« On n’aime peut-être jamais que par erreur. »
Anne Serre

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Philippe Rey

Eric CHACOUR

Ce que je sais de toi
Philippe Rey

15 | 302 pages | 15-10-2023 | 22€

Trois chapitres, trois voix, « Toi, Moi, Nous », pour retracer le destin d’un homme, Tarek, et de sa famille au Caire dans les années 60 à 80. Un père médecin, une mère qui en impose et Nesrine une sœur avec qui Tarek a une grande complicité. Tarek suivra le chemin imposé, il deviendra médecin, se mariera rapidement. Seul espace de liberté, il ouvrira un dispensaire dans un quartier défavorisé et une rencontre bouleversera sa vie : Ali, jeune, beau, un peu voyou, sans le sou. Mais la rumeur court vite et l’homosexualité guère tolérée en Egypte. Les évènements (tristes) pousseront Tarek à l’exil, vers le Canada, laissant sa femme et le reste de sa famille en Egypte. Il ne reviendra qu’après la mort de sa mère et découvrira alors les petits arrangements familiaux, les secrets et non-dits et la vérité sur Ali et la réalité de sa famille. Un premier roman à la construction et l’écriture travaillées et parfaitement maîtrisé abordant une multitude de thèmes : l’Egypte, la puissance de certaines mères, l’immense pauvreté aux portes des maisons des familles privilégiées, la vie grouillante du Caire, les premiers pas des Frères Musulmans et le portrait d’un homme fragile et dramatiquement humain dont le destin restera toujours entravé.

Premier roman

« … parce que les mots ne peuvent pas tout. Ils ne peuvent pas ramener de la mort ceux qui nous ont quittés, ils ne peuvent pas guérir les malades ou résoudre les injustices, tout comme il est absurde de prétendre qu’ils déclarent des guerres ou y mettent fin. Dans un cas comme dans l’autre, ils ne sont au mieux qu’un symptôme, au pire un prétexte. »

Ecouter la lecture de la première page de "Ce que je sais de toi"

Fiche #3102
Thème(s) : Littérature française


Peggy-Loup GARBAL

Vengeresses
Philippe Rey

14 | 126 pages | 09-04-2023 | 16€

Elles ne font qu’une depuis toujours. Jumelles et autistes. Mises de côté, délaissées, abandonnées. Enfance terrible et terrifiante. Elles ont tout subi, têtes baissées, sans un mot, les pires violences, notamment celles des hommes de leurs nombreuses familles d’accueil. Aucun amour. Seul le père aurait semble-t-il pu les aimer mais il est mort trop tôt. Alors, un jour, elles décident de relever la tête, d’affronter le regard de leurs bourreaux, leur rage jaillit violemment. Elles vont les retrouver, un à un, une à une, tranquillement, et se venger. Définitivement. Lors de ce voyage qui fait remonter les noirs souvenirs, elles resteront unies comme toujours dans l’accomplissement de leur vengeance. Un premier roman tendu (qui se dévore) de deux sœurs qui décident de répondre à la violence de la société par une autre violence, un voyage sans retour possible.

Premier roman

« Le monde va là où il est censé aller, madame : droit dans le mur. »

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Fiche #3000
Thème(s) : Littérature française


Dominique CELIS

Ainsi pleurent nos hommes
Philippe Rey

13 | 288 pages | 06-08-2022 | 20€

en stock

« Lâche prise et arrête de vouloir le posséder ! ». Cette injonction plonge Erika dans une longue confession sous forme de lettres à sa sœur pour tenter de s’extraire de son amour pour Vincent qui l’habite encore malgré leur rupture. Erika nous plonge dans son quotidien en 2018 à Kigali au Rwanda le pays aux milles collines, près de vingt cinq ans après le génocide. Elle nous pousse les portes de sa colocation, avec deux autres femmes, d’horizons et d’origines très différents mais « une solide petite famille », un point d’ancrage essentiel pour Erika. Entourée et épaulée par sa famille second hand, sa vie amoureuse riche et chaotique ne l’empêche pas de continuer de vivre l’immense douleur du passé. « Le prix à payer, caché cash, pour tous redevenir des Rwandais, dèh, c’est d’atrophier la sensibilité. De séquestrer l’émotion. », mais pour Erika, l’émotion et la sensibilité restent à fleur de peau : comment faire quand on croise dans la rue un bourreau qui a révélé ou pas ses terrifiantes exactions ? Comment oublier ses trois tantes assassinées atrocement dans un sommet de déshumanisation ? Dominique Celis nous ravit avec un premier roman vif et envoûtant aux styles affirmés, singuliers et variés, qui nous parle d’amour, de désir, d’amitié, de joie, de corps mais aussi d’un pays traumatisé où futur et passé, vivre et survivre deviennent unis (à jamais ?) par ce génocide.

