tueur en série, a jeté son dévolu sur lui : il reste son objet, sa chose, son héritier, l’élu. Il est désigné pour reprendre le flambeau. Rien, ni personne ne peut arrêter Damien Faust, amateur forcené de la symphonie N°41 de Mozart. L’homme n’a pas de limite pour obtenir ce qu’il souhaite et tel un serpent se faufilant, se cachant pour mieux réapparaître là où on ne l’attend pas, intelligent, manipulateur, machiavélique, il a toujours un coup d’avance sur ses poursuivants. Cela débutera par un chantage terrible sur la psychiatre en chef pour obtenir la libération de Brindille. Mais Brindille réussira à lui échapper et sera mis à l’abri sous une autre identité par la police. Les traques entre Tarbes et Marseille sont lancées : Damien Faust après Stéphane Brindille, la police et une mystérieuse et téméraire photographe aidée par un jeune journaliste amoureux après Damien Faust. Tendu, angoissant, haletant, terrifiant envoûtant, repoussant et délicieux.

« Mieux vaut se faire avoir de temps en temps que de se méfier des autres toute sa vie. »

« Le danger ne vient pas toujours d’où on l’attend. »

« Le mal ne dort jamais, il patiente. »

Ecouter la lecture de la première page de "Amadeus"

Fiche #3138
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Gilles Vincent lus par Vaux Livres


Jean-Philippe BLONDEL

Traversée du feu
L'Iconoclaste

101 | 205 pages | 29-01-2024 | 20.9€

en stock

Les fidèles de Jean-Philippe connaissent à travers ses romans les premiers drames qu’il a vécus autour de la vingtaine : deux accidents qui le laissent seul, dans le premier disparaissent sa mère et son frère et quelques années plus tard son père meurt dans un second accident. Cercles de feu qu’il a su surmonter : une vie d’écrivain, une vie de prof d’anglais, une vie familiale. Au début du Covid, il a 55 ans et apprend qu’il est atteint d’un cancer, le feu est de retour et lui rappelle les premiers. Il pourrait sombrer, abandonner, mais la petite flamme de la vie subsiste et l’appelle : « Le cancer, ce n’est pas la mort. Mets-toi ça dans le crâne. Secoue-toi. ». Jean-Philippe Blondel partage cette période avec sincérité, sa lutte, sa rencontre avec le monde médical, ce qu’il subit, ses réactions, son envie furieuse de vivre, celles et ceux qui l’entourent, ses proches, ceux qui reviennent, ses collègues. Son attachement à la transmission et sa passion pour son métier pour une part entretiennent furieusement cette flamme pour la vie. Une leçon d’humanité réconfortante, un combat de vie (« … cette montée de sève ahurissante. Ce que certains appellent l’envie de vivre. A tout prix. »), un combat pour la joie, le rire, le partage.

« Je sais depuis longtemps que le vrai pouvoir réside dans l’écoute et non dans la prise de parole. »

Ecouter la lecture de la première page de "Traversée du feu"

Fiche #3137
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Anna ENQUIST

Démolition
Actes Sud

100 | 320 pages | 28-01-2024 | 22.8€

en stock

L’héroïne de ce roman est Alice Augustus, riche compositrice, quarante ans. Le récit s’ouvre sur une démolition qui la bouleverse : une petite fille saute à la corde sur un mur que l'on détruit. Cette vision l'ébranle, lui tire les larmes et lui rappelle son enfance, l'enfant qu'elle n'a pas eu et qu'elle aurait dû avoir et le chemin médical qu'elle suit actuellement pour devenir mère. Alors Alice va se dévoiler : son métier passion qu’elle a choisi contre sa famille, ses rencontres, l’apaisement qu’il lui a apporté face aux vicissitudes de la vie. Puis son intimité : son amie Svea également musicienne mais aussi mère, une amie sur laquelle elle pourra toujours compter, son mari qui travaille dans un grand cabinet d’affaires bien loin de la musique, un couple sans enfant alors qu’elle continue d’espérer devenir mère et ce manque, ce vide la ramène à son enfance. Elle ne cache rien, ses choix, ses questionnements, ses hésitations, à la fois dans sa vie professionnelle au cœur de la création et dans sa vie personnelle au cœur de la procréation. Elle endosse toute la responsabilité de ses échecs. La musique et la création (comme Haydn) la sauvent mais la douleur persiste (« Ce sentiment de détresse, elle le traîne à présent avec elle. ») et ni elle ni les doutes qu’elle engendre ne la quitteront jamais. Pourtant, jamais elle ne se résignera. Comme à chacun de ses romans, Anna Enquist offre une plongée dans l’âme humaine, au plus profond, mise à nu des sentiments, des doutes, des désirs, des contradictions, des questionnements, un texte maîtrisé, émouvant, dense et intense avec une écriture rythmée.

Ecouter la lecture de la première page de "Démolition"

Fiche #3135
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Emmanuelle Tardif

Les titres de Anna Enquist lus par Vaux Livres


Jón Kalman STEFÁNSSON

Mon sous-marin jaune
Bourgois

99 | 405 pages | 28-01-2024 | 22€

La vision de Paul McCartney dans un parc londonien en août 2022 surprend le narrateur qui est écrivain. Il s’agit du héros de sa jeunesse et il rêve de lui parler. Pour lui dire quoi ? Il doit trier ses souvenirs et va donc nous faire voyager dans le temps et l’espace : de son enfance à 2023, Islande, Moyen-Orient, Londres, les croyances, la musique, un sous-marin jaune et les Beatles, la vie et les personnes attachantes rencontrées, la mort. Enfant, il apprend en effet la mort de sa mère en voiture avec son père. Un mur et le silence les sépareront à jamais. Il trouve un premier réconfort dans la beauté de la nature sauvage des fjords (et des habitants même bourrus) avec sa belle-mère, un apaisement rapidement complété par ses visites à la bibliothèque (« un second foyer »), un premier et essentiel contact avec le livre qui orientera certainement sa vie. Sans jamais perdre le lecteur, Stefánsson nous fait passer d’un pays à l’autre, d’une époque à l’autre, de la fiction à la réalité. Un récit autobiographique original expliquant son chemin vers l’écriture, son amour de la fiction (« … j’ai toujours eu une dent contre la réalité, que je me suis employé à repousser, mettre en doute, démolir, transformer. ») qui éclaire ses précédents romans pour ceux qui les ont lus et qui incitera espérons-le les autres à les découvrir.

« Le passé ne passe jamais, il colle à la peau et refuse de nous lâcher. Il est dans tout ce que nous faisons, pensons, ressentons, pourtant, il ne revient pas. »

« Parce qu’il faut du courage pour aimer, et qu’on doit en manquer pour cogner ? »

« … celui qui prétend comprendre le monde est soit un idiot soit un menteur. »

« …au royaume de la sterne, la vie est plus forte que la mort. »

« Je m’efforce de cacher ma tristesse et mon chagrin lorsque je comprends que la vie a toujours prospéré en passant par la mort. »

« Ah, qu’il est ennuyeux d’être mort. »

« Celui qui passe trop de temps dans la solitude perd sa faculté d’étonnement. Celui qui ne sait plus s’étonner se change en eau croupie et pauvre en oxygène. »

« Je dois donc creuser plus profond encore, c’est alors que m’apparaît le principe de l’oubli, et je constate que c’est le terreau sur lequel prospèrent la cruauté, l’intransigeance et la violence. »

Ecouter la lecture de la première page de "Mon sous-marin jaune"

Fiche #3136
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Eric Boury

Les titres de Jón Kalman Stefánsson lus par Vaux Livres


Anne DELAFLOTTE MEHDEVI

Trop humain
Buchet-Chastel

98 | 320 pages | 25-01-2024 | 21.5€

en stock

A Tharcy, petit village de campagne, cela devient exceptionnel, un café, le Bal, garde ses portes ouvertes. Grâce à Suzie, « le prénom d’une nostalgie ». Le café et Suzie ne font qu’un, une institution, un monument, ils semblent là depuis toujours. Un café à l’ancienne, où l’on vient discuter, rigoler, s’engueuler, écouter, ou simplement passer du temps, être ensemble, avec les autres, avec Suzie, totalement dévouée. Les anciens continuent de le fréquenter mais ils sont aujourd’hui rejoints par les nouveaux, les néo-ruraux venus s’installer à la campagne. L’un d’eux s’en distingue : Mr Peck, un ingénieur, digne, stylé, riche, qui a acheté le vieux presbytère. Suite à une grave maladie, il repart quelques temps vers la ville. De retour après guérison, il est accompagné du robot Tchap, assistant de vie électronique (AVE), qu’il a développé et mis au point. La froide bestiole dérange et intrigue. Cette nouveauté inattendue provoque en effet étonnement, inquiétude, peur… à la fois du côté des anciens mais aussi du côté des nouveaux arrivants pour diverses raisons. Suzie d’abord en retrait est curieuse et ouverte et va donc progressivement s’y intéresser, les deux vont s’apprivoiser et Suzie s’ouvrira à Tchap comme à personne. Elle lui confiera ce qu’elle n’a jamais avoué à quiconque : son enfance, ses souvenirs douloureux, ses parents… mais le passé, certains préfèrent l’oublier et Tchap l’apprendra. Anne Delaflotte Mehdevi donne naissance à des voix qu’elle sait nous faire entendre, dresse avec son talent habituel le portrait de deux mondes amenés à cohabiter même si le plus ancien est en voie d’extinction, le portrait d’une femme (et de son café) attachante et nous interroge sans manichéisme sur l’installation dans l’intimité « des bêtes à sang chaud » d’une technologie toujours plus puissante et intrusive.

« Les gens romancent leur vie par procuration… Les ragots sont une distraction qu’on s’offre à la campagne à défaut de théâtre… En Province, la mise de départ, au jeu du pas vu pas pris, est beaucoup plus conséquente. »

« L’imprévu pour une machine, c’est la panne. Pour nous le hasard, une coïncidence, l’imprévu c’est la vie. »

Ecouter la lecture de la première page de "Trop humain"

Fiche #3134
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne Delaflotte Mehdevi lus par Vaux Livres


Béatrice CASTANER

Maï et Mouna
Serge Safran

97 | 135 pages | 24-01-2024 | 16.9€

en stock

Maï et Mouna sont jumelles. Pendant longtemps inséparables, fusionnelles, « Adolescentes, nous n’avons jamais été séparées un seul jour… », elles ne font qu’une, « …personne ne pouvait remplacer l’une de nous pour constituer notre tout. » avec le sentiment de leur différence, « … posséder quelque chose que les autres ne pourraient jamais s’approprier. ». Néanmoins, ce court roman décrit leur évolution vers le moment où elles deviendront deux, deux personnes. Elles sont métisses, nées d’un père français et d’une mère (guérisseuse) burkinabaise, leur ressemblance physique est grande. Elles vivent l’année scolaire au Burkina Fasso et passent l’été chez leur grand-mère dans le Limousin qui tient un café. Le récit est celui de Mouna entrecoupé de quatre courtes cartes postales de Maï, Mouna désire ici partager leur Histoire, sans voile ni artifice. Un lien unique, fort, voire même étrange les lie dès leur plus jeune âge, chacune est le refuge de l’autre. Les caractères, les personnalités se forgent, Maï plus audacieuse, plus exubérante, Mouna plus en retrait, plus mélancolique. Puis, peu à peu, les sentiments s’élargissent : quelques pointes de jalousie, le désir de garder l’autre, de l’exclusivité, la rivalité devant la mère et puis la découverte de l’amour et enfin la séparation à la mort de la mère. Un roman original tant dans sa forme que dans son fond, qui montre avec virtuosité à la fois la puissance et la fragilité des liens issus de la gémellité.

« Si ta parole n’est pas plus belle que le silence, tais-toi et observe le monde ! »

Ecouter la lecture de la première page de "Maï et Mouna"

Fiche #3132
Thème(s) : Littérature française


Cécile COULON

La langue des choses cachées
L'Iconoclaste

96 | 138 pages | 24-01-2024 | 17.9€

en stock

Dans une campagne retirée, les habitants attendent, veillent, chacun sait ce qu’il ne faudrait pas sur ses voisins et la mère passe discrètement de maison en maison. Elle guérit, soigne, aide, répare. Elle connaît et maîtrise en effet la langue des choses cachées. Elle a transmis son savoir à son fils qui l’a regardée œuvrer en silence. C’est le moment : le fils part seul vers ce hameau du Fond du Puits pour la remplacer. Avec inquiétude, il se retrouve face à un homme brutal et violent et son fils. Il suit réellement les pas de sa mère puisqu’il découvrira qu’elle est déjà venue ici et son passage n’est pas resté sans trace puisqu’elle y a commis une erreur. Cette découverte le bouleverse et remet en cause quelques certitudes, sur sa mère, sur son pouvoir, sur ses capacités… Il s’interroge, harmoniser la cruauté lui suffira-t-il ? Que faire des douleurs qu’ils (lui et sa mère) ont laissé et laisseront derrière eux ? Doit-il continuer le chemin tracé par sa mère ? Une histoire sombre à l’écriture lumineuse, un conte noir, percutant, haletant au cœur d’une nature sauvage et silencieuse où les femmes ont la vie dure…

« C’est ainsi que vient la mort, nous l’accueillons avec des bras pleins de fleurs, des yeux pleins de larmes, surpris qu’elle nous connaisse si bien, et qu’elle éveille en nous des amours plus fortes que la vie elle-même. »

Ecouter la lecture de la première page de "La langue des choses cachées"

Fiche #3133
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Coulon lus par Vaux Livres


Marion FAYOLLE

Du même bois
Gallimard

95 | 115 pages | 22-01-2024 | 16.5€

en stock

« Du même bois » nous place au centre du famille, dans une ferme qui se transmet de génération en génération, au cœur de la ruralité. Pas de prénom, pas de date précise. Ils sont à la fois différents et pourtant, ne font qu’un. L’histoire de la famille est en chacun d’eux, mais l’exprimer reste impossible, le silence est de mise. Ils vivent à côté et avec les animaux, un chien une poule faisane, des vaches… ils sont omniprésents et rythment les journées. Le quotidien est rude, répétitif mais chacun l’accepte et l’endosse. Chaque nouvelle génération reprend le flambeau, mais la flamme commence de faiblir. Le monde paysan s’étiole. Avec poésie, Marion Fayolle décrit autant les sentiments intimes que la beauté d’une vache broutant dans une prairie, les secrets familiaux que les rais de lumière traversant la rosée du matin ou la beauté des paysages… Par petites touches, un monde, un environnement, une famille nous sont rendus familiers. Un joli, doux et tendre voyage au sein d’une paysannerie qui disparaît en silence.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Du même bois"

Fiche #3131
Thème(s) : Littérature française


Magyd CHERFI

La vie de ma mère !
Actes Sud

94 | 270 pages | 21-01-2024 | 21.5€

en stock

Le titre du dernier roman de Magyd Cherfi peut être lu sur plusieurs tons en concordance avec son contenu : le portrait d’une femme, d’une mère, d’une reine mère kabyle, sous toutes ses facettes. Slimane, la cinquantaine, ne voit plus sa mère depuis quelques mois et à l’occasion de l’enterrement du père de l’un de ses amis, il envisage de la revoir, de renouer. Il espère convaincre ses sœurs et frères de le suivre car certains se sont aussi éloignés tant la mère peut parfois être pesante, imposante, les rancoeurs peinant à s’estomper... Ce retour et ce moment particulier vont éclairer Slimane. Sans oublier la mère qui a tiré les ficelles parfois avec malice, lui (comme ses frères et sœurs) qui a toujours couru derrière son amour va (enfin) découvrir une mère capable d’aimer, de danser, de chanter, dit autrement une femme. Evidemment, lors de retrouvailles, l’atmosphère et le ton oscillent, entre douceur et violence, rires et pleurs… Les deux ne s’épargnent pas, les mots sont directs, la franchise est de mise. Un hommage, une déclaration d’amour, un portrait souvent drôle qui n’oublie pas les zones d’ombre, les bons moments comme les plus douloureux, une relation mère fils vive, vivante, tendre et savoureuse.

« Est-ce que les amis ne sont pas ça : des gens qui vous évitent d’être plus faux cul que nature ? »

« …y a plus terrible que la mort, y a la vie. »

Ecouter la lecture de la première page de "La vie de ma mère !"

Fiche #3130
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Magyd Cherfi lus par Vaux Livres


Sébastien BAILLY

Parfois l'homme
Le Tripode

93 | 192 pages | 20-01-2024 | 17€

en stock

Sébastien Bailly nous offre un premier roman atypique, surprenant, en dressant un inventaire de vies d’hommes, de la vie de l’homme, de la naissance à la mort. Que d’évènements accompagnent son existence, du plus anodin au plus primordial, du plus attendu ou au plus inattendu, du plus doux au plus violent, du plus lumineux au plus désespérant... Evidemment, au cours de toutes les étapes de sa vie, l’homme reste en lien avec des femmes, des mères, des filles… Le tout est décrit avec humour, parfois noir, on acquiesce, on se questionne, on admet… pour, in fine, constater que l’expérience de la vie (dès la naissance et jusqu’à la mort) est bien compliquée et parfois (souvent ?) vide de sens ou frisant l’absurdité… Un humour maîtrisé, entre ironie et bienveillance, sans cynisme mais sans illusions, en nous proposant de courts pans de vie, les tableaux s’enchaînent, le style accompagne parfaitement ce bilan : des phrases courtes, percutantes, parfois sans verbe, parfois cachant une référence, « La poésie. Des mots. Des mots les uns derrière les autres. Des mots sous les autres. Des mots qui se répondent et qui disent le monde. L’homme écrit un poème. » Un voyage au pays de l’homme, et chacun, chacune, aura déjà vécu au moins une de ces étapes anecdotiques ou essentielles !

Premier roman

« La vie de l’homme est une répétition de jours semblables les uns aux autres. Une langueur monotone, tout suffocant et blême. Le réveil sonne, et tout cela même a été dit, écrit, chanté mille fois, encore et encore. Il faudrait qu’il se passe quelque chose, n’importe quoi. »

« L’homme est seul. Qu’importe le contexte, le nombre d’enfants qui courent dans la maison de famille en été, la tendresse de sa femme, l’amour de ses parents vieillissants : l’homme est seul et ce poids courbe ses épaules… L’homme est seul et il n’y peut rien. Il se bat juste pour l’oublier, et s’il en a la force, pour que les autres aussi l’oublient. »

Ecouter la lecture de la première page de "Parfois l'homme"

Fiche #3127
Thème(s) : Littérature française


Sophie LAMOUREUX

Mercè LOPEZ

L'éléphant et le ouistiti
Kaléidoscope

92 | 20-01-2024 | 13.5€

en stock

L’éléphant est le roi et sa trompe l’aide bien ! Dès qu’un récalcitrant pointe son nez, sa trompe crache un jet d’eau surpuissant et remet le bougre dans le droit chemin. Le roi est donc craint et obéi jusqu’au jour où il rencontra un ouistiti téméraire, rusé et patient…

Fiche #3128
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Mercè Lopez lus par Vaux Livres


Christophe CARPENTIER

Shelter
Au Diable Vauvert

91 | 175 pages | 20-01-2024 | 18.5€

en stock

Shelley et Terry se rencontrent grâce à une application dédiée. Lassés des rencontres sans avenir et sans envergure, ils sont en quête de l’amour absolu et total. L’amour fusionnel est leur rêve. Ils tombent rapidement d’accord : aucune relation sexuelle n’accompagnera leur couple. Ils ne se lassent pas de se regarder, de s’admirer, « intenses silences scrutateurs », l’amour est présent, mais à distance. Il grandit même et la fusion se met en œuvre pour donner naissance à Shelter, un mixte de Shelley et Terry. Leurs espoirs sont comblés, la réussite est totale, ils ne font plus qu’un. Une relation totalement atypique, « disparaître l’un dans l’autre », changement d’identité, mutation, refondation… mais dérangeante. Cette nouvelle forme de couple voire d’humanité va-t-elle être acceptée et trouver sa place dans la société qui continuent souvent de refuser la différence ? Le récit relate les dialogues entre les deux amoureux (à quand une adaptation théâtrale ?), les situations et les obstacles qu’ils rencontrent, leur relation, leur intimité, leur sensibilité, leur amour, leurs doutes… Une très belle surprise !

