« Partir, c'était moins douleureux qu'être parti. »
Clara Dupont-Monod
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Le portrait de Marguerite est dressé par son arrière petite fille qui a hérité d’un meuble et derrière chaque nervure, chaque sculpture, dans les tiroirs se cache la vie tumultueuse de Mémé folle. Une fugue amoureuse à 83 ans depuis un EPHAD donne un indice fort du caractère de la (grande) dame ! Et Marguerite n’en est pas à son coup d’essai. En effet mineur, elle a déjà fugué quittant sa famille de la vieille bourgeoisie française du Nord, guindée et sévère, pour un potentiel amoureux à Paris. Liberté, passion, sincérité et spontanéité guideront son chemin de vie à travers le XX ème siècle pour s’achever avec le grand amour à plus de 80 ans ! Mais Claude, l’adjudant-chef de la gendarmerie, maire de Wy-dit-Joli-Village, habitant comme Marguerite du hameau Enfer, est sur ses traces, une traque qui le bouleversera lui aussi, personne ne peut rester insensible à Marguerite, à sa fougue et à ses choix ! Des répliques qui font mouche, trois mouvements vifs, rythmés, pour le portait enflammé et attachant de Mémé folle, une vie en mouvement, ardente et bouillonnante sortie d’Enfer !
Premier roman
« Même la vie peut se perdre quand il s’agit de gagner sa liberté… »
Fiche #3144
Thème(s) : Littérature française
Brigitte MOREAU
Le diable se moque bien des histoires d'amour
Deville
4 | 250 pages | 01-07-2023 | 20€
« Le Diable se moque bien des histoires d’amour » se déroule dans un état totalitaire, surveillance totale, des vies encadrées, réglementées. Chaque personne est évaluée en permanence et son pedigree définit ses droits, sa place dans la société, et même sa prétendante. Les hommes, bien obéissants comme à l’habitude, ont vite intégré les règles, les respectent, les devancent parfois et sont prêts à beaucoup pour améliorer leur note, leur pedigree et gravir ainsi les marches de la hiérarchie pour eux et leur famille… La vie est devenue compétition, gagner des points pour gravir les échelons, ne pas en perdre pour ne pas être déclassé, tension permanente... Les hommes ont naturellement une place prépondérante par rapport aux femmes. Clément et Raphaël font partie de l’élite et vivent leur premier mariage organisé où l’amour est absent. Mais leur route va croiser l’Amour et leur ouvrir les yeux : « Toute sa vie, il a respecté les règles, il a fait ce qu’on attendait de lui et ça lui a plutôt bien réussi… vu de l’extérieur. Il est resté dans les clous, mais ces clous sont devenus pour lui les barreaux d’une prison. » Pour l’un, ce sera une amie d’enfance et pour l’autre les hasards de la vie. L’amour sera-t-il assez fort pour remettre en cause les règles d’une société totalitaire et ces amoureux fous sauront-ils s’extraire du carcan qui les enferme depuis leur plus jeune âge au risque de tout perdre ?
Ecouter la lecture de la première page de "Le diable se moque bien des histoires d'amour"Fiche #3037
Thème(s) : Littérature étrangère
Le monde de Jacques Janssens vient de basculer. Ce vieux poisson rouge qui s’ennuyait dans son aquarium vient d’être poussé sur le côté par ses collègues requins et piranhas. Il a tout donné pour son entreprise qui est devenue ce qu’elle est grâce à lui mais aujourd’hui il est qualifié de low performer. Il reste apathique, amorphe. En effet que peut représenter cette mise à l’écart, cette chute hiérarchique, par rapport au drame de sa vie : le départ définitif de son fils Bruno. L’adolescent révolté et idéaliste refusait la vie de ses parents, l’absence de rêves, des mous qui acceptent tout, qui subissent, alors un jour, il a dit adieu, adieu à ses parents, adieu à sa sœur, adieu le quotidien plus ou moins partagé, adieu les parties d’échecs, adieu. Mais le fantôme de Bruno reste omniprésent et le couple, Clara et Jacques, en souffre en silence, les deux jumelles de Corinne, leur fille, ne peuvent le remplacer. Il est peut-être temps de se poser les bonnes questions, de revenir sur son passé, son enfance, alors que Clara décide de faire un break et de partir très loin de Jacques. Seule petite lueur d’espoir, l’arrivée à la DRH d’une nouvelle collègue singulière et bizarrement très accueillante, mais Jacques reste méfiant (« La confiance, ça se sait, est complètement déplacée au sein d’une société à but lucratif. »). Un portrait débordant d’humanité d’un homme en fin de carrière qui s’interroge avec lucidité sur son destin, son enfance, sa famille, sa relation au travail, sa vie. Cela aurait pu être le triste portrait d’un looser déprimé en fin de parcours mais rassurez-vous, fidèles lecteurs de Verena Hanf, vous connaissez son optimisme pathologique, la fin sera heureuse et pleine d'espoir. Comme à son habitude, elle trouve le juste équilibre entre l'intime et les problématiques qui traversent notre société. Rien ne dure sauf l’émerveillement et Verena Hanf sait nous guider pour le découvrir et même si ce n’est "que" de la fiction, ça fait du bien !