Premier roman

« Le néant. Ce chef d’œuvre des assassins. »

« Chercher à appréhender la vie, c’est la névrose des Blancs. La vie, faut la vivre. C’est tout. »

« Etre vulnérable, c’est pas un vice, une perversion ! C’est la condition humaine, non ? »

« Toutes les femmes habitent la frontière entre la vie et l’agonie. Celle du sang menstruel ou de la mise au monde. Dans la hantise des vivres et du couvert. Toutes ! A devoir, en plus, vous protéger, vous rassurer, vous soigner, vous ménager ! »

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Fiche #2894
Thème(s) : Littérature étrangère


Vincent MAILLARD

L'os de Lebowski
Philippe Rey

12 | 205 pages | 19-07-2021 | 19€

Jim Carlos est un solitaire depuis que sa femme et sa fille l’ont quitté pour la Bretagne. Alors, sa vie avec Lebowski son fidèle Golden Retriever, doux et mou à la fois, semble lui convenir : il est jardinier, observateur, expert en métaphore, plein de bon sens, de philosophie et d’humour, et il en faut quand on est service de la haute société ! Il a en effet été engagé par les Loubet, un couple bien lisse, parfait, dans les apparences, « Tout était presque normal dans cette famille, mais le presque était énorme, et même flippant. » : elle est prof d’économie dans le supérieur, il est rédacteur en chef à la télévision, accompagnés de leur fille, petite peste qui a la phobie des chiens. Ces gens savent lui faire sentir où est sa place avec humanité bien sûr, chez ces gens-là… Mais la façade se fissure peu à peu… Jim apprend qu’ils ont eu une fille aînée dont personne ne parle… Puis Lebowski déterre un os qui après vérification s’avère être un os humain… Ces nouvelles expliqueraient-elles la disparition inquiétante de Jim qui intrigué s’était lancé dans une enquête sur les traces de cette fille cachée et de ce mystérieux os… Heureusement, il a laissé deux cahiers pour nous faire partager ses derniers jours avec les Loubet ! Un récit très chabrolien, thriller drôle et ironique, étude de classe, tout y est même la douceur et la nonchalance des Golden !

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Fiche #2707
Thème(s) : Littérature française


Claudia PETRUCCI

L'exercice
Philippe Rey

11 | 350 pages | 13-05-2021 | 21€

Dans un trio amoureux, la manipulation est souvent à l’œuvre, en effet, avec Giorgia, Filippo et Maurio, les sommets sont atteints, la mise en scène parfaite, chaque personnage joue son rôle remarquablement et « L’exercice » frise le thriller psychologique. Giorgia et Filippo vivent à Milan, des métiers sans passion, après quelques renoncements, ils ont délaissé leurs rêves quand Giorgia rejoint la troupe de théâtre de Mauro. Peu de temps après, elle se défenestre espérant voler, reste quelque temps dans le coma, et est diagnostiquée schizophrène paranoïaque. Mauro et Filippo, main dans la main, du moins c’est ce que croit Filippo, se proposent de la ramener à la vie, mais une autre vie, une autre personne, une transformation radicale, une mue totale. Acceptera-t-elle ce nouveau rôle, elle qui aimerait parfois se dissoudre ? Deviendra-t-elle l’actrice de cette nouvelle vie ? Qui la dirigera réellement et mènera le jeu ? Quatre mains ou uniquement deux ? Au cœur des troubles psychiques et de la manipulation, du monde du théâtre et des acteurs, L’exercice dresse le portrait d’un trio qui construit ensemble et dangereusement sa nouvelle « version de la réalité ».