« L’espoir est devenu un passe-temps comme un autre. »

« Oui, vouloir aimer ce qui existe pour la première fois, cela relève de l’exploit. »

Fiche #3129
Thème(s) : Littérature française


Patrick MARTINEZ

Lui seul
Alma

90 | 125 pages | 17-01-2024 | 16€

en stock

Gus est maintenant en retraite. Il a décidé de quitter le foyer pour enfants où il était l’homme à tout faire. Son départ marqua ses collègues et les enfants. L’homme était discret mais sa place importante. Gus attend un train qui l’emmènera rencontrer son frère (et sa belle-soeur) qu’il n’a pas vu de longue date et qui est dans une maison de soin. Le voyage sera propice à un retour dans le passé, avec son enfance, son frère, son travail, les enfants du foyer. Et parmi ces enfants, il y eut Léo. Il s'en rend compte aujourd'hui, à l’évidence, Léo reste à ses côtés. Pour toujours. Une cicatrice qui jamais ne se refermera. L’histoire de Léo et sa propre histoire vont s’entremêler (aussi bien dans le récit que dans la réalité), entre douceur et douleur, par petites touches, avec pudeur et une émotion aussi contenue que puissante.

Ecouter la lecture de la première page de "Lui seul"

Fiche #3126
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Patrick Martinez lus par Vaux Livres


Jules FEIFFER

Aboie, Georges !
Ecole des Loisirs

89 | 08-01-2024 | 11€

en stock

Georges est un chiot qui pourrait être heureux mais il désespère sa mère. Elle lui demande d’aboyer, il miaule ! Elle lui explique, il fait coin-coin… Dernier recours : le vétérinaire. Après quelques essais et expériences, abracadabra, il a trouvé la solution, enfin peut-être… Un joyeux album à mettre en voix !

Fiche #3125
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Claude Lager


S.A. COSBY

Le sang des innocents
Sonatine

88 | 400 pages | 04-01-2024 | 23€

en stock

Titus Crown est de retour dans le sud des Etats-Unis, soit disant pour s’occuper de son père. Il vient de quitter (étonnamment ?) le FBI et revient dans son comté d’enfance, à Charon, pour y devenir le premier shérif noir. Et rapidement, il constate que « Le Sud ne change pas. On a beau essayer d’oublier le passé, il finit toujours par se rappeler à nous de la pire des manières. ». Racisme et religion ancrent le quotidien de tous. Il a été élu mais pour beaucoup, malgré sa droiture, son intégrité et son honnêteté absolues, il reste un Noir, un usurpateur et pour les autres, il n’est jamais loin d’être un traître. Dans cette atmosphère tendue, il est appelé pour une fusillade dans le lycée. Arrivé sur place avec son équipe, il apprend que Lattrel, un jeune noir désoeuvré, a assassiné un enseignant apprécié de tous. Lors de son interpellation, le jeune Lattrel est abattu par la police. Bavure ou légitime défense ? Titus devra trancher. Mais avant tout, il voudrait savoir pourquoi Lattrel a choisi de tuer M. Spearman que tous les enfants et tous leurs parents de Charon connaissent et apprécient. Titus n’est pas au bout de ses surprises et les morts violentes et horribles vont s’enchaîner… Un superbe personnage qui regarde avec lucidité ses congénères, leur croyance, leur racisme, leurs difficultés, leur faiblesse comme leur force et tente de rester droit, humain, attentif aux autres dans une ambiance, pesante, violente, usante. L’intrigue comme les personnages sont complexes et nous tiennent en haleine dans une intensité constante, de la première à la dernière page.

« Parfois, le deuil est un amour inexprimé. Parfois, c’est l’incarnation du regret. »

« Le mal n’est jamais trop compliqué. Par contre, il a beaucoup de culot. »

« … le diable n’est que le nom qu’on donne aux choses horribles qu’on se fait les uns aux autres. »

« Tout le monde est seul, papa, on préfère juste croire que ce n’est pas le cas… »

Ecouter la lecture de la première page de "Le sang des innocents"

Fiche #3122
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Pierre Szczeciner


Mireille GAGNÉ

Frappabord
La Peuplade

87 | 215 pages | 04-01-2024 | 20€

Un titre qui frappe, qui claque, qui cingle, qui intrigue et qui pique ! Frappabord est en effet un terme canadien qui désigne des mouches piqueuses se délectant notamment de nos épidermes et de notre sang. L’une d’elles se confiera au lecteur tout au long du récit qui rebondit entre 1942 et des temps plus contemporains. En 1942, sur Grosse-Ile, les alliés américain, canadien et britannique ont engagé des dizaines de scientifiques qui, dans le secret absolu, doivent créer et tester de nouvelles armes bactériologiques : qui de mieux qu’une mouche pour propager efficacement un virus ? Des années plus tard, une canicule accompagnée d’une multitude de frappabords frappent la région, l'atmosphère devient tendue, les cas de violence se multiplient… L’auteur installe brillamment, mine de rien, une tension et une angoisse communes aux deux époques et mêle efficacement une histoire intime en suivant le destin de trois personnages principaux (dont une mouche) et la grande histoire. Vous ne regarderez plus de la même façon le prochain taon qui vous approchera !

« On ne peut jamais savoir qui sont nos véritables ennemis avant de leur avoir fait confiance. »

« Il y a des chemins que les hommes ne devraient pas emprunter. »

Ecouter la lecture de la première page de "Frappabord"

Fiche #3123
Thème(s) : Littérature étrangère


Elitza GUEORGUIEVA

Odyssée des filles de l'est
Verticales

86 | 165 pages | 04-01-2024 | 17€

en stock

« Odyssée des filles de l’est » retrace le parcours emblématique au début des années 2000 de deux jeunes Bulgares à Lyon. Deux exilées, deux "installations" en France, l’une sera étudiante en cinéma, l’autre travailleuse du sexe. Elles arrivent avec leur image de la France, la France les attend avec son image des filles de l’est, il est donc aussi question de préjugés. Les deux vont suivre les méandres d’un parcours chaotique pour leur émancipation, pour conquérir leur liberté et couper quelques chaînes qui les entravent. Ce pourrait être sombre, lugubre, désespéré mais le récit est tout autre même si le second plan reste éprouvant ; l’auteure respecte avec talent le choix de l’une de ses héroïnes : « … comme seul moyen de défense son ironie et ses expressions fleuries. ». Le ton est en effet vif, enlevé, l’humour omniprésent fleuri d’une ironie malicieuse. Elitza Gueorguieva réussit donc à créer pour ces femmes, « Un espace où vos regards auraient le droit d’exister. », avec un ton léger presque badin pour aborder une thématique douloureuse qui continue de travailler nos sociétés.

Ecouter la lecture de la première page de "Odyssée des filles de l'est"

Fiche #3124
Thème(s) : Littérature française


Emmanuel VENET

Contrefeu
Verdier

85 | 128 pages | 18-12-2023 | 16.5€

en stock

Un feu inexpliqué dans une cathédrale en Province et les masques tombent sous la plume précise d’Emmanuel Venet qui dépeint avec un ton ironique et sans pitié la comédie humaine : vils sentiments, roublardises, mensonges, trahisons, ambitions, mesquineries, petite politique intéressée occupent ceux qui veulent cacher ce qu’ils sont, ceux qui veulent se protéger ou protéger un proche, ceux qui veulent profiter de l’occasion. Certains (dont peut-être le lecteur) chercheront le coupable, d’autres passeront rapidement à autre chose. Une palette de personnages bigarrés : un évêque et son amante que Dieu a certainement punis en autorisant ce feu, un migrant africain coupable idéal, un sans abri, un fils de bonne famille… au centre d’un conte ou satire politique et sociétale non dénuée d’humour.

Ecouter la lecture de la première page de "Contrefeu"

Fiche #3121
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Emmanuel Venet lus par Vaux Livres


Anne-José LEMONNIER

Le cap en octaves
Diabase

84 | 125 pages | 11-12-2023 | 16€

en stock

Mathurin Ebrel est compositeur de musique et nous fait partager son processus de création. Et pour cela, il a besoin de la mer (« … il ne peut travailler sans elle, sans sa musique de chambre au service du silence. »), de la nature, des fleurs, de sa chienne Toccata, du vent et de l’air marin breton. Il vit seul (avec Toccata) au Cap de la Chèvre, définitivement, et nous fait partager ses contemplations, ses déambulations, « … solitude monacale en communion avec les vagues, le sable et les galets, les mouettes et le vent. ». Il absorbe les émotions, les sons, les odeurs, les couleurs, les digère pour mieux créer, lentement, la beauté demande patience et attention. Une superbe et lente pérégrination, douce, poétique et lumineuse au cœur de la nature et de la mer bretonnes.

« Il est impossible de se rassasier de la mer. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le cap en octaves"

Fiche #3120
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne-José Lemonnier lus par Vaux Livres


Peter SWANSON

Neuf vies
Gallmeister

83 | 400 pages | 10-12-2023 | 24.9€

en stock

Ils ne sont pas dix, ils sont neuf. Ils ne se retrouvent pas dans un même lieu, mais résident dans diverses villes. Mais l’angoisse et le compte à rebours sera le même. Ces neuf là ont en effet reçu une lettre avec une liste de neuf noms dont le leur. Ils ne connaissent pas les huit autres et ne décèlent aucun lien. Certains ignorent cet avertissement, d’autres se tendent immédiatement. Parmi eux se trouve Jessica agent du FBI qui compte bien trouver l’auteur de ces lettres. Mais deux d’entre eux sont rapidement retrouvés morts, ils ne sont plus que sept, le temps est donc compté, l'étau se resserre. Il va falloir vite retrouver chaque personne de la liste, la protéger et résoudre cette énigme toute « agathienne » ! Après Huit crimes parfaits, Peter Swanson prolonge brillamment l’hommage à ses pairs pour le plus grand plaisir de ses lecteurs !

Ecouter la lecture de la première page de "Neuf vies"

Fiche #3118
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Christophe Cuq

Les titres de Peter Swanson lus par Vaux Livres


Jean-Marie QUÉMÉNER

J'ai mille ans...
Récamier

82 | 215 pages | 10-12-2023 | 20€

en stock

La petite Amal vient de naître et elle a déjà mille ans. Elle a en effet vu le jour dans un bordel au Soudan et s'apprête à rejoindre l'Europe avec sa mère. C’est elle qui nous relate ses premiers jours avec sa jeune mère sous l’œil d’une mère maquerelle et d’un chef omnipotent et dangereux. Une mère protectrice qui veut autre chose pour sa fille, qui ne peut se résoudre à ce qu’elle connaisse la même misère alors « Nous allons partir. Demain. Rester c’est mourir de toute façon. Fuir, c’est vivre encore un jour. Et ma fille vivra ! » L’exil n’est pas choisi mais subi, impératif. Naturellement ni la décision de partir, ni le départ, ni le voyage ne seront simples. Mais sa mère est une combattante et elle n’abandonnera pas tant que sa fille ne sera pas à l’abri, il nous reste à ne pas les décevoir ! Faire parler Amal apporte le ton juste à ce récit émouvant, bouleversant, l’urgence et le danger sont parfaitement ressentis par le style, phrases précises sans fioritures et chapitres courts, entre révolte et espoir.

« … l’asservissement est un but en soi pour certains. Simple question de puissance égotique. Asservir, c’est dominer. Dominer, c’est être conforté dans son appétence de pouvoir, jamais rassasiée. Un cercle vicieux et violent. »

Ecouter la lecture de la première page de "J'ai mille ans..."

Fiche #3119
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Marie Quéméner lus par Vaux Livres


Irina TEODORESCU

La forêt désormais de l'intérieur
La Grande Batelière

81 | 255 pages | 04-12-2023 | 19€

Irina a décidé de quitter la ville, la ville de Saint-Etienne, la France, quitter sa mère souvent pesante, et ses jumeaux. Rejoindre la nature, fugue sylvestre au cœur de la dernière forêt primaire d’Europe en Pologne. S'y fondre, ne faire plus qu'une avec. Retrouver la vie à l’écart du monde pour un Journal de vie, pour un combat de vie. Une forêt où la vie prend une autre forme, dangereuse ou protectrice, chaude ou froide, où animaux et humains peuvent se déplacer à leur guise, sans limite. Néanmoins, le monde s’y invite : elle croise en effet une frontière de barbelés, obstacle à ceux qui ne font que passer, entrave aux déplacements, encadrement strict de la liberté. Au cœur de cette forêt, elle restera fidèle à ses engagements, fera le choix de la vie, de sa vie intime, des rencontres mais aussi le choix d’aider les réfugiés. Un pied dans la forêt sauvage, un pied dans le monde sauvage. Se fondre dans la forêt, se faire avaler par la forêt, et aider d’autres à en sortir. Une écriture singulière et poétique pour le portrait d’une femme libre et entière, un récit de fuite, d’engagements, de rencontres, de choix et d’aventure.

« … le monde n’est pas le nôtre, il est le leur, mais qu’on ne s’inquiète pas, ils vont le détruire pour nous. »

Ecouter la lecture de la première page de "La forêt désormais de l'intérieur"

Fiche #3116
Thème(s) : Littérature française


Eric PESSAN

Ma tempête
Aux Forges de Vulcain

80 | 135 pages | 04-12-2023 | 18€

David est intermittent du spectacle : metteur en scène, il vient d’apprendre que son dernier projet ne verra pas le jour, son adaptation de la pièce de Shakespeare, expert en comédie humaine, « la tempête » ne se fera pas. Le même jour, suite à une grève dans la crèche de sa fille, il doit garder Miranda (prénom partagé avec un personnage de la tempête de Shakespeare) et la journée devient une tendre journée de partage : il choisit de jouer la pièce à sa fille, de lui faire partager sa tempête, ses tempêtes, de lui faire rencontrer les différents personnages, les différentes situations. En arrière-plan apparaît naturellement sa passion pour le théâtre, un vrai hommage. Un court récit en cinq actes pour créer une belle complicité entre un père et sa fille et pour questionner l’art, la culture et la place de l’artiste dans la société.

« La paternité, c’est donnant-donnant, protection, éducation et nourriture contre émerveillement, amour inconditionnel et supplément de vie. Une tendresse pour adoucir la rugosité du monde. »

« La fiction peut venger du réel, c’est peut-être une consolation pathétique, mais elle n’en est pas moins nécessaire. »

« Le poète écrit une chaise sur laquelle ensuite on peut s’asseoir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Ma tempête"

Fiche #3117
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Eric Pessan lus par Vaux Livres


Jérémy FEL

Malgré toute ma rage
Rivages

79 | 525 pages | 27-11-2023 | 23€

en stock

Juliette, Chloé, Manon et Thaïs vont enfin goûter à la liberté, quatre copines (des beaux quartiers pour la plupart) qui se sont connues à Henri IV. Elles ont réussi de haute lutte à convaincre leurs parents de les laisser partir seules pendant les vacances en Afrique du Sud. Ces quatre amies aux caractères différents se retrouvent dans une maison louée dans un quartier protégé, seul lien avec la France : le téléphone et Albert un vieil ami de la mère de Chloé installé en Afrique du Sud. Mais l’Afrique du Sud reste un pays violent et après un tentative de racket, un vol de voiture, l’une d’elles est enlevée pendant la nuit et rapidement retrouvée morte, sauvagement assassinée. Le voyage tourne au désastre et prend dramatiquement fin. Les parents de la défunte débarquent avant que tout le monde ne reparte en France. Chacun (les jeunes femmes et leurs parents dont certains nous font vivre les dérives du monde de l’édition) nous fait partager ses sentiments, ses angoisses, ses secrets tout en suivant la progression de l’enquête. Dès la première page, Jérémy Fel donne le ton : au détour d’une page, la violence surgira, une violence brute, animale, absolue. D’où vient-elle ? Est-elle en chacun de nous ? Quand et pourquoi éclate-t-elle ? Au cœur de l’intrigue qui nous tient en haleine, le mal et le violence ont des origines profondes, et l’enfance devrait rester une période sacrée et protégée…

« L’histoire démontre sans cesse que dès que l’homme a la possibilité de répandre le mal à l’abri des lois, jamais il n’y renonce, toujours il s’épanche. Une fois le feu réveillé en nous, rien ne doit venir l’étouffer. »

« Cet instinct de prédation est inhérent à chaque être vivant et nous seuls en sommes castrés, nous seuls rejetons cet appétit si constitutif de notre personne, sauf quand nos braves gouvernements décident du contraire à leurs fins personnelles. »

Ecouter la lecture de la première page de "Malgré toute ma rage"

Fiche #3114
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Jérémy Fel lus par Vaux Livres


Julia KERNINON

Sauvage
L'Iconoclaste

78 | 300 pages | 27-11-2023 | 20.9€

en stock

Ottavia est la fille d’un cuisinier et la grande cuisine reste une affaire d’hommes mais Ottavia s’apprête à briser les conventions. Un premier pas en amour et en cuisine sera fait avec l’apprenti de son père : « L’amour, c’est du travail. Le travail, c’est de l’amour. ». Le chemin est tracé mais est-il possible de concilier amour, famille, travail et liberté ? Est-ce d’ailleurs obligatoire ? nécessaire ? Ottavia ouvrira son restaurant et mettra en œuvre sa propre cuisine avec passion : « Je ne voulais pas faire des plats de mon enfance mais des plats qui la racontent. ». Une passion qui l’aspire, son mari Bensch devant en assumer les conséquences. Et les années passent, alors naît la peur de changer, de se perdre, de se trahir, de s’oublier : « Je me demandais de quelle liberté je disposais encore, et quelle liberté j’avais abandonnée à mon insu et qu’on ne me rendrait plus. ». Un portrait vif d’une femme libre qui malgré les doutes permanents a choisi sa vie, ses amants, son mari, ses amies, a choisi d’écrire son histoire et de toujours écouter ses désirs.

« Les gens changent, mais très lentement, et pendant ce temps nous changeons, nous aussi, alors ça ne tombe jamais juste, c’est infernal. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sauvage"

Fiche #3115
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Julia Kerninon lus par Vaux Livres


Virginie BERDAL

Cécile GUINEMENT

Luce et la liberté - Contes de Chambord
Faton

77 | 30 pages | 25-11-2023 | 14.5€

Un bel album qui offre plusieurs rencontres historiques avec le regard de Luce, une petite fille : la seconde guerre mondiale, le château de Chambord et la protection des oeuvres d'art et des collections des Musées nationaux. Une page documentaire clôture l'album.