« Le hasard n’existe pas. C’est toi qui définis le jeu. Toi et l’autre. »
Fiche #3007
Thème(s) : Littérature étrangère
William Braeke, archéologue, 42 ans, vit une rupture douloureuse qui l'a plongé dans l'alcool, sa jeune compagne l’ayant quitté. Alors, non seulement les questions existentialistes sur sa vie et sur le temps qui passe jaillissent mais des interrogations sur sa famille renaissent. Sa mère Claudine qui a toujours préféré le silence est morte il y a un an. Reste son père, Kasper, admirateur d’Hitler, collectionneur de casques et son frère, Didier, le préféré, celui qui est resté dans la ligne de la famille et l’a souvent violenté. Une famille étriquée, repliée sur elle-même, sans amour ni tendresse, se taire ou cracher son venin, débordante de haine et de mépris, qui déteste les gens heureux, ceux qui ont su, ont pu prendre en main leur destin, une atmosphère permanente de peur : « La peur s’inculque en contexte familial, comme le goût de la lecture ou la pratique d’un sport… Peur de se déplacer, peur d’agir, de poser des actes. Peur viscérale de changer de point de vue. Peur de changer de condition. Egalement la peur de l’autre, de celui qui est différent. » William marqué par cette enfance a toujours été convaincu que Kasper n’était pas son père, il est peut-être temps de lever les doutes, alors il réussit à convaincre son père de partir sur l’ancienne route des pêcheurs d’Islande, sur les traces du roman de Pierre Loti que la maîtresse de son père lui avait offert. Se rapprocher peut-être, lever le voile. Le voyage suit un itinéraire apaisant pour des questions et un face à face douloureux, prolongement des blessures indélébiles de l’enfance, une quête de vérité qui aimante avec réussite le lecteur.
Ecouter la lecture de la première page de "Le jour où mon père n'a plus eu le dernier mot"Fiche #2843
Thème(s) : Littérature étrangère
L’équilibre d’une vie est parfois ébranlé par les mauvaises rencontres ou les préjugés et les personnages de « La fragilité des funambules » tentent tous avec plus ou moins de réussite d’avancer sur le fil de leur vie. Il y a tout d’abord Adriana, une jeune Roumaine qui a quitté traumatisée la Roumanie en laissant son fils Cosmin à ses parents qui s’en occupent avec beaucoup d’amour et d’attention. Elle s’est installée à Bruxelles et s’est éloignée de son passé en devenant nounou de Mathilde, petite fille d’une famille bourgeoise d’expatriés allemands : Nina, la mère, est psy et Stefan, le mari, souvent absent, a le portefeuille bien garni. Adriana a rencontré Gaston avec qui elle partage ses week-ends. Chacun tente de trouver son équilibre, Adriana avec son passé, Nina avec l’alcool et l'insatisfaction de son existence, Stefan enfermé dans sa rigidité, Mathilde qui tente d’attirer l’attention par ses caprices à répétition, seul Gaston semble mieux maîtriser les évènements et capable de réagir rapidement face aux évènements. Adriana garde constamment en elle une colère qui la rend dure avec les autres comme avec elle-même. C’est dans cet univers qu’arrive Cosmin contraint de quitter ses grands-parents. Il se fait une fête de découvrir Bruxelles et ses Diables Rouges, de retrouver sa mère à qui il rappelle un passé douloureux. Mais quand un évènement singulier se produit, les préjugés ont la peau dure… et l’équilibre va vite devenir instable pour chacun des personnages et leur vie tanguer dangereusement. Verena Hanf donne la parole à chaque personnage et nous permet de faire connaissance avec chacun d'eux, d'installer puis de creuser notre relation. Elle réussit grâce à sa finesse, sa justesse et son humanité, à nous faire rentrer dans leur univers, espérer continuer le chemin avec eux et entrevoir un destin positif et serein pour chacun de ses personnages.
Un nouvel opus qui vient brillamment compléter les deux précédents.
« La haine est un moteur puissant. On la sous-estime, pourtant elle a ses qualités. Une bonne haine ciblée tient éveillé et alerte, elle aiguise les sens, protège, avertit, vivifie. »
Fiche #2698
Thème(s) : Littérature étrangère
- Vincent - Moreau - Hanf - Meganck - Hanf