Premier roman

« Les mères… une question difficile. »

« Ce que nous faisons tous n’a rien à voir avec la sincérité. Cela consiste à sélectionner des vérités acceptables. »

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Fiche #2688
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Nathalie Bauer


Gabrielle TULOUP

Sauf que c'étaient des enfants
Philippe Rey

10 | 170 pages | 22-12-2019 | 16€

M. Lusnel, principal du collège André-Breton de Stains, malgré les difficultés quotidiennes rencontrées ne se serait jamais douté qu’un matin le premier appel viendrait de la police afin de l’avertir que huit garçons du collège étaient soupçonnés de viol. Tous les âges sont représentés. Fatima soutenue par sa mère a eu le courage de la parole, de briser la loi du silence et de ne pas cacher cette agression, de porter plainte au risque de devenir la paria du quartier, certains assurant même qu’elle l’avait bien cherché ! La communauté pédagogique, enseignants, surveillants… semble soudée, motivée et attentive à ses élèves, ses petits, ses tout petits, presque bébés à leur entrée en sixième mais comment va-t-elle réagir ? Sept vies broyées dès l’enfance, sept enfances achevées dans l’horreur et l’incompréhension : « Lusnel se dit que ces enfants ne savent qu’ils sont coupables. Il repense à Fatima. Elle savait à peine qu’elle était victime, ces garçons ne comprennent pas qu’ils sont bourreaux. » Ce traumatisme va révéler chacun d’eux, les interroger sur leur responsabilité éventuelle et sur la faillite de leur mission (« On ne choisit pas d’être éducateur si on n’espère pas réécrire la fin. »), réveiller d’anciens traumatismes, mettre en lumière leur solitude, leur appréhension de la hiérarchie et de la justice. Emma, l’une des professeurs, d’habitude si calme et mesurée, réagit vertement face aux positions compréhensives de certains élèves vis-à-vis des violeurs et face à l’apathie de certains de ses collègues. Elle semble au bord de la rupture puis ressentira une culpabilité profonde d’immiscer sa douleur dans celle de Fatima, il faudra bien néanmoins qu’elle affronte ses angoisses pour espérer reprendre sa place auprès de ses petits protégés et peut-être rencontrer à nouveau l'amour. Gabrielle Tuloup nous offre un deuxième roman brillant et émouvant qui en se plaçant singulièrement au cœur d’une équipe pédagogique aborde avec sensibilité, justesse et maîtrise les conséquences violentes des abus sexuels. Aucun jugement, aucune recherche d'excuses, aucun manichéisme, juste observer et comprendre. Un deuxième roman, et on le sait déjà, Gabrielle Tuloup est en train de construire une œuvre, aucun doute possible.

« Ces gosses sont des enfants de la rupture. »

« L’enfance a une date de péremption, pas la même que celle indiquée sur les paquets. Elle pensait qu’elle avait le temps de voir venir. On ne voit jamais rien venir. »

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Fiche #2457
Thème(s) : Littérature française


Ingrid SEYMAN

La petite conformiste
Philippe Rey

9 | 190 pages | 10-08-2019 | 17€

La petite conformiste, Esther, est née dans une famille anticonformiste dans toute sa splendeur ! Des soixante-huitards excentriques toujours dans leurs rêves. Sa mère secrétaire anticapitaliste et athée et son père juif pied-noir aux propos parfois étranges, déjantés et constamment apeuré par l’éventualité d’un nouvel holocauste vivent nus. L’éducation est dans le laisser aller, sans contrainte, interdit d’interdire, mais Esther aimerait bien qu’on la regarde, qu’on l’admire. Une famille de gauche évidemment mais qui n’hésite pas à inscrire Esther dans une école catholique des beaux quartiers marseillais qui en réaction choisira de se faire baptiser. Elle trouve une amie aussi en rupture avec ses parents qui la comprend mais à treize ans, elle découvrira le secret de son père et sa vision changera, mais peut-être un peu trop tard. Un récit ambivalent, fou et déjanté parfois, souvent drôle mais aussi grave et questionnant sur la normalité, la maladie et la peur perpétuelle des Juifs.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La petite conformiste"