Fiche #3113
Thème(s) : Jeunesse


Lídia JORGE

Misericordia
Métailié

76 | 413 pages | 20-11-2023 | 22.5€

La mère de Lídia Jorge a décidé de rejoindre l’hôtel paradis, une maison de retraite. Pendant un an, elle enregistrera son journal et sa fille le reprend aujourd’hui. La vieille dame est handicapée, se déplace en fauteuil, ne peut écrire mais quel caractère (« Je ne devrais pas être comme je suis, toujours à attendre le beau, le grandiose, le puissant… Mais j’ai ce tempérament, je veux trop, je donne trop d’ordres, j’aime trop quelque chose hors de ma portée et, quand je ne l’atteins pas je cherche désespérément à transformer ce qui existe de façon à rapprocher l’objet défectueux de la réalité inatteignable. ») et quelle soif de vie ! Le récit oscille en effet entre colère et calme, joie et tristesse, pleurs et rires avec quelques éclats d’humour grinçant ou pas. Il relate la vie d’une maison de retraite, les relations entre les résidents, on y croise les soignants, la direction et évidemment sa fille avec qui elle n’est pas tendre. La vieille dame observe, analyse, les qualités, les défauts, les travers, les difficultés des employées souvent étrangères. Evidemment elle a des préférences… Mais il s’agit aussi d’une chronique de la vieillesse, d’une vie où la notion d’intimité a disparu, où son voisin de chambre d’un jour à l’autre peut disparaître pour être remplacé dans l’heure qui suit par un nouveau résident : « Entrer en vie, sortir mort ou rester assis à la même place, c’était presque pareil. » Mais cette femme est une résistante (« …l’espoir est immortel… »), résistante pour vivre jusqu’au bout, trouver et profiter de moments sympathiques même fugaces, petits instants de bonheur, penser à sa maison, aux fleurs, aux jardins, aux chants des merles … trouver du réconfort et de la beauté en regardant le ciel et les nuages… Un portrait détonant et attendrissant !

« La vie est un arc, elle a son commencement et sa fin, elle débute dans un berceau, effectue son vol ascendant, et à partir d’un certain moment la courbe descend jusqu’à ce qu’on se rende à la terre, de nouveau à l’intérieur d’une caisse en bois qui ne diffère en rien d’un berceau. »

Ecouter la lecture de la première page de "Misericordia"

Fiche #3112
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Monteiro Rodrigues


Rosella POSTORINO

Et moi, je me contentais de t'aimer
Albin Michel

75 | 420 pages | 13-11-2023 | 22.9€

Printemps 92, Sarajevo explose. Jusqu’alors, les communautés vivaient ensemble, en bonne harmonie, l’une à côté de l’autre, l’une avec l’autre, mêlées, mélangées. La guerre est déclarée, tout change, l’horreur est absolue, la haine partout, et l’Europe absente regarde de loin cette guerre derrière sa porte. Au milieu de tout ça, comme à chaque fois, Sarajevo, 1992, Kiev, 2022, les enfants. Certains ont déjà subi un premier déchirement et rejoint un orphelinat. Quelques sont vraiment orphelins, d’autres non mais n’ont plus de nouvelles de leurs parents. Rosella Postorino retrace vingt ans de leurs vies bouleversées à jamais, des destins fracassés par l'Histoire. Un bus humanitaire les emmènera sur le chemin de l’exil vers l’Italie pour un autre orphelinat. Nouveau déchirement : ils partent, sans savoir ce que leurs parents sont devenus puis deviendront, et vice-versa. Ils se rapprochent les uns des autres, tenteront de faire front ensemble, et même si leur passé et leur histoire sont différents, ils partageront les mêmes traumatismes qui s’enchaîneront : la violence de la guerre, l’exil, la rupture avec leur pays, leur famille, leurs parents, leur langue, leur terre. Ils espèrent repartir rapidement mais resteront pour la plupart. Rosella Postorino à travers le destin de ces enfants nous parle de l’absurdité de la guerre, de sa violence aveugle et de son terrifiant impact sur une génération d’enfants marqués à jamais, des traumatismes jamais cicatrisés et pour certains qui resteront toujours à vif.

Ecouter la lecture de la première page de "Et moi, je me contentais de t'aimer"

Fiche #3111
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Romane Lafore


Tania DE MONTAIGNE

Sensibilités
Grasset

74 | 173 pages | 12-11-2023 | 18€

Nouveau drame : un écrivain est sauvagement agressé et poignardé. Un de ses textes, certaines de ses phrases, quelques-uns de ses mots ont heurté l’agresseur qui se devait d’agir, de réagir. Une salariée de Feel good, une maison d’édition dans l’ère du temps, décide de prendre les choses en main pour éviter qu’un même drame ne se reproduise. La base : devenir consensuel, personne ne doit se sentir heurté, agressé, bousculé. Alors il faut corriger, tempérer, couper… Les écrivains sont encadrés de près, une charte spécifie les règles à suivre. Certains applaudissent, les actionnaires notamment, certaines lectrices, certains lecteurs… Mais cela suffira-t-il à éradiquer la violence et à retrouver un vivre ensemble apaisé ? Tania de Montaigne a trouvé le ton juste pour rendre hommage à la littérature et à l’intelligence en décrivant avec distance, humour et ironie des situations qui tendent en effet à se répéter, en démasquant les lobbyings de plus en puissants de diverses communautés qui à terme visent à anéantir la réflexion, la pensée, la littérature (« Et si on supprimait la fiction, la fiction est un RISQUE. »), en dénonçant l’hypocrisie ambiante, et donc en incitant à une réflexion avant qu’il ne soit trop tard !

« Il me semble que la littérature comme tous les arts est un des rares espaces où l’on peut voyager dans l’Autre, être quelqu’un ou quelque chose qu’on n’est pas dans la vie réelle. Ce qui, en soi, est un risque. Non ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Sensibilités"

Fiche #3109
Thème(s) : Littérature française


Sophie TESSIER

Varech
Diabase

73 | 172 pages | 12-11-2023 | 16€

Sans mer, point de varech : la mer est donc au centre du premier roman de Sophie Tessier. La mer transforme, façonne les femmes, les hommes, rien ne l’arrête, rien ne l’arrêtera. Et sur cette île désertée par les hommes, ceux qui sont restés sans crainte le savent. Demeurent en effet Anselme, un vieux sage maître latiniste accompagné d'un livre, Le Chantôme, un ancien marin pêcheur sans bateau, Gaspard, un jeune ado, et enfin un chat (et un âne). La mer est omniprésente, partout, autour, elle les ceint, les appelle, elle est prête à franchir les jetées, les murs, les portes, prête à inonder, à avaler, à faire disparaître. Eux attendent, sans peur, tranquillement. Gaspard et le chat passent d’un homme à l’autre. Leurs relations, leurs liens seront bousculés par deux personnages : Maria et l’amour. Maria disparue de longue date leur a été rendue par la mer, étrangement intacte (seul un indice dévoile qu’elle est certainement de retour d’un autre monde), toujours éblouissante, ce qui bouleverse son ancien amoureux et son ami. Dans un style éblouissant, Sophie Tessier enveloppe avec précaution la main du lecteur sur les chemins de cette île, sur les chemins du temps, sur les chemins d’un conte, chemins merveilleux, étranges, lumineux, une plume de fantastique au cœur d’un mystère qui s’éclaircit vague après vague, marée après marée.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Varech"

Fiche #3110
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sophie Tessier lus par Vaux Livres


Hayao MIYAZAKI

Le voyage de Shuna
Sarbacane

72 | 08-11-2023 | 25€

en stock

Entre bande dessinée, manga et livre illustré, voilà enfin un ancien livre de Hayao Miyazaki édité en France et quelle réussite ! Les couleurs, les dessins, les aquarelles sont exceptionnelles, superbes et le conte initiatique relatant l'épopée d'un jeune prince ravira les petits et les grands, un nouvel incontournable de toute bibliothèque !

Fiche #3108
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Traduction : Léopold Dahan


Audur Ava OLAFSDOTTIR

Eden
Zulma

71 | 250 pages | 31-10-2023 | 21.5€

en stock

Alba est une linguiste spécialisée dans les langues minoritaires, donc en voie d’extinction. S’interroger, analyser les mots, c’est son métier, mais n’est-ce pas aussi s’interroger sur l’homme ? Elle voyage beaucoup et prend l’avion régulièrement, son empreinte carbone prend ainsi part à une autre extinction annoncée… Elle est aussi relectrice-correctrice et travaille actuellement sur les textes d’un poète avec qui elle a eu une aventure alors qu’il était étudiant et elle le vit mal. Alors sur un coup de tête et deux fautes d’orthographe, elle quitte tout, pour rejoindre un coin perdu de l’Islande (« Le seul bruit que tu entendras, c’est le hurlement du vent. ») et décide de planter moult arbres (« … il faut planter trois cent cinquante arbres pour compenser chaque vol par-dessus l’océan. ») pour tenter de compenser, d’entretenir la vie, de combattre… Elle rencontre les villageois (et découvre leur amour pour leur langue) mais aussi les réfugiés qui s’échouent en Islande (« il n’y a pas que des cétacés qui s’échouent sur les côtes de ton pays…) et notamment le jeune Danyel. Les mots, la grammaire, les arbres, la nature, Alba les aime, les respecte, les palpe, les observe, les décortique avec attention et tendresse et dans sa retraite ou son retrait, elle perpétuera cette passion et son combat : planter les arbres, mettre les mots islandais à disposition des migrants. Toujours un bonheur de retrouver la sensibilité d’Audur Ava Olafsdottir qui excelle pour laisser tranquillement le lecteur rentrer dans l’intimité d’Alba page après page, mot après mot (et ils sont pesés), proposer sans rien imposer et malgré un état des lieux objectif et noir, la conclusion reste optimiste.

Ecouter la lecture de la première page de "Eden"

Fiche #3107
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Eric Boury

Les titres de Audur Ava Olafsdottir lus par Vaux Livres


Blake CROUCH

Upgrade
Gallmeister

70 | 445 pages | 29-10-2023 | 24.9€

en stock

Logan Ramsey est un agent fédéral chargé de traquer les labos clandestins qui s’amusent avec le génome à des fins commerciales au mieux… Sa mère disparue mystérieusement fut un génie du domaine. Lors d’une opération banale, Logan est blessée légèrement mais quelques jours après, il note que ses capacités ont évolué, se sont accrues, physiquement et intellectuellement. Après quelques tests, il apparaît que son ADN a été modifié. Son univers est bouleversé : « Et si on avait modifié deux pour cent de mon génome ? Cela ferait-il de moi une espèce complètement nouvelle ? », il a été upgradé. Par qui ? Pourquoi ? Son évolution est remarquée par son service qui souhaiterait donc l’emprisonner et en savoir plus. Logan leur échappe, prend la fuite pour mener sa propre enquête. Il mettra en évidence un projet fou à l’échelle de la terre et de l’humanité : elle court à sa perte alors certain(e)s ont décidé d’intervenir en l’upgradant pour la sauver. Il parait en effet que la science nous sauvera… Un thriller haletant qui joue habilement avec les limites de l’intervention de l’homme sur son avenir et incite le lecteur à y réfléchir.

« Personne ne vous apprend comme se remettre de la mort d’un rêve. »

« Mais changer la façon dont les membres d’une espèce pleinement consciente pensent est sans aucun doute l’expression ultime de l’édition génétique. »

« Ce n’est pas parce qu’on est intelligent qu’on est infaillible. On est juste plus dangereux. »

Ecouter la lecture de la première page de "Upgrade"

Fiche #3106
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Jacques Mailhos


Ahmet ALTAN

Les dés
Actes Sud

69 | 208 pages | 23-10-2023 | 21.8€

Zya, seize ans en 1900, avait une idole : son frère. Alors quand celui-ci est assassiné, il le vengera et tuera l’assassin de son frère puis sera condamné à perpétuité. Sans émotion ni regret. Il a été éduqué, dressé, avec au premier plan, l’honneur et le clan. Des règles de vie strictes, sans émotions (« Un homme ne pleure pas. »), sans sentiments (« Les sentiments lui apparaissaient comme une maladie, les oublier lui semblaient une guérison. »). L’honneur du clan passe avant la vie alors tuer n’est pas un problème, un obstacle : « Etre un homme déterminerait toute son existence. Trois ans plus tard, l’expression fut complétée : Un homme d’honneur… ». Cela passera aussi par un mépris de la vie et des hommes en général. Condamné à perpétuité, il devient une sorte de légende, de caïd dans la prison et à l’extérieur. Son regard dur, froid, féroce renforce son personnage. Il découvre en prison le jeu avec les dés : le hasard et le doute, ne pas les redouter mais les affronter, quitte à mourir, jouer sa vie pour l’honneur. Son clan le fait sortir de prison et exiler en Egypte où il rencontre pour la première fois peut-être une forme d’humanité apaisée : Nora, une jeune femme juive, avec qui il noue un lien particulier, fait de silence, de complicité malgré leurs différences, de douceur et de sérénité, loin de toute violence. Mais Nora repart vers Paris et lui rejoint Istanbul retrouvant son frère qui n’avait pas choisi de venger leur frère… Il rencontre une femme veuve et riche fascinée par son meurtre et son regard. Le luxe, l’argent l’émerveillent. Mais à nouveau, la mort le rattrape puisqu’on lui propose un contrat pour tuer le Vizir, point final d’une existence où « Il apprit à mourir en vivant. » Un roman éprouvant (mais certainement pour une part au cœur d’une problématique qui ébranle nos sociétés) où les sentiments et la vie s’effacent devant l’honneur, le clan et la mort.

Ecouter la lecture de la première page de "Les dés"

Fiche #3105
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Julien Lapeyre de Cabanes


Serge JONCOUR

Chaleur humaine
Albin Michel

68 | 350 pages | 22-10-2023 | 21.9€

Serge Joncour nous gâte en nous permettant de retrouver les personnages de Nature humaine, Alexandre, sa famille, Constanze... La famille d’Alexandre a explosé. Lui est resté à Bertranges, dans le Lot, n’a pas bougé. Les sœurs sont parties, ont rejoint la ville, la modernité les a appelées et Alexandre représente pour elles le passé. Elles ont même vendu quelques parcelles familiales, alors les relations se sont tendues. Et puis le Covid et le confinement viennent tout remettre en cause (au moins temporairement), chacun l’appréhende à sa manière, subit les ordres et autres injonctions avec son caractère. Le monde des villes jusqu’alors indifférent (voire méprisant) au monde rural le redécouvre. Certains s’y installent, l’épidémie les incite à une réflexion sur la place de l’homme sur la terre, voire à douter de son adaptation et de sa force, un sentiment éphémère ? Alexandre accueille ses sœurs et leur famille. Les retrouvailles sont plutôt froides puis les activités et le travail quotidien comme le plantage des patates les rapprochent, les réunissent, leur rappellent leur enfance. Finalement Alexandre a peut-être fait le bon choix, l’homme du passé était peut-être dans la vérité, la terre, la campagne, la culture, les animaux, les arbres, les fleurs, les prairies, la résistance de la nature, résistance d’un monde qui a su évoluer bien avant que les citadins s’en préoccupent. Quoi de plus joyeux et tendre qu’un chiot pour celer ces retrouvailles : ils seront trois, trois chiots, débordant de vie, de tendresse, pour les réunir, leur rappeler ce qu’est la vie, créer de la chaleur. Mais pour que la chaleur humaine prenne son sens, déploie sa force avec une continuité, une longévité, elle doit s’étendre au cœur d’une nature plus forte, globale, où chacun trouve sa place, le faible, le fort, le moustique, la grenouille, l’homme, la pomme... Serge Joncour prolonge son portrait émouvant et tendre d’une famille dans une ruralité toute surprise qu’on lui prête à nouveau attention, elle qui connaît de longue date les épidémies et leurs conséquences, consciente des dérèglements déjà effectifs, du manque d’eau qui nous guette et du reste : « … la vie va d’une peur à l’autre, d’un péril à l’autre, en conséquence il convient de s’abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif. »

« …les arbres sont sur terre depuis mille fois plus longtemps que les humains, et pourtant ils commencent à souffrir des activités des hommes, bien plus que les humains eux-mêmes. »

« … le monde n’arrêtera pas de s’arrêter… depuis le réchauffement climatique, le monde est en CDD. »

Ecouter la lecture de la première page de "Chaleur humaine"

Fiche #3104
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Serge Joncour lus par Vaux Livres


Patrick CONRAD

Au fin fond de décembre
Actes Sud

67 | 286 pages | 16-10-2023 | 22.5€

Théo Wolf est inspecteur de police à Anvers. Ou plutôt, était, puisqu’il est sorti récemment de prison : il a en effet tué l’homme suspecté à tort d’avoir violé et tué sa fille. La vie est maintenant morne, sans aspérité, sans joie, sans espoir. Il est devenu, grâce à son codétenu qui l’a pistonné, dératiseur. Au cours d’une de ses premières interventions, il découvre dans un immeuble désaffecté le cadavre d’une femme dans une pièce qui ressemble fortement à un studio de cinéma porno. Un sac plastique entoure la tête de la femme, comme d’autres cadavres déjà retrouvés dans Anvers. Cette femme devient l’obsession de Théo Wolf qui se lance dans une enquête souterraine périlleuse qui va l’entraîner dans les bas-fonds interlopes d’Anvers et à la rencontre de personnages singuliers. Un roman noir avec une de palette de personnages parfaitement réussis, un inspecteur étrange et torturé parfois déroutant et dérangeant, une ambiance et une atmosphère brouillasseuses frisant le désespoir, des rebondissements et une fin inattendue. Rien ne manque.

Ecouter la lecture de la première page de "Au fin fond de décembre"

Fiche #3103
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Noëlle Michel


Eric CHACOUR

Ce que je sais de toi
Philippe Rey

66 | 302 pages | 15-10-2023 | 22€

Trois chapitres, trois voix, « Toi, Moi, Nous », pour retracer le destin d’un homme, Tarek, et de sa famille au Caire dans les années 60 à 80. Un père médecin, une mère qui en impose et Nesrine une sœur avec qui Tarek a une grande complicité. Tarek suivra le chemin imposé, il deviendra médecin, se mariera rapidement. Seul espace de liberté, il ouvrira un dispensaire dans un quartier défavorisé et une rencontre bouleversera sa vie : Ali, jeune, beau, un peu voyou, sans le sou. Mais la rumeur court vite et l’homosexualité guère tolérée en Egypte. Les évènements (tristes) pousseront Tarek à l’exil, vers le Canada, laissant sa femme et le reste de sa famille en Egypte. Il ne reviendra qu’après la mort de sa mère et découvrira alors les petits arrangements familiaux, les secrets et non-dits et la vérité sur Ali et la réalité de sa famille. Un premier roman à la construction et l’écriture travaillées et parfaitement maîtrisé abordant une multitude de thèmes : l’Egypte, la puissance de certaines mères, l’immense pauvreté aux portes des maisons des familles privilégiées, la vie grouillante du Caire, les premiers pas des Frères Musulmans et le portrait d’un homme fragile et dramatiquement humain dont le destin restera toujours entravé.

Premier roman

« … parce que les mots ne peuvent pas tout. Ils ne peuvent pas ramener de la mort ceux qui nous ont quittés, ils ne peuvent pas guérir les malades ou résoudre les injustices, tout comme il est absurde de prétendre qu’ils déclarent des guerres ou y mettent fin. Dans un cas comme dans l’autre, ils ne sont au mieux qu’un symptôme, au pire un prétexte. »

Ecouter la lecture de la première page de "Ce que je sais de toi"

Fiche #3102
Thème(s) : Littérature française


Julia COLIN

Avant la forêt
Aux Forges de Vulcain

65 | 355 pages | 02-10-2023 | 21€

Pénuries et guerres viennent percuter nos sociétés, alors pour beaucoup c’est la fuite, l’exil. Deux couples de parisiens avec chacun un enfant (Calme et Elie) partent vers le sud. Lors de ce périple, un couple disparaît et l’autre, après un passage à Marseille, se retrouve dans une communauté au coeur d'une vallée pyrénéenne, à Massat. La communauté s’était préparée à cette nouvelle situation, des règles précises et strictes avaient été instituées et une milice vérifie leur application et leur respect. Calme immédiatement préfère la forêt à la communauté. Elle s’y sent libre et surtout elle est dans son monde, retrouve les siens, sa place. Elle se sent proche, en connexion avec la nature, la forêt, la flore et la faune. Elle sait s’y nourrir, s’y soigner, avec le sentiment qu’elle a ces connaissances depuis toujours, comme une sorte d’elfe, de sorcière, de sylve, incarnation de la forêt. Protection mutuelle : elle protège la forêt et la forêt la protège, lutte pour la survie commune et partagée. Elle entend la forêt, devenue personnage à part entière, dialogue avec elle et s’éloigne ainsi de la communauté où elle ressent la peur. Entre conte, légende et dystopie, un récit addictif qui peut faire douter de la compréhension par l’homme du chemin qui le mène à la catastrophe mais aussi des évolutions qu’il portera. Par contre, à coup sûr, la forêt nous survivra et donc peut-être ceux qui sauront la respecter, la comprendre et s’y fondre.

Premier roman

Fiche #3098
Thème(s) : Littérature française


Ronan BADEL

Le jour le plus long
Sarbacane

64 | 02-10-2023 | 15.5€

Toujours un plaisir de retrouver la tendresse des histoires et des personnages de Ronan Badel. Cette fois, c'est l'anniversaire de Charles, un jour pas comme les autres, le plus long, chez son grand-père. Il lui offre un cadeau inattendu, un lance-pierres. Alors Charles devient le célèbre cow-boy Jimmy Beauregard. Mais une rumeur court, Jimmy Beauregard ne sait pas tirer au lance-pierres ! Charles va prouver le contraire, un petit oiseau en effet en pâtira, et Charles sera bien triste. Mais la vie reprendra et avec ses amis les oiseaux.

Fiche #3099
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Ronan Badel lus par Vaux Livres


Thimothé JEOFFROY

Jess PAUWELS

Zozé le dinosaure qui zozotait
Glénat

63 | 02-10-2023 | 12.5€

Même en zozotant, si on croit en ses rêves et si on prend confiance en soi, tout devient possible !

Fiche #3100
Thème(s) : Jeunesse


Véronique LAMBERT

Eléna COMTE

Dans les souliers d'Amédée
Fonfon

62 | 02-10-2023 | 20€

en stock

Un beau récit, un beau personnage, un cordonnier, pour parler d'empathie et d'attention aux autres avec simplicité et humanité.

Fiche #3101
Thème(s) : Jeunesse


Dominique MONFÉRY

La neige en deuil
Rue de Sèvres

61 | 80 pages | 27-09-2023 | 19€

en stock

Isaïe et Marcellin sont frères, Isaïe a aidé sa mère à accoucher de Marcellin puis leur mère est morte rapidement après. Isaïe est maintenant un vieux berger, la montagne l’a marqué physiquement, puisqu’un grave accident d’alpinisme a laissé des traces mais il continue d’aimer sa montagne, de la respecter et de l'admirer. Et puis il est né là, son père aussi, alors il mourra là. Marcellin, quant à lui, ne la supporte plus cette montagne, cette maison, ce travail… il souhaiterait vendre la maison en forçant la main à Isaïe et partir dans la vallée. Un avion vient de s’écraser en altitude et le chef de cordées parti sur les traces de cet avion est mort. Marcellin se dit qu’il y a peut-être de l’argent à récupérer et convainc son frère de l’accompagner, une équipée dangereuse où les frères vont s’affronter et confronter leur vision de la vie et de l'humanité. Une superbe BD, adaptation d’un roman d’Henri Troyat, au cœur de la montagne, de l’alpinisme, de la vie en montagne. Intense, âtre et terriblement (et fraternellement…) émouvant.

Fiche #3097
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Akira MIZUBAYASHI

Suite inoubliable
Gallimard

60 | 245 pages | 25-09-2023 | 20€

en stock

Autour d’un remarquagble violoncelle, un Goffriller, Suite inoubliable démêle les destins croisés d’une palette de personnages de 1945 à 2020 partageant une passion pour la musique et les instruments, entre le Japon et la France, des destins percutés par les guerres et l’oppression de pouvoirs absolus. Hortense est une luthière exilée au Japon qui rencontra un prodige, Ken, primé au célèbre concours de Lausanne en jouant l’œuvre de Edgar musicien anglais engagé contre la guerre 14. Ken s’évadait de l’oppression continue de son pays par la musique et le français mais mobilisé dans la guerre sino japonaise, il mourra rapidement participant à l'hécatombe. Hortense reviendra alors en France enceinte. Sa petite-fille Pamina est aujourd’hui employée par un luthier parisien réputé (cf. Âme brisée) Jacques Maillard. A partir de documents découverts au hasard de la réparation d'instruments, Akira Mizubayashi dévoile les liens entre les générations de ses personnages. L’écriture est aussi délicate et douce que le réquisitoire contre la guerre, le fanatisme et l’obéissance aveugle est évident, la musique peut réunir, l’oppression et la guerre divisent, opposent, tourmentent, violentent et tuent et Akira Mizubayashi à l’évidence a choisi son camp.

Ecouter la lecture de la première page de "Suite inoubliable"

Fiche #3096
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Akira Mizubayashi lus par Vaux Livres


Jean-Philippe BLONDEL

Passager de l'été
Actes sud

59 | 175 pages | 24-09-2023 | 15.6€

en stock

Samuel finit son année scolaire, l’année du bac. Il l’a passée au plus près de son ami, Adrien, dans son ombre, dans ses pas. Ils envisagent un voyage, à l’aventure, la découverte de l’Europe. Puis Adrien dans un SMS laconique lui dit changer de projet, ils ne passeront pas ensemble l’été, dans les trains, gares et villes européennes. La déception passée (mais est-elle vraiment passée ?), après un mois de juillet occupé par un petit boulot pour gagner de quoi financer son projet (Adrien n’a pas ce genre de préoccupation), Samuel décide de partir seul en mentant à ses parents. Sans itinéraire prédéfini, il part vers le nord de l’Europe. Trois semaines qui vont le changer, trois semaines pour grandir, trois semaines de rencontres, trois semaines pour oser et vaincre sa timidité, trois semaines pour découvrir, filmer, écrire sur la jeunesse européenne, parfois insouciante, parfois totalement percutée par les bouleversements de notre monde. Un voyage initiatique pour que Samuel se découvre et plonge dans le monde adulte. Du pur Blondel, proche des adolescents d’aujourd’hui, réaliste, émouvant et humain.

« Je ne sais plus exactement qui sont mes amis. Mais, au fond, ça n’a aucune importance. Resteront dans ma vie ceux qui en ont vraiment envie, en sortiront ceux qui ne sont pas réellement attachés. C’est beaucoup plus simple qu’on ne croit. »

Fiche #3094
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Amaury BARTHET

Le diplôme
Albin Michel

58 | 222 pages | 24-09-2023 | 19.9€

Guillaume (narrateur) est un prof d’histoire-géo de banlieue désabusé, dans son boulot, dans sa vie personnelle, Cécile le quitte au bout de dix ans de vie commune, contrairement à son frère qui baigne dans la réussite. Pour rebondir, il fréquente une salle de sport et rencontre Nadia, jeune, belle, dynamique. Elle travaille chez Zara comme vendeuse et Guillaume découvre son intelligence et sa grande culture, et le chemin qui l’a menée à ce boulot que Guillaume juge dégradant pour elle : des parents loin d’être riches, des études et un diplôme qui ne mène à rien (« Son diplôme – ce document qui certifie moins les compétences que le milieu d’origine… »). Sur un coup de tête, pour obtenir sa revanche et oublier sa frustration, Guillaume falsifie le diplôme de son frère et offre une nouvelle vie à Nadia. Nadia n’a pas changé mais un morceau de papier mensonger lui ouvre les portes d’une autre existence, le spectacle commence. Et comme elle est talentueuse, elle gravit tous les échelons jusqu’au plus haut. L’imposture dans toute sa splendeur, le système révèle son aveuglement et ses dysfonctionnements. Guillaume n’épargne personne. Evidemment le système éducatif a la part belle, la course au diplôme où tout est prédéfini («« La loterie génétique et familiale avait désigné les gagnants… »), une vision réaliste des grandes écoles et de leur rôle est proposée : « … il leur suffit de recueillir les jeunes déjà éduqués, de les hiérarchiser par le concours, puis de dissimuler leurs avantages de naissance avec une formation prétendument exigeante : un authentique blanchiment d’inégalités. ». Mais la mascarade et la supercherie peuvent-elles durer ? Amaury Barthet passe en revue notre société avec un œil cruel, dresse un portrait acerbe et parfois cynique du système, du système scolaire, du monde politique, du monde du travail et ses personnages remplissent pleinement leur rôle !

Premier roman

« L’exploitation politique des cadavres est une tradition républicaine. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le diplôme"

Fiche #3095
Thème(s) : Littérature française


Etienne DAVODEAU

Loire
Futuropolis

57 | 98 pages | 11-09-2023 | 20€

en stock

Etienne Davodeau nous offre un double portrait : deux femmes libres, impétueuses, de caractère, imprévisibles, Agathe et Loire. Loire reste un fleuve sauvage, parfois puissant, parfois calme, indomptable. Agathe a vécu moult rencontres amoureuses, des hommes, des femmes mais le temps a passé. Elle ressent aujourd'hui l’envie de les revoir, de les réunir, qu'ils se rencontrent, se connaissent, toutes et tous autour d'elle. Elle envoie des invitations et certain(e)s vont l’accepter, intrigués, curieux de revoir Agathe et aussi de retrouver ce lieu, cette lumière particulière autour du fleuve. Mais Agathe leur réserve une dernière surprise à son image ! Quel bonheur de retrouver les couleurs, le dessin et les personnages d’Etienne Davodeau, leur humanité, leur bienveillance, leurs failles et leurs doutes. Encore un incontournable !

Fiche #3091
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Etienne Davodeau lus par Vaux Livres


Adèle GASCUEL

Les nouveaux venus
Hors d'atteinte

56 | 220 pages | 11-09-2023 | 19€

Une violente tempête est annoncée sur Paris. Il faut se protéger, le confinement est décidé. La tempête s’achève, laisse ses dégâts et surtout les nouveaux venus. Femmes ou hommes, il ou elle (mais est-ce important ?), sont arrivé(e)s d’on ne sait où. Qui sont ces nouveaux venus (mais ne le sommes nous pas tous un jour ?) ? Que veulent-elles ? Ils s’installent où elles peuvent, où on leur a laissé de la place, dans le peu d’espace disponible. Ils occupent les emplois basiques. L’inquiétude est renforcée par le fait qu’ils frottent, elles frottent, toujours et encore. L’étrangeté, la différence bousculent, inquiètent. Nombre de personnages publics connus interviennent dans le récit, l’auteur maniant l’ironie et l’humour à la perfection. Toutes les réactions possibles sont passées en revue, les politiques n’y échappent pas, leurs décisions sont disséquées et les réactions des citoyens complètent le tableau, palette d’avis (du pire au meilleur), de réactions, de sentiments : la horde des craintifs passera bientôt à l’action avec la violence que peut engendrer la peur. Et puis sans explication, les nouveaux venus partiront, trop tard pour les retenir, trop tard pour les comprendre. Que nous reste-t-il ? Frotter, frotter, toujours frotter et peut-être s’interroger et se remettre en question… si l’on reste optimiste…

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Les nouveaux venus"

Fiche #3092
Thème(s) : Littérature française


Géraldine JEFFROY

Un chagrin de trop - Max Jacob et Picasso
Diabase

55 | 100 pages | 11-09-2023 | 13€

Un court roman pour relater les retrouvailles inattendues entre Max Jacob et Picasso. Ces deux là ont en effet vécu une trentaine d’années de complicité, se sont quittés, et ne sont pas revus depuis plusieurs années. Max Jacob, en cette année 1937, vit retiré, dans un village du Loiret. Le poète s’est toujours senti différent, aussi bien en tant qu’homme qu’en tant qu’écrivain et poète. Il a choisi de s’éloigner de ses frasques parisiennes (et de ses hypocrisies) et de ses amours. Picasso le surprend dans son antre et fera tout pour le remmener avec lui. La rencontre frise parfois le règlement de comptes mais est surtout propice à parler de poésie, de littérature, d’écriture, de peinture, de l’art, de la vie. Max Jacob révèle ses deux personnages, l’ex boute-en-train des beaux quartiers et le catholique convaincu solitaire et isolé. Picasso reste dominateur, prétentieux, souvent désagréable et méprisant. Malgré leur complicité passée, Picasso ne pourra obtenir plus qu’une amitié profonde et une fidélité à un passé qu’ils ont tous les deux partagés avec fougue.

« …la seule grande affaire de la vie est d’agrandir son intelligence et son cœur. »

« Rien ne peut être fait sans la solitude, or les hommes la craignent plus que tout. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un chagrin de trop - Max Jacob et Picasso"

Fiche #3093
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Géraldine Jeffroy lus par Vaux Livres


Paolo PROIETTI

Graine d'empereur
Circonflexe

54 | 10-09-2023 | 16.5€

Il est temps pour l'empereur de Chine de trouver un héritier. Il convoque les enfants du royaume pour leur confier une graine. Ils ont un an pour la faire pousser et ensuite, l'empereur prendra sa décision. Et les graines sont parfois récalcitrantes pour faire naître tiges et fleurs... Un conte traditionnel chinois superbement illustré sur le courage, le mensonge et l'honnêteté.

Fiche #3086
Thème(s) : Jeunesse


Ophélie CELIER

Ariane CALDIN

Toutes les familles de mon village
Petit Kiwi

53 | 10-09-2023 | 15€

Aria nous fait visiter son tout petit village, elle pousse la porte de chaque maison et dans chacune d'elle, un type de famille différent, des différences qui en aucun cas empêche le bonheur des enfants, magique les familles et vive la différence !

Fiche #3087
Thème(s) : Jeunesse


Jacki SOJCHER

Jacki est sage
Les Impressions nouvelles

52 | 150 pages | 10-09-2023 | 16€

Un premier roman autobiographique qui commence avant la naissance de l’auteur, au moment de sa conception et qui relate le chemin parcouru par un gamin caché pour devenir ce qu’il est devenu, philosophe, poète, amoureux… Un gamin qui perd rapidement son père, déporté, une disparition qui le marque à jamais, qui le constitue, il se retrouve sans père et sans Dieu. Un gamin couvé par sa mère, étouffé par son amour, son admiration et il lui faudra du temps pour s’envoler… Il décrit sa vie presque comme s’il était à l’extérieur, comme un catalogue, les moments cruciaux, les moments dérisoires, les rencontres qui nous forment, avec parfois de l’ironie, avec toujours de la tendresse. Le récit (avec une mise en forme originale) nous touche sans qu’on y prenne garde, par sa simplicité, par sa franchise, par ses réflexions philosophiques, sur le temps, sur la vieillesse, sur les moments de vie partagés par toutes et tous, sur ce qu’on est, ce qu’on devient, ce qui reste, toujours avec délicatesse et sensibilité.

« Le pouvoir rend puéril. Il provoque la soumission volontaire. »

« La fiction rend à Dieu l’innocence. Elle le sauve de Dieu. »

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Jacki est sage"

Fiche #3088
Thème(s) : Littérature étrangère


Elisa SHUA DUSAPIN

Le vieil incendie
Zoe

51 | 140 pages | 10-09-2023 | 16.5€

en stock

Le vieil incendie est une histoire de sœurs, une histoire de retrouvailles : deux sœurs et le silence. Agathe scénariste vit à New York depuis quinze ans. Véra est restée dans la maison familiale en Dordogne. Agathe revient neuf jours en Dordogne pour vider leur maison d’enfance. Enfant, Agathe s’occupait de tout : Véra est en effet aphasique depuis l’âge de six ans alors Agathe faisait tout pour elle, parlait pour elle, presque pensait pour elle puis le silence les a éloignées, protection et dépendance les ont épuisées, Agathe est partie. Elle ne se sont plus revues depuis quinze ans. Aujourd’hui, elles se retrouvent. Comment ce lien va-t-il se traduire dans leur retrouvaille avec le silence de Véra entre elles ? Quelque chose va-t-il se nouer dans cet instant particulier ? Quels souvenirs vont remonter à la surface ? Vont-elles se supporter ? Agathe retrouve une femme alors qu’elle a quitté une enfant et elle observe Véra avec curiosité mais aussi souvent froideur, on a la sensation d'un empêchement. Neuf jours pour se retrouver, pour se quitter, se reconnaître, la tension est palpable, comme à son habitude, Elise Shua Dusapin nous fait ressentir cette tension et les sentiments des sœurs, violents ou pas, par petites touches, leur complixité et leur intensité, une prose clinique, concise et précise.

« ... c'est quand on aime le plus, qu'on dit les choses qu'on pense le moins. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le vieil incendie"

Fiche #3089
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Elisa Shua Dusapin lus par Vaux Livres


Tamiko YAGI

La librairie des grenouilles
Cambourakis

50 | 10-09-2023 | 15€

en stock

Un tendre album qui fait la promotion d’une librairie particulière, la librairie des grenouilles. Elles gèrent leur boutique, fabriquent les livres, les lisent et même les écrivent allant chercher dans leur quotidien l’inspiration !

Fiche #3090
Thème(s) : Jeunesse


Adèle FUGÈRE

J'ai 8 ans et je m'appelle Jean Rochefort
Buchet-Chastel

49 | 135 pages | 08-09-2023 | 13.5€

Rosalie, 8 ans, est une petite fille farceuse, qui peut aussi parfois se renfermer, des hauts, des bas... Elle nous raconte sa mue, un matin, la moustache sous le nez, elle est devenue Jean Rochefort ! Elle habite en effet Saint-Lunaire, la ville de Jean Rochefort, et le récit sera effectivement lunaire ! Alors, Jean Rochefort sera omniprésent, son œil rieur, sa moustache, son flegme, son sourire mais aussi quelques-uns de ses amis. Elle s’habille différemment, parle différemment, et les adultes sont bienveillants, ses parents, son instituteur, le fameux Jean-Pierre, rentrent dans le jeu et acceptent sa différence, un monde idyllique, tendre, qui réconforte. Le chemin pour se soigner, pour grandir, pour se trouver, rencontrer son double et redevenir Rosalie sera saugrenu et surprenant. Un court texte atypique, entre sérieux caché sous une moustache et légèreté, conte inclassable, gai, pétillant, imaginatif et fantaisiste, un vrai bol d’air !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "J'ai 8 ans et je m'appelle Jean Rochefort"

Fiche #3085
Thème(s) : Littérature française


Sorj CHALANDON

L'enragé
Grasset

48 | 408 pages | 04-09-2023 | 22.5€

Belle-Île-en-mer et son triste et célèbre bagne ! Créé en 1848 pour accueillir d’abord des révolutionnaires, puis des communards et finalement des gamins. Des gamins isolés, seuls, orphelins, abandonnés, coupables de délits anodins. Ils sont enfermés, ils sont exploités, ils ont froid, faim, soif. Ils subissent violence, viols, tortures… Parmi eux se trouve Jules Bonneau. Abandonné par sa famille, arrivé à treize ans, il vécut de 1927 à 1937 sur l’île dont sept ans dans le pénitencier où il devint la Teigne. Il fit partie des cinquante-six gamins qui se révoltèrent, et qui, sachant que l’espoir d’évasion sur une île était nul, prirent néanmoins la poudre d’escampette. Sorj Chalandon nous fait alors vivre la chasse à l’enfant qui suivra. Chaque habitant de l’île prendra sa part, les têtes enfantines mises à prix, chacun touchera sa prime à l’enfant… terrifiant ! Tous seront repris sauf un : Jules qui se cachera puis trouvera refuge chez un couple Sophie et Ronan. Il « deviendra » leur neveu, vivra avec eux et travaillera avec Ronan, une lueur d’espoir, un bol d’air marin dans la vie de Jules, des instants de vie « Pour que tu desserres le poing » car Jules garde les poings fermés, la mâchoire serrée : colère, violence, haine, rage sont ancrées en lui, le constituent. Pourra-t-il un jour canaliser cette violence ? Le pénitencier et les adultes ont engendré un nœud de violence et de haine inextricables, Sophie, Ronan et quelques autres, en bon marins, vont ramer contre les vents contraires pour que Jules apprenne à faire confiance, à profiter de quelques instants de sérénité. Sorj Chalandon reprend une histoire connue (on croise même Prévert) mais en l’incarnant avec le portrait et le destin de Jules lui donne une puissance dramatique exceptionnelle, un roman poignant. La société en méprisant, excluant et violentant certaines catégories génère une boule de violence prête à exploser à tout instant, mais, heureusement, quelques îlots (Sophie et Ronan ici) d’humanité subsistent !