Fiche #2391
Thème(s) : Littérature française


Tina VALLÈS

La mémoire de l'arbre
Philippe Rey

8 | 220 pages | 01-04-2019 | 17€

Joan et Jan ne sont séparés que par un « o » tant ils sont proches. Jan est le petit-fils de Joan et relate l’arrivée de ses grands-parents venus de la campagne chez lui, à Barcelone. Il décrit une belle complicité, une écoute, un partage, un dialogue et des questions parfois sans réponse. Le retour de l’école est un moment propice, ils ne sont que tous les deux et en profitent pleinement. Et puis, les silences deviennent plus longs et un jour, Joan oublie le goûter du petit. L’oubli s’installe mais Jan et la famille vont tout faire pour que Joan garde le cap et résiste à ce changement profond. Un joli texte, tendre, délicat, sensible et poétique avec en son cœur, un petit-fils et son grand-père mais aussi les arbres, la nature, les lieux de vie qui nous accompagnent et la mémoire.

« … c’est le silence qui me dérange. Le silence qui parle quand tout le monde se tait, quand papi ne termine pas sa phrase, quand mamie déplie un souvenir sur la table entre les pelures d’orange et que papi ne le voit pas. C’est à cause de ce silence que je voudrais être sourd. »

Ecouter la lecture de la première page de "La mémoire de l'arbre"

Fiche #2312
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Juliette Lemerle


Emmanuel SÉROT

On va revoir les étoiles
Philippe Rey

7 | 190 pages | 04-03-2019 | 17€

Le narrateur n’a rien vu venir, le vieillissement de ses parents lui était étranger et pourtant, l’esprit de ses parents commence à s’envoler trop souvent vers d’autres cieux, et ils ne peuvent rester seuls chez eux, dans la maison familiale qui déborde de souvenirs partagés. Il doit donc les accompagner s’installer dans leur nouvel environnement, un Ehpad. Il relate cet évènement, ce bouleversement et partage ses réflexions, ce que cela déclenche chez lui : questions, souvenirs, réflexions, culpabilité, tristesse… dans une délicatesse et une tendresse remarquables. Le personnel de l’Ehpad est accueillant et attentionné mais ce n’est définitivement pas chez eux et ils semblent le savoir, le sentir. Le fils observe leur nouvelle vie, leur fragilité, se remémore les moments de joie, une nostalgie mesurée devant la lente et inéluctable dégradation. Un texte sensible, pas nécessairement triste, mais qui nous remue car si proche de chacun de nous et si redouté : "Et je me rendais compte qu'on ne s'y fait pas : voir ses parents en maison de retraite. On fait avec, c'est tout.".

Premier roman

« Non, les vieux ne retombent pas en enfance, je crois qu’ils remontent en enfance. »

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Fiche #2307
Thème(s) : Littérature française


Sophie DAULL

Au grand lavoir
Philippe Rey

6 | 158 pages | 02-08-2018 | 16€

L’homme est jardinier à la ville de Nogent-le-Rotrou. Anonyme, solitaire, son entourage ne connaît rien de lui, de son passé, une vie bien rangée, sans éclats. Jusqu’au jour où il apprend qu’une romancière viendra dans cinq jours dédicacer à la librairie de la ville son premier roman : il la reconnaît tristement, c’est la fille de la femme qu’il a tuée trente ans auparavant, meurtre pour lequel il a passé des années en prison. Le compte à rebours est lancé : immédiatement, même s’il redoute de la rencontrer, il sent qu’il ira vers elle, ultime punition, « heure des comptes », ou porte ouverte pour un retour à la vie, pour se poser les bonnes questions et peut-être trouver réponses : cinq jours de tension, mal-être, ambigüité... De son côté, la vie et la mort ont éprouvé la romancière, sa mère a donc été assassinée mais sa fille est également morte d’une maladie foudroyante après une erreur de diagnostic. Le récit alterne les souvenirs de l’un et l’autre au jour le jour. Tout est interrogations, tentatives d’explications et de pardon. Les deux situations sont-elles si différentes ? Où sont les barreaux des prisons de chacun, quelle est « la plante grimpante qui s’enroulera autour des barreaux de nos cages, prison ou chagrin, jusqu’à en fendre le mortier » ? Comment ont-ils pu survivre dans leur prison ? Serait-il possible qu’ils s’en évadent, seuls ou mutuellement ? « Au grand lavoir » propose un dialogue puissant et tendre qui interroge brillamment et subtilement sur notre capacité à pardonner, à se détacher sans oublier, et à continuer de vivre avec nos disparus et à côté des responsables.