« L’ami, c’est celui qui t’ouvre sa porte au milieu de la nuit sans te poser de questions. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'enragé"

Fiche #3084
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sorj Chalandon lus par Vaux Livres


Clara ARNAUD

Et vous passerez comme des vents fous
Actes Sud

47 | 376 pages | 03-09-2023 | 22.5€

en stock

Un voyage sur trois saisons, le temps d’une estive (un temps pour « retrouver l’instinct, redevenir bête »), en montagne, non loin d’un hameau pyrénéen, Arpiet. Un lieu retiré, isolé, sauvage. Un lieu bousculé par le retour de l’ours, ou plutôt de l’ourse, alors certains grondent. Pour nous le faire vivre, Clara Arnaud entremêle deux récits. Celui de Jules, un jeune garçon à l’orée du XXème, qui, au risque de sa vie, volera un ourson dans la tanière de sa mère, pour devenir montreur d’ours. Il quittera sa vallée, sa montagne, son pays, parcourra le monde pour s’y perdre. Dressée, obéissante, la bête de cirque se lassera du rôle qu’il lui alloue, relation emblématique de la violence exercée par l’homme sur la nature et la fin sera tragique. De nos jours, dans cette même vallée, Gaspard, de retour d’une vie citadine, est berger. Aidé par un vieux sage, philosophe des montagnes, de la vie, homme libre animal, Jean, qui prépare sereinement sa mort, œuvre à passer le relais à Gaspard. Une ourse avec ses petits rode, et Gaspard est « … terrifié par le retour de l’ourse dans le secteur, mais il ne se laissait jamais aller à des discours simplistes. ». Il la craint mais la respecte, ils doivent partager le même espace, convaincu que lui et l’ourse finalement ne font qu’un avec la montagne, au-delà de la peur, au-delà de leur opposition. Il a pourtant été bouleversé par la mort de l’aide-bergère qui l’accompagnait tombée de la falaise avec ses moutons, tuée par la montagne ou par l’ourse, le doute subsiste. Pourtant il se sait dans son élément, dans la nature avec les bêtes, avec son chien, avec Jean qui voudrait transmettre et perpétuer son monde, son goût de la nature, des arbres, des animaux. Quant à elle, Alma est chercheuse, docteur en biologie comportementale, éthologue, venue dans la vallée pour étudier les ours, leur présence, leur vie, leur comportement, « devenir animale » à leurs côtés, créer un « lien presque mystique » avec l’ourse (« … l’âpreté de ces territoires l’agressait-elle moins que le monde des humains. »). Certains la mettent à l’index, mais Alma résiste, étudie, protège. Des personnages humains, puissants, attachants, empathiques, au cœur d’une vie montagnarde aussi lumineuse que violente : « … la montagne était bien un théâtre, un grand théâtre antique, où se jouait la tragédie de la vie, la maladie, l’amour, à chaque instant, tantôt à de minuscules échelles – deux bourdons s’accouplant – tantôt avec grandiloquence – la mort de l’ourse. » Un superbe texte qui illustre avec poésie et humanité notre rapport à la nature, au sauvage (et son évolution) par notre rapport à l’ours, un texte qui distille l’esprit de la montagne, l’esprit de la nature.

« … car la liberté était faite de cette matière composite : un alliage de joie, de larmes et de vent glacé. »

« Pourquoi était-il si difficile de dire ce qui compte à ceux qui comptent ? »

« … parce qu’on n’explique pas avec les mots à quel point la montagne peut suffire à un homme, remplir toute son existence, la déborder, même, envahissant ses rêves. »

Ecouter la lecture de la première page de "Et vous passerez comme des vents fous"

Fiche #3082
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Clara Arnaud lus par Vaux Livres


Geneviève DAMAS

Strange
Grasset

46 | 180 pages | 03-09-2023 | 18.5€

en stock

Strange est la confession ou la lettre d’un enfant à son père. Ce père gardien de prison est veuf. C’est un père aimant qui n’a pas reproduit ce que lui-même a vécu pendant son enfance. Mais c’est aussi un père qui n’a pas vu, pas su voir la douleur de Raphaël. Dès l’enfance, Raphaël ne se sentait pas bien dans son corps de garçon, les autres le voyaient, le sentaient, alors il subit injures, mépris, violence. Aujourd’hui, Raphaël est devenu Nora et affronte enfin ces questions « Qui je suis ? Qui je ne suis pas ? » qui le hante depuis toujours. Avant leur prochaine rencontre il est temps que son père le sache et espère-t-elle l’accepte pour ce qu’elle est : Nora lui confie ici son histoire avec guère de moments paisibles, peu de rencontres bienveillantes, fragile mais tenace, son départ pour Bruxelles, son entrée au conservatoire de musique. En effet, douée en musique, elle se plonge dans le chant mais sa voix change, suscitant douleur et angoisse ; elle doit trouver sa voix et sa voie, le long voyage vers son identité passe aussi par le chant. Elle revient sur les mensonges qui l’ont accompagnée jusqu’à aujourd’hui, sur le parcours éprouvant de la transition qu’elle mène. Geneviève Damas s’empare à nouveau avec justesse, compréhension et une immense humanité d’un long parcours douloureux, des obstacles à franchir pour se construire, s’accepter et libérer la parole.

Ecouter la lecture de la première page de "Strange"

Fiche #3083
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Geneviève Damas lus par Vaux Livres


Eric BONNARGENT

Les désarrois du professeur Mittelmann
Les Editions du Sonneur

45 | 278 pages | 29-08-2023 | 18€

C'est inédit : le professeur Mittelmann en ce jour de début septembre 2020, pour la première fois depuis trente-trois ans, ne prend pas le chemin de son lycée d’affectation. Professeur de philosophie en retraite. Alors il nous fait revivre ses études, son cursus, son entrée dans l’éducation nationale, les différents établissements où il sera nommé mais aussi ses cours. Prétexte à présenter les grands concepts philosophiques au programme : le propos est vif, imagé, agrémenté d’exemples souvent drôles. Il sait intéresser ses élèves (donc ses lecteurs) même les plus rétifs. Il nous fait également partager son intimité, ses exploits et ses drames amoureux, sa vie d’écrivain puisque Mittelmann est aussi romancier. Le propos n’épargne personne (sauf lui) : ses collègues enseignants ou romanciers, le monde éducatif, le monde littéraire, un brin désabusé et désenchanté, abandonnant ses illusions initiales sur la vie, sur l’enseignement, sur le monde, solitaire, mais jusqu’au bout, il gardera néanmoins l’envie de transmettre et d’éveiller curiosité et interrogations des élèves, un prof qui marquera ses élèves et Justine pourra en témoigner !

Premier roman

« Réussir là où je ne voulais pas réussir, échouer là où je voulais réussir. »

« C’est ça, être vieux : être d’attaque à l’aube, quand il n’y a plus rien à attaquer… C’était cela aussi, vieillir : devenir peu à peu étranger au monde. »

« … l’objectif étant toujours de tuer le temps avant qu’il ne nous tue. »

« Sans n’était-ce donc que cela, le bonheur : l’évitement du malheur. »

« … ce n’est pas moi qui choisis les programmes, ce sont de vieux messieurs, des pédagogues professionnels, bien contents d’eux-mêmes, qui n’ont pas vu d’élèves depuis des dizaines d’années… »

Ecouter la lecture de la première page de "Les désarrois du professeur Mittelmann"

Fiche #3080
Thème(s) : Littérature française


Julien PELLETIER

Quand j'ai quitté l'île Népawa
Julliard

44 | 232 pages | 29-08-2023 | 20€

en stock

Tout part de la minuscule île de Népawa, dans la région de l’Abitibi, au Canada, point de départ d’un roman monde. Julien est l’aîné de la famille, une famille pauvre, un père bûcheron illettré, une mère qui se sent prisonnière de l’île et de son couple. Julien va nous permettre de le suivre dans ses voyages initiatiques, trois ans sur les routes et les mers du monde, dans sa quête, une vie d’aventure pour trouver sa place, pour espérer enfin se penser légitime. Un parcours chaotique, bien loin d’être rectiligne : vagabonder, rencontrer, pour se connaître, pour se construire, pour grandir. Sous nos yeux, une identité prend forme, se malaxe et éclot enfin. On assiste à la naissance d’un homme honnête et libre et l’accouchement sera parfois douloureux. Ce récit rythmé par un enchaînement de billets de moins d’une page dresse le portrait émouvant d’un transclasse qui mettra du temps à s’accepter, à accepter sa nouvelle vie, mais jamais n'oubliera Népawa, sa première maison et les siens.

« Raconter sa vie comme une aventure et considérer que bien vivre est un art du recommencement. »

« Se déraciner pour mieux s’enraciner ailleurs. »

Ecouter la lecture de la première page de "Quand j'ai quitté l'île Népawa"

Fiche #3081
Thème(s) : Littérature étrangère


Giulio CAVALLI

L'ultime testament
L'Observatoire

43 | 271 pages | 20-08-2023 | 21€

en stock

DF est un pays où toute singularité a disparu. L’égalité s’est muée en uniformité (« ... tout ce qui n’était pas commun, était interdit et la beauté est une sorcière qui t’égare dans la forêt... la beauté était interdite à DF... »), plus d’émotion (un vaccin l’assure), plus de sentiments, plus de couleurs, la culture disparaît, seul le sport reste, les personnalités s’effacent et rentrent dans le moule avec obéissance. La société est sous contrôle (« ... un gouvernement serein qui pouvait se permettre de tout décider, même la forme et l’épaisseur des pensées... »), l’humain est sous contrôle et manipulé médicalement, le mensonge et l’hypocrisie règnent, la peur produit ses effets, peur de perdre son petit confort, sa tranquillité, l’engourdissement est généralisé, éviter les soucis pour le train train d’une vie grise sans poser de questions. Andrea Bussoli est le président, le quatrième de sa famille. Le pouvoir est en effet accaparé par une caste et se transmet de père en fils. Quelques résistants dans la clandestinité restent isolés, la lutte est périlleuse, les gains minimes et les évènements organisés par le pouvoir annihilent chaque petite victoire. Un roman d’anticipation angoissant, qui fait froid dans le dos, un avenir tragique annoncé par quelques signes avant-gardistes mais aussi par le passé.

« ... mais les élections ne sont pas nécessaires dans un pays où le sentiment de liberté n’existe pas, où l’inhibition sentimentale n’existe pas, où les besoins n’existent pas. »

« Vous voulez raconter une histoire à des gens qui ne comprennent pas votre langue. »

« On ne livre pas des batailles en fonction des probabilités de victoire, on livre des batailles parce qu’elles sont justes. »

« ... ils attendraient donc, qu’on s’occupe de sa sécurité et de la sécurité de tous mais d’abord de la sienne, de laisser ramper le désespoir, laissons monter le désespoir, à la fin nous mangerons l’espoir et les terroristes avec, les gens ont une foutue peur de se sentir bien quand pendant des années ils n’ont rien senti, ils confondent pour la plupart le calme et le néant, ainsi on s’y retrouve. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'ultime testament"

Fiche #3078
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Lise Caillat


Mouloud AKKOUCHE

Jardin des oubliés
Gaïa

42 | 185 pages | 20-08-2023 | 19.9€

en stock

Une île. Ses riches habitants installés depuis peu sont repartis rapidement abandonnant leurs villas et laissant seul le régisseur et ses deux chiens. Espérant la venue d’autres habitants ou pas, il entretient, répare, coupe... « L’érosion aura le dernier mot » mais il continue. Toujours et encore. Tant qu’il le pourra. Totalement isolé du monde (d’ailleurs un autre monde existe-t-il encore ?), sans réseau, plus personne ne vient sur l’île. Il y aurait une seule porte de sortie, par la mer, par la Mâchoire, mais le passage est très dangereux et de toute façon, il n’en a pas envie. L’île et lui ne font plus qu’un. Seule occupation supplémentaire : accueillir les noyés qui s’échouent un à un sur l’île très régulièrement. Ils sont plus ou moins abimés par leur séjour dans l’eau, à chaque fois un tatouage particulier dans le cou. Ils les répertorient, les enterrent et prépare la tombe pour le suivant. Jusqu’au jour où la noyée n’en est pas une, puisqu’elle vit encore. Elle ne parle pas, ne se souvient de rien, sans identité, sans passé. Lui ne sait plus non plus parler, l’humain lui est devenu étranger. Alors vont-ils tenter de cohabiter en continuant à s’ignorer ou en s’apprivoisant. Et le gardien en aura-t-il encore le temps ? Et si la venue de cette femme en annonçait une autre ? des autres ? pour un nouveau monde ou la fin d’un monde ? Une île qui ne lâchera plus ses derniers occupants comme les lecteurs de ce roman envoutant (par son déroulement comme par son style), mystérieux et qui nous interroge notamment sur les sources réelles comme sur les suites de ces solitudes.

« Les mots, même les plus forts, les plus beaux, les plus intelligents, finissent par se perdre dans le labyrinthe du silence. La fin gagne toujours. »

« ... tout début porte sa fin. »

Ecouter la lecture de la première page de "Jardin des oubliés"

Fiche #3079
Thème(s) : Littérature française


Piergiorgio PULIXI

Le chant des innocents
Gallmeister

41 | 328 pages | 18-08-2023 | 23.8€

Une scène de crime horrible et singulière ouvre le bal : une gamine de treize ans un couteau à la main, à ses pieds un corps transpercé de 85 coups de couteau. L’inspectrice Teresa Brusca, choquée et désemparée, vient demander conseil à son mentor, son chef, Vito Strega l’homme qu’elle aime même s'il ne cède pas à ses avances et qu'elle est mariée à un autre. Petit souci, Vito Strega est suspendu après avoir tué l’un de ses collègues, son binôme. En attendant, il est contraint à des séances avec une psy et l’homme est coriace et rétif, d’autant plus qu’il n’arrive pas à digérer le départ de sa femme et peine à respecter une mesure d’éloignement. C’est un homme puissant, costaud, un géant au caractère bien trempé, rapidement en colère, aux méthodes limites voire violentes mais c’est le meilleur et en réalité c’est aussi un tendre et un émotif. Rapidement, il va devenir indispensable à l’enquête puisque d’autres crimes violents, atroces et inexpliqués vont être commis par des collégiens qui jamais ne cherchent à fuir. Rien ne semble relier ces meurtres et ces jeunes, leur malaise et leurs dérives, Vito Strega va devoir aller au bout de ses intuitions pour élucider et stopper cette série mortelle et en même temps gérer sa séparation et ses séances avec une psy suspicieuse et intrusive. Cette première enquête de Vito Strega nous permet de découvrir un personnage multiple, hanté par son enfance, cabossé par la vie, torturé, un flic totalement impliqué dans ses enquêtes et aux côtés des victimes dans une enquête bien menée au cœur du mal et de la vengeance, des personnages secondaires aussi réussis et le tout sur un rythme effréné.

Ecouter la lecture de la première page de "Le chant des innocents"

Fiche #3076
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Anatole Pons-Reumaux


Frédéric PLOUSSARD

Tout blanc
Héloïse d'Ormesson

40 | 312 pages | 18-08-2023 | 20€

Blanche est enfin décidée : elle le quitte ! Ce mari qui la frappe. Avant de partir, elle brûle la maison et part à la recherche de son frère. Elle rejoint les Alpes, se cache de son mari avec la bénédiction de son beau-père et retrouve son frère à Bourgevel et l’auteur va s’en donner à cœur joie : un maire sans scrupules prêt à tout pour arriver à ses fins, une entreprise qui cherche un second souffle coûte que coûte, un professeur maboule au top... Ce génie inventera en effet la neige qui résiste à la hausse de température, un filon à exploiter et Bourgevel (et ailleurs) croulera bientôt sous la neige... En retrouvant son frère, Blanche rencontrera aussi l’amour, espèrera une vie plus tranquille mais les évènements vont venir bousculer tous ses espoirs... Un récit enlevé, vif, drôle, imaginatif, déjanté, ironique, non dénué d’espoir, qui déborde d’idées extravagantes, de fantaisie, d’ironie et d’humour, les trouvailles s’enchaînent sur un rythme échevelé, reste au lecteur à rentrer dans la danse et à garder le rythme.

Ecouter la lecture de la première page de "Tout blanc"

Fiche #3077
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Frédéric Ploussard lus par Vaux Livres


Renaud DE CHAUMARAY

Mille hivers
Le mot et le reste

39 | 208 pages | 17-08-2023 | 19€

en stock

Dorothée est de retour sur l’île privée appartenant à son père, riche dirigeant d’entreprises pharmaceutiques. Elle a passé son enfance, ici avec lui, sa mère les ayant quittés subitement et sans explication. Aujourd’hui, il est seul dans son lit et vit ses derniers jours. Tortu, son homme à tout faire, prend soin de lui et de l’île. A peine installée, la nuit est marquée par une terrible tempête, les murs de la villa tremble et le lendemain matin, l’inattendu la surprend : la plage d’une île de Gascogne voit son premier iceberg échoué ! Etrange ? Inquiétant ? Dangereux ? Inexpliqué et inexplicable ! Dorothée veut prévenir les autorités alors que Tortu ne voit pas cette décision d’un bon œil ayant peur de perdre sa quiétude et sa solitude. Rapidement un homme mystérieux dit venir voir son père pour un fait d’une haute importance, et les évènements improbables vont s’enchaîner. Un récit prenant qui débute dans l’étrangeté, qui voit sa tension s’accroître pour terminer dans l’explosion d’une boule d’émotion inattendue mais c'est aussi l'histoire d'un amour fou, puissant, éternel au-delà de la mort. Un premier roman singulier, maîtrisé par sa trame et son style, une vraie réussite.

Premier roman

« Elle se demanda quand l’humanité avait commencé à foirer sa façon d’habiter cette planète. A l’époque de la révolution industrielle, du commerce triangulaire, de la maîtrise du feu ? S’était-on fourvoyés à partir du moment où l’on s’était élevés au-dessus de notre propre condition de primates ? »

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Fiche #3075
Thème(s) : Littérature française


Marsha MEHRAN

Eau de rose et Soda bread
Philippe Picquier

38 | 375 pages | 16-08-2023 | 22€

Certains lecteurs avaient déjà poussé avec bonheur la porte du Babylon Café dans Une soupe à la grenade : on retrouve en effet les trois sœurs iraniennes Marjan l’ainée, Leila et Bahar exilées et on continue de suivre leur nouvelle vie irlandaise sous toutes ses facettes. Elles ont toutes souffert en Iran et ces souffrances continuent d’avoir des conséquences sur leur comportement, leur vie au jour le jour, surtout qu'elles ne partagent guère leurs tourments. Marjan assume tout, prend tout en charge, sa santé, leurs santés, le restau, leurs peurs, leurs peines... Mais il est peut-être temps qu’elle se réserve un espace de liberté avec une rencontre amoureuse... On retrouve également Estelle Delmonico, veuve italienne d’un pâtissier, qui les avait aidées à ouvrir leur restaurant, comme ceux qui les acceptent, qui acceptent la différence et les autres notamment les vieilles rombières catholiques et autres commères qui n’hésitent pas à passer l’action... Estelle découvre sur la plage une jeune femme très jeune, très belle, des mains singulières et merveilleuses, presque morte, une vraie sirène. Elle l’emmène chez elle et appelle le médecin (pakistanais) qui dresse le diagnostic. Estelle refuse de la juger et préfère coûte que coûte la sauver et l’aider. Elle met Marjan dans la confidence. Le trio emmène la belle inconnue mystérieuse à l’hôpital avec un retour rapide à la maison. Ils vont alors rechercher l’identité de cette jeune femme qui à son réveil ne les aidera pas en gardant le silence. Une vraie enquête qui les éclairera sur l’identité de cette femme, son histoire et les causes de sa disparition. Un récit enlevé avec des personnages attachants et à nouveau la cuisine iranienne au centre du récit (avec des recettes à la fin du récit) pour notre plus grand plaisir, les épices, les odeurs, les herbes, les plantes et la conviction que la cuisine reste essentielle en aidant, rapprochant, et soignant.

Ecouter la lecture de la première page de "Eau de rose et Soda bread"

Fiche #3074
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Santiago Artozqui

Les titres de Marsha Mehran lus par Vaux Livres


Thibaud GAUDRY

La Vénus au parapluie
Buchet-Chastel

37 | 175 pages | 15-08-2023 | 18.5€

Il pleut sur Paris : un petit coin de parapluie pour un coup de foudre. Devant le cinéma, elle lui propose de s’abriter sous son parapluie, coup de foudre, déflagration, fulgurance. Le récit nous fait partager ce qu’il va ressentir sur fond de comédies américaines hollywoodiennes, de balades dans Paris, ses quartiers, ses ponts et ses cinémas : « leur rencontre serait bientôt inscrite au répertoire des Monuments romantiques ». Description non dénuée d’humour de la rencontre, des premiers moments (théorie remarquable de l’accoudoir !), de ses émois, de ses sentiments qui prennent leur envol, de ses fantasmes et rêves, croire aux signes puis ne plus leur donner sens lorsque Vénus retourne à la maison... Les histoires d’amour finissent mal en général.. Comédie romantique drôle, fraîche, tendre et sensible avec un style enlevé et vif.

Premier roman

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Fiche #3072
Thème(s) : Littérature française


Thomas B. REVERDY

Le grand secours
Flammarion

36 | 318 pages | 15-08-2023 | 21.5€

en stock

Description minutée et chronologique d’une journée particulière en respectant l’emploi du temps d’un lycée, avec notamment Candice, prof de français et de théâtre et Paul, écrivain venu animé son premier atelier d’écriture : un lycée, un emploi du temps, une journée. A Bondy. Bondy nord. Différents protagonistes vont nous faire partager cette journée particulière qui démarre très tôt sur le chemin du lycée avec Mo et Mahdi. Au coeur une zone guère attirante, entre autoroutes, ronds-points, camp de Roms, zone industrielle... Mahdi après une altercation se fait tabasser par un adulte baraqué au crane rasé. Mo retrouve le gars dans le bus, le photographie presque par hasard et constate que c’est un flic. La photo se retrouve sur les réseaux qui s’enflamment immédiatement. En parallèle, pendant que l’orage couve puis gronde, la journée au lycée débute. Le récit dresse le portrait de l’état de délabrement dans lequel se trouve le lycée, le Titanic tangue, le bateau prend l'eau de toute part, l'iceberg se rapproche, tout le monde le sait, les profs, les CPE, les surveillants écopent, écopent, jusqu’à l’épuisement, mais jusqu’à quand ? Paul prend ses marques, rencontre des gamins attachants, différents, volontaires pour certains, découvre la vie du lycée, ses codes, ses soubresauts, ses éclats, sa lumière comme sa noirceur, le lourd combat permanent du personnel éducatif pour faire grandir, réfléchir, progresser les lycéens. Thomas B. Reverdy continue d’explorer l’humain avec maîtrise tant de le fond que dans la forme : ses personnages toujours contrastés et multiples, leurs questionnements et leurs choix dans un cadre singulier, leurs espoirs, et cette fois, il revient au bout de notre rue, dans notre espace. Vingt-quatre heures dans un lycée entre apprentissage et émeute : une journée, un état des lieux, une explosion, une nouvelle émeute comme énième avertissement mais « C’est ça, tu vois, qui est un peu fatigant. Ils ne veulent pas que ça marche. Juste, que ça ne fasse pas de vagues. », pourtant les vagues deviennent de plus en plus répétitives et puissantes...

« C’est une délicieuse torture, le désir. »

« Un écrivain, c’est comme ça, peut-être. Quelqu’un qui rêve plus qu’il ne vit. »

« ... la sociabilité, chez les adolescents, est un champ de mines... »

Ecouter la lecture de la première page de "Le grand secours"

Fiche #3073
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Thomas B. Reverdy lus par Vaux Livres


Peace Adzo MEDIE

Sa seule épouse
L'Aube

35 | 298 pages | 14-08-2023 | 22€

Afi Tekple vit seule avec sa mère dans une petite ville du Ghana quand elle apprend une nouvelle qui va révolutionner sa vie : elle va se marier avec Eli, un des fils d’une riche et influente famille ghanéenne. Ses sentiments sont mitigés : heureuse de ce mariage, de ce changement de vie, mais elle ne connaît que très peu Eli. Qui est-il vraiment ? Vont-ils s’aimer, vont-ils former un vrai couple ? Questionnements renforcés par l’absence d’Eli au mariage ! Monsieur est très pris ! Elle déménage pour Accra, se retrouve seule dans un appartement luxueux avec une multitude d’employés à sa disposition. Mais pour l’instant, pas d’Eli ! Elle apprend qu’il a été ensorcelé par une Libérienne qu’il aime et qu’il ne veut pas quitter d’autant plus qu’ils ont eu une enfant qui est très malade. Or, Afi n’est pas prête à partager son mari, passant outre les désirs et projets de sa belle-famille et de sa mère, elle n’a qu’une seule envie : s’installer avec son mari et être sa seule épouse. Pas à pas, petite victoire après petite victoire, Afi apprend à connaître Eli, tombe amoureuse et dans son « malheur », Eli est attentionné, doux, attentif, à l’écoute. Afi va trouver sa place, forcer les portes, repousser les petits arrangements entre familles, les habitudes familiales et autres, le patriarcat, obtenir une vraie indépendance pour devenir une femme, une épouse, une femme d’affaires et une mère à part entière. Un portrait engagé au cœur du Ghana d’une très jeune femme amoureuse au caractère affirmé qui sait ce qu’elle veut et que rien ni personne ne pourra faire dévier pour l’obtenir.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Sa seule épouse"

Fiche #3070
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Benoîte Dauvergne


Mathias ENARD

Déserter
Actes Sud

34 | 255 pages | 14-08-2023 | 21.8€

« Déserter » mène de front deux récits avec en toile de fond la guerre. Dans un maquis méditerranéen, un homme est en fuite. Il déserte. Il veut s’extraire de l’humanité, fuir, fuir la violence de la guerre, fuir sa propre violence. Mais en réalité, une traque se met en marche, traque de l’humanité envers ce fuyard sous la forme peut-être d’une jeune femme elle-aussi en fuite pour des raisons opposées. Le 11 septembre 2001, lors d’une croisière aux alentours de Berlin, un colloque rend hommage à Paul Heudeber, mathématicien ancien déporté qui a survécu aux camps, un homme entre poésie et mathématiques, indissociable de sa femme Maja, présente à ce colloque dirigé par leur fille Irina. Paul Heudeber était un fidèle, fidèle aux mathématiques, fidèle à ses convictions : « Mon père marchait sur deux jambes : l’algèbre et le communisme. » Fidèle malgré les trahisons, les mensonges dans le cadre intime ou professionnel et la folie nazie. La guerre, la fidélité, l’engagement, la trahison et le mensonge, la fuite, l'amour, l’espoir, Mathias Enard ne touche-t-il pas du doigt l’essence même de l’humanité ?

« L’humanité me semble, en gagnant le capitalisme, avoir perdu l’humanité. Partout dans le monde. »

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Fiche #3071
Thème(s) : Littérature française


Darragh MCKEON

Le Dimanche du souvenir
Belfond

33 | 237 pages | 11-08-2023 | 22€

en stock

Simon s’écroule littéralement dans une rue de New-York victime d’une crise d’épilepsie. La crise est violente et il n’en avait plus fait depuis trente ans. On le retrouve sur une table d’opération, espérant une réparation physique du mal qui le touche depuis son enfance. Cela suffira-t-il ? Simon revient aux sources, à son enfance dans la campagne irlandaise, dans la ville d’Enniskillen. Une remontée dans le passé, aux côtés de son père, sa mère étant morte rapidement. Il rencontrera Esther, une jeune hollandaise venue s’installer temporairement dans une ferme voisine. Ils passeront une nuit, isolés, sur une île. Isolés mais pas seuls, puisque Simon croisera des hommes déchargeant discrètement du matériel en pleine nuit et échappera au pire grâce à l’un d’eux qui les protègera et les enjoindra à se cacher en silence. Une rencontre, une voix qui, aujourd’hui il le sait, le marquera à jamais ainsi que l’attentat meurtrier quelques jours plus tard, dans sa ville, le 8 novembre 1987 à 10h43 pendant le Dimanche du souvenir, 10h43 l’heure de ses premières crises d’épilepsie... Il reviendra sur son engagement, sur le moment où il a fallu choisir son camp, sans retour en arrière possible, définitivement. Puis, entouré de son frère et de ses convictions, son entrée dans le combat, lui qui aspirait à une vie simple avec sa femme et ses enfants. L’engagement va l’aspirer dans une spirale infernale, incontrôlée jusqu’à l’irréparable. Aujourd’hui, il est temps de regarder la vérité et ce passé en face, d’analyser cette tragique trajectoire pour espérer assimiler un passé qui le minait depuis de longues années. Un récit puissant, émouvant au cœur de l’engagement, de la vraie radicalité, de la violence et des cicatrices qu’elles laissent et qui prennent des années à cicatriser, si elles cicatrisent.

« Aie pitié des riches, lui disait sa mère, ils ne peuvent pas vivre dans l’illusion que l’argent fait le bonheur. »

« ... on n’est jamais propriétaire de la terre, on l’entretient pour la génération suivante. »

« La paix ne peut advenir qu’après les jours les plus sombres. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le Dimanche du souvenir"

Fiche #3067
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carine Chichereau


Gary VICTOR

Le violon d'Adrien
Mémoire d'encrier

32 | 185 pages | 11-08-2023 | 19€

Adrien vit en Haïti dans les années 70 avec déjà le poids de la dictature sur ses jeunes et frêles épaules. Adrien prend des cours de violon pour le plus grand bonheur de sa mère avec un professeur qu’il admire même s’il est ami du pouvoir. Après un an, il doit rendre le violon qui lui avait été prêté. Adrien va se mettre en tête de trouver l’argent nécessaire pour acheter son violon s’il veut continuer les cours. Son passage à l’âge adulte va en être accéléré en se retrouvant violemment confronter aux conséquences d’une dictature au jour le jour, échapper à la terreur, se cacher, dénoncer, ressentir une peur permanente et pesante, sentir qu’on ne peut protéger ceux qu’on aime... Histoire d’une fêlure, d’un manque, d’une passion inassouvie d’un enfant à l’enfance trop courte rattrapée par la folie des hommes, les contes sont souvent noirs en Haïti...

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Fiche #3068
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Gary Victor lus par Vaux Livres


Eléonore DE DUVE

Donato
Corti

31 | 213 pages | 11-08-2023 | 21€

« Clio exerce le métier de chercheuse en – peu importe, chercheuse du fond de la tasse, de la cuillère immergée, de la courbure hachée des ongles... » alors rien d’étonnant que Clio parte sur les traces de son grand-père Donato. Un grand-père qui peu à peu perd ses souvenirs qu’il n’a d’ailleurs que peu partagés : « Dans une toute autre vie, décidemment, Donato se serait raconté comme on raconte des histoires. » Un gamin des Pouilles, emblématique d’un certaine catégorie de la population à la sortie de la guerre, en lutte face aux difficultés de la vie. Il devra quitter la lumière éclatante des Pouilles pour la noirceur et l’âpreté des mines belges auxquelles il s’évertuera à résister ; la survie dans la pauvreté, toujours et encore. Alors Clio reliera les étapes d’une vie guère mise en avant : « Quand on cherche à reconstruire la mémoire de quelqu’un, fatalement, on s’efforce (on se maltraite un peu) à convoquer des images qui ne sont pas les nôtres, à évoquer des évènements étrangers, à entendre, voir, s’émouvoir, pleurer, sentir, jouir, comme l’autre, à remplir sa boîte interne (la former, l’informer) d’une matière insaisissable et, par conséquent, insuffisante. » Portrait (aussi imaginé) attachant d’une vie dépeinte avec un style travaillé, précieux, foisonnant de trouvailles, de mots anciens ou littéraires, d’associations de mots. Un premier roman raffiné et ambitieux.

Premier roman

« ...le langage peut maltraiter celui qui est faible à son endroit... »

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Fiche #3069
Thème(s) : Littérature française


Marie DE CHASSEY

Ce qu'il reste à faire
Alma

30 | 134 pages | 08-08-2023 | 16€

Judith et Florence ont pratiquement toujours vécu ensemble. Au moment de l’accouchement, le père de Judith s’était déjà envolé et Florence a tout assumé seule. Elle a tout fait pour sa fille, pense que Judith n’a aucun secret pour elle et la connaître mieux que quiconque. Après quelques années de séparation, Judith revient dans l’appartement de son enfance, mais c’est un terrible retour : Judith malgré son jeune âge (une vingtaine d’années) est atteinte d’un cancer qui ne laisse aucun espoir. Florence l’a accompagnée pendant les premiers traitements, et elle a décidé de son retour pour les soins palliatifs. Judith retrouve un appartement inchangé, les mêmes rangements, les mêmes objets, les mêmes odeurs. Et Florence. Une mère qui l’adore, qui l’aime et une mère qui retrouve un rôle, une place presque similaire à celle occupée au moment de la naissance de Judith : Florence décide, gère, organise, propose parce ce qu’elle connaît sa fille et sait ce qui est le mieux pour elle. Mais peut-on être aussi omnisciente et omnipotente face à une jeune femme même très malade qu’avec un bébé ? Elle est en effet totalement dévouée, fait tout ce qu’elle pense attendu par Judith. Elle devance ses désirs, du moins ceux qu’elle lui accorde. Evidemment, elle a encore une once d’espoir malgré les douleurs immenses et continues de Judith, sa perte de poids, son manque d’appétit, ses silences, les perfusions et les multiples médicaments ingérés. Leur quotidien est émaillé des visites de Théo l’infirmier qui dresse un constat médical sans sentiment qui contraste avec le ressenti de Florence. Il faudra un long chemin de souffrance, pour que, tout en conservant son amour absolu pour sa fille, elle dresse le constat douloureux que « Elle ne sait plus ce qu’il y a de mieux pour elle. » et que Judith puisse enfin exprimer son propre désir même s’il est douloureux pour toutes les deux. Un texte poignant qui place la relation mère-fille dans le cadre d’une fin de vie (prématurée), décrit le cheminement d’une mère aimante pour entendre et accepter les derniers désirs de sa fille et apporte peut-être une pierre dans le long (trop ?) débat sur la fin de vie...

Premier roman

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Fiche #3065
Thème(s) : Littérature française


Caimh MCDONNELL

L'homme qui murmurait à l'oreille des mamies
Alibi

29 | 350 pages | 08-08-2023 | 22€

Paul Mulchrone fait du bénévolat (comptabilisé pour sa conditionnelle) dans le service gériatrique d’un hôpital de Dublin. Il rentre dans l’intimité des résidents qui pour la plupart rencontrent quelques soucis de mémoire. Ils le prennent souvent pour un autre, un ami, un membre de la famille et Paul ne les contredit pas, l’homme qui murmure aux oreilles des mamies est un gentil ! Un soir, avant de repartir, une infirmière lui propose de rencontrer un dernier patient qui ne voit pas grand monde. Paul accepte, le vieux le prend pour un autre, la tension monte et malgré tout l’équipement médical le vieux s’en prend à lui violemment et tente de le tuer ! Paul met ça sur le compte de l’âge et pense que le vieux a déliré ou s’est trompé de personne. Mais quelques jours plus tard, rebelote ! Et, cette fois, c’est un professionnel, véritable tueur à gages, qui s’attaque à lui. L’infirmière, Brigit, grande fan de séries et romans policiers, qui en outre se sent fautive et redevable revient vers lui pour l’aider. Le vieux n’était pas celui qu’on croit, un inspecteur proche de la retraite est chargé de l’enquête avec un bleu pistonné, Paul et Brigit deviennent des cibles pour des tueurs et s’engagent dans une enquête périlleuse qui prend source dans une vieille histoire qui a marqué l’Irlande. Un polar atypique et jubilatoire tant les situations et les dialogues drôles et cocasses s’enchaînent et les personnages décalés et attachants. Premier volume d’une trilogie, on attend le deuxième avec impatience.

Premier roman

« La majorité des gens préfère parler qu’écouter, vous savez. »

« La physique atomique, c’est compliqué. Le Moyen-Orient aussi. Nos vies ? Elles sont super simples, en fait, mais nous nous les compliquons nous-mêmes. »

« ... la plupart des hommes ne sont que des gamins autorisés à boire. »

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Fiche #3066
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Laurent Queyssi


Joséphine TASSY

L'indésir
L'Iconoclaste

28 | 388 pages | 05-08-2023 | 20.9€

Nuria est une jeune femme pas tout à fait noire, et cette nuit-là, rentrée de boîte avec une rencontre, Abel qui finalement se révèlera d’un grand secours, un coup de téléphone transperce la nuit : « Maman est morte. ». Une mère qu’elle n’a guère connue. Petite fille, son père est décédé, elle sera alors élevée par sa grand-mère paternelle et finalement coupera rapidement les ponts avec sa mère. Elle ne la connaît pas et n’a pas de sentiments pour elle. Mais la mort interroge, remue et à partir des obsèques, toujours accompagnée d’Abel, elle rencontre ceux qui l’ont connue, côtoyée, aimée et la vie de sa mère se dévoilera progressivement. Nuria et Abel les questionneront et ceux-là leur livreront ce qu’ils veulent. Elle découvrira la double malédiction de sa famille : les yeux jaunes des femmes et leur suicide, son arrière grand-mère, sa grand-mère, alors sa mère ne voulait pas de fille... Il aura donc fallu la mort de sa mère pour que Nuria la découvre, la rencontre et peut-être aussi se découvre. Un premier roman à la forme singulière tant Joséphine Tassy joue à merveille avec les styles et la forme.