« Alors j’irai au grand lavoir là-bas, où la mémoire se récure contre le granit rugueux, où la langue se rince au torrent qui mousse comme un savon d’encre, où la fiction fait Javel. Je regarderai l’eau crasseuse s’écouler dans une grande synovie de mots et je laisserai sécher les éclaboussures au soleil de leur consolation. Grande lessive. »

« Et l’amour brisé par une mort injuste n’est pas soluble dans la réparation par l’argent ou la prison. Il n’y a pas d’économie du pardon. »

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Fiche #2180
Thème(s) : Littérature française


Paul MCVEIGH

Un bon garçon
Philippe Rey

5 | 250 pages | 13-04-2016 | 19€

Le lecteur accompagne Mickael, dit Mickey, lors de son dernier été, neuf semaines, dans son quartier de Belfast avant son entrée en collège. Bon élève, il a été admis dans un collège d’élite et espère ainsi quitter son environnement habituel et les autres gamins du quartier, son père l’en empêchera malheureusement et il rejoindra le collège du quartier. L’Irlande de la fin des années 80 vit encore ses conflits qui pèsent lourdement sur l’ambiance, l’atmosphère et le quotidien des adultes et des enfants. Et Mickey continue de rêver au cœur de ces tensions extrêmes, son rêve absolu étant de partir aux Etats-Unis avec sa mère et sa petite sœur. Mais en attendant, il faut bien vivre et sa grande sensibilité ne passe pas inaperçue. Son regard acerbe, douloureux, moqueur, tendre et parfois triste nous décrit son entourage mais rend aussi compte du climat pesant de l’Irlande, de la pauvreté et du climat social déjà délétère, et ses variations de ton, sa vision d’enfant rendent le roman vivant et rythmé. Parcours initiatique et regard émouvant et attachant d’un enfant rêveur et malicieux dans cette Irlande au climat trouble et à l’atmosphère si singulière.

Premier roman

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Fiche #1767
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Florence Lévy-Paoloni


Peter ACKROYD

Trois frères
Philippe Rey

4 | 288 pages | 28-01-2015 | 19€

Trois années de suite, le même jour, trois frères naissent à Londres, le Londres de l’après-guerre, ambiance grise et terne, dans la ville, dans les âmes... Leur mère part rapidement sans explication et reste le père quelque peu mutique et frustré de ne pas avoir réussi la carrière littéraire escomptée. Même si les trois frères restent liés, intimement liés, ils s’éloignent l’un de l’autre, ils ne se reverront que pour l’enterrement de leur père et pourtant leurs destins demeurent liés, tragiquement... Londres ne les oubliera pas… Harry, l’aîné, devient journaliste et oublie vite ses origines. Daniel, le cadet, devient critique littéraire et a le verbe assassin. Enfin, Sam, le petit dernier, devient le bras droit d’un marchand de sommeil. Atmosphère à la Dickens, bien noire et glauque, les petites bassesses s’enchaînent, le genre humain n’est pas à son avantage…

Ecouter la lecture de la première page de "Trois frères"