Premier roman

« C’est pas l’envie qui est parti, pas exactement. C’est le désir. Elle a perdu le désir. Et sans le désir, on n’est plus rien. Mais le désir de quoi ? Le désir tout court. C’est une force qui nous projette au-delà de nous-mêmes. Une chose irrésistible qui donne des rêves. C’est ce truc qui nous fait pleurer de rage parce qu’on n’est pas encore ce qu’on aimerait être. C’est le désir. Le désir tout court. Il inspire tout. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'indésir"

Fiche #3063
Thème(s) : Littérature française


Lyonel TROUILLOT

Veilleuse du calvaire
Actes Sud

27 | 175 pages | 05-08-2023 | 19.9€

Sur cette colline haïtienne (personnage à part entière du roman), les hommes cupides se sont installés : « Ils étaient libres, les premiers corps qui sont montés au sommet de la colline. Et puis sont venus les chasseurs, les arpenteurs, les notaires, les banquiers, la loi, le pouvoir, l’ordre, la bienséance, la torture, le viol, les conventions… » Un espace abîmé, violenté, comme ses premiers habitantes et habitants puis les suivants. Des hommes prêts à tout pour arriver à leurs fins, pour se partager ce qu’ils ont décidé : deux mondes qui se font face. L’un est prêt à détruire, mutiler, violenter pour sa réussite et l’autre doit lutter et résister face à cette folie destructrice. Chaque femme prend la parole pour s’exprimer sur cette colline et sur leurs vies. L’une d’elles, la veilleuse met sa sagesse en branle pour garder en mémoire le passé et son histoire pour arriver à survivre et espérer vivre autrement. Mais elle observe la dérive de ces hommes sans limite, la critique et la juge vertement. Douleurs, cris, mort, violence, oppression extrême des mâles dominants restent en permanence le quotidien des femmes. Avec un style vif, rythmé, en rupture, Lyonel Trouillot place au centre de son propos la souffrance des femmes et leur courage.

« L’homme est la seule espèce qui n’a pas besoin d’aide pour créer son malheur. »

Ecouter la lecture de la première page de "Veilleuse du calvaire"

Fiche #3064
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Lyonel Trouillot lus par Vaux Livres


Hugo LINDENBERG

La nuit imaginaire
Flammarion

26 | 220 pages | 04-08-2023 | 21€

Un jeune étudiant, 21 ans, erre dans Paris. Il a perdu sa mère à six ans et rejoint le triste appartement de son père. Or il vient d’apprendre que sa mère s’était suicidée. Nous allons partager son mal être, sa désolation, son immense tristesse qu’il noie dans ses pérégrinations au cœur des nuits parisiennes (« La nuit est une berceuse sans fin… »), les rencontres entre garçons, jeunes hommes, hommes, observer, essayer, se cacher, oublier mais toute relation semble compliquée ou ambiguë. Il aimerait en savoir plus sa mère et sa mort et retrouve quelques-unes de ses anciennes amies espérant comprendre et se libérer, quête perdue d’avance : « Parfois j’aimerais être déjà vieux pour m’épargner les incertitudes de l’existence. M’épargner l’angoisse de chaque instant pour les drames possibles du suivant. »

« L’angoisse est un ours noir qu’il faut chasser à force de rires et de cris, sinon il revient poser sa patte sur toi et tu ne peux plus bouger. »

« Ne pas avoir peur de mourir, est-ce en avoir envie ? »

« Il faut beaucoup de courage pour être fou. »

Ecouter la lecture de la première page de "La nuit imaginaire"

Fiche #3062
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hugo Lindenberg lus par Vaux Livres


Jérôme AUMONT

Un empêchement
Bourgois

25 | 230 pages | 03-08-2023 | 20€

en stock

Trois voix pour ce roman choral : Xavier, Mathieu et Marie. Marie et Mathieu vivent en couple, leur fille Jeanne ayant quitté récemment le cocon familial, ils se retrouvent en duo, face à face. Marie est une femme hyper active, très engagée dans son métier. Elle a été très amoureuse de Mathieu mais une certaine distance s’est créée dans le couple. Mathieu a noué une relation privilégiée avec Jeanne et semble se satisfaire de sa vie de couple. Marie le traîne un soir à l’une de ses nombreuses soirées mondaines et il rencontre Xavier, un journaliste pigiste. Une discussion informelle loin du tumulte, quelques regards, il se passe quelque chose, ils se revoient une fois et peuvent s’avouer leur coup de foudre, leur envie d’être ensemble, de s’aimer, de partager. Mais évidemment, Mathieu est en couple, même s’il ne se l’est jamais avoué, mais il se sait pas à sa place (« Etre un bon petit soldat. Un bon père. Je crois même que, de temps à autre, j’arrive à être un bon mari. »). Alors ce sera deux ans de bonheur mais caché et secret. Xavier a déjà aimé passionnément mais son premier amour est mort du sida. Alors il oscille entre espoir et désespoir, n’osant croire à son bonheur, aujourd'hui et demain. Et puis Xavier meurt au volant de sa voiture. « Un empêchement » donne successivement la parole à Mathieu, puis post-mortem à Xavier et enfin à Marie. Chacun partage avec pudeur et franchise son quotidien, ses peurs, ses amours, ses déchirements, ses espoirs, ses envies, ses sentiments, ses hésitations. Chronique tendre, douce, sensuelle, délicate et émouvante d’un amour impossible au cœur d’un triangle amoureux.

Premier roman

« L’amour n’est pas le cimetière de nos erreurs et de nos errances. »

« On a beau se savoir mortel, on n’en nourrit pas moins des désirs d’éternité. »

« On est toujours le plus convaincant des baratineurs lorsqu’il s’agit de se mentir à soi-même. »

« Il est plus facile de vouloir du bien aux autres que de les entendre vous faire la leçon. »

« On passe la première moitié de sa vie à désirer des choses que l’on ne peut pas s’offrir et la seconde moitié à se rendre compte que l’on vit mieux sans. On comprend alors que c’est le désir qui nous portait, une certaine forme de frustration aussi. »

« Il arrive un moment où, dans une carrière, on n’est plus jugé sur la manière dont on s’acquitte de ses fonctions, mais sur celle dont on les habite. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un empêchement"

Fiche #3060
Thème(s) : Littérature française


Laurent PETITMANGIN

Les terres animales
La Manufacture de Livres

24 | 223 pages | 03-08-2023 | 18.9€

Un accident nucléaire et il faut partir, évacuer, abandonner. Certains choisissent délibérément de rester : « Nous ne nous ressemblons pas. Bien sûr, pour les autres, ceux hors zone, nous sommes les mêmes. Mais c’est faux. Nos raisons, nos trajectoires sont différentes. Seules nos perspectives tendent peut-être à se rapprocher, à se fondre dans une même inconnue. ». Parmi eux, se trouvent Sarah et Fred (leur petite fille est enterrée dans le village), Lorna et Marc (quoi de mieux pour se retirer du monde), Alessandro. Laurent Petitmangin nous place au plus près de ses personnages, de leurs préoccupations, de leurs questionnements, de leurs doutes, de leur espace de vie, de la nature qui les entoure, et des relations et amitiés qui se nouent dans ce cadre particulier. La vie continue, bouleversée, peut-être plus de liberté mais aussi plus de contraintes, une vie sans horizon (« Pense aux tranchées, mec. On est dans une putain de tranchée. On est comme eux. On sait que c’est désormais là que ça se passe. On sait qu’on va se faire dégommer, qu’on sorte, qu’on reste, mais c’est trop tard pour faire quoi que ce soit d’autre. »), dans le dénuement (l’opulence, la consommation à outrance, c’est terminé), un retour douloureux à l’essentiel. La vie continue et un enfant va naître, une naissance qui va remettre en cause les choix de certains qui paraissaient irréversibles. Laurent Petitmangin (et son style qui nous met littéralement en apnée) déploie une nouvelle fois toute son humanité pour décrire les relations humaines cette fois sous contrainte d’une catastrophe nucléaire, des humains qui retrouvent une place moins hégémonique dans une nature en souffrance payant la prétention des hommes.

Ecouter la lecture de la première page de "Les terres animales"

Fiche #3061
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Petitmangin lus par Vaux Livres


Régis FRANC

Je vais bien
Les Presses de la Cité

23 | 155 pages | 02-08-2023 | 18€

Régis Franc nous offre le récit autobiographique d’une famille qui se voit percuter par la mort prématurée de la mère. Elle meurt alors que son mari met la dernière pierre à la maison qu’il a construite pour elle, pour eux. Un séisme dont les enfants (Régis et sa sœur) ne se remettront pas (« Alors une lourde, longue, longue vague comme jamais a déferlé sur mon âme : Maman est morte. »). L’auteur qui se voit maintenant comme le miroir de son père revient sur l’histoire de sa famille et de ses ascendants. La mère disparue, la figure du père prend naturellement une place importante. Un père avec qui il a peu parlé (« Trop de silences ont sédimenté entre nous. »), mais un père qui l’a construit, qui lui a certainement ouvert les portes d’une certaine liberté. Une famille modeste, le père deviendra maçon après avoir été viré pour des revendications collectives salariales que le patron n’acceptera pas, donc un père engagé, digne, fraternel, cultivé. Illustré de nombreuses anecdotes, portrait tendre, émouvant et attachant d’une famille, d’un monde ouvrier encore plein d’espoir voire d’utopie, d’une douleur intense après la mort d’une mère, trop tôt donc forcément injuste.

« Nous apprîmes alors la mélancolie, sentiment si inapproprié au caractère des gens du peuple. »

Ecouter la lecture de la première page de "Je vais bien"

Fiche #3058
Thème(s) : Littérature française


Salma EL MOUMNI

Adieu Tanger
Grasset

22 | 178 pages | 02-08-2023 | 18€

Alia est lycéenne à Tanger et Alia subit le regard insistant des hommes sur son corps. Ses parents lui recommandent la discrétion, le silence… mais rien n’y fait. Elle ne comprend pas ces regards, ces sifflements, ces interpellations… Alors pour tenter de mieux appréhender son corps, de l’apprivoiser, elle se prend en photo dans sa chambre. Au lycée, elle fréquente Quentin, un Français d’une famille d’expat, donc de passage, un monde bien éloigné du sien mais qui l'attire. Sa confiance est violée par ce goujat, et ses photos se retrouvent en ligne ce qui la contraint à l’exil. Elle s’installe à Lyon, abandonne ses études et à nouveau, son visage typé la met à l’index. Sa différence est remarquée, raillée, affichée. La mise à l’index provient autant des blancs que de ses compatriotes exilés. Elle craint même de retrouver Quentin à Lyon alors retourner à Tanger ? Pour qui ? Pour quoi ? Un roman d’une grande justesse, puissant et percutant qui décrit les difficultés voire l’impossibilité d’une petite fille, d’une adolescente, puis d’une femme à trouver sa place, qui nous parle du corps des femmes et du regard inquisiteur des hommes, de la différence et du regard des autres, et de déracinement sans retour possible.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Adieu Tanger"

Fiche #3059
Thème(s) : Littérature française


Justine NIOGRET

Quand on eut mangé le dernier chien
Au Diable Vauvert

21 | 212 pages | 01-08-2023 | 19€

en stock

Fin 1911, trois hommes partent pour cartographier et prélever moult données scientifiques pour le pôle Sud, en Antarctique, une zone encore vierge. Mawson est l’organisateur de l’expédition, il l’a rêvée, il l’a définie, il a trouvé les financements et recruté Ninnis et Mertz. Ils sont accompagnés de cinquante chiens, des Groenlandais, aux caractères bien trempés et tracteurs hors pair. Une relation particulière s’est nouée avant de faire leurs premiers pas sur la neige et la glace : les trois hommes se vouvoient, semblent attentifs à l’autre, à ses ressentis, à ses avis, plus tard de ses peurs ; Ninnis et Mertz vouent un grand respect à Mawson. Mais qu’en sera-t-il après de longs jours d’épreuve ? En effet, tout était prévu d'avance et rien ne va se passer comme prévu. L’aventure va vite se révéler âpre, dangereuse, éprouvante, les imprévus vont se multiplier : le froid, la faim, les accidents, la peur, la mort, une nature sauvage brute aussi superbe que peu accueillante. Pourquoi accepter tant de souffrances ? Pour la gloire ? la postérité ? la science ? pour ne pas abandonner ? pour repousser l'échec ? pour se dépasser ? parce qu’il faut aller au bout du chemin ? pour ses compagnons de fortune ou d’infortune ? Justine Niogret s’inspire de l’expédition Aurora pour littéralement nous placer en quatrième membre de l’expédition et réussit à nous faire trembler de froid par son réalisme, à craindre la prochaine crevasse, et à nous faire souffrir aux côtés de Ninnis, Mertz et Mawson et de leurs chiens dans cette expédition terrible, terrifiante et dramatique où la lutte pour la survie va rapidement devenir l’objectif premier.

Ecouter la lecture de la première page de "Quand on eut mangé le dernier chien"

Fiche #3056
Thème(s) : Littérature française


Renaud MEYER

Terre étrangère
Buchet-Chastel

20 | 215 pages | 01-08-2023 | 19.5€

Khatia Steiner, violoncelliste fille d’une célèbre pianiste, partage sa vie avec Antoine Derain, un discret et attentif photographe. Sa vie est percutée par la maladie : son grand-père Lucas Steiner est atteint d’Alzheimer et elle apprend qu’elle a un cancer du sein. Khatia au contact de son grand-père qui voit certains souvenirs s’éloigner et d’autres affluer en masse, s'engage sur une quête de l’histoire de ses ancêtres juifs renforcée par la découverte à la mort de Lucas d’une photo de son arrière-grand-mère qui joue du violoncelle et lui ressemble fortement. Son cancer bouleverse sa vie personnelle, sa vie de femme, sa vie d’artiste, elle doit endosser la panoplie d’une guerrière mais aussi s’interroger sur sa vie, ce qu’elle souhaite, l’essentiel et l’annexe. Terre étrangère relate l’histoire d’une famille venue de Russie, installée à Paris, déportée, toujours en terre étrangère en traversant divers thèmes : la musique, la maladie et ses conséquences sur la personne malade et ses proches, les liens avec ses ancêtres, la mémoire…

Ecouter la lecture de la première page de "Terre étrangère"

Fiche #3057
Thème(s) : Littérature française


Sylvain PRUDHOMME

L'enfant dans le taxi
Minuit

19 | 217 pages | 30-07-2023 | 20€

en stock

Une famille heureuse, soudée, unie. Elle se retrouve pour une triste journée, le père, le grand-père, Luciano Malusci est mort, et l’enterrement se déroule, classiquement, discours, hommage, émotion... Et puis, après coup, une pièce rapportée, Franz, prend à témoin Simon, le narrateur, et lui confie son regret de n’avoir parlé lors de l’enterrement et rappeler à toutes et tous, qu’il manquait quelqu’un en ce jour particulier. Il manquait M. l’enfant que Malusci avait eu avec la femme allemande, à la fin de la guerre, lors de son rapide séjour en Allemagne. Certains savaient, d’autres (dont le narrateur) non. C’est un jour de bascule pour la famille. Simon est lui-même en train de se séparer de sa femme et cette nouvelle accroît ses interrogations et son trouble. Il ne peut résister à enquêter voire à rencontrer M. l’un des « 400000 enfants allemands nés de soldats alliés ». Entre Toulouse, les Bouches-du-Rhône et le lac de Constance, le voici parti pour une enquête sur un secret de famille bien gardé mais aussi dans une réflexion sur sa vie, son passé, son avenir. Sylvain Prudhomme (et son superbe style) réussit parfaitement à installer une atmosphère, suggérer, évoquer. Un récit finement mené, doux, puissant, humain qui implique progressivement, page après page, le lecteur qui grandit au côté de Simon et l’accompagne avec émotion dans son enquête et son introspection.

« Le problème n’était-il pas plutôt que la paix soit l’autre nom du déni. L’autre nom de l’effacement pur et simple de vies. »

« Les enfants dans la vie ce qu’il faut pour être heureux, c’est des os à ronger. »

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Fiche #3055
Thème(s) : Littérature française


Wilfried N'SONDÉ

La reine aux yeux de lune
Robert Laffont

18 | 235 pages | 29-07-2023 | 20€

Un dimanche à l’automne de l’an 1685, le royaume du Kongo alors sous occupation portugaise voit une triple naissance : Kimpa Vita et/ou Dona Béatrice aux yeux de lune, sa sœur jumelle morte née et une utopie. Sa naissance est le début de ses épreuves. Kimpa Vita guidée par son accoucheuse Appolonia Mafuta saura rapidement qu’elle est singulière, un destin particulier, des capacités extraordinaires, un lien particulier avec l’au-delà et les esprits, une intelligence et une témérité hors pair. Un passage chez les Portugais qui espère la former pour évangéliser ses compatriotes et Kimpa Vita détecte les mensonges, les incohérences, l’hypocrisie de leur religion et ne peut se taire. Elle devient rapidement un espoir pour son peuple : elle sera la reine désignée du royaume, un royaume réunifié avec une reine dévouée, désintéressée, attentive au bonheur de son peuple, bien loin de ses prédécesseurs plutôt préoccupés par leur enrichissement et l’extension de leur royaume. Kimpa Vita se glisse parfaitement dans le rôle. Mais évidemment, une telle ambition suscite doute, haine, jalousie et peur et le destin de Kimpa Vita risque d’en pâtir... Un réel plaisir de retrouver ce nouveau personnage historique, une femme mystique qui ne pourra résister à la folie des hommes, au cœur d’un conte mené tambour battant par Wilfried N’Sondé.

Ecouter la lecture de la première page de "La reine aux yeux de lune"

Fiche #3053
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Wilfried N'Sondé lus par Vaux Livres


Dimitri KANTCHELOFF

Vie et mort de Vernon Sullivan
Finitude

17 | 170 pages | 29-07-2023 | 17.5€

La maison d’édition de Jean d’Halluin, les éditions du Scorpion, est sur le fil. Alors lors d’une soirée certainement bien arrosée avec son ami Boris Vian, ce dernier lui parie qu’en dix jours, il écrira un best-seller sauveur du Scorpion. Raté, quinze jours seront nécessaires et ce sera « J’irai cracher sur vos tombes » publié sous le pseudo Vernon Sullivan et traduit par... Boris Vian. Jusque là, les romans de Boris Vian n’avaient pas rencontré le succès escompté. Boris Vian, sa femme et leur fils, Petit Bison, vivent à toute allure, au contact et avec les intellectuels de l’époque, Sartre, de Beauvoir, Gréco, Queneau... Le récit de Dimitri Kantcheloff retranscrit parfaitement cette course à la vie, cette obsession de vivre (Boris Vian se savait condamné) et cette blessure de ne pas être reconnu pour son imagination folle, pour ses qualités littéraires et musicales. Dans une fougue digne de Boris Vian, Dimitri Kantcheloff retrace le parcours d’une œuvre, d’un pseudo, d’un homme, ce surdoué à qui Vernon Sullivan a parfois fait de l’ombre et nous fait regretter de ne pas avoir croisé la route de cet être inclassable, libre, inspiré, excessif (« Il a trop bu. Trop ri. Trop parlé. Trop enragé. Trop vécu pour aujourd’hui. ») et si attachant.

Ecouter la lecture de la première page de "Vie et mort de Vernon Sullivan"

Fiche #3054
Thème(s) : Littérature française


Julia MAY JONAS

Le délicieux professeur V.
Dalva

16 | 300 pages | 28-07-2023 | 23€

La narratrice est une femme accomplie, professeur, écrivain, un mari également professeur, une fille avocate. En un instant, tout bascule : elle devient la femme du violeur, la femme du porc. Elle connaissait les frasques de son mari, notamment avec ses étudiantes. Cela ne la gênait pas, cela faisait partie de leur vie de couple et lui offrait même quelques espaces de liberté et de solitude. Mais les temps changent. Elle est entraînée dans la spirale, dans les jugements péremptoires : complice ? victime ? Dans le même temps, « le délicieux professeur V. » et surtout jeune professeur a obtenu un poste dans son établissement et elle, la femme de soixante ans, est bien décidée à le séduire, une aventure qui frise parfois le vaudeville pour le plus grand plaisir du lecteur. Un premier roman singulier non dénué d’humour qui aborde les scandales de notre époque par le biais du portrait d’une femme brillante, d’âge mûr, qui s’interroge (et interroge le lecteur) sur son couple, sa vie amoureuse, ses choix (« ... ce sera parce que je l’ai décidé et non parce que les autres pensent que je devrais le faire... »), son désir, sa vie sexuelle (« Nous n’envisagions pas la sexualité comme un traumatisme. »), le vieillissement, l’évolution de nos sociétés.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le délicieux professeur V."

Fiche #3052
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Emmanuelle Heurtebize


Lucy FRICKE

La diplomate
Le Quartanier

15 | 280 pages | 27-07-2023 | 22€

Friederike Andermann, tout juste cinquante ans, est une diplomate allemande qui gravit pas à pas, sagement, sérieusement, les échelons, les postes. Berlin, l’Irak, et enfin un poste d’ambassadrice. Ce sera l’Uruguay et Montevideo en attendant mieux. Elle commence son installation par l’organisation de fêtes et autres commémorations, le calme, l’anecdotique, de la pure représentation… Et patatras, tout s’emballe voire s’écroule, une jeune Allemande est enlevée puis retrouvée assassinée. Fred se reproche d’avoir réagi tardivement, et pour couronner le tout, elle apprend qu’il s’agissait de la fille d’une dirigeante d’un grand journal de la presse allemande, une tueuse, très influente ! Après un an de mise à l’écart, on retrouve Fred devenue consule en Turquie, à Istanbul. Et nous voici plongés dans l’art de la diplomatie, au cœur des relations internationales notamment avec les états autocratiques, dans les apparences, les petites négociations, les petits renoncements. Or Fred semble devenir de plus en plus lasse de ce monde, d’une certaine forme d’impuissance et rétive à accepter certains compromis… Un roman contemporain, réaliste, très rythmé qui frise le roman d’espionnage au cœur d’une branche d'un pouvoir souvent occulte, avec un personnage principale attachant et de caractère et un ton plaisant, souvent ironique et pince-sans-rire.

« … mais les hommes, dans l’ombre du femme, semblaient se ratatiner. »

« … se préparer au pire, ça ne suffit pas. Il faut s’attendre à l’inimaginable. »

« … si nous nous en tenions à la vérité, la vérité et rien d’autre, nous serions perdus. »

« Ce sont les pires, Fred, ceux qui ne pensent pas à mal. »

Ecouter la lecture de la première page de "La diplomate"

Fiche #3051
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Isabelle Liber


Sophie TESSIER

Lumen
Diabase

14 | 155 pages | 26-07-2023 | 18€

en stock

Hekla jeune linguiste prend pied dans une région du grand Nord : « Quelle idée vous hante, Hekla ? », qu’est-elle venue chercher ? Elle intrigue et Sveinn un pêcheur solitaire l’accueille et la guide dans sa quête. Premier indice : une plume merveilleuse laissée par un oiseau inconnu. Second indice : le volcan ou plutôt le feu qui l’accompagne. Sveinn sera son guide, attentif et compréhensif, sur les chemins du froid, du feu, de la vie, de la mort. Il se sait passeur, personne ne fera dévier Hekla, sa quête est absolue. « Tu as le don du mot qui s’encastre parfaitement » mais s’adresse-t-il à Hekla ou à Sophie Tessier tant ses mots sont renversants, inattendus, ses choix soignés, précis et élaborés. Elle sait intriguer comme aimanter et laisse le lecteur dans une douce atmosphère ouatée qui perdure bien longtemps après que la flamme ne s’éteigne. Un texte exigeant, brillant et bouleversant servi par un style exceptionnel.

« Le feu séduit, le feu brûle, le feu dévore, il n’aime pas. »

« Le feu est sans conteste un grand bâtisseur. »

« Nus nous entrons, nus nous sortons. Entre temps que de déguisement à soi-même... »

« J’ai du mal avec le tutoiement. Le mot lui-même est louche, sa résonance, malsaine... tu ne trouves pas ? C’est comme si, à la familiarité qu’il autorise tout à coup, se mêlait à peine masquée une incitation non seulement à mentir, mais à mourir... qui sont deux moyens de garder le silence, du reste. »

Ecouter la lecture de la première page de "Lumen"

Fiche #3050
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sophie Tessier lus par Vaux Livres


Louis-Philippe DALEMBERT

Une histoire romaine
Sabine Wespieser

13 | 250 pages | 23-07-2023 | 22€

Quatre femmes gravitent autour du personnage principal, la ville de Rome, du dernier roman de Louis-Philippe Dalembert. Rome, le Tibre, son histoire, son architecture et ses constructions, ses monuments et ses quartiers, rive droite pour les plus huppés et rive gauche pour les autres. La contessa, archétype de la vieille bourgeoisie catholique, règne sur sa famille rive droite mais son autorité et ses capacités financières se fissurent. Sa fille Elena refuse les beaux partis qu’on lui propose et lorgne plutôt vers la rive gauche où règne sa tante zia Rachele, pilier de la mémoire familiale. Laura, la fille d’Elena, regarde avec bienveillance les petites révoltes et grandes résignations de ses aînées. L’élégance, la bienveillance et même le sourire de Dalembert au service de Rome et d’une lignée de femmes.

Ecouter la lecture de la première page de "Une histoire romaine"

Fiche #3048
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Louis-Philippe Dalembert lus par Vaux Livres


Angélique VILLENEUVE

Les ciels furieux
Le Passage

12 | 210 pages | 23-07-2023 | 19€

A l’est de l’Europe et à l’ouest de l’Empire russe, jusqu’au début du XX ème siècle, les Juifs et leur famille étaient cantonnés dans la Zone de résidence. La petite Henni y vit avec sa famille. La vie semble apaisée même si parfois les adultes chuchotent à l’écart. Les enfants sont nombreux et confiés à leurs aînées. Zelda est sa grande sœur, son idole, son modèle. En un instant, cette famille va exploser : des hommes font irruption dans les maisons, pillent, brûlent, tuent. Ce soir là, Henni, Zelda et leur grand frère réussissent à s’enfuir, abandonnant leurs petits frères et sœurs, leurs parents sans vraiment connaître leur avenir. Dans le froid et la peur, Henni et Zelda fuient, se cachent. Après quelques heures d'attente, sur le chemin du retour, Henni revit par flash son enfance, ses instants lumineux comme ses premières peurs et angoisses. Quel plaisir de retrouver la puissance du style d’Angélique Villeneuve, son absolue précision dans les descriptions qui place le lecteur au cœur de chaque scène au plus près de ses personnages et de leurs sentiments.

Ecouter la lecture de la première page de "Les ciels furieux"

Fiche #3049
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Angélique Villeneuve lus par Vaux Livres


Robert SEETHALER

Le café sans nom
Sabine Wespieser

11 | 246 pages | 22-07-2023 | 23€

en stock

C’est toujours avec bonheur que l’on retrouve les atmosphères légèrement surannées de Robert Seethaler, ses personnages et leur humanité : Simon, l’homme qui reprend ce café sans nom rapidement épaulé par Mila, une jeune femme volontaire fraîchement licenciée de son usine, est à cette image : discret, réservé, débordant d’empathie envers toutes ces personnes qui vont franchir la porte de son café : qui pour discuter, qui pour rêver, qui pour ragoter, qui pour observer en silence, qui pour nouer connaissance, qui pour partager ses espoirs et ses drames… Malgré parfois quelques discussions enflammées, tous viennent chercher une forme d’apaisement alors que Vienne est en pleine reconstruction. Comme dans un village, les deux associés vont créer un espace particulier, d’écoute et d’attention et chacun se plait à retrouver l’autre et ce lieu particulier, chaque lecteur prendra place discrètement parmi eux avec un grand bonheur.

« Quand je ne comprenais pas un homme, je me contentais de sourire. Je crois que j’ai passé la moitié de ma vie à sourire. »

« … les souffrances ne sont que les petits coups de griffe de la vie. Là où ça devient grave, c’est quand on cesse de les ressentir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le café sans nom"

Fiche #3047
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Landes, Herbert Wolf

Les titres de Robert Seethaler lus par Vaux Livres


Hervé PAOLINI

La mort porte conseil
Serge Safran

10 | 205 pages | 20-07-2023 | 18.9€

C’est l’histoire d’une descente en enfer. Félix Bernardini chef d’une petite entreprise agricole perd sa femme (sans grande tristesse) d’un cancer. Il avait régulièrement des aventures extraconjugales et ses deux filles lui en veulent profondément. Il se remarie rapidement avec l’infirmière de sa femme. Elle est beaucoup plus jeune que lui et s’installe avec son fils. Une petite chiquenaude, une petite claquounette, le mal est fait et la violence s’installe avant la peur. Le fils martyrise, violente Félix, incapable de réagir, qui va subir le mépris et la violence d’abord de l’adolescent puis du jeune homme. Sa mère reste spectatrice de cet engrenage. Dans le même temps, la vente de son entreprise révèle qu’il n’est pas si riche qu’attendu à la grande déception de sa nouvelle femme… La chute est vertigineuse et la fin sera explosive et d’une belle noirceur… Un premier roman percutant, chronique d’une violence pas ordinaire…

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La mort porte conseil"

Fiche #3046
Thème(s) : Littérature française


Alfonso ZAPICO

Le chant des Asturies - Vol 1
Futuropolis

9 | 224 pages | 16-07-2023 | 25€

Premier volume du « chant des Asturies » , roman graphique en quatre volumes qui relate un pan de l’histoire de l’Espagne qui prend sa source dans les Asturies, dans ses mines en 1934. Tristan Valdivia, journaliste, très malade, revient dans sa famille, une famille bourgeoise, riche, propriétaire d’une mine. Mais Tristan est plus proche des préoccupations des mineurs (et de leurs syndicats) qui souffrent, peinent, de par leur métier mais aussi par les conditions imposées toujours plus dures. La colère monte, la grève menace, l’odeur de la révolte commence de se répandre… Une fresque historique passionnante.

Fiche #3044
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Traduction : Charlotte Le Guen


Anne Cathrine BOMANN

En dehors de la gamme
La Peuplade

8 | 402 pages | 16-07-2023 | 23€

Shadi et Anna sont toutes deux étudiantes en psychologie encadrées par Thorsten. Elles sont très différentes, différentes par leurs origines, différentes par leur caractère. Shadi vit difficilement sa vie de couple avec Emil alors qu’Anna fait la fête dès qu’elle le peut espérant édulcorer sa peine après le décès de sa mère. Thorsten devine que ces différences créent un duo qui se complète. Et de deuil, il va être en question puisque les deux étudiantes vont devoir s’unir pour rédiger un mémoire sur le deuil avec comme question centrale : peut-on traiter le deuil comme une maladie ? Question qui prend tout son sens puisque Danish Pharma, une société pharmaceutique, avec sa directrice Elisabeth assure avoir mis au point la callacoïne un médicament qui permettrait d’accompagner le deuil et de tempérer la tristesse l’accompagnant. Les deux étudiantes et leur directeur vont devoir choisir, rentrer dans le rang comme tant d’autres universitaires, fermer les yeux sur des statistiques manipulées, sur des effets secondaires niés, ou jouer en dehors de la gamme en menant bataille pour la vérité et la science et contre les collusions entre industrie et communauté universitaire. Un roman tendu, haletant, singulier, plongeant le lecteur dans les mondes scientifique, médical et de la psychanalyse avec un trio de personnages très attachants et émouvants.

Ecouter la lecture de la première page de "En dehors de la gamme"

Fiche #3045
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christine Berlioz, Laila Flink Thullesen

Les titres de Anne Cathrine Bomann lus par Vaux Livres


Bernhard SCHLINK

La petite-fille
Gallimard

7 | 338 pages | 14-07-2023 | 23€

Kaspar est libraire à Berlin. Il aimait Birgit qui était passée de l’est à l’ouest en 1965. Il découvre après sa mort qu’elle avait abandonnée son enfant. Ebranlé par cette découverte, il ferme sa librairie et part à la recherche de sa belle fille. Il retrouvera Svenja restée en Allemagne de l’Est et qui baigne dans les théories néo-nazies et élève sa fille dans ce carcan. La rencontre entre le grand-père et sa petite-fille sera donc percutée par leurs différences d’appréhension du monde et de sa complexité. Comment créer une relation avec ce gouffre entre eux ? Cette histoire intime familiale et ce face à face contrasté croisent naturellement l’histoire de l’Allemagne ou des Allemagne, revient avec finesse sur la complexité de la réunification et les réminiscences du passé qui continuent d’alimenter les idéologies extrêmes, et sur les traumatismes de l’Allemagne et donc de l’Europe. La reconstruction n’est pas terminée !

« Je ne savais pas qu’on emmène aussi les autres avec soi, toujours et partout. »

Ecouter la lecture de la première page de "La petite-fille"

Fiche #3043
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Lortholary


Andreea RASUCEANU

Une forme de vie inconnue
Le Nouvel Attila

6 | 320 pages | 10-07-2023 | 21€

Rencontre avec trois femmes, trois femmes qui n’ont pu, elles, se rencontrer alors qu’elles ont habité la même rue. Une rue de Bucarest (personnage principal du roman) mais à des époques différentes. Trois femmes et une histoire de Bucarest. Ces trois femmes ont aussi en commun d’avoir perdu un proche, d’avoir ressenti un séisme lors de cette disparition mais d’avoir souhaité avancer, retrouver espoir. Chacune souhaite bâtir, qui une église, qui une maison, qui une famille. Bucarest baigne dans la religion orthodoxe et a vu passer moult envahisseurs digérant certaines de leurs influences. L’auteur nous fait donc voyager dans le temps, dans l’intimité de ses personnages avec comme point d’ancrage Bucarest et nous en offre une monographie bien singulière et passionnante.

« Il n’est pas vrai que le temps guérit toute blessure. Qu’il apporte l’oubli. Ce n’est pas le temps qui diminue la souffrance, c’est la souffrance qui diminue le temps. »

« C’est stupide. Toute la vie on s’efforce de s’éloigner de ses parents et on finit, au fond, par leur ressembler. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une forme de vie inconnue"

Fiche #3042
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Florica Courrioil


Samira SEDIRA

Un jour, j'ai menti
La Manufacture de Livres

5 | 308 pages | 09-07-2023 | 18.9€

en stock

Niki Delage était une brillante avocate, parcours irréprochable suscitant l’admiration de tous : ascension sociale exemplaire, fille d’un ouvrier héros de l’indépendance algérienne, elle n’avait de cesse de prendre la défense des pauvres et des exclus ce qui lui valut son surnom Mère Nikki. Jusqu’au jour où tout s’écroule : elle a menti sur ses origines, elle est la fille unique d’une famille de la bonne bourgeoisie bordelaise. Immédiatement, sans procès, elle est bannie et se retrouve seule et isolée. Deux femmes, Jeanne et Luce, vont forcer la porte de la maison dans laquelle elle s’est retirée avec Fanny une femme qui l’a connue enfant et continue de la protéger. Elles veulent fouiller, interroger, analyser pour produire un documentaire sur Nikki au-delà des jugements immédiats et péremptoires, mettre à jour la vérité de cette femme. Ecorchée, Jeanne et Luce vont devoir faire preuve de prudence pour l’approcher, gagner sa confiance et faire baisser la tension et les inquiétudes accompagnant leur installation dans cette maison. Des personnages denses et attachants pour aborder le mensonge et la vérité au coeur de chaque vie mais aussi l’identité de chacun.

« Prendre conscience que le monde tourne aussi sans vous, c’est comme assister à son propre enterrement… »

Ecouter la lecture de la première page de "Un jour, j'ai menti"

Fiche #3039
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Samira Sedira lus par Vaux Livres


Adam MEJE

La queue de Léo Grégoire
Buchet-Chastel

4 | 286 pages | 09-07-2023 | 21€

Une famille parisienne heureuse de nos jours : Léo, Sophie et leur fille Luna. Bonheur, amour, tout va pour le mieux. Jusqu’au jour où Léo remarque au bas de son dos une légère bosse. Toujours pressé, il l’oublie vite. Mais elle va se rappeler à son bon souvenir, en grossissant puis en prenant forme : une queue ! Il s’agit bien d’une queue, Léo, le gars normal devient hors norme, atypique, différent. Lui qui travaille dans une start-up qui tisse les liens sociaux va voir beaucoup de monde lui tourner le dos, dont Sophie qui va le quitter. Seule sa fille continue de le soutenir et de l’aimer (« … je serais son papa même si j’avais une trompe comme un éléphant. »). Il devient un enjeu médiatique au cœur des tensions de notre société. Entre humour, ironie et souffrance, un premier roman singulier pour aborder la différence, son impact dans l’intimité, dans la vie familiale et professionnelle mais aussi son appréhension par les autres.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La queue de Léo Grégoire"

Fiche #3040
Thème(s) : Littérature française


Henning AHRENS

Les péchés des pères
Gallmeister

3 | 390 pages | 09-07-2023 | 24.4€

« Les pêchés des pères sont les pêchés des enfants. » et « Les racines du mal se propagent de père en fils. » résument en grande partie ce roman qui oscille donc entre passé et présent dans les années 60, autour d’une ferme appartenant depuis sept générations à la même famille. Wilhem y a repris sa place après la guerre où, nazi, il était parti convaincu de son engagement puis après quelques années passées avec rancune en Pologne comme prisonnier. Il tyrannise sa femme et ses enfants, notamment l’aîné qui a pourtant tenu la ferme pendant ses années d’absence. Jusqu’au drame. Une tragédie familiale avec une narration parfaitement maîtrisée au cœur de l’histoire.

Ecouter la lecture de la première page de "Les péchés des pères"

Fiche #3041
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carole Fily


Yuichi KASANO

Vive la sieste !
Ecole des Loisirs

2 | 01-07-2023 | 9€

en stock

Quoi de mieux qu'un livre doux et frais pour vous inciter à une bonne sieste ? Il ne vous reste plus qu'à choisir, façon chat, façon chien, façon ours, façon cochon...

Fiche #3036
Thème(s) : Jeunesse


Brigitte MOREAU

Le diable se moque bien des histoires d'amour
Deville

1 | 250 pages | 01-07-2023 | 20€

en stock

« Le Diable se moque bien des histoires d’amour » se déroule dans un état totalitaire, surveillance totale, des vies encadrées, réglementées. Chaque personne est évaluée en permanence et son pedigree définit ses droits, sa place dans la société, et même sa prétendante. Les hommes, bien obéissants comme à l’habitude, ont vite intégré les règles, les respectent, les devancent parfois et sont prêts à beaucoup pour améliorer leur note, leur pedigree et gravir ainsi les marches de la hiérarchie pour eux et leur famille… La vie est devenue compétition, gagner des points pour gravir les échelons, ne pas en perdre pour ne pas être déclassé, tension permanente... Les hommes ont naturellement une place prépondérante par rapport aux femmes. Clément et Raphaël font partie de l’élite et vivent leur premier mariage organisé où l’amour est absent. Mais leur route va croiser l’Amour et leur ouvrir les yeux : « Toute sa vie, il a respecté les règles, il a fait ce qu’on attendait de lui et ça lui a plutôt bien réussi… vu de l’extérieur. Il est resté dans les clous, mais ces clous sont devenus pour lui les barreaux d’une prison. » Pour l’un, ce sera une amie d’enfance et pour l’autre les hasards de la vie. L’amour sera-t-il assez fort pour remettre en cause les règles d’une société totalitaire et ces amoureux fous sauront-ils s’extraire du carcan qui les enferme depuis leur plus jeune âge au risque de tout perdre ?

Ecouter la lecture de la première page de "Le diable se moque bien des histoires d'amour"

Fiche #3037
Thème(s) : Littérature étrangère


Nouvelle consultation des comptes-rendus de lecture

Les comptes-rendus de lecture de l'année précédente (2022-2023)


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