Fiche #1580
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Turle


Nathalie BAUER

Les indomptées
Philippe Rey

3 | 496 pages | 28-10-2014 | 20€

Voici une énorme saga familiale de 1870 à nos jours dans l’Aveyron, portrait d’une grande famille, les Randan, de propriétaires terriens sur cinq générations. Dans les années 80, les deux sœurs Noélie et Julienne et leur cousine Gabrielle auxquelles se joint la jeune et volontaire Zoé continuent d’espérer sauver le domaine de la banqueroute. Noélie décide alors d’écrire son histoire et de redonner vie à cette large famille. Entre passé et présent, toutes ses facettes sont décrites : ascension et chute, ambitions, rêves, confrontations, douleurs, morts, guerre, héritages, amitiés, amours… sans oublier la beauté des paysages de l’Aveyron, de ses couleurs et odeurs. Nathalie Bauer accorde autant d’importance (et d’amour) aux personnages principaux qu’aux personnages secondaires tout aussi denses, émouvants et attachants, sa fresque retrace avec précision le destin de la bourgeoisie rurale du début du XX ème et prend ouvertement le parti des femmes, aussi bien celles qui subissent, acceptent ce qu’on (frères, père, époux, mère) exige d’elles que les autres, « les indomptées » éprises de liberté, volontaires, qui se débattent pour sortir du rang et pour briser le carcan que l’on tente de leur imposer.

Ecouter la lecture de la première page de "Les indomptées"

Fiche #1539
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Nathalie Bauer lus par Vaux Livres


Nathalie BAUER

Des garçons d'avenir
Philippe Rey

2 | 445 pages | 19-06-2011 | 20€

Nathalie Bauer à partir des notes et carnets de son grand-père a construit un récit romanesque de la première guerre mondiale à travers le quotidien de jeunes hommes issus de milieux différents mais tous continuant de vivre, d’espérer. Après l’horreur des combats, les périodes d'accalmie et les permissions offrent quelques périodes de répit lors desquels la vie reprend ses droits. L’amitié les unit, (« … cette amitié qui consistait à se raconter ce qu’on taisait aux autres, à se confier sans éprouver l’envie de rien cacher, sans rien avoir à prouver, sans ces petits ou grands ressentiments souvent mêlés de jalousie qui ligotaient inexorablement frères et sœurs, à se sentir chez soi n’importe où pourvu qu’on soit ensemble, à partager les mêmes expériences et à discuter ensuite. »), amitié salvatrice qui contribue à les maintenir en vie, chacun apprend de l’autre dans les situations extrêmes qu’ils partagent, des liens indéfectibles se nouent, une aventure humaine forte mais avec retenue et sans révolte. Ces hommes avaient et croyaient en un avenir avant la guerre (étudiants en médecine) mais la guerre bouleversera tout et en décidera autrement. Un récit de la Grande Guerre abordée avec un axe singulier avec une écriture raffinée.

« Pourtant il m’arrivait de penser que ce cran, justement, qui était devenu notre mesure pour évaluer les hommes, n’était qu’un artifice imposé non seulement par notre éducation, mais aussi par l’armée, pour nous unir en une masse obéissante, nous empêcher de nous indigner face à l’horreur, de clamer la peur qui nous ne lâchait pas. »

Fiche #968
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Nathalie Bauer lus par Vaux Livres


Balthasar THOMASS

Le cercle des cendres
Philippe Rey

1 | 206 pages | 25-08-2010 | 17€

Le narrateur lorsqu’il était jeune garçon vit s’installer un homme venu de nulle part, Friedhart Stahl. Sa mère revient avec lui d’un voyage à Lanzarote, il prend sa place au sein de la famille, devient l’amant de sa mère sous le regard d’un père en retrait. Impressionné, marqué par cet homme, le jeune Munichois devenu adulte entreprend plus tard une enquête sur les traces de Friedhart, représentant de la génération des Allemands de l’après-guerre (il est né en 1942). Ces hommes devront vivre ou survivre avec ce qu’ont fait ou pas fait leurs parents. Ils devront surtout deviner, supposer, questionner, ignorer ou oublier… mais l’apaisement sera souvent hors d’atteinte. Friedhart tentera de noyer sa culpabilité dans le voyage, l’éloignement et le travail. Toujours en marge, moments de solitude, instants de rencontres, jamais il ne pourra se libérer totalement de ce lourd passé, de ce cercle de cendres. La narration n’est pas chronologique mais les aller-retour dans le temps mettent en évidence l’enchevêtrement du passé, du présent et de l’avenir aussi bien que les causes, déroulements et conséquences des événements ayant marqué cet homme emblématique d’une génération écrasée par un sentiment de culpabilité inaltérable.

Fiche #822
Thème(s) : Littérature étrangère